wth @maddox gardner
Innombrables les sillons creusés en elle de ses mains merveilles, ce fossé de ses doigts boueux la mortelle, qui, ancré profondément en elles, les emprisonnait sur ce rivage cruel. Les eaux innondaient un monde auquel elle avait cessé d'appartenir, s'offrant éternelle à la divine, celle qui l'avait possédée pendant cette nuit, qui la captivait sous cette pluie. L'orage grondait au loin, et la colère du roi était son coeur hurlant ce besoin. Les vagues berçaient tendrement leurs corps dans la frénésie des sirènes qui luttaient au dehors. Mais elle, dans cette cage vitrée, enfermée, les poumons brûlés alors qu'elle étreignait les chairs sucrées de la damnée, désirait être emmenée. Sa peau était si chaude et là, ses murmures soufflés dans la tempête réveillaient ses douleurs, cette ardeur qui s'imprégnait d'elle, de chaque parcelle de son être. Il s'enflammait, elle l'attisait. Ce feu la consummait dès qu'elle s'approchait d'elle, de l'enfant d'Aphrodite dont les saveurs anesthésiaient ses lèvres. Nymphe pernicieuse dégageant sa nuque, sensuelle et vicieuse, ce poison insidieux sur son derme laiteux. Elle posa ses poings sur ces draps, de part et d'autre de ses bras, et à nouveau se pencha sur sa proie, glissant sa langue dans un baiser mouillé qui de sa gorge à son épaule coula. Sa clavicule qu'elle mordilla une unique fois. Craquelures humides d'une peinture abandonnée, alors qu'elle lécha les rougeurs du mal sur son cristal abîmé. « Excuse-moi... » Les mots susurrés sur son omoplate se cognèrent, embrassant sa porcelaine et descendant vers les ténèbres. Sa chevelure de jais caressant cette échine dorsale naturellement cambrée, elle l'usait de ses lippes rosées et, aveuglée, arrêta cette mélodie nauséeuse pour se livrer au seul bruit du torrent fracassé. Son chant flottait encore autour d'elles, les suppliques d'être tentée, d'écraser un peu plus leur amitié et celles de l'avoir égratignée parce qu'elle aimait laisser sur elle des dessins indélébiles. Alors, elle se laissa tomber à ses côtés, se couchant docilement entre la paroi froide du voilier et ses courbes dénudées. De ses phalanges fondaient de longues caresses sur cet épiderme qu'elle refusait de lâcher. Il était à elle désormais, articulé sous la moiteur de sa pulpe et de ses gestes. Elle se collait contre son flanc, s'accoudant sur cette montagne molletonnée et admirant ce corps brillant pour lequel elle tombait entre les morts d'antan, ceux qui avaient tenté de conquérir la princesse d'un royaume interdit. « Tu veux en parler ? » D'une voix presque silencieuse, aux effluves mielleux. « Ou tu préfères tout oublier, bébé ? » Ode aux souvenirs lacérés que le Léthé n'avait su effacer. Une nuit à laquelle elle pensait souvent, tout le temps, lorsque ses pupilles dilatées sous les néons contemplaient ces inconnus danser, transpirer, s'extasier d'une souffrance étouffée. Palpitant déchiré lorsqu'elle se rappelait cette chaleur suffocante de sa poitrine à son bas-ventre, des envies qui l'avaient torturée jusqu'à être assouvies et de son souffle incontrôlable sous les premiers rayons d'un soleil vie. Elle les balaya de son esprit, les joues légèrement rougies, accentuant le mouvement circulaire de ses ongles sur ses reins.
(Stella Vargas)