(marley) obsolescence de la raison

Je ne me contrôlais plus, envoûté par son parfum, par cette proximité que je cherchais autant que je l'avais fuie. L'alcool levait toutes mes barrières, celles de la colère mais aussi de mon désir et sans réfléchir je la provoquais, testais presque sa réaction dans cet instant suspendu où elle aurait pu cent fois me repousser. Sans esquisser pourtant le moindre geste pour. Alors je l'embrassais, avec provocation et tension, soupirant de satisfaction contre ses lèvres en la sentant me rendre mon baiser. Ma main se glissait contre sa mâchoire, prolongeant l'instant jusqu'à nous pousser à bout de souffle, frissonnant quand je la sentais se coller à moi. « Tu disais..? T'allais sortir que ça me rendait irrésistible? » dit-elle doucement sans vraiment se décoller et bordel, ça me donnait des palpitations. « Encore plus maintenant... » répondis-je, l'une de mes mains glissant dans son dos sur sa peau nue. Je maudissais autant que je bénissais ma soeur pour ce choix vestimentaire. J'avais finalement cédé à ma bataille intérieure. Tant pis. A cet instant je ne voyais qu'elle, acceptant le prix à payer en voulant même y retourner. J'avais du mal à y voir clair, tout mon corps tourmenté par la jeune femme et désinhibé par l'alcool. Si l'envie avait remplacé la colère, il fallait tout de même que je me calme. « Ca te plait n'est-ce pas.. ? » réalisais-je soudain, léger sourire en coin apparaissant enfin sur mes lèvres. Elle était clairement irrésistible.

Les effets de l'alcool et la drogue étaient loin de se dissiper, au contraire j'avais l'impression que ça s'amplifiait. Au point d'altérer mon propre jugement sur ce qui était en train de se passer. J'veux dire par là que j'aurais dû lui foutre une claque au visage, remettre sur le tapis la cause de notre prise de tête et l'envoyer chier bien comme il faut. C'était pas un inconnu que j'embrassais, ni un simple pote. Littéralement, c'était le mec que je supportais pas. Du moins, maintenant je pouvais pu utiliser ce terme. Mon rythme cardiaque s'affolait, c'était loin d'être un baiser innocent. Le contact de sa main contre ma mâchoire confirmait que c'était bien réel, je rêvais pas. Une part de moi refusait de le lâcher, comme si je supportais pas qu'il puisse y avoir une quelconque distance entre nous. Je souriais malicieusement à sa réponse. « Je te pensais pas si faible.. » murmurais-je contre ses lèvres au moment où l'une de ses mains glissait dans mon dos pour caresser ma peau nue. Je frissonnais de plaisir. Damn it heureusement que nous étions dans un lieu publique, parce que c'était la seule chose qui nous gardait dans la réalité. Et aussi Gracie qui était quelque part dans les parages, j'espérais qu'elle avait pas assisté à cette scène en nous stalkant. Quoique l'éclairage était tamisée, difficile de nous reconnaître. « T'essayes de m'amadouer? » demandais-je, captivée par son regard. Avant de lui répondre, je devais moi-même connaître ses intentions. Voir si il jouait ou si c'était.. sincère -avec l'alcool en prime.-

C'était à la fois libérateur et divinement exquis. C'est à peine si je me détachais d'elle, enfermé dans cette bulle irréelle où les fantasmes que je repoussais depuis plusieurs jours devenaient réalité. Heureusement que nous n'étions pas seuls car à cet instant, j'aurais pu la manger toute entière. Ce qui n'aurait fait que compliquer les choses dans ma tête au retour à la sobriété, au vu du nombre de verres que j'avais avalé ce soir. J'en oubliais même que ma sœur pouvait débarquer à tout moment et assister à ce rapprochement inexpliqué tant j'étais envoûté par Brinley, par le parfum de ses cheveux, par la douceur de sa peau sous mes doigts... Moi non plus je ne me pensais pas aussi faible et pourtant je laissais tomber toutes mes barrières, laissant mes envies prendre le dessus. La réflexion et les prises de tête seront pour demain. Je voyais bien que ça lui plaisait que je la trouve irrésistible, et bordel, elle ne savait pas à quel point c'était vrai. « Impossible actuellement » répondis-je sourire au coin des lèvres, en raffermissant ma main sur sa hanche, mon regard dans le sien. Puis d'un coup j'y percevais cette latence inhabituelle, ce flou anormal. Je me reculais légèrement scrutant son visage. « T'as pris un truc ? »

Je voyais un peu flou mais si je me fiais aux voix qui se faisaient entendre derrière Marcus, il devait être au moins deux personnes qui passaient par là. C'était vraiment pas prudent de rester ici, on aimait le risque nous. Ma main se posait contre sa joue que je caressais du bout de mes doigts. Peut-être qu'on allait regretter demain, peut-être pas aussi. C'était quelque chose qu'on avait pas su contrôler et je n'avais aucun moyen de me défendre à cet instant, même si l'alcool et ou la drogue serait une solution facile pour expliquer les actions. C'était pourtant pas une excuse, c'était plus que volontaire. On restait là, à flirter donc non c'était pas une mise en scène. C'était sincère. « Cette réponse me plaît mais y'a pas que ça. T'es beau, même quand tu fronces les sourcils comme tu l'as fait tout à l'heure. Arrête de me regarder comme ça tu veux..? » murmurais-je, j'étais à deux doigt de me rapprocher pour l'embrasser de nouveau lorsqu'il me stoppa un peu dans mon élan. Sa main qui exerçait une pression sur ma hanche, il reculait légèrement pour m'observer. Eh pourquoi tu recules comme ça, j'étais prête à  faire une liste de compliments moi. « Un petit joint, rien de bien méchant. » Joint que j'avais fumé toute seule en fin de compte, putaaain que ça avait fait du bien.        

Non je n’étais pas en état de l’amadouer, d’essayer de la manipuler ou quoi que se soit d’autre. Moi qui avais tant l’habitude de tout contrôler, à cet instant je ne contrôlais plus rien, je ne réfléchissais plus, la bête en moi bien trop occupée à ronronner d’avoir enfin obtenu ce qu’elle désirait. Brinley était dans mes bras et c’est tout ce qui important dans ma tête à cet instant. J’avais encore plus envie de l’embrasser en l’entendant clairement énoncer tout haut qu’elle craquait pour moi, une tension dans le ventre… mais soudain je me reculais légèrement en voyant ce qui m’avait échappé jusqu’à présent. Elle planait, ce qui en rajoutait une couche en plus de son état d’ébriété. L’alcool embrumait mon cerveau et pourtant, je savais au fond que ça ne me plaisait pas. Pourquoi est-ce qu’elle prenait cette merde ? « Laisse tomber les joints… » lâchai-je avant de revenir l’embrasser, encore plus fougueux que précédemment… puis de rompre le baiser. « C’est toi demain qui diras que j’ai profité de toi si je continue à t’embrasser » dis-je dans un souffle, mon front contre le sien.

J'espérais au plus profond de moi que c'était pas une technique pour me manipuler. D'habitude je flairais bien ce genre de comportement -et j'avais rarement tort- mais là.. j'étais pas en état. Ni de réfléchir, ni de me jouer de lui pour obtenir ces précieuses informations. La seule chose sur laquelle je devais me fier c'était sa parole. ''Impossible actuellement.'' Pour la première fois, je me laissais aller. Pas me prendre la tête, suivre le feeling qu'il y avait sans savoir jusqu'où ça irait. Et moi, je lui avouais que je craquais pour lui sans non plus tomber dans une décla hors sujet cucu. « D'accord.. » Pour ce soir, là maintenant j'allais me contenter de lui. Pas sûr que demain j'allais être d'accord avec ça mais, c'était pas non plus une promesse. Pis j'avais pas de stock sur moi pour ça, comme par hasard. Il se penchait de nouveau pour m'embrasser avec plus de fougue, comme si cette action prouvait que c'était réel et que c'était pas du bluff. J'venais entourer sa nuque de mes bras, le coeur battant à toute vitesse. Je prolongeais ce baiser avant que Marcus décide de le rompre. J'étais frustrée. « Je sais ce que je veux et je crois qu'il est déjà trop tard pour les regrets.. » Y en avait pas un plus responsable que l'autre, on était deux adultes come on. Son front collé contre le mien, nos nez s'effleuraient. J'étais désarmée de toutes les manières possibles. « Me repousse pas.. » soufflais-je, cette fois-ci je prenais les devants pour l'embrasser. Fuck demain, seul le présent compte. Et j'voyais pas ça comme une mauvaise décision. « Tu péchos souvent en boîte toi? » demandais-je entre deux baisers, amusée.  

Sens en éveils, décuplés quand la raison elle semblait s'être envolée, partie tourmenter quelqu'un d'autre. Du moins pour les quelques minutes que duraient cet instant. J'étais à la fois soulagé, transporté et maintenant déstabilisé par la notion de drogue qui venait s'ajouter à tout ça. Ce n'est qu'un joint, voilà ce que je me répétais en mon fort intérieur, sans pour autant parvenir à repousser totalement cette idée. Sans parvenir non plus totalement à la repousser elle. Je frissonnais à son Me repousse pas.., mon coeur s'emballant dans ma poitrine quand cette fois ce fut elle qui prit les devant, ses mains contre ma nuque pour venir m'embrasser. J'avais chaud, terriblement chaud. Et cette boite était décidément trop fréquentée. « Tu péchos souvent en boîte toi ? » La question avait l'air de beaucoup l'amuser, et ça me faisait sourire, à moi aussi. « Pas vraiment, non » répondis-je en me pinçant les lèvres. J'étais tellement difficile en matière de filles qu'il était rare que je me laisse aller à chopper en boite de nuit. « Viens » glissai-je à son oreille, avant de l'amener à nouveau vers la piste de danse. Sauf que cette fois c'était moi qui avais mes mains sur sa taille, et non plus l'autre blondinet à la con. Je souriais, la satisfaction prenant totalement possession de mon être pendant quelques minutes alors que nous dansions collés serrés, ayant du mal à se séparer, même quelques secondes. Quand tout à coup, j'aperçu Gracie dans la foule, jetant des regards autour d'elle, de toute évidence en train de chercher Brinley. Est-ce que je voulais vraiment que ma soeur nous tombe dessus, là maintenant ? Non. « Quelqu'un te cherche » glissai-je à la jeune femme dans un souffle, mes lèvres effleurant les siennes une dernière fois... avant de m'éclipser.