18 février 1993, New-York. Dans une clinique privée de l'Upper East Side, un bambin pousse ses premiers cris, sous le regard de sa mère, comblée. Cela faisait plusieurs années que Victoria Davenport et son mari Adam essayaient d'avoir un enfant. A présent, le rêve de Victoria était devenu réalité. C'était elle qui avait choisi les prénoms de sa fille. Son premier prénom, Lexie-Rose, était une création de son choix, composée des prénoms des deux grand-mère du bambin. Le second prénom, Poppy, était son prénom féminin favori. Ainsi Lexie-Rose Poppy Davenport avait fait son entrée dans la famille prestigieuse qu'étaient les Davenport. Victoria et Adam Davenport étaient deux chirurgiens renommés et très respectés à travers tout le pays. Adam était neurochirurgien. Son travail était prenant. Le désir d'enfant n'avait jamais été très présent chez cet homme. Si Victoria n'avait pas soulevé la question, sans doute ne l'aurait-il jamais abordée lui-même. En tant que chirurgienne pédiatrique, Victoria côtoyait des enfants et des nourrissons tous les jours. Son désir d'être mère était donc venu naturellement. Elle avait réussi à convaincre son mari, et était à présent mère de sa précieuse Lexie-Rose. Néanmoins, Victoria et Adam étaient très souvent sollicités pour leur travail, et il leur arrivait régulièrement de devoir voyager d'un bout à l'autre du pays afin de réaliser une intervention délicate. Victoria ne pouvait pas être aussi présente pour sa fille qu'elle aurait souhaité l'être. Très vite, elle comprit qu'elle ne pourrait pas assister à tous les événements marquants de l'enfance de son enfant : premiers pas, premier anniversaire, première rentrée scolaire... Pourtant, elle ne souhaitait pas mettre en danger sa carrière de chirurgienne pour autant. Sa renommée était bien trop grande, son poste bien trop prestigieux et bien trop convoité. Cela ne l'empêchait pas de vouloir le meilleur pour sa fille. Elle engagea donc très rapidement la meilleure nourrice de New-York, Bonnie Colombus.
Nanny, please. Bonnie Colombus n'était pas décrétée meilleure nourrice de New-York pour rien. Cette jeune femme d'une trentaine d'années, au grand coeur, donnait tout pour les enfants dont elle s'occupait. Elle s'occupait remarquablement bien de Lexie-Rose, avec qui elle développait, au fil des années, une grande complicité. Bonnie était présente aux grands événements de l'enfance et de l'adolescence de la jolie brune. Elle jouait à la fois le rôle d'amie, de confidente mais aussi de mère, étant là pour mettre des limites lorsqu'il le fallait. Lexie-Rose la surnommait d'ailleurs « Nanny » et était très attachée à cette femme à qui elle devait tout, et qu'elle considérait comme son modèle. L'enfance de Lexie-Rose fut aisée. Ses parents possédaient un somptueux appartement au coeur de l'Upper East Side et Lexie-Rose était une élève, brillante, des meilleurs établissements privés. Seule ombre au tableau : l'absence constante de ses parents, trop préoccupés par leur travail. Lexie-Rose n'a pas connu de vie de famille. Sa seule famille était sa nourrice Bonnie. Victoria Davenport, sa mère, regardait sa fille grandir, spectatrice. Ne pas s'occuper de sa fille la rendait triste, mais constater à quel point Bonnie s'occupait bien d'elle et participait à son épanouissement la rendait heureuse. Tout ce qui importait était le bonheur de sa fille unique. Cependant, Lexie-Rose en a toujours voulu à ses parents pour n'avoir jamais vraiment été présents pour elle. Subsistait toujours le manque de ses parents biologiques à ses côtés, que la présence de sa nourrice n'arrivait pas à combler totalement.
First love, last one. Pour Lexie-Rose, l'entrée au lycée était synonyme de changement, de renouveau, de maturité. Elle allait à un des lycées les plus prestigieux de New-York. Ses années lycée étaient travail, amusement, fêtes et insouciance. Le lycée rimait également avec un prénom ; Sacha. Dès qu'elle l'avait vu, Lexie-Rose était tombée sous le charme. Sacha Kovalevski était magnifique. Il était CE garçon pour lequel la jeune fille aurait pu décrocher la lune. L'attirance était réciproque, puisqu'ils sortirent ensemble rapidement. Ils parlaient de coup de foudre, faisaient des plans sur la comète. Leur amour était fort. Lexie-Rose n'avait jamais ressenti cela pour un garçon. Et pourtant, cela ne l'empêcha pas de tout gâcher. Ce qu'il lui pris cette nuit-là, Lexie-Rose ne l'a jamais compris. Une fête étudiante, un peu trop d'alcool, et voilà qu'elle se retrouvait dans le lit d'un autre. Et pour couronner le tout, Sacha les surpris. Sa colère fut vive et il quitta New-York, en même temps qu'il quittait Lexie-Rose. La jeune fille ne su jamais dans quelle ville il était parti, et ne s'est jamais remise de cet événement. Elle se demande encore comment elle a pu être aussi stupide et ruiner une si belle histoire. Sacha trotte encore dans son esprit, surgit encore dans ses rêves, hante encore ses nuits et ses jours. Lexie-Rose a pourtant bien essayé de l'oublier, jouant de ses charmes, côtoyant d'autres garçons, mais tourner la page est difficile pour cette jeune femme romantique qui croyait avoir trouvé l'amour.
Please, don't go.
« J'ai un cancer. » Les mots résonnèrent dans la tête de Lexie-Rose comme un bruit désagréable. Ceux-ci lui firent l'effet d'un couteau planté dans son coeur, d'une épée de Damoclès flottant au dessus de sa tête. Bonnie venait de lui annoncer la terrible nouvelle, la voix tremblante. Elle était atteinte d'un cancer du sein à un stade assez avancé. Pour Lexie-Rose, tout cela n'était qu'une grande blague. Comme si sa Nanny pouvait l'abandonner. Cela faisait presque dix-neuf ans que Bonnie était sa mère de substitution, son mentor. Rien que l'idée de la perdre provoquait en elle un terrible sentiment de désespoir. La réaction de Bonnie l'effrayait d'autant plus. Sa nourrice était du genre courageuse, farouche et elle ne se laissait pas souvent submerger par ses émotions. Là, son regard était perdu et elle semblait avoir perdu espoir. Les médecins étaient pessimistes : la maladie avait été diagnostiquée bien trop tard pour espérer qu'un traitement marche. Le quelque peu de chimiothérapie qu'ils essayèrent eut pour effet d'affaiblir encore plus Bonnie. Elle devait à présent rester à l'hôpital pour recevoir des soins, laissant Lexie-Rose seule à la maison. Le 14 avril 2012, un coup de téléphone appris à la jeune fille la terrible nouvelle : Bonnie était décédée des suites de sa maladie. La nouvelle tomba comme un couperet. Aussitôt, Lexie-Rose s'effondra, bouleversée. Elle se sentait affreusement seule dans ce grand appartement vide. La seule qui avait toujours été là pour elle était désormais partie rejoindre le paradis. Ses parents n'étaient jamais présents, et de toute manière, elle ne les connaissaient pas vraiment ; ils n'étaient pour elle que des étrangers. La solitude la rongeait.
New start, here I am. La solitude rongeait Lexie-Rose depuis le décès de Bonnie. New-York lui rappelait de trop nombreux souvenirs, qui hantaient la jeune fille et la rendaient triste. Ayant fini sa deuxième année de médecine, Lexie-Rose souhaitait changer d'air et faire de nouvelles rencontres, afin de prendre un nouveau départ et faire table rase du passé. C'est sans tarder qu'elle s'inscrivit à l'université d'Harvard pour la rentrée 2013. Elle y entrerait en troisième année de médecine. En attendant, elle passerait l'été à Cambridge, où l'université était située. Découvrir cette nouvelle ville lui permettrait de décompresser ; oublier ses parents absents, sa nourrice décédée, son amour perdu. Cette année n'avait été que malheur, et Lexie-Rose souhaitait tirer avantage de son arrivée à Cambridge. Le vent allait tourner pour la jeune fille.