feel alone and hate it until you're there + jamie

J'avais un peu la tête dans les vapes. En fait là, je calculais plus rien et je me laissais guider par Jamie. On rentrait quelque part, et c'est une fois installée dans le salon que je me rendis compte que je savais pas où j'étais. Je me laissais glisser dans le canapé en manquant de tomber par terre. Mais je me reprenais vite, je voulais pas être plus ridicule que je ne l'étais déjà. Le jeune homme m'offrit un verre d'eau et s'installa à côté de moi. Je grimaçai en voyant le liquide transparent.« t'as pas autre chose sérieux? » je lui ai demandé avec une voix assez méconnaissable. C'était un mélange de la fille complètement chiante, défoncée et fatiguée. J'avais un peu peur du regard qu'il me faisait, donc je bus quand même d'une traite en lui rendant le verre vide. Je détaillais ensuite le jeune homme. « pourquoi t'es si gentil avec moi? parce que, j'aimerais comprendre quelque chose. Je suis entourée de faux culs. J'ai pas beaucoup d'amis, car mes amis sont les amis de mes ennemis. enfin bref. je dis pas que t'es mon ennemi car j'te connais pas vraiment... » arrêt sur image, et putain merde... Je sentais une douleur à l'estomac. J'aurai peut être pas du boire ce verre si rapidement. Ou alors je parlais trop, mais ça m'étonnerait. J'avais envie de vomir, et j'avais pas la force de pousser sur mes deux jambes pour aller aux toilettes. D'ailleurs, je savais même pas où elles étaient. Mais Jamie avait deviné, voyant mon visage pâle et le malaise qui m'envahissait.

J'aimais l'attention que m'apportait Jamie. J'aimais aussi le fait qu'il m'engueule parce que j'étais prête à faire une course alors que je savais à peine tenir sur mes deux jambes. Ce mec avait vraiment l'air d'être quelqu'un de ben. Il me plaisir, c'était sur. Une fois chez lui, je m'installais sur le canapé et après avoir bu une verre d'eau, je lui demandais pourquoi il était si gentil avec moi. Je plongeai mon regard dans le sien et je l'écoutais même s'il m'a fallut quelques secondes en plus pour que la phrase arrive au cerveau. « oh tu sais, c'est pas la première fois. y'a des gens qui marchent à côté de moi et qui rigolent. toi tu m'as ramassé. » et pourquoi cela? Je savais pas trop mais j'étais quand même contente d'être tombée sur lui. J'avais honte de ce que je devenais. J'étais un déchet pas croyable. Je n'avais plus de respect pour moi-même, plus de respect pour personne. J'étais trop mal dans ma peau et même si Jamie me demanda de lui expliquer pourquoi j'étais aussi mal, je ne savais pas réellement pourquoi. Je pensais savoir, je pensais que c'était Konrad et Grace, mais il y avait autre chose encore, de plus enfuit. « j'ai perdu goût à la vie que j'avais avant... là je me retrouve à la case départ. tu sais quand tu crois avoir trouvé le bonheur, tu te sens bien, puis tout s'écroule d'un coup, t'as plus goût à rien. alors je me défonce. » et je mets ma vie en danger. Je lui parlais comme si c'était un ami, comme si c'était normal que je me confie à lui.

Je me sentais en sécurité chez Jamie. Il y avait une certaine harmonie qui me plaisait. Bon, j'étais défoncée aussi faut dire, mais quand même, j'étais contente d'être tombée entre de bonnes mains. Il m'avoua qu'il ne m'aurait pas laissé seule dans la rue, de peur que quelque chose me serait arrivé. Je ne répondis pas, je lui souris simplement. C'était ma façon à moi de le remercier, de le remercier pour tout. Jamie me demanda ce qui m'était passé par la tête pour faire une chose pareille, et je lui expliquai tout ce que j'avais sur le coeur, en quelques phrases. Du coup, je ne fus pas étonnée d'apprendre qu'il ne comprenait pas bien. « c'est... horrible. » soupirai-je. Je savais bien que c'était pas une bonne idée de se défoncer pour chasser son chagrin. Quoi qu'il arrive, il te colle à la peau pendant longtemps. J'écoutais le jeune homme m'expliquer sa vision des choses et au fur et à mesure je me rendis compte qu'il avait peut être pas tord. « ça t'es déjà arrivé? parce que quand tu m'expliques ça, j'ai l'impression que ça sent le vécu. » j'osais lui demander sans gêne. S'il n'avait pas envie d'y répondre, c'était pas grave, je le comprenais. Il n'y avait que moi pour raconter ma vie aux inconnus. Mais n'empêche j'y repensais, si Jamie ne m'avait pas trouvée, je serais surement en train de me les geler dehors comme une grosse conne. Il y avait à chaque fois quelqu'un pour me sauver, ça commençait à devenir flippant. C'était comme si on voulait ma sécurité.

Je l'écoutais comme si c'était la sagesse, comme si c'était Dieu qui me parlait en personne. Je ne disais rien et je l'écoutais, car maintenant c'était lui qui parlait plus que moi et ça me rassurait un peu. Car parler à un mur, c'était pas très cool et Jamie n'était pas comme ça. Je fronçais les sourcils. Etre à la mather house c'était mal? Je ne trouvais pas, car au moins on se rassemblait tous à partager nos problèmes et on pouvait s'aider les uns et les autres. Comme Jamie était en train de le faire avec moi, après m'avoir trouvée dans la rue complètement jetée. « des mauvaises périodes on en aura encore malheureusement. je sais qu'on doit garder la tête haute, pour moi vivre c'est me battre, chaque jour je me bats contre mon mental, c'est très dur. » et c'est épuisant, et je n'arrivais à rien. On ne peut pas forcer son mental à penser à autre chose, quand quelque chose était gravé, on ne savait pas l'oublier. Mais j'avais espoir, espoir qu'un jour tout ira mieux même s'il est faible. J'haussais les épaules à sa remarque. Il avait raison. « ça ne va jamais mieux, ça serait trop facile en même temps. » la vie n'était pas facile, il fallait savoir la combattre coûte que coûte. Et comme le disait Jamie, il fallait trouver les bonnes personnes qui pouvaient nous aider à avancer et à surmonter ça. « faut-il encore les trouver! » répondis-je en soufflant aussi. J'aimais bien Jamie, ce petit bout d'homme qui avait quelque chose dans la tête. Ça changeait du mec qui voulait baiser quand il voyait une fille complètement défoncée. Lui, il me rassurait et c'était cool. Je m'approchai de lui et posai ma tête sur son épaule, sans sa permission. C'était ma façon à moi de lui dire merci.

J'écoute Emma m'exposer son point de vue, sans l'interrompre. Ce serait trop facile d'aller mieux ? Ce serait juste bien. Il parait que la roue tourne, espérons juste que ce soit bien le cas. « C'est très dur oui, c'est surtout épuisant.» Regardez nous, tous les deux là, raconter à quel point on a du mal à juste vivre. C'est rare que je me dévoile comme ça, très rare que je reconnaisse mes faiblesses. Mais Emma a réussi à me mettre assez en confiance. Pour une fois, j'ai eu envie de laisser tomber le masque, de me livrer avec sincérité. Je ne voulais pas qu'elle croit qu'elle est la seule dans ce cas là. Et en même temps, quelque part, ça me rassure de savoir que je ne suis pas non plus le seul. Lorsqu'elle pose sa tête sur mon épaule, c'est bête mais je n'ose presque plus bouger. J'ai l'impression qu'elle a enfin trouvé un peu de sérénité et je ne veux pas gâcher ça. Je souris, même si elle ne peut pas le voir. « Peut être que t'as trouvé une de ces personnes ce soir. » Je dis ça avec toute la précaution du monde, je n'ai pas envie de faire une promesse que je ne tiendrai pas. Je suis un homme de parole, c'est pourquoi j'évite de faire des promesses à la légère, à vrai dire, je n'en fais que très peu, de cette façon, j'essaie de décevoir le moins de personnes possible. Je reste juste là, immobile, respirant lentement. J'ai envie de croire à quelque chose de meilleur, si ce n'est pas pour moi, au moins pour Emma, j'ai envie de la voir aller mieux. J'ai pas d'explication à ça, il est tard, j'suis fatigué, elle est défoncée, peut être, sûrement, que demain tout sera différent. « Tu devrais dormir un peu maintenant. » Je lui dépose un baiser sur le front, en toute discrétion et retenue et me décale sur le canapé de manière à ce qu'elle puisse s'allonger et poser sa tête sur mes jambes si elle le veut.