Dad's talk ft. Rainier

Depuis quelques semaines déjà, Zephyr sait très bien qu’il va être père. Il lui a bien fallu quelques jours pour l’accepter, et plus encore pour réussir à se mettre à préparer son arrivé. Il ne se sent vraiment pas au niveau, et ça lui fout les boules. Après quelques tours sur internet, il est dépassé, inquiet même. Alors l’irlandais a pensé à en parler avec la mère, ils se sont mis d’accord pour trouver un pédiatre et une sage femme qui pourraient répondre à toutes leurs interrogations car dans un mois ils allaient devoir accueillir leur fils sans pour le moment posséder la moindre couche, le moindre lit ni même savoir sous quel toit il fera - ou ne fera pas - ses nuits. Ce bébé qui arriverait peu après la nouvelle année ne leur laisse déjà aucun répit. Honnêtement, le pauvre jeune homme est plus que débordé et il a été mis au courant que son vice-président de la Adams vit une expérience similaire. Enfin, le danois le sait depuis déjà plus longtemps alors par un soupçon d’audace il vient frapper à la porte du bureau, s'appliquant pour taper au centre de la couronne de Noel “ Hey mister president ” qu’il annonce avec un accent danois peu authentique en ouvrant la porte. “ T’as quelques minutes pour parler ? ” il demande, n’osant pas entrer avant la confirmation.

@Rainier de Danemark

Zephyr a passé ses examens avec pour certains d’entre eux la tête un peu sous l’eau. Le manque de sommeil l’a pas mal travailler ces prochains jours tout comme ses choix et leurs conséquences. Il était perdu clairement et pourtant faisait comme si de rien était auprès de sa famille certains de ses amis et ses camarades de la Adams. Dans le groupe, ils avaient pris des nouvelles de comment avaient été les épreuves pour tout le monde et dans l’ensemble c’est positif. Beaucoup sont assez sûrs d’eux mais modestes, catégories dont fait habituellement parti le blond mais cette fois il est de ceux qui sont sincèrement incertains. Beaucoup d’eux d’ailleurs sont déjà parti pour aller rejoindre leurs familles à l’approche des fêtes en quittant les joyeuses décorations mises en place par leurs présidents : des guirlandes à l’effigie de bonhomme de neiges, les fameux petits lutins farceurs qui ont du aider aux vu des cotillons et serpentins qui l'entourent. Cette grande salle commune est si familale que ça le rassure Zephy, assez du moins pour aller chercher conseil auprès d’un autre bleu. Frappant puis entrant sur une petite blague une fois qu’il entend la voix de Rainier. “ Salut, ça va toi ? ” qu’il introduit presque timidement en se tirant une bûche, s’asseyant de l’autre côté du bureau d’une façon presque formelle. Il sourit quand le brun l’informe qu’il ne le dérange pas, au moins le temps n’est pas gâché de son côté de la table, ce qui vaut un petit sourire de l’irlandais. Il se racle un peu la gorge avant de rassurer à son tour son vice-président “ Oh non, non, c’est pas pour la Adams que je viens te voir, tout est super ici, les gens sont toujours aussi cool tout ça. Mh.. Je viens te voir pour te parler en tant que toi, pas en tant que vice tu vois ..? ”. Ce qui peut paraître étrange puisque les jeunes hommes sont plus camarades qu’amis. Ils se croisent en soirée et lors d'événements, mais rarement ils passent du temps à discuter tous les deux. Il connaît la vie de Rainier, comme n’importe qui disposant d’internet et qui voit parfois défiler les actualités de la famille royale dont il fait partie. Il y a ça mais aussi le fait d’avoir aperçu la fiancée au ventre bien rond. “ Si tu veux pas ou peux pas en parler, je sais pas c’est pas grave hein, mais t'attends un enfant pour bientôt non ? ” Autant d’abord demander confirmation, surtout avant de balancer la grande nouvelle qu’il a.

Depuis que tu étais à la présidence de la Adams, tu avais reçu très peu de tes camarades dans ce bureau, sans doute beaucoup trop formel. Tu préférais les échanges spontanés et informels, sans doute parce que tu avais l'habitude d'être enfermé dans des protocoles rigoureux et hors d'âge, tu te voulais accessible malgré tes titres et tes privilèges. Tu n'étais pas certain de pouvoir aider l'étudiant qui te sollicitait aujourd'hui mais tu pouvais au moins l'écouter. Même si tu ne pouvais pas agir concrètement, ça pouvait faire du bien à Zephyr de vider son sac. Alors, tu l'invitas à s'asseoir face à toi et, debout derrière le bureau de la présidence, les mains derrière le dos, tu attendais que le bleu engage la conversation. "Ça va, merci." Tu répondis sobrement, sans toutefois lui retourner la question - c'était inutile, à travers son entrée en matière tu avais d'emblée compris que quelque chose le préoccupait, et tu n'allais pas tarder à savoir quoi. Tu avais commencé par l'interroger au sujet de la Adams mais l'étudiant ne te sollicitait pas parce qu'il rencontrait des difficultés au sein de la confrérie. C'était donc pour une autre raison, beaucoup plus personnelle, ce que Zephyr sembla te confirmer à la fin de sa tirade. "Je vois." Tu acquiesças, sans toutefois développer - tu voulais lui laisser le loisir de détailler tout ça sans l'interrompre. Ton front se plissa tandis que le jeune homme évoquait ton enfant à naître. Tu t'étais fait extrêmement discret sur les réseaux ces derniers mois, ne serait-ce que pour que Shay puisse vivre sa grossesse tranquillement, sans être exposée sans cesse aux médias et autres tabloïds. Tu n'en parlais pas non plus publiquement, seuls tes amis proches étaient au courant. Tu aurais pu demander comment il savait mais ça ne t'intéressait pas de savoir, l'important était que Zephyr attendait une simple confirmation de sa part. Tu te frottas la nuque nerveusement, comme si tu réfléchissais à un problème pour le moins épineux. "En effet, mon fils est prévu pour la fin de l'année, pourquoi?" Tu t'enquis, ne sachant pas trop où il voulait en venir.

Il était nerveux, Zephyr, parce qu’il ne savait pas vraiment vers qui aller avec son problème. Ce n’était pas le genre de personne à avoir des dizaines de confidents et à aimer se lamenter plutôt que de trouver des solutions. Puis, personne dans son cercle ne cumulait ses études avec un enfant, personne dont il se sent assez proche pour demander de la guidance, alors peut-être que quelqu’un dont c’est indirectement le rôle sera plus à même de lui fournir de bons conseils. Pendant les premiers instants, il veut juste être poli, faire la causette, aussi pour essayer de faire passer son stress qui ne s’améliore pas dans cette disposition. Assis comme un enfant qui va se faire gronder face à Rainier, debout, droit, fier. C’est timidement que le blond entre dans le sujet, n’étant même pas sûr qu’il avait le droit de posséder une telle information. Ce n’est peut-être pas le plus populaire, ou celui qui parle le plus, mais il écoute et apparemment les commérages sur paternité en devenir de leur vice président n'ont pas échappé à ses oreilles. Il tousse, se racle la gorge face à l’idée de devoir l'annoncer à voix haute : “ Je.. Il y a eu un déni.. Et erm.. Je vais être papa vers février.. J’ai besoin d’aide, je veux pas l’abandonner comme ça, mais on est pas prêts, genre pas du tout. ” Il a un rire nerveux, regardant ses mains qu’il masse avec une pression les faisant rougir. “ Tu peux me transmettre un peu de savoir de mec serein et préparé, s’il te plait..? ” C’était peut-être dépasser les limites, mais il n’avait pas de meilleures options sachant que sa propre famille ne serait pas un bon soutien dans cette épreuve.  

Lorsque tu avais vu Zephyr débarquer dans le bureau de la présidence pour te demander conseil, tu ne t'attendais pas à ce qu'il vienne te parler de couches-culottes. Tu ne voyais pas où il voulait en venir en évoquant ton enfant à naître, mais tu te doutais bien qu'il ne s'agissait pas d'une simple visite de courtoisie de la part du blond. Patiemment, tu le laissais se confier à toi, exposer le véritable objet de sa visite. Bien que le jeune homme parle régulièrement sur votre conversation de groupe, il restait très discret sur sa vie privée. "Je ne vais pas te manger, tu sais." Tu lanças pour détendre l'atmosphère, parce que tu pouvais percevoir sa nervosité depuis ta position. Même si tu avais un statut particulier de par ta fonction de vice-président mais aussi tes titres royaux, tu ne te considérais pas au-dessus des autres, tu ne voulais vraiment pas que l'on se sente gêné à l'idée de parler avec toi. La situation devait vraiment être pesante pour ton interlocuteur puisque les explications tardaient à venir. Finalement, le blond te donna quelques informations qui te permettaient de cerner un peu mieux le problème. Déni de grossesse. Naissance proche. La panique envahissait le futur papa qui n'avait pas eu le temps de s'y préparer. Même la situation avec la maman n'était pas très claire, ces deux-là ne semblaient pas vraiment dans une relation stable, ce qui rendait le tout vraiment, vraiment compliqué. "Je vois." Tu dis alors, tout en cherchant tes mots parce que tu ne savais pas nécessairement quoi lui dire, là, maintenant, tout de suite parce que Zephyr lui-même ne semblait pas savoir ce qu'il était venu chercher auprès de toi - un conseil? une écoute attentive? du réconfort? Tout ça à la fois? "Pour être honnête avec toi, mon fils n'était pas prévu non plus. On avait fait un test en rentrant du spring break l'année dernière, et le test s'est avéré positif. On a décidé de le garder." Ça ne t'avait pas paru insurmontable à l'époque parce que tu savais justement que tu étais sur la fin de tes études, en soi, tu n'auras à jongler entre la paternité et les études que pendant six mois. Tu n'avais juste pas encore envisagé de te présenter à la présidence de la Adams à ce moment là, tu as nourri ce projet bien après, au cours de l'été. "Ce que je vais dire ne va pas te rassurer, mais en réalité, personne n'est jamais vraiment préparé à la naissance d'un enfant. On aura beau avoir lu tous les livres du monde à ce sujet, écouter les conseils des autres parents, ou que sais-je d'autre, ça ne reste que leur vécu. Une fois confrontés à la situation, nous aurons sûrement une réaction différente de celle qu'on a pu imaginer, simplement parce qu'il n'y a aucun moyen de savoir, d'anticiper ces choses là." Ce n'était peut-être pas ce que l'étudiant avait envie d'entendre mais c'était une réponse honnête. Tu préférais lui dire la vérité plutôt qu'il se berce d'illusions et qu'il tombe de très haut si les événements n'évoluent pas comme il le voudrait. "C'est pour cela qu'il faut être bien entouré dès le départ. J'imagine qu'avec la maman vous n'êtes pas forcément proches? Vous avez défini un arrangement, pour l'endroit où il va habiter, ce genre de chose?" C'était des questions d'ordre pragmatique mais s'accrocher à ces considérations très terre-à-terre permettait de ne pas trop partir à la dérive.      

Il était pas loin d’avoir la voix qui tremble devant Ranier, un homme qu’il respecte, mais qui ne l’intimide pas. Du moins en d’autres circonstances. Il évoque des points, petits pour donner une idée dans cracher le morceau au risque de s’étouffer. Sûrement qu’il en sait trop le blond. Parler comme ça de la vie intime de personne dont il n’est même pas si proche, mais partager ce bleu les encourage à la confiance. La petite blague “de daron” qu’il s'amusait à dire dans un autre contexte, le fait doucement rire. Il acquiesce et passe aux aveux. Décousus sous la panique et le manque de recul. D’une sex friend à un problème, d’un problème à un bébé de huit mois bien logé, d’un déni de grossesse à une future naissance. Il ne savait pas où commencer, les recherches qu’il avait tenté racontaient tout et son contraire. C’est quoi les trucs phares à acheter ? A quel point c’est important d’allaiter ? Il peut faire une garde alternée dès la naissance ? Des questions plus ou moins farfelues qui passent par la tête. “ Vraiment ? ” qu’il demande surpris. Comme si personne d’autre ne pouvait connaître ce genre d’accident. Enfin, surtout quelqu’un comme Rainier, avec les titres et tout. Il se sent déjà un peu plus compris, un peu moins seul. ” Je me doute que je pourrais pas être prêt, mais me dire que personne l’est c’est cool.. En vrai ça aide un peu..” qu’il confirme. Il sera toujours intimidé à l’idée d’avoir créer une vie et d’en être responsable, même avec toute une année préparatoire. “ On est potes, il y a pire, on se parle bien. On voudrait gérer en 50/50 mais je crois que le bébé peut pas suivre ça, alors elle préfère chez elle, les médecins aussi, apparemment ils préfèrent ou on plus besoin de la mère à la naissance. ” Une nouvelle qui l’avait un peu contrarié, qu’il partage cette fois avec un petit rire. 

Tu ne savais pas trop comment vous en étiez venus à évoquer un sujet aussi privé que votre paternité à venir. Bien sûr, tu ne serais pas le premier Adams à devenir père, Anders était déjà passé par là mais quelque part ça te rassurait de voir que quelqu'un d'autre vivait la même expérience quasiment en même temps. Pour le coup vous ne viviez pas exactement la même chose, puisque cela faisait des mois que tu avais appris que tu allais être papa, quand Zephyr l'avait appris il y a peu, suite à un déni de grossesse de la mère de son enfant. Tu ne savais pas grand-chose sur le sujet mais tu pouvais aisément imaginer que l'expérience devait être traumatisante, pour elle qui devait accoucher du jour au lendemain, comme pour lui qui n'avait que très peu de temps pour se préparer. Tu lui avais avoué que pour toi aussi, ton fils n'était pas du tout prévu, que c'était une grossesse surprise. "Oui, vraiment." Tu dis alors en croisant les bras sur ton torse. "Avant cela, je n'avais jamais vraiment réfléchi à la question d'avoir des enfants un jour, pour moi c'était encore une éventualité très lointaine mais qui tout à coup est devenue très concrète. On en a longuement discuté avec ma compagne et on a décidé de le garder." Voilà l'histoire qui se cachait derrière le futur héritier royal, c'était une information que tu gardais jalousement pour toi, à dire vrai tu n'en avais pas beaucoup parlé dans ton entourage. C'était donc un presque secret que tu partageais volontiers avec Zéphyr, puisqu'il avait fait la démarche de venir parler avec toi, ce n'était qu'un prêté pour un rendu. Tu hochas la tête quand le blond t'avoua que savoir que personne n'était vraiment prêt l'aidait un peu. Ce n'était jamais une mauvaise chose, de se montrer honnête, c'était toujours mieux que se bercer d'illusions. Il t'expliqua ensuite la nature exacte de sa relation avec la mère de l'enfant. D'après ce qu'il te disait, il semblait savoir où ils allaient, tout du moins un minimum, ce qui était une bonne chose. Tu accueillis sa dernière blague avec une légère moue. "C'est important que vous gardiez ça, de vous parler." Pour un enfant c'était mieux de grandir dans un environnement serein, où ses parents s'entendaient cordialement sans pour autant être ensemble, plutôt que de grandir dans une atmosphère tendue et des parents qui se faisaient la guerre, comme c'était le cas des tiens jusqu'à ce qu'ils décident de divorcer, mais le mal était déjà fait. "Je comprends que cela puisse être frustrant, que l'enfant ait davantage besoin de sa mère les premiers mois, ne serait-ce pour se nourrir mais ça ne veut pas dire qu'en tant que pères on est condamnés à être la cinquième roue du carrosse." Tu dis alors, bien que tu ne saches pas vraiment comment il pouvait faire en ne vivant pas avec la mère de son enfant donc niveau partage des tâches c'était loin d'être évident. "Et toi, comment tu te sens, à l'idée qu'il soit exclusivement avec sa mère, au début? Tu as peur de ne pas arriver à créer de lien avec lui? " Pour tout avouer, cette question te taraudait, c'était même ta hantise, de ne pas parvenir à créer un lien avec ton enfant. Pourtant, quand bien même tu étais déterminé à ne pas commettre les mêmes erreurs que ton père, il n'en demeurait pas moins que tu avais tes propres traumas d'enfance à gérer, et qu'ils risquaient de rejaillir à la naissance du petit. La pression était d'autant plus présente que tous s'accordaient à dire que vous allez former une famille parfaite et qu'en tant que parents, ta compagne et toi allez gérer. Même si ça partait d'une bonne intention, tu redoutais qu'une fois devant le fait accompli ce ne soit pas le cas.          

Il avait bien compris qu’il y avait d’autres parents dans son entourage, ne serait-ce que les siens mais ce n’était pas de ce genre de conseils, ou morale, dont il avait besoin. Il voulait parler à quelqu’un de sa génération, dans le même cas de nouveauté, une personne qui le comprenne. Alors certes, il a appris cette nouvelle en passant dans un bureau de presse, principalement à la recherche du magazine politique où sa mère avait été interviewée, mais ce qu’il a retenu c’était la tête de son vice-président dans la presse à scandale, avec un titre assez surprenant pour le bleu. Il a donc choisi de faire appel à Rainier, qui le comprenait sûrement mieux que ce qu’il avait imaginé. “ Ouais je comprends. En plein milieu, ou du moins durant nos études, je trouve ça compliqué de se projeter dans une vie de famille. J’ai encore du mal à m’y voir.” Il avait déjà du mal à savoir comment présenter les mots à ses proches, alors il était bien loin d’être prêt à passer de l’idée à la réalité.

En expliquant sa relation, il reste également aussi honnête que possible. Sur les sentiments, ou du moins leur absence, sur leur arrangement rapidement tombé à l’eau de par l’avis des docteurs. “ Je pense que c’est assez essentiel pour élever correctement un enfant. ” Un parti pris pas très risqué, valeur assez traditionnelle sur ce point. Aux yeux de l’archéologue, un enfant à besoin d’un environnement sain et de parents dévoués à son bien être, et celà passe par une bonne communication. L’avantage que lui avait, c’est que les relations d’un soir sont bien moins tumultueuses qu’un couple, du moins dans son cas et il y avait donc moins d’effort à fournir pour garder une flemme quand elle n’est pas là. “ Ouais, mais ça me soule un peu quand même.. On sait pas comment on va gérer pour ce genre de détail encore, mais si elle allaite, je ne servirais pas à grand chose quoi..” Il soupire, montrant déjà son premier bout de déprime sur la situation. C’est en se mordant la joue qu’il réfléchit à la question. Relâchant sa chaire, il vient ensuite à le regarder. “ J’ai peur de pas avoir de lien, j’ai peur que sa mère ai du mal et de ne pas savoir la soutenir, j’ai peur de me sentir inutile, peur des reproches, peur de mal faire avec le petit.. ” Il déballe tout ce qui lui passe par la tête, le ton peu fier. C’est que d’habitude il sait ce qu’il fait Zephyr, il gère ses projets et ses aventures, planifie et s’amuse. Mais dans cette surprise, il se sent démuni.
 

Gérer la parentalité et les études était quelque chose que tu allais devoir apprendre pour les six prochains mois, sous réserve que tu réussisses tes examens de fin d'année car redoubler reviendrait à prolonger cette période délicate. Ce n'était pas impossible, puisque Edie, ta propre meilleure amie l'avait fait quand sa fille était née au tout début de votre cursus universitaire et elle avait tenu la barre comme une guerrière, jusqu'à ce que le papa de la petite revienne dans sa vie. On te le rabâchait sans cesse, tu n'étais pas à plaindre puisque tu avais ta compagne à tes côtés, ta situation n'était pas encore la même que celle du futur papa solo qui se tenait devant toi. Vos situations n'étaient clairement pas comparables mais cela ne t'empêchait pas de comprendre, et, surtout, de compatir. "C'est vrai que dans des schémas classiques les enfants viennent après les études et le mariage. On n'a pas vraiment fait les choses dans le bon ordre." Un enfant né hors mariage pourrait être mal vu au sein de la royauté qui avait des mœurs très archaïques, même pour votre siècle mais il semblerait que tu allais contribuer à la modernisation de ces institutions poussiéreuses. Tu soupiras légèrement, comme pour te libérer du poids qui te compressait, parce que c'était inhumain de mettre de telles attentes sur vos épaules trop fragiles, parce que vous n'étiez après tout que des humains. Tu secouas la tête comme pour reprendre le fil de tes réflexions. Les craintes de Zephyr concernant son enfant rejoignaient les tiennes, à ne pas douter. Tu y avais forcément pensé à un moment ou à un autre, sauf que tu ne t'étendais pas à ce sujet de crainte de paraître faible et incompétent. Tu fronças les sourcils quand Zephyr évoqua sa crainte de ne pas pouvoir soutenir la mère de son enfant. "Je sais que la société s'attend à ce que nous soyons un soutien sans faille pour les mères de nos enfants, surtout les semaines qui suivent la naissance mais toi, qui veille sur toi?" Tu t'enquis, toujours aussi sérieux parce que c'était également un point qui te taraudait. "Si tu veux pouvoir être un pilier pour ta famille, il faut être solide soi-même parce que si on est stressé ou angoissé, l'enfant va le sentir aussi." C'était quelque chose qui t'effrayait de ne pas savoir gérer tes émotions avec l'arrivée de bébé, toi qui étais hypersensible et que cette sensibilité était exacerbée avec tes troubles de l'attention. "Quant à la crainte de te faire gronder parce que tu as mal fait quelque chose...j'ai envie de te dire que la maman n'en sait pas plus que toi, surtout s'il s'agit d'un premier enfant. Il n'y a pas de mode d'emploi alors on apprend sur le tas. Des erreurs on en fera, mais c'est en faisant des erreurs qu'on apprend." L'important étant de rester indulgent avec soi-même car la société se chargera de vous blâmer bien assez tôt.