BAD LIAR
« Pas pour le commun des mortels. » Fais gaffe Lyssandre, je pourrais me vexer que tu penses ne serait-ce qu’une seule et unique seconde que je peux être comparée aux communs de la société. Rien que d’y songer, je sens qu’une crise d’urticaire est en train de me menacer.
Mais ce qui me refile vraiment la nausée, c’est que lorsque j’insulte ouvertement l’ancien petit ami, il se met à le défendre et m’attaque, un comportement à la limite de me tendre. « Hm. Vu que t’es du genre grognasse, je serais presque tenté de croire que oui. » L’amour ça ravage vraiment les cerveaux, parce que oui, je ne pense pas me tromper en affirmant que le sien est présentement atrophié. Diminué. Il est célibataire mais il perd du temps à songer que le mot connard n’est pas mérité. La représentation même de la stupidité. Ce n’est pas comme ça qu’on passe à autre chose. Suffit de décider de l’effacer, son cœur, de le blinder. Ne rien ressentir, ça rend la vie moins compliquée.
Alors à la suite de ma phrase, connerie à propos de la Saint Valentin, il tente une pointe de sarcasme qui pour le moment ne lui va pas. « La dispute de trop je suppose. Il a pas aimé que je le confronte à ses mensonges. » un connard menteur. J’en craque un rire moqueur, « Une vraie perle rare. » T’as rien perdu, j’en suis convaincue. « Mais on va pas s’attarder là dessus toute la soirée. » Pourquoi pas ? A l’évidence, j’y suis disposée, bien que je sois la première surprise par ce fait, « Désolé mais t’es pas vraiment mon premier choix d’épaule sur laquelle m'appesantir. » On rembobine, je ne comptais pas t’écouter pleurer. Moi, je voyais plus un plan machiavélique pour te venger. C’est la seule partie drôle dans une rupture. La vengeance. Et je suis spécialiste depuis ma tendre enfance. « Et puis on sait jamais, faire preuve d’empathie, ça pourrait te provoquer des allergies. » Un sourire se flanque sur mes lèvres, c’est un peu trop qu’il me connaît. Et parce qu’il parle de la bouffe, j’en arque les sourcils, souffle amusée, « Piètre façon de changer de sujet. » mais allez, je suis magnanime, je lui accorde un temps de répit, j’espère qu’il prend la peine de le noter. « Tu doutais de mes goûts ? » alors que c’est au milieu de l’excellence que j’ai été élevé. « Et sinon, le dépotoir à étudiant est à la hauteur de tes attentes ? » Un rictus d’écœurant m’échappe, peut-être un peu forcé, et je balaie une énième fois, la pièce des prunelles… « C’est presque trop cliché. » Sorti d’une sitcom démodée. « J’vois pas quel plaisir tu peux avoir à vivre dans ce trou à rats. » Picorant dans mon assiette, toujours le dégoût parant mes traits. « T’es sur que c’est pas pour ça qu’il s’est tiré ? » Vicieuse, l’argent comme justification de la perte d’affection.
MADE BY @ICE AND FIRE.
(Wendy Witter)