IT'S A LITTLE BIT FUNNY, THIS FEELING INSIDE.
On approchait doucement des vingt heures lorsqu'on sonna à la porte de la demeure des Kostas-Burkhart. Cette maison était l'une des plus jolies du quartier rien que pour l'amour qui s'en dégageait. D'ailleurs, tout le monde dans les alentours connaissait la petite famille. Elle était composée d'Elena Kostas, une grande avocate qui avait toujours serré les dents pour en arriver là, et de Markus Burkhart, psychologue pour enfants dévoué à son travail. Tous deux s'étaient rencontrés par le biais d'un ami commun, et personne n'aurait pu penser qu'ils débuteraient une histoire ensemble. Et pourtant, tous deux divorcés, ils se sont passé de nouveau la bague au doigt, et Elena n'avait pas seulement lié sa propre personne à Markus, mais également ses deux enfants de sa précédente union, j'ai nommés Jules et Pia. Jules était l'aîné, un grand blond athlétique et pas bête, qui faisait la fierté de ses parents et tourner les têtes des filles. Pia, quant à elle, était plus réservée, dans le sens où elle ne cherchait pas à tout prix à se faire voir, bien qu'elle n'en perdait pas moins de ses qualités. Autant vous dire que l'adaptation fut plutôt difficile, surtout du côté de Pia, puisque Jules s'en est bien vite allé à l'université, laissant sa petite sœur se débrouiller un peu toute seule avec cette nouvelle famille. Parce qu'entre temps était arrivée une nouvelle recrue, Louisa. Une véritable petite tornade qui ne se laissait pas marcher sur les pieds, et de laquelle Pia était terriblement proche, comme si elle avait entièrement de son sang. Ce qui nous ramène à notre situation présente : il était presque vingt heures et la petite n'était pas encore rentrée de l'école. Les parents étant encore occupés par leur travail, ils venaient à peine de rentrer et prévoyaient d'appeler la police lorsqu'on sonna à la porte d'entrée. Pia s'y précipita, et c'est alors qu'elle découvrit sa petite sœur, accompagnée d'un bon ami à elle, j'ai nommé Finnick. Finnick qu'elle ne vit même pas tellement le fait d'avoir retrouvé Louisa remplissait tout son esprit. « Oh my god Lou' where have you been ? What crossed your mind ? We were so damn worried about you ! » La fillette ne cessait de regarder ses pieds et marmonnait quelque chose d'incompréhensible. « Oh and have a look at your dress, you've ruined it ! » La toute nouvelle robe de Tata Muriel était tout simplement fichue. Certes Louisa n'avait pas voulu la porter au premier abord, mais ce n'était pas une raison pour la traiter de la sorte. La fillette de huit ans se défendit, clamant qu'un garçon à l'école s'était moquée d'elle dans cet accoutrement, et qu'elle avait dû répondre du coup, qu'elle n'allait pas se laisser faire. « I bet Mum will be mad when she'll realize that you have first ruined your dress and second fought today. (...) Where are you going, Louisa ! » Et Pia referma la porte, cherchant à rattraper sa cadette dans la maison, oubliant complètement Finnick. Ce n'est qu'à mi-chemin qu'elle se rendit compte de sa bêtise. Sursautant, elle s'assura que Louisa était prise en charge par les parents, avant de foncer à la porte d'entrée. « Oh my god Finn wait, I'm ... I'm sorry, I was so busy being scared for this little troublemaker. » Le jeune homme était à vrai dire en plein chemin de retour, et Pia eut tout juste le temps d'arriver sur son perron. Lorsqu'il se retourna et que son regard croisa le sien, Pia sentit son cœur manquer un battement. « There's no need to be, I know how much you love her, I would've done the same. » Il était tellement gentil avec elle, comme personne d'autre avant. Il lui sourit, et elle lui sourit à son tour. « Thank you. For everything. » Elle le pensait tellement. Sans Finnick dans sa vie, elle n'aurait certainement pas été la même. « This is what good friends do right ? » Le sourire de la jeune femme se brisa quelque peu. Ce mot résonnait et tournait en boucle dans sa tête. Pour elle, Finnick était bien plus qu'un ami, et ce depuis qu'ils s'étaient rencontrés à la maternelle. Depuis qu'il lui avait demandé son crayon de couleur rouge, et qu'il avait pris sa défense devant les gros bras de la cour de récré. Et au fil du temps, ils avaient fini par grandir ensemble, jusqu'à devenir de très bons amis. Et plus du côté de la demoiselle, qui tenait par plusieurs moyens de le lui faire comprendre, sans succès. « Indeed, you're right. » Il se rapprocha d'elle, caressant doucement sa joue, avant de remettre ses mains dans les poches de son jean. « 7pm tomorrow, I'll pick you up for high, and don't be late milady or I'll have to kick this lovely bottom of yours. » Pia se mit à rire, lui donnant une gentille tape sur l'épaule avant de lui ébouriffer les cheveux. « If I don't kick yours first ! » Le jeune homme lui tira la langue, avant de la soulever et de la placer sur son épaule pour venir la déposer juste devant sa porte. « Have nice dreams Sleeping Beauty. » Et il la gratifia d'un baiser sur la joue, avant de repartir vers chez lui. Pia, quant à elle, resta un moment plantée là, se demandant ce qu'il leur manquait pour que tout se déclenche. Peut-être qu'elle n'était pas assez claire, peut-être qu'elle aurait dû insister, elle n'en savait rien. Mais une chose était sûre : ils avaient seize ans, étaient aussi proches que les doigts de la main, et elle ne voyait pas le reste de sa vie sans lui en faisant partie.
THE HEART IS HARD TO TRANSLATE, IT HAS A LANGUAGE OF ITS OWN.
« Oh come on Pia, I really don't know how Finnick can keep up with you always being late ! I would've already given up on on the street believe me ! » Maman Kostas et sa délicatesse légendaire. Elle avait toujours adoré taquiner sa fille, d'autant plus à présent qu'elle allait partir. Prendre son envol, direction l'université. Et Havard s'il vous plaît, pas loin de chez eux, mais vu le prestige de l'établissement, la barre était haute. Autant vous dire que Madame avait cette boule au ventre, parce que bien qu'elle soit âgée d'une vingtaine d'années très bientôt, elle restait son bébé, qu'elle avait porté pendant neuf mois. « Thanks Mum, I'm so happy to know how much I mean to you. » Et elle lui tira la langue, taquine, avant de descendre les escaliers avec ses valises. Toute la maisonnée s'était affairée pour elle, et son beau-père fila ranger ses valises dans le coffre de Finnick. Finnick qui l'attendait devant chez elle, sourire aux lèvres. Il se moquait toujours d'elle et de ses retard habituels, de la façon qu'elle avait de lui faire les gros yeux et de le frapper en pensant qu'elle pouvait réellement lui faire mal. Alors oui, ils avaient décidé tous les deux de postuler pour Havard. Etant tous les deux de bons élèves, ils n'avaient pas réellement de souci à se faire, et ils furent récompensés de leurs efforts : ils avaient été acceptés. Et à présent, c'était un road trip qui les attendait. « If you princess would please be my guest ... » Finnick lui ouvrit la portière côté passager, et Pia y entra fièrement, comme si elle avait été une véritable princesse. Elle quitta sa famille en leur faisant de grands signes, en leur promettant de les appeler souvent et de leur envoyer des cadeaux pour les fêtes si elle ne pouvait pas rentrer. Puisque maintenant, c'était la grande aventure qui commençait. Elle pourrait montrer aux autres qu'elle était aussi importante que son grand frère, qu'elle aussi pouvait faire quelque chose de ses dix doigts. Et de son cerveau bien entendu. Elle avait prévu de s'inscrire en journalisme et en danse bien entendu, sa grande passion de toujours. Quant à Finnick, Pia lui avait toujours dit qu'il pourrait devenir un grand architecte un de ces jours. Et même s'il lui répétait d'arrêter, de ne pas tirer des plans trop tôt sur la comète, elle continuait de croire en lui, et elle aurait même crié à quiconque voulait l'entendre qu'il était destiné à de grandes choses. Elle se souviendrait toujours de ce trajet en voiture, de ce moment où elle s'était endormie en lui tenant la main et où elle s'était réveillée brusquement à cause du propriétaire d'une station essence qui lui avait crié à la figure, ainsi que du fou rire qui s'en était suivi. Elle se souviendrait toujours de leur arrivée à Havard, de leur accent de Chicago qui passait tranquillement dans le paysage de Cambridge, et de leur peine à trouver leurs logements. Puis, avec le temps, et une fois que tout fut en place, Harvard était devenu leur deuxième maison. Et ils finirent même par passer de plus en plus de temps ensemble, jusqu'à enfin sortir ensemble. Un "enfin" qui sonnait comme un cadeau de Noël pour Pia, qui avait toujours été amoureuse de lui. Un brin possessive, caractérielle, elle était toujours proche de Finnick. Et inversement, il était son ombre, et elle la sienne. De ce genre de couples qu'on ne verrait jamais se séparer. Et pourtant, il ne fallait jamais dire jamais, non ? Pourtant, tout avait si bien commencé. Une histoire trépidante, envoûtante, qui vous prend aux tripes. Un bouleversement général, qui finit par saisir tous vos membres et vous rendre insouciants. Moins vigilants. Et c'est de cette manière qu'il y a maintenant un an et demi de cela, Pia est tombée enceinte. Une grossesse inattendue et non préméditée, qui les a chamboulés Finnick et elle au premier abord, pour finalement leur permettre de se rapprocher encore plus. Il était prêt à prendre ses responsabilités, et elle à devenir mère. Tout était donc prêt, ils s'aimaient, et c'est dans une fausse-couche que leur amour perdit la vie en même temps que leur futur enfant. Pia en était anéantie, tout autant que Finnick. On ne le voyait plus tellement sur le campus, et Pia non plus d'ailleurs. Ils traînaient leur peine comme le plus lourd fardeau au monde, et ils ne prenaient même plus la peine de se parler. C'était comme si un mur s'était créé entre eux, comme s'ils ne parvenaient plus à se comprendre. Leur peine les avait séparés, et au lieu de se faire du mal, ils avaient préféré mettre un terme à leur relation. Un nouveau coup dur pour Pia, qui resta enfermée une semaine durant, inquiétant ses amis. Sans eux, elle ne sait d'ailleurs pas ce qu'elle serait devenue. A présent, et depuis un an maintenant, elle tente de remonter la pente. Elle se noie dans la danse, pouvant y consacrer plus de six heures par jour, et rêve toujours autant de percer dans ce milieu, ou le journalisme éventuellement. Elle a repris sa joie de vivre, son côté pétillant, et elle tente de convaincre tout le monde, mais elle-même avant tout, que tout va bien. Qu'elle s'en est remise, et qu'elle a déjà connu le pire. Elle reçoit des avances de plusieurs étudiants du campus, et on a du mal à comprendre pourquoi elle ne décide pas de s'engager dans une autre relation. Si elle a tourné la page sur Finnick, pourquoi autant douter ? A moins que bien entendu, les choses ne soient pas totalement terminées. A moins qu'elle se sente encore ridicule de sentir son cœur battre plus vite lorsqu'elle le voit de loin sur le campus, ou qu'elle entend sa voix lorsqu'il parle avec ses amis, ou même qu'une autre fille se trouve à ses côtés. Finalement, il semblerait que sa blessure de cœur ne soit pas encore totalement guérie ...