And what if we take a coffee break ? (4ième jour , après le shopping) ∇ Elia et Jeevan

Cette après-midi shopping ensoleillée et placée sous le signe de la joie et la bonne humeur avait été l'une des plus belles journées que j'avais passées dans la capitale française . J'étais persuadé qu'au moins une après-midi allait être consacrée au shopping et j'avais bien vu . Les organisatrices nous avaient fait une belle surprise , je dois dire . Cette journée-là , je pense que nous l'avions tous attendu avec grande impatience . Nous nous étions tous rués vers les boutiques , prêts à faire chauffer nos cartes de crédit et à nous offrir une nouvelle garde-robe .J'avais dépensé pas mal d'argent et , comme à mon habitude , je l'avais dépensé dans le vestimentaire . J'avais par ailleurs dépensé dans quelques accessoires qui accompagneraient mes tenues de soirée . J'avais même acheté des vêtements de haute couture ! J'avais été peut-être un peu trop gourmand mais c'était une occasion unique et qui n'allait probablement pas s'offrir à moi de si tôt . Je me devais donc de sauter sur cette opportunité . J'étais ressorti les mains chargées , le sourire aux lèvres , satisfait et impatient d'enfiler ces nouveaux vêtements .

Après cette après-midi shopping , j'avais convenu avec Elia de nous retrouver autour d'un café que j'avais remarqué la veille. C'était un café typiquement parisien , bon chic bon genre . Les prix étaient peut-être un peu trop exorbitants mais en passant devant la vitrine du café , j'avais senti que le jeu en valait la chandelle . Il m'avait tout l'air d'être un café agréable , idéal pour se retrouver et passer du bon temps en bonne compagnie . Elia était la présidente des Cabot et elle était aussi une bonne amie . Durant un voyage humanitaire , j'avais appris à la connaître et j'avais été conquis par sa simplicité , sa bonté naturelle et son humanité . Elle avait des qualités que j'appréciais beaucoup . C'était donc avec joie que je me dirigeais d'un pas lent vers notre lieu de rendez-vous . Je voulais prendre le temps de savourer chaque instant passé à Paris . Le temps passait tellement vite . Je remontai une ruelle pavée et arrivai enfin à destination . Je m'installai sur la terrasse depuis laquelle on pouvait admirer le coucher de soleil et décidai d'attendre patiemment la venue de mon amie m'appuyant sur la murette et contemplant le paysage parisien .

Je contemplais la vue spectaculaire qu'offrait le café sur la capitale française . Et dire que dans seulement quelques jours , nous allions tous repartir à Cambridge . Nous passions des moments formidables et j'avais l'impression de ne pas avoir le temps de savourer mon séjour à Paris . Les jours défilaient à une vitesse alarmante et nous rapprochaient de plus en plus de notre retour à Harvard . Je soupirai et préférai profiter de ce moment agréable sur la terrasse du café plutôt que de me soucier de notre retour . La venue d'Elia m'arracha à mes pensées . Je me retournai et la vis approcher les mains visiblement chargées . Je compris alors qu'elle aussi avait fait quelques petites folies . J'arborai un sourire complice et me levai de ma chaise en bois pour lui faire la bise . Elia posa ses poches sur le sol pavé de la terrasse et s'installa à notre table . La présidente des Cabots me demanda si j'avais acheté plein de choses . A ce moment-là , je ne pus m'empêcher d'éclater d'un rire cristallin . Si seulement elle savait . J'avais dévalisé les boutiques . J'avais certainement dépensé plus que les autres Cabots . Mais je n'avais ressenti aucune culpabilité car après tout , nous étions là pour en profiter . De plus, j'aimais prendre soin de mon apparence et me faire plaisir . Tandis que d'autres investissaient dans d'autres choses , moi j'investissais dans le vestimentaire .

« Si tu savais ! Je suis sorti avec quatre poches de vêtements bien pleines ! » avouai-je avec fierté. « Les vendeurs ont du être aux anges en me voyant acheter tout ce qui me passait sous la main . Mais j'ai tout ramené au manoir , je ne voulais pas être encombré . » ajoutai-je , le sourire aux lèvres .

Un serveur approcha et interrompit notre conversation . Je jetai un rapide coup d'oeil au panneau sur lequel était inscrit les boissons qui pouvaient être consommées et m'empressai de faire mon choix afin de ne pas trop le faire attendre .

« Un café crème pour moi s'il vous plaît . Et toi Elia tu prends quoi ? Je t'offre le café ! » lui dis-je en lui lançant un clin d'oeil .

Elia m'avoua que j'avais eu une bonne idée en décidant de retourner au manoir pour ranger mes sacs de vêtements que j'avais achetés plus tôt dans la journée . Certes , cela m'avait contraint de faire un détour mais au moins je ne me retrouvais pas encombré . Elle me demanda si j'allais lui montrer tous mes achats une fois que nous serions rentrés au manoir . J'acquiesçai et un sourire s'étira sur mes lèvres . Il était clair que j'avais l'intention de lui montrer tous les vêtements et accessoires que j'avais achetés aussi nombreux soient-ils . Chaque fois que je sortais d'une après-midi shopping , j'aimais montrer à mes amis les vêtements que j'avais choisis d'acheter et j'aimais avoir leur avis . Elia étant la présidente des Cabots, son avis est d'autant plus le bienvenue .

Alors que le serveur était arrivé et attendait que l'on commande , Elia demanda un diabolo grenadine et refusa que je paie . Je répondis par un faible sourire . Je ne voulais pas insister . D'une part , parce que tenir tête à la présidente des roses était à éviter . D'autre part , parce qu'il s'agissait d'une réaction tout à fait normale . Dans le cas inverse , j'aurai également refusé que l'on paie à ma place . De plus , il aurait été complètement stupide de notre part de nous attarder sur le débat de « qui va payer le café ». Le serveur s'éclipsa et Elia me demanda ce que j'avais à raconter . Je plaçai un doigt sur mon menton et cherchai ce que je pouvais bien avoir à lui raconter .

« C'est vrai que ça fait des lustres ! Eh bien écoute , cet été , exceptionnellement , je ne retournerai pas en Inde . Avec le summer camp , il me sera impossible . Je culpabilise un peu de m'y être inscrit car je n'ai pas eu ni pris beaucoup de nouvelles de ma famille . » avouai-je d'un air sérieux . 

« Et toi alors ? Quoi de neuf dans ta vie de jeune mère et présidente des Cabots ?» lui dis-je d'un ton enjoué ..

Elia avait vu à quel point l'impossibilité de voir ma famille durant cet été m'avait affecté et tenta autant qu'elle pouvait de me remonter le moral . Elle me proposa de me rendre en Inde le Noël prochain ou alors juste avant le Summer Camp . C'était une excellente idée . C'était peut-être quelques jours mais c'était toujours ça de gagné. Je soupirai en pensant que tout aurait été  bien plus simple si je n'étais pas aussi loin de ma famille . Si seulement ils vivaient eux aussi aux Etats-Unis . Mais je savais qu'ils n'accepteraient jamais de venir aux Etats-Unis . Leur place était en Inde , c'était ce qu'ils ne cessaient de dire chaque fois que l'on en parlait . Je cessai de songer à cette histoire et reportai mon attention sur Elia qui m'avoua être ravi d'être la présidente des Cabots et me parla également du jeune Matys qu'elle avait adopté . Je n'avais jamais eu l'occasion de rencontrer le jeune garçon mais peut-être qu'un de ces jours j'allais avoir la chance de le voir . Elia me fit aussi part de son espoir d'être réelue en tant que présidente des roses . Si cela arrivait à se produire , cela ne m'étonnerait en aucun cas . Ce rôle lui allait si bien . J'avais un peu du mal à m'imaginer une autre rose à la place d'Elia même si j'appréciais un tas de filles de cette maison .

« Je suis sûr que tu seras réélue . Les Cabot ont vraiment l'air de t'apprécier et je n'ai entendu que du bien de toi . Pour être franc , ça ne m'étonnerait pas que tu sois réélue . » lui avouai-je , un sourire aux lèvres .

Elia me demanda ensuite si tout se passait bien chez les Lowells et si j'en faisais craquer plus d'une . A cette question , je ne pus m'empêcher d'éclater d'un rire cristallin .

« Tout se passe à merveille . Les Lowells sont super accueillants et la bonne ambiance et la bonne humeur sont au rendez-vous . Mon seul regret est que nous sommes peu nombreux dans cette maison . Quant aux filles , ça , ce n'est pas à moi de te le dire mais plutôt à elles ! Qui sait , j'ai peut-être tapé dans l'oeil d'une violet ? » lui répondis-je d'un ton enjoué . ..

Elia acquiesça lorsque je lui avouai que les Lowells étaient trop peu nombreux . C'était vrai . Nous devions être la maison la moins peuplée du campus . Cela avait ses avantages comme ses inconvénients . Nous étions peut-être peu nombreux mais nous étions une grande famille et l'esprit d'équipe y était . De plus , je ne me voyais pas dans une autre maison que les Lowells . On s'y sentait tellement bien que l'effectif peu élevé d'étudiants chez les violets ne devenait qu'un minuscule détail . La présidente des Cabots me dit que selon elle , la qualité prévalait sur la quantité . Je hochai la tête en signe d'approbation . Elle avait entièrement raison . Entre temps , le serveur approcha , tenant un plateau avec nos commandes . Il les déposa devant nous et s'éclipsa .


« Merci » dis-je d'un ton aimable .


Je trempai mes lèvres dans mon café crème sans même me rendre compte que j'avais une fine couche de crème autour des lèvres . Je continuai à parler à Elia sans même m'en rendre compte . Elia me répondit qu'elle ne se voyait en aucun cas questionner toutes les étudiantes de la Lowell House . J'eus un petit rire en imaginant la jeune Cabot interroger les violets . Elia me demanda par la suite si une étudiante m'avait tapé dans l'oeil . Je pris une profonde inspiration et fis mine de réfléchir en posant un doigt sur mon menton .


«  Hmm, je dois t'avouer que j'ai un peu la tête qui tourne avec toutes ces jolies filles que je rencontre sur le campus . » commençai-je en reposant mon café sur la table en bois . «  Il m'arrive de croiser et d'échanger quelques regards avec certaines filles que je trouve séduisantes mais le campus est tellement grand que je les revois presque jamais . » ajoutai-je en prenant un air faussement triste .


Je bus à nouveau une gorgée de café et repris la parole .


« Je peux te poser une question ? Est-ce difficile de présider une maison ?»