Dad's talk ft. Rainier

Il n’avait pas nécessairement peur de rater ses études, un pass-droit dans la vie lui était accordé et si il venait à foutre en l’air une chance comme celle d’entrer à Harvard, tant pis. Ce ne sera pas sa dernière opportunité et il le sait très bien. Il sait que ce raisonnement n’est pas juste, surtout vis à vis de ceux qui se saignent pour cette place, ceux qui doivent en plus travailler pour vivre dignement, ceux qui portent le poids des investissements des parents. Il pourra toujours travailler auprès de sa mère pendant dans l’humanitaire comme il le fait l’été, ou encore continuer d’accompagner son oncle sur les sites de fouilles comme il avait l’habitude de faire. Et le mieux, c’est que ces deux options lui plaisaient aussi. Alors, si par malheur il venait à rater ses examens, sa vie ne serait pas foutue et il prendrait ça comme un signe que sa nouvelle priorité ne peut être que sa famille. Famille bancale puisqu’il n’aime pas la future mère, mais ce détail finira par devenir un cadre stable. “ Au moins vous êtes ensemble, puis t’es vers la fin toi non ? ” Quand bien même il ne sait pas où compte s’arrêter son aîné dans les études, il sait que l’heure du diplôme n’est plus très loin. Mais au fil de la conversation, Zephyr se sent rassuré, d’une raison qu’il ne voudrait pas confier, ni même montrer. Mais de voir Rainier lui aussi fatigué, perdu dans ses événement le laisse moins seul. Le blond est comme un livre ouvert, il se confie, exprime ses peurs en se demandant combien d’entre elles font écho à celles du Danois. Déboussolé par la question du vice-président, il a mouvement de recul sur son siège, s’adossant, croisant les bras en silence avant de se poser à nouveau contre le bureau, bras sur le bois. Il admet, le ton presque vaincu. “ J’en sais rien, mes parents si tout se passe au mieux ? ” Question rhétorique. Il ne se doute pas qu’un second père va croiser sa route. “ J’ai l’impression que ce sera impossible de bien faire..” d’une petite voix. Comment pouvaient-ils naviguer toutes ces incertitudes, les angoisses de leurs âges, le stress de la paternité tout en gardant tout ça loin d’un enfant ? “ Mouais, ça dépend des erreurs quand même, je ne sais même pas comment on tient correctement un enfant.. Tu sais que ça peut être grave si on ne le soutient pas assez ? ” Parce que lui venait de le lire sur un forum et cette idée ne le rassurait clairement pas.

S'il y avait bien quelque chose que la vie t'avait appris, c'est qu'on n'était jamais sûrs de rien. Ta vie avait basculé à plusieurs reprises malgré tes désirs, tes ambitions et tes rêves pour l'avenir. L'arrivée de ton enfant était un bouleversement parmi tant d'autres et tu savais en ton for intérieur que des bouleversements, tu en connaîtras encore. Aussi lorsque Zephyr te dit qu'au moins vous êtes ensemble - sous-entendu ta compagne et toi - tu te contentas de hocher la tête sans rien dire. Tu te doutais bien que pour lui qui se préparait à élever son enfant seul, avoir quelqu'un à ses côtés était une chance dont tu ne pouvais pas te plaindre. Alors oui, aujourd'hui tu étais fiancé mais demain, qu'en sera-t-il? "Oui, je termine au mois de juin." Tu confirmas à la question de ton  camarade Adams. Cela te paraissait à la fois tellement proche et tellement loin, tu n'avais plus qu'un semestre pour profiter de ta vie d'étudiant avant de plonger dans le monde des adultes. Un monde où vous devrez apprendre à vous débrouiller seuls, prendre vos responsabilités. Tu glissas un regard vers le blond lorsqu'il évoqua ses parents. "Ils sont loin?" Tu t'enquis, véritablement curieux. Tu savais que la mère de Shay vous aidera du mieux qu'elle peut, tes parents par contre c'était une autre histoire. Ce n'était pas vous qui vous occupiez des enfants habituellement mais plutôt des gouvernantes et tout un personnel était dédié à l'éducation et l'instruction des têtes blondes de la royauté. C'était d'ailleurs quelque chose qui risquait de poser problème dans un avenir plus ou moins proche, car en tant qu'héritier de la couronne ton fils devra être élevé en tant que tel , comme toi tu l'as été avant lui. Tu préférais ne pas y penser pour le moment, parce que tu ne voulais pas te faire des nœuds à la tête inutilement. D'ailleurs tu ne semblais pas être le seul à te poser des milliers de questions, puisque Zephyr s'inquiétait déjà de ne pas savoir tenir son bébé correctement. "De toute façon il faut partir du principe que tout le monde aura un avis sur ce que tu fais et surtout sur ce que tu ne fais pas." Parce que c'était toujours plus facile de critiquer que de féliciter et d'encourager. "Tu seras le mieux placé pour savoir ce qui est bon pour lui ou non." C'était un conseil que tu devras appliquer toi-même, pour le coup, malgré les conseils bien avisés de ceux qui pensaient faire mieux que tout le monde.

Dès le moment où l'annonce a été faite, un poids s'est posé sur son cœur. Il savait que sa vie allait changer, et probablement d’une manière qu’il n’allait pas lui plaire. Égoïstement, il ne pensait qu’aux sacrifices, qu’à tout ce qu’il allait devoir perdre pour être capable de se regarder encore dans une glace. Il n’était pas envisageable pour le blond d’abandonner une amie, quelqu’un qu’il estimait même si leur relation n’était pas supposée menée à l'accueil d’une nouvelle vie. Alors, il a promis qu’il serait là. Parfois, il regrette cette promesse tellement l’appréhension est forte. Et il est compliqué de trouver de quoi rassurer cet Adams. Il allait bien devoir assumer ses études, sa vie personnelle et une vie de famille, mais ce n’était pas le seul dans ce cas. “ Quelques semaines plus tôt, je t’aurais plains, mais là je crois que je t’envie. ” Parce que tout serait bien plus simple avec des cours en moins et un diplôme en poche. Enfin, grâce à leur statut social, aucun d’eux n’a besoin de se précipiter pour travailler dès la sortie de l’université, et c’est un privilège qui peut s’avérer bien utile. Mais en attendant, il allait falloir s’armer de courage, et s’entourer suffisamment pour être sur d’être relever rapidement. Mais les parents de Zephyrs ne semblaient pas avoir ce rôle auprès du blond. “ Non, pas plus que ça, une heure et demi de route, ils sont juste occupés. ” Et manquent de temps, mais parfois aussi de patience. Et face à une gaffe de cette ampleur, il doute d’être bien reçu. Il voit déjà le regard désapprobateur de son père. “ Je sais pas comment tout le monde à cet instinct de savoir quoi faire.. Ça se réveille le jour où on le porte ? ” qu’il plaisante légèrement alors que la question est pourtant sincère.