six lettres qui écorchent tes tympans, prénom qui sonne comme un reproche que tu prends beaucoup trop à cœur. l'amertume qui t'obnubile, œillère qui ne montre que les défauts enlaidis. tu te laisses attraper, partagée par les émotions qu'elle te procure. le poignet lacéré par le contact acide de cette liane, elle t'éloigne de cette foule de curieux - parce que tu déranges. et immédiatement relâchée, loin des regards. seulement le sien, le plus lourd à encaisser quand il t'écrase de son aigreur toxique. l'intimité factice dans laquelle la harpie te chante cette mélodie désaccordée, arpège désuni alors que vous étiez alliées depuis toujours. chaque note qui te blesse plus profondément, armée de son arc pointé sur tes faiblesses, prophétise la mort d'achille. tu jettes cette cigarette à demi consommée, tues son étincelle de ton talon - l'envie de fuir cette confrontation avant de n'y perdre la vie à ton tour. toi, vésuvius en apnée, magma qui coule le long de tes veines prend contrôle de tes actions. cloques qui se forment sous la chaleur insoutenable de la lave qui t'engloutit. besoin d'évacuer cette ardeur infernale, celle du purgatoire cruel, jugée pour tes crimes commis à la discrétion de la lune. elle en est l'accusée, l'arbitre et le bourreau. sillons embrasés, remontée soudaine nauséeuse de ces roches flambantes à l'intérieur de toi, une éruption effusive. un rire nerveux. "putain mais va te faire foutre, zia." tu ne le contiens plus, le flot épais qui t'écœure, combustible, incendie pompeii sans prélude. "c'était pour aller jeter une clope aussi quand tu t'es barrée du bateau après m'avoir embrassée ?" tu lui en veux encore pour ça. pression trop élevée, bombes éjectées, explosion à la surface. sourcils froncés, tu comprends ce que c'est d'être un volcan. "sérieux, j'suis censée penser quoi quand tu fais ça et qu'tu me rejettes juste après ? c'est quoi l'but ? si t'as pas envie d'moi, juste dis-le, et on oublie tout l'bail, j'm'en tape." coulée de fluides. mensonges accablants. beaucoup trop à dire. t'enchaînes sans même lui laisser le temps de riposter. "parce que si c'était juste pour d'la baise simple, on sait très bien que y'en a des centaines d'autres qui font la queue, t'avais pas b'soin de moi pour ça." les mots qui sortent plus vite que ta pensée, tu trébuches dans ta propre course vers ces barbaries. tu lèves une main entre vous, suppliant à toi-même de t'accorder une pause quand tu regrettes tes paroles. temps mort alors que tu suffoques sous tes propres cantiques. souffle saccadé que tu tentes désespérément de retrouver pendant que tu contemples ce fauve dans lequel tu t'es muée. t'agrippes ta crinière, dégages les boucles de ta nuque pour refroidir cette peau embrasée d'une brise salvatrice. malédiction fatale de ta mère, bipolaire toi aussi. ces cycles turbulents qui te rendent toujours trop. trop extatique, trop dépressive, trop colérique. juste trop. solidification du liquide en fusion autour de toi, paralysée dans le basalte alors que retombent sur vous la nuée ardente des conséquences.
(Maddox Gardner)