wth @maddox gardner

( outfit of da night ) Les pas qui claquaient sur le bois humide pendant qu'elle contemplait les bateaux, nombreux flottaient sur les eaux. Impétueuse la sirène, elle appelait la sienne, celle qui se cachait sur ces flots démentiels. Le soleil s'couchait devant elle, réchauffait ses écailles et sa peau, de ses dernières lueurs se réflétant ci plus haut, sur les grandes voiles de ces rafiots. Brise légère emmenait sa passagère sur un pont ordinaire qui la rapprocha d'la mer. La caresse des vents dans ses longs cheveux bouclés, étreinte à ses courbes dénudées, admira ce voilier tanguer de l'autre côté. Il était là-bas, elle s'en approcha, le regardant danser sur ces vagues désordonnées. S'y accrocha et grimpa, à deux pieds sur le plancher, elle aussi se mit à valser. « La meuf parfaite qui t'doit un massage torride est là. » Chant crié sur le navire maculé, à l'étroit, derme brûlant sur son ventre qui n'avait pas froid. Mots provocants déjà usés, égo amplifié, une promesse balancée cachant la vérité. Secret inavoué sous les premières gouttes de pluie, elle n'avait jamais exercé son doigté sur un quelconque corps de la nuit. « Merde il pleut, j'espère qu'une de tes pétasses voudra bien me sécher les cheveux. » Sourire invincible sur les lèvres, malicieuse créatrice de ses orgueilleux ténèbres.

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Un sourire qui répondait au sien, et elle haussait les épaules, le spectre de ses provocantes illusions s'ancrant dans tous les pores du rafiot. Prunelles admirant l'écorce du bateau coulèrent sur sa peau, nue sous cette pluie jetée d'en haut, sur la carcasse d'une barque noyée dans l'eau. Ces jambes sous ses yeux ondulaient, lentement elle les dévorait, vestige d'une danse qu'elle se rappelait. Courte étreinte effaçant volupté et ses pensées. « Il est chanceux celui-là. » Ironie dans la voix. L'averse ruisselante sur ses écailles de sirène, trempant la soie molletonnée de ses vêtements, sur sa tiède porcelaine fondant. Nuages épais se dessinaient, le soleil et ses astres luttaient. Lueur vertigineuse alors qu'elle s'échappait, cette porte derrière laquelle elle s'engouffrait. Ses deux mains la retinrent aux quelques marches qu'elle dévalait. La naïade évita ces livres usés abandonnés dans l'escalier, titre arraché au premier dont la couverture était pliée. « Donc... y a plus que toi et moi ? » Comme une nécessité de s'en assurer, ce b'soin absurde de ne l'avoir que pour soi. Ses paumes caressaient les murs immaculés, elle tangua. Le rythme des vagues la désorienta. S'avança dans ce dédale étroit, les gouttes d'eau de ses cheveux s'écrasant au sol. Fatale la chute, laissant quelques cadavres sur son passage, et noires les abysses qui se délectaient de ces perles courant sur son visage. Elle était si belle, accessible mais irréelle. Attrapant la serviette avec laquelle elle s'essuya les pommettes. Lèvres ourlées alors que, de ses doigts délicatement posés, écarta ses boucles satinées de la gorge de sa poupée. Le souvenir presque disparu de cette marque, celle qu'elle s'était acharnée à provoquer lors de cette nuit passée où elle avait sucé violemment son derme sucré, jusqu'à l'entendre crier. Fier, l'enfant des ténèbres, de cette peinture violacée qui trainait encore sur elle, l'incendiaire qui l'avait asphyxiée. « Merci... » Une mèche humide retombant sur sa clavicule, dissimulant les traces de leurs souffles saccadés à la lune. « J'ai déjà ce que je veux. » Belle regarda autour d'elle, ce chaos et ses merveilles. Elle retira ses chaussures qu'elle balança dans un coin, non loin, facilité d'valser pieds nus sur l'instabilité du plancher. « On s'pose où ? »

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Les prunelles se perdant sur cette pluie torrentielle qui cognait le hublot, dernière lueur du soleil traversant le bateau, elle souriait, lèvre entre ses dents qui s'écorchait. Nuit volée, arrachée à cette amitié morcelée qu'elle écrasait sous ses pieds, les barrières décimées de leurs corps brûlés gisant sur le plancher, et l'idée de se partager avec un étranger lui plaisait, réduisant en fumée les sentiments mal nés. Noirs les ébènes coulant sur cette silhouette porcelaine, courbes dissimulées sous les couleurs du chêne qu'elle imaginait entre les mains d'un éphèbe. Le cœur douloureux heurtait, elle l'ignorait, dans sa poitrine se compressait, envoûtée par l'exalte de la posséder, de l'offrir au dieu oublié. « J'sais qui appeler si t'es intéressée... » Cadavre d'un mensonge balancé dans ces eaux glacées, parce qu'elle ne supportait pas la voir dans d'autres bras. Égarée lorsque cette fille de la marée détournait ses attentions sur ces autres créations, chairs formées dans le sel de la moisson. Son regard glissé sur ces draps encombrés, échappant aux cornées de la fille d'Circé à qui elle s'interdisait obstinément de succomber. Face au chaos désordonné, dédale dans lequel le fil d'Arianne la faisait chanceler, remous des vagues qui l'étreignait. Feuilles de papiers courant délicatement entre ses doigts, elle les déposa là-bas, entre les bouquins qui voltigeaient dans les quatre coins. Se jetant sur ces plumes d'oie, elle appuya son dos contre la paroi et le chant doux-amer de la sirène s'éternisa. Sourire narquois qui s'invita. « Je pensais modeler de l'argile, mais c'est mon corps qui s'est fait modeler... Il a assuré sans l'vouloir. » Éclat de rire qui se fracassa sous le vacarme de la tempête frappant le mât. L'étoile du nord, attirée par son trésor, plongeait dans la fosse profonde et sombre de ses orbes charbons. « Deux ou trois trucs que je veux tester sur toi, mais t'es trop loin pour ça. » Un haussement d'épaule désinvolte comme si cette distance n'avait aucune importance. Elle préféra sortir son téléphone et pianoter, en virtuose, remerciant celui qui avait provoqué cette montée d'extase sous des phalanges inconnues, dont le dessin serpentait encore sur sa peau nue. « Faut que j'le remercie pour ça, c'est lui qui a payé. »

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Lumière voilée se levant et éclairait de sa faible lueur les ténèbres de la tempête. Le rafiot vacillait sur les flots et la fureur d'un dieu dissimulé dans les profondeurs de son règne. Un sourire étouffa ses lèvres, d'une douceur amère, les jalousies endormies dans ses veines. Mais elle était avec elle, celle qui, depuis cette nuit sous ces fragments de ciel, lui causait des insomnies cruelles. Le doute planant au-dessus de leurs têtes, épée de damoclès, une lame menaçant de les écorcher alors que le silence empuantissait leur sphère. Le roi avait déjà une reine. La terre s'affaissâ et s'éleva vers les monts dont les sommets n'étaient qu'une faible distance entre les enfants des géants. Prunelles, sombre noir, se levant vers l'ouest, se posant sur cette créature vengeresse. Un regard au néant abyssal, percuté par une vague froide et violente, incontrôlée, la transperça de sa rancoeur, raz-de-marrée balayant la mer sur son passage, ne laissant qu'un désordre dans son sillage. Douleur acide battait dans sa poitrine. « Il y a une règle tacite qui interdit de toucher aux exs de sa meilleure amie. » Louve sauvage qui, elle, n'obéissait pas montrait les crocs ce soir. Elle le défendait comme un morceau de viande que l'autre carnassière guettait d'un oeil indiscret, le lui interdisait, mais c'était du paon qu'elle se méfiait. L'absent à qui elle interdisait de poser ses perles de jais sur celle qui portait encore les traces de leur collision frontale. Corps de sirène ondulant dans les eaux troubles de leurs enfers s'approchait, et la captive de ce navire échoué sur un sable pierre ne broncha pas. Les pupilles éclaircies après les fumées dans ses empires, évadées dans la mélodie de la pluie, et ce visage cadenaçé par sa possessivité maladive. « Que tu t'approches pas de lui. » Folie lui chauffant les artères, coeur déchiré dans l'incendie que la harpie provoquait en elle. Les tripes nouées, nauséeuses lorsqu'elle attisait en elle facilement ces feux, qu'ensuite elle contemplait se consummer ses voeux. Elle l'asphyxiait, l'anarchie l'emportait. Les cendres dans ses poumons qui l'étouffaient alors qu'elle souffrait, soufflait l'air brûlant, s'agitait le palpitant, une colère dans le fond de la gorge qui creusait sa contrariété, faisant suinter ses envies de la posséder. De plus en plus présentes, pulsions animales, insupportables, qui détruisaient leurs cages. Elle se redressa lentement, écran noir dans son dos glissant, dans l'oubli tombant. Les yeux noyés dans les siens, et attrapant le pan de ce vêtement trop large pour elle, le lui retira dans une délicatesse mortelle. Le tissu lui effleurait la peau dans une caresse lascive, tout comme le bout de ses phalanges trainant, longeant ses courbes dociles. Bateau tanguant, corps dansant. « Installe-toi. » Les mots qui claquaient sur sa langue, provocant cet ordre, une proposition indécente. Elle empêcha ses ébènes de couler sur ses chairs, celles qui les suppliaient de les admirer, alors qu'elles priaient déjà pour voir naître cette luxure dans ces océans dorés.

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Elle la regardait danser sur ces eaux agitées, le buste dénudé, ses courbes capturées, dentelées derrière un bout de tissu séduisant la damnée. Les chairs étouffées se détournaient des ébènes qui, sensuelles, coulaient sur elle, dévoraient de sa peau chaque parcelle. Encensées ces merveilles charnelles qui animaient son ciel, par-delà les voûtes olympiennes sur lesquelles s'envolaient les capricieuses déesses. L'écho de la mer qui résonnait, s'effritait et sous les torrents se dissipait. Là, un reflet dans ses yeux, les envieux, se dessinait un corps laiteux dont les chants silencieux attiraient les malheureux. Elle le chevaucha cet animal impétueux, dangereux, alors qu'elle glissait ses doigts dans ce feu hémorragique, si vertigineux. L'agraphe sautée libéra un derme enfermé et la carnassière se pencha sur cette terre offerte par la grande Déméter. Ces boucles d'obscurité effleurèrent les écailles nacrées de la condamnée, lui offrant un ultime baiser sur son omoplate creusée. Mots qui tanguaient entre les murs d'une imposture, fléchissante se redressant sur son trône galbé attrapa l'accessoire délaissé sur ces draps. Une mélodie cassa les hurlements de la pluie, les abandonnant dans une ambiance intime. Les mains tièdes se posant enfin sur celle qui attendait, étreinte ritournelle serpentait vers son coeur, titubant sur tous ses pores dans cette douceur. Cercles dessinés dans une infinité dont elle admirait la peinture et ses couleurs, ses effluves et sa chaleur. Elle était emportée dans ce voilier, quittant sa ville et la marée, nymphe décidée à lui arracher un râle ou des secousses en nuées. « Dis-le moi si j'y vais trop fort ou si tu en veux plus... » Á peine soufflé au-dessus de ces voix encrées dans les papiers et dans leurs tympans enivrés. La belle se délectait de sa proie avec laquelle, fusionnelle, elles rêvaient de ces passions taraudant l'étendue empyrée de miel. Loin les enfants dont les écorchures étaient encore présentes, fissuré le myocarde qu'ils avaient tenté d'recoller. Alors elle savourait ces instants perdus dans le sablier du temps, ceux qui les rapprochaient considérablement, éveillant son âme et ses cinq sens. Effaçait ses peurs pendant quelques heures et elles surgiraient dans le noir lorsqu'elle se retrouverait seule un autre soir.