runnin', runnin', runnin' (w: chiara)

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C’est une blague. l'expression de tristan se durcit et la main qu'il était prêt à tendre en guise d'aide reste finalement le long de son corps. chiara serait capable de le mordre en guise de remerciement pour cette tentative de courtoisie vite remballée. chiara ou le malinois qui se place désormais entre elle et tristan. l'animal montre les dents, carrément. génial. du un contre deux. les chances de réussite sont réduites pour tristan, non pas qu'il ait quoi que ce soit à gagner dans cet affrontement peu importe la tournure qu'il pourrait prendre. Évites de le tuer, c’est lui qui a du sang sur les mains. tristan se redresse, se remet debout, son regard allant de l'attitude défensive de l'animal à l'expression peu amène qu'arbore le visage de chiara. il se retiens de lever les yeux au ciel, n'en fait rien au prix d'un effort. il ne tiens pas particulièrement à se disputer ce matin. il a autre chose à faire que jeter de l'huile sur un feu qui devrait déjà s'être éteins. tu devrais le tenir en laisse qu'il se contente de lâcher, un brin provocateur malgré lui, d'autant plus qu'il voit très bien la laisse qui pendouille sur le sol. l'animal lui a échappé, précipitant sa chute. il sort son portable de sa poche pour mettre en suspend le livre audio dont le récit continue de s'écouler dans son oreille en un énervant fond sonore.

Cygnes vs Chien. Ce sont les oiseaux qui gagnent et mon regard assassin qui perd. Tomber ne faisait définitivement pas partie de mes plans aujourd’hui et surtout pas à quelques semaines de l’été et du raccourcissement de mes jupes et robes. Je regarde mes genoux et leur état avant de relever le visage vers le Malinois qui revient près de moi comme pour s’excuser. Ce n’est pas comme ça que ça marche avec moi mais il ne le sait pas, n’ayant jamais réagi de manière si erratique depuis que je l’ai. Je soupire fortement et lorsque je reconnais la voix de Tristan, je souffle encore plus. Comme par hasard, il fallait que je tombe devant lui, celui qui m’avait trahi, volé un client et mise de côté d’un point de vue professionnel. Tout cela est arrivé il y a des années mais la rancoeur était toujours fortement présente. Je ne sais même pas si elle pourra disparaître un jour ou l’autre. À moins qu’il avoue ce qu’il a fait et qu’il s’excuse platement. Ça, je pourrais l’accepter. Mais la manière dont il réagit, un peu moins. Je pense que t’as besoin de lunettes. Je tends le bras pour attraper la laisse de Phoebs que je relaisse tomber sur le sol. Je lève les yeux au ciel. S’il y a bien une chose que je déteste chez l’humain, c’est la condescendance, ce qui est assez hypocrite quand on me connait. J’enlève les quelques brins d’herbes sur mes genoux, glissant un doigt sous l’unique goutte de sang qui perle le long de ma jambe pour la retirer avant de l’essuyer sur mon short de sport. Je lève les yeux vers mon ancien patron et dis Au moins cette fois, tu n’as pas besoin de m’enfoncer pour récupérer ce qui m’appartient. Je suis déjà à terre après tout mais il n'a rien à me voler. Vraiment, j’ai toujours cet affront en tête, coincé au milieu de ma gorge. Tu vas me regarder longtemps ou tu m’aides à me relever ? Je pourrais très bien le faire toute seule mais je voulais voir s’il avait changé, d’une certaine manière.  

Je pense que t’as besoin de lunettes. il ravale la provocation inscrite dans la courbure de ses lèvres, dans l'intonation de sa voix. il a aucune envie de s'engager dans une joute verbale, pas plus avec elle qu'avec qui que ce soit d'autre. et il sait qu'il a franchement pas matière à jouer les emmerdeurs, pas avec leur passif. il n'est pas fier de ce qu'il s'est passé il y a des années. pas son meilleur moment, ni celui de flynn. comme d'habitude le souvenir de son meilleur ami l'accable, comme un poids venu s'écraser sur son ventre. son sourire achève de disparaître, ses lèvres réduites en une ligne fine, ses pensées s'égarant avant de reprendre pied avec la réalité, son regard trouvant à nouveau celui de chiara, toujours au sol. il suit du regard son geste alors qu'elle ôte des brins d'herbe de ses genoux, écrase une goutte de sang de son doigt avant qu'elle ne déferle sur sa jambe, qu'elle n'y laisse une trainée rouge. Au moins cette fois, tu n’as pas besoin de m’enfoncer pour récupérer ce qui m’appartient. elle est toujours bloquée là-dessus. pour sa défense, tristan n'a rien fait pour apaiser la situation. pas plus que flynn, qui n'est plus sur terre pour réparer des pots cassés de longue date. Tu vas me regarder longtemps ou tu m’aides à me relever ? ça sonne comme un test et il s'y plie, son expression se faisant plus avenante, plus compatissante. il tiens peut-être l'occasion de réparer quelque chose aujourd'hui. une victoire timide vu le foutoir qui règne dans sa vie, mais ça n'en aurait pas de moins de la valeur bien sûr. il lui tend donc sa main pour qu'elle s'en saisisse, pour l'aider à se remettre sur pieds. tu ne t'es pas fait mal ? qu'il ajoute d'une voix plus douce dans laquelle perce nettement le remords. c'est qu'il a commis des erreurs, tristan, mais il n'a rien d'un salaud et ce ne serait pas du luxe de faire ce qu'il faut pour le prouver même si, concernant chiara, il aura fallu du temps pour en arriver là.

Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours été protégée, mise dans du papier à bulles et je n’ai jamais eu de mal à avoir ce que je voulais. Ça allait du take away au dernier vélo à la mode, en passant par le cellulaire dernier cri et la petite robe de créateur. Mes parents, ainsi que mes grands-parents du côté de ma mère, n’ont jamais su dire non et cela a continué pendant mes années à l’université. Les garçons, les filles, les deadlines rallongées par les professeurs, j’ai toujours réussi à avoir ce que je souhaitais, la dernière lubie étant une place plus importante dans l’entreprise familiale. Là encore, et malgré les conseils de Milo je suppose, mon père n’a pas pu me dire non. Après tout, quand sa cariña veut quelque chose, elle l’obtient. J’aime pourtant être challengé mais briller est bien plus intéressant, je ne peux le nier. Et là, face à Tristan, je fais tout sauf briller, ce qui ne me plaît pas et me met dans une humeur des plus fracassantes. Quand on s’attaque à moi, c’est une rancune bien profonde qui s’installe et il est difficile de revenir dans mes bonnes grâces. Il y était pourtant, lui et Flynn à vrai dire. J’ai adoré mon temps passé à travailler avec eux, j’ai appris des tas de choses à leurs côtés mais j’ai aussi appris qu’en affaires, les coups bas sont autorisés voire même conseillés. Mes genoux rapidement nettoyés, la tête tristoune de Pheobs dans mon champ de vision, je soupire doucement avant de gratter la tête de l’animal pendant quelques secondes. Juste de quoi faire descendre ma colère envers la boule de poils et me reconcentrer sur celui qui m’a planté un couteau dans le dos il y a des années de cela. J’attrape sa main et me redresse rapidement, grimaçant lorsque mon pied gauche retrouve le sol et qu’une drôle de douleur me tire dans toute la jambe. J’espère pas, le bal et la semaine prochaine. Et même si j’ai une longue robe dorée, je ne m’en remettrais pas de ne pas pouvoir mettre de talons avec cette dernière. J’ai toujours ma main dans celle de Tristan et je souffle Tu m’aides à aller jusqu’à ce banc ou tu comptes me planter à nouveau ? Histoire que je me prépare. Ce n’est pas dans mon style de demander de l’aide mais je trouve que le rôle de la demoiselle en détresse, bien que je le trouve abjecte, me va bien au teint. Quelle princesse en plus. Ou devrais-je dire Reine ? Oui, c’est encore mieux. J’attrape la laisse de Phoebs et sautille jusqu’au banc, ne posant pas la jambe gauche une seule fois. Bordel, il fallait que ce soit face à lui que je tombe. C’est sûr que mon grand sauveteur, je ne vais pas me le taper et c’est dommage, une occasion manquée de m’envoyer en l’air, je le regretterai sûrement amèrement d’ici ce soir.

il l'aide à se remettre sur pied. il comptait pas garder sa main dans la sienne une fois chiara de nouveau sur ses pieds, mais justement, elle grimace quand son pied gauche retrouve la terre. il grimace à son tour en écho, sensible à sa douleur en dépit de leur passif abimé. J’espère pas, le bal est la semaine prochaine. il ne dit rien, se contentant de pooser sur elle un regard bordé de compassion. Tu m’aides à aller jusqu’à ce banc ou tu comptes me planter à nouveau ? il retiens un soupire. elle a la rancune tenace. non pas que sa colère soit injustifiée. flynn et tristan lui ont effectivement fait une crasse et si ça semble très loin du second aujourd'hui, il ne peut pas blâmer chiara de lui chercher des noises à ce sujet. il n'y a jamais eut d'excuses, après tout, pas plus que de vraie conversation qui n'ait pas été constituée que de piques bien senties. il serait peut-être temps de s'y mettre, d'ailleurs. tristan retiens son soupire, garde la main de chiara dans la sienne. hésites pas à prendre appui sur moi qu'il répond simplement. sur ce il la guide vers le banc désigné. elle ne se repose pas sur lui, sautille, ne repose pas sa jambe. il se contente de la soutenir pour l'aider à garder l'équilibre, craignant un peu que le chien ne tape un nouveau sprint. il aurait bien récupérer la laisse pour tenir fermement l'animal, mais chiara a pris les devants avec lui et il la laisse faire. il ne lâche la main de chiara qu'une fois qu'elle est assise. son bras libéré, il passe une main sur sa nuque, debout face à la blessée. ça fait très mal ? la chute ne lui a pas semblé aussi spectaculaire que ça, mais il suspecte qu'elle n'est pas du genre à surjouer et s'il y a un vrai problème, il ne veut pas le prendre par dessus la jambe. je peux te conduire à l'hôpital, au besoin il le ferait n'importe qui, elle ne fait pas exception.