BAD LIAR
C’est le mois le plus court de l’année, et pourtant j’ai cette sensation qu’il dure maintenant depuis une éternité. J’éprouve une certaine hâte à me débarrasser de ce foutu février. C’est le bordel dans ma tête depuis quelques jours et j’ai horreur de ça, j’en viens à songer que ce que je frôle c’est l’hérésie. Il y a un truc qui déconne dans mon quotidien, qui perturbe ma vie. Le problème c’est que je me refuse à mettre le doigt dessus. Que je ne désire pas me l’avouer. Que le déni semble moins compliqué. Et flânant sur les réseaux sociaux, allongée dans mon canapé, je m’égare sur une publication commentée par un inconnu portant son prénom.
C’est ce qui me fait penser que ça fait un bail que l’on ne s’est pas croisés. En même temps, ce n’est pas comme on les provoquait vraiment, nos apartés. Mais en ce jeudi soir d’ennuie, je suis presque à songer que … ça peut être une bonne idée. Surtout quand je sais qu’il habite à proximité de mon quartier. Alors oui, je pourrais prendre le temps de vérifier qu’il est chez lui, mais je préfère commander deux menus chinois en quelques tapes sur mon écran et passer ma veste afin d’aller rejoindre – à pied – ce que je crois être son adresse. Prendre l’air me fera du bien, et c’est la spécialiste en biologie qui parle là.
Quelques minutes plus tard, j’ai récupéré la bouffe et je suis devant ce qui est censé être son … appartement. Ca me filerait presque la migraine d’envisager d’entrer là-dedans. La folie, je ne fais pas que la frôler, j’en suis atteinte, à ne plus en douter. Surtout que mon index va s’écraser sur cette putain de sonnette. Je me piège seule, je suis maso, et quand il finit par ouvrir, au moins mentalement, je le félicite d’avoir eu la jugeotte d’être celui qui vient m’accueillir. « J’ai toujours rêvé de voir à quoi ça ressemble un … » cherche mes mots pour ne pas utiliser celui que j’ai en tête, cependant je n’ai pas mieux, « dépotoir étudiant. » Je le jure, dans mon langage, c’est bonsoir que ça veut dire.
MADE BY @ICE AND FIRE.
(Wendy Witter)