Taram Ewan McCarty McGillian naquit le premier avril 1994. Non, non, ce n'est pas une blague ! D'ailleurs, le fonctionnaire qui a signé l'acte de naissance au nom du maire de Dublin peut en témoigner, puisque le petit est né dans cette ville, en Irlande. C'est là qu'il a vécu toute son enfance et davantage. Malheureusement, il n'eut pas la possibilité de vivre chez sa mère puisque celle-ci ne pouvait se permettre d'élever un second enfant. En effet, il est le dernier né de la famille, possédant un grand frère dont il n'a pas toujours connu l'existence et qu'il n'a fini par rencontrer que très récemment. Le pauvre jeune enfant qu'il était vécut chez sa tante. Il ne le regrette pas, puisqu'il s'y plaisait grandement et était relativement choyé, si ce n'est totalement choyé, par sa famille d'adoption, mais il prit beaucoup de temps à comprendre pourquoi il n'avait pas les moyens de vivre chez sa mère. Ce fut à l'âge de sept ans qu'il rentra dans la chorale de son école et commença à se passionner pour la musique et le chant. Ce n'était encore qu'un petit bout de chou qu'il passait déjà son temps à chantonner des comptines et demanda à sa tante de l'inscrire à des cours de musique. Ainsi, il prit des cours de guitare, mais il utilisa le vieux piano présent au domicile familial, que personne ne touchait depuis des lustres, afin d'apprendre à y jouer de façon autodidacte. En effet, sa famille ne pouvait pas lui payer tout ce qu'il désirait. C'était un garçon plutôt précoce, il fallait l'avouer, il avait du talent, sans être un génie pour autant. A l'âge de onze ans, il quitta sa tante pour revenir vivre chez sa mère. Il ne comprit pas aussitôt ce revirement de situation et rencontra quelques soucis à s'intégrer pleinement dans son nouveau domicile. Il avait l'impression de combler un vide, d'être une sorte de bouche-trou. Souvent, il ressentait l'impression de ne pas être aimé pour ce qu'il était. Le pauvre avait la sensation de n'être pas assez bien... Il pensait être un puzzle dont il manquait une pièce. Cependant, il continuait à faire des efforts à l'école afin de rendre fier sa mère et de pouvoir ainsi continuer à suivre ses cours de musique. Les bonnes notes étaient la condition. Comme pour la plupart des gosses, il faut une carotte ou un bâton pour les aider à progresser. D'autant plus que Taram n'aimait pas particulièrement l'école... Il n'y avait pas beaucoup d'amis... Plutôt des ennemis à vrai dire. C'était un peu le bouc émissaire, mais le problème c'était qu'il ne voulait pas se laisser faire. Toujours ce besoin de franchise, cette envie de riposter. Et cela n'allait pas lui porter chance. Un jour, alors qu'il rentrait chez lui, passant par un chemin plus rapide, mais plus isolé, il fut pris à partie par des camarades de classe. D'abord, des insultes, des sortes de taquineries de plus en plus violentes. Et voilà qu'Ewan commençait à les bousculer afin de passer et de briser la barrière qu'ils faisaient de leurs corps pour l'empêcher de passer sereinement. Cela n'eut pas le don de leur plaire car voilà que le pauvre s'effondrait sur le sol, après qu'on l'ait tiré par son sac à dos. Et des coups, plus ou moins fort. Il se défendit de façon modeste, mais honorable... D'ailleurs, il finit par se relever et prendre la fuite. Mais cela n'empêcha pas le pire. Quelques mètres plus loin, on le bousculait de nouveau, il tombait au sol et sa tête heurtait le sol bien trop violemment. Il se réveilla des jours plus tard à l'hôpital et découvrit, pour son plus grand désarroi qu'il ne voyait plus les couleurs. Le monde n'était pour lui qu'un mélange de niveau de gris. Il lui fallut du temps pour s'y habituer, s'en remettre. Une petite phase de dépression qui dura quelques temps. A ses dix-sept ans, il s'était remis de cette agression vécue pendant son adolescence et il apprit une grande nouvelle. Sa génitrice avait décidé de briser le silence et lui avoua qu'il avait un frère : Rory McGillian. Aussitôt notre jeune homme chercha à en savoir davantage sur cet homme si proche qu'il n'avait jamais rencontré. Et bientôt, il eut l'impression de le connaître depuis sa naissance. Il l’idolâtrait, lui et ses œuvres, bien qu'il ne puisse les apprécier grandement du fait de son problème nerveux, l'achromatopsie, la perte de la vue des couleurs. Depuis, il ne rêvait que d'une chose, le rencontrer vraiment. C'était un mythe dont il voulait enfin savoir la réelle existence. Le jour de ses dix-huit, il annonça à sa mère qu'il voulait entrer en études de musique à Harvard... Et le voilà dans cette prestigieuse université, un peu perdu, mais déterminé. Il rencontra son frère, sans pour autant lui avouer leur lien de sang, ce lien qui les unissait si profondément malgré eux. Malheureusement, le secret fut rompu, lors de jours passés au Spring Break organisé par l'Université. Rory ne fut pas aussi satisfait de la situation que son frère, puisqu'il décida de quitter la Lowell House, leur confrérie commune. Ewan ne put s'en remettre, il tenta de le contacter, mais rien n'y faisait. Son frère ne voulait plus entendre parler de lui. C'était comme si des milliard de poignard lui avait piqué le cœur, comme si on lui avait brûlé les poumons. Notre jeune homme rentra donc en Irlande, déçu et beaucoup moins motivé qu'auparavant. Cependant, après de nombreuses discutions avec sa tante, le voilà qui décidait de revenir. Il avait compris qu'il n'aurait pas dû abandonner si rapidement... Un peu d'effort pour pouvoir vraiment profiter de ce frère qu'il aimait depuis qu'il connaissait son existence et dont il voulait plus que tout au monde l'amour et le soutien. Le pauvre ne sait pas comment l'approcher, mais il a été de nouveau accepté à Harvard pour la rentrée prochaine et veut décemment faire les choses bien. Ewan sait ce qu'il veut et il est bien déterminé à se faire une petite place bien chaude dans le cœur de son frère. Mais aussi, réussir ses études et finir musicien professionnel. Son rêve. Le rêve absolu.