(sackson) don't mess this up

Les calmants donnés par l'équipe médicale ont fait effet, je sens mon coeur qui a reprit un rythme normal et j'ai même réussi à m'endormir. J'aurais aimé répondre à Sage mais mon téléphone a été posé un peu plus loin, on m'a dit de me reposer et de me calmer. Je viens tout de même de subir une opération avec une anesthésie générale, qu'on m'a dit, ça n'est pas à prendre à la légère et si je ne suis pas un minimum stable quand le médecin viendra me voir, je peux m'attendre à passer une nouvelle nuit ici.

Le sommeil trouvé mais léger, j'entends la porte de la chambre qui s'ouvre et une silhouette qui se laisse tomber dans le petit fauteuil pas très loin de mon lit. Je comprends alors qu'il doit s'agir de Sage et pas de l'équipe soignante. J'ose pas ouvrir les yeux, y'a comme cette angoisse qui commence à remonter à mon cerveau. Mais l'angoisse se traduit juste par les pensées à cause des médocs, le coeur bat toujours aussi calmement. Finalement, j'ouvre les yeux, je tourne la tête vers ma femme. Elle a l'air épuisée, elle a pleuré, elle est pas bien. Ça me tord l'estomac rien que de penser que j'en suis la cause. La culpabilité, mais aussi la colère de me sentir coupable alors que mon envie de discuter de tout ça était légitime. Y'a les larmes qui me montent aux yeux et comme un réflexe, mes mains viennent couvrir mon visage que je tourne dans la direction opposée.

Je peux juste pas m'en empêcher. J'ai la tête dans le brouillard à cause de la chirurgie de cette nuit, à cause des médocs et tout a été beaucoup trop intense. J'arrive à voir aucune issue à notre problème et ça me fait flipper, plus que tout. Je sais pas quoi faire, je sais pas comment régler la situation et ça provoque une sensation de panique, parce que j'peux pas la perdre. C'est la seule chose que je sais. Je peux pas la perdre. Je sens Sage qui s'approche et quand je comprends qu'elle s'installe sur le lit, je me déplace un peu sur le côté pour lui faire de la place. Je me laisse complètement faire, mais j'arrive pas à ne pas cacher mon visage parce que j'ai honte. J'me sentais déjà gêné de ce qu'il s'était passé cette nuit, mais là c'est vraiment le combo gagnant. J'essaie de me calmer et je finis par murmurer, "J'ai.. j'ai jamais pensé que t'étais une mauvaise femme tu me rends heureux.. et bien sûr que j't'aime.. mais y'a des fois où c'est pas aussi simple et je sais pas comment on peut faire.." Et j'suis terrifié. Terrifié à l'idée qu'on trouve pas de solution. Terrifié à l'idée qu'on finisse par tout stopper parce qu'on aura été incapable de communiquer sans se tirer dans les pattes. Je ferme les yeux, une main vient se poser sur son bras. "J'veux pas te perdre.." Sauf que si on continue comme ça c'est voué à l'échec et je sais pas si elle le réalise.

Ça a un côté apaisant, qu'elle soit là. Encore plus quand elle me cale contre elle de cette manière et c'est pour ça que j'espérais qu'elle vienne ce matin. Ça aurait calmé les choses, ça aurait calmé mon esprit. Mais on a a-enchainé les faux pas depuis mon réveil et on peut dire que le résultat a été assez explosif. Je me concentre sur ma respiration, ma main toujours sur son bras, qui le serre même un peu plus à chaque seconde qui passe. Ça me rassure, ce qu'elle me dit, mais j'en doutais pas. J'ai juste peur de la suite. Peur qu'on arrive pas à sortir de cette impasse. "On a probablement besoin d'aide..", que je finis par dire, après quelques minutes de silence. "Revoir la psy ensemble ?", que je demande avant d'enfin oser relever un peu la tête vers elle pour la regarder.

Ça me soulage de la voir hocher la tête, de voir qu'elle a l'air d'accord avec le fait qu'on a besoin d'aide. On a probablement besoin d'une personne neutre qui pourrait nous forcer à nous écouter, à ne pas tomber dans un dialogue de sourd dans lequel on hausse le ton à chaque nouveau message et qui ne mène à rien. Juste un médiateur pour arriver à nous modérer. Je vois son regard humide et ça me brise le coeur. Je me redresse alors et à mon tour, je passe mon bras derrière elle pour l'attirer contre moi et que je puisse la serrer, le plus fort possible, qu'elle sente que je suis là, qu'on est là. "j'suis désolé pour ce que j'ai dit aussi.. pour te faire te sentir comme quoi t'es une mauvaise femme, tu l'es pas Sage.. tu l'es vraiment, vraiment pas.." Est-ce qu'elle me rend ouf avec Zaian ? Oui. Mais une chose peut pas définir tout le reste, surtout quand la balance penche beaucoup plus en faveur du fait qu'elle me rend heureux. "On a juste besoin de trouver notre équilibre.. mais on le trouvera, d'accord..?" On doit le trouver.