nuit sans sommeil, insomnies qui te déchirent, animal en cage qui tourne et tourne sans trouver le repos, taraudée par les mêmes pensées. t'as appris à camoufler les réveils difficiles sous les peintures agiles de ton maquillage, les paraitres avant tout. parce qu'aujourd'hui, t'as prévu d'aller voir ton frère jouer. match amical en préparation de la saison qui approche - jamais très fréquentés, pourtant tu viens le supporter dès que t'en as l'occasion, ton protégé. moyen d'occuper ton esprit. un détour rapide avant d'entrer dans le stade, où tu t'arrêtes récupérer un iced coffee : arôme nécessaire à ta survie là tout de suite. et puis enfin t'arrives dans les gradins, chemines entre les rangées de sièges. sourire poli aux quelques visages familiers que tu dépasses, badauds habitués de ces rencontres sportives. les marins qui s'agglomèrent, et toi qui continues de dériver, toujours plus loin. trône abandonné, éloigné de tous les chalutiers, tu t'isoles dans le coin. parce que tu sais qu'ici, s'il se retourne, sam, il te verra. la carne réchauffée par les rayons du soleil qui continue sa course, adoucie ta fatigue. semelles de tes baskets appuyées contre le dossier inoccupé devant toi, tu te laisses glisser dans le fond de ton assise, noyée par le bruit des flâneurs déjà exaltés pour leurs camarades. boisson déposée au pied du banc, une main dans la poche de ton bomber, l'autre défilant à l'infini sur l'écran lumineux de ton téléphone en attendant le premier coup de sifflet.
(Maddox Gardner)