feel alone and hate it until you're there + jamie

Mon coeur s'accélérait, ma respiration s'accélérait, mes pas s'accéléraient, je courais dans la rue sans vraiment savoir quand j'allais m'arrêter. Je venais de boire comme pas possible, je revenais du QG où je venais de quitter Luke avec sa drogue magique, et là je badais à mort. J'avais peur de me perdre. J'avais l'impression que tout le monde me suivait, que tout le monde criait que j'étais une cocue en se foutant royalement de ma gueule. Et moi, je fuyais. Sans doute la réalité. J'étais trop couillonne quand je buvais. Et là, je savais pas trop ce que Luke m'avait donné, mais je délirais totalement. Puis tout à coup, plus rien, trou noir. J'avais juste la sensation d'être couchée dans l'herbe mouillée, près d'un lampadaire. J'ouvris mes yeux après combien de temps? Aucune idée. Un jeune homme s'était penché vers moi, et le voilà qu'il s'accroupit pour regarder mon visage. Je clignais plusieurs fois des yeux, tout en ne le quittant pas du regard. Merde, c'est qui lui? Je rêvais là, surement. Je fronçais les sourcils. En fait, je savais très bien qui c'était, on aimait bien boire et fumer ensemble l'hors des soirées mathers, mais à ce moment là, le cul trempé à terre, je savais pas tout de suite le reconnaître. « qu'est-ce que je fais là? qu'est... qu'est-ce que tu m'as fait putain? » lançai-je en essayant de me relever, mais c'était pas une réussite. « pourquoi je suis à terre? haaar, je suis toute sale il fait dégueux. » ralais-je en regardant mes mains brunies par la boue. J'étais vraiment une grosse merde, un vieux déchet, non pire, un composte.

Plutôt que de rester dans mon appartement à ne rien faire de ma soirée, je décide d'aller chez les mathers, retrouver quelques amis, pour fumer, boire probablement. En clair, faire ce que je fais depuis que je suis chez eux. Je ne sais pas trop si c'est le genre de vie que je veux vraiment mener, mais disons que depuis plusieurs mois, ça m'aide et me rend disons heureux. Après donc une nouvelle soirée, c'est avec les idées à moitié claires que je décide de rentrer à pieds chez moi. Je marche depuis cinq minutes à peine quand j'entends des pas rapides de plus en plus proches derrière moi. Je me retourne et reconnais une Mather dont je ne connais que le prénom. Elle se met à courir et me dépasse, comme si elle n'a même pas remarqué ma présence. Je l'appelle, mais elle ne se retourne pas. Je m'arrête un instant, son visage et son air ahuri ne quittant pas mon esprit. Et puis je ne sais pas trop pourquoi, je me mets à courir moi aussi. C'est bête, elle va probablement croire que je lui courre après pour l'agresser et se mettre à paniquer.
Après deux petites minutes, je ralentis et regarde autour de moi, ne voyant plus Emma nulle part. Je regarde le ciel, soupire et secoue doucement la tête. J'espère juste qu'il ne lui arrivera rien. Alors que je reprends doucement ma route, tout en restant attentif, je l'aperçois. Elle est par terre, allongée, inerte. Pris d'un petit élan de panique, je cours pour la rejoindre et me penche au dessus d'elle. A mon grand soulagement, elle se réveille bien vite et me dévisage. « qu'est-ce que je fais là? qu'est... qu'est-ce que tu m'as fait putain? » Je me redresse et la dévisage à mon tour. « Je t'ai rien fait détends toi, je t'ai juste trouvée là! » Elle essaie de se relever, sans grand succès. « pourquoi je suis à terre? haaar, je suis toute sale il fait dégueux. » Je secoue la tête et lui tend une main, en affichant un sourire qui j'espère se veut un peu rassurant pour la jeune femme. « Besoin d'un coup de main ? »

Quelqu'un était venu, quelqu'un était là et il s'intéressait à moi. A Emma le vieux déchet sur pattes. La honte, mais la honte... J'avais pas toute ma tête mais je pouvais dire que je connaissais ce beau visage aux yeux noisettes. Ma première réaction avait été spontanée, je ne voulais en aucun cas l'agresser, mais c'était plus fort que moi. Mais il me rassurait, et je reconnaissais sa voix. « Jamie c'est toi? » demandai-je hésitante. Jamie ou pas Jamie, il y avait bien un jeune homme accroupit près de moi, j'étais certaine de ne pas rêver. Je rendais compte que j'étais à terre, dans l'herbe, je comprenais pas. Le garçon me tendit la main en me proposant son aide. Je regardai sa main puis posai la mienne dans la sienne. Il me releva de façon à ce que je puisse tenir de bout, mais je ne lâchai pas sa main, non, j'avais trop besoin de la garder, comme garder espoir et garder une chance de s'en sortir. « je suis vraiment désolé... tu sais quoi? on va aller boire un coup pour me faire pardonner. c'est moi qui paye la tournée! » j'éclatais de rire en me tenant plus à mon camarade pour ne pas tomber. Mais mon amusement fut de courte durée. Soudain, j'avais en tête l'image de Konrad avec Grace. Ils s'embrassaient et ils s'envoyaient en l'air. Et moi, j'avais mal et je pleurais, comme maintenant. J'essuyais rapidement mes larmes afin d'éviter de passer pour un gros bébé devant mon sauveur, non je devais faire bonne figure. Un mather ça pleure pas pour des conneries.

Franchement, ce n'est pas trop mon genre de m'occuper des personnes défoncées ou bourrées, ou les deux, malgré le petit effort de solidarité que je fais depuis que je suis à la Mather House. Mais je crois que devant l'état d'Emma, personne n'aurait pu l'igoner, pas même moi. « Jamie c'est toi? » me demande-t-elle tant bien que mal en essayant de retrouver un peu ses esprits. Je hoche la tête. « Oui c'est moi.» J'imagine que ça ne l'avance pas beaucoup, à par mon prénom, elle ne doit pas connaître grand chose à propos de moi.
Je l'aide ensuite à se relever, suite à quoi elle garde ma main dans la sienne. J'imagine que ce n'est pas plus mal vu le peu d'équilibre qu'elle a. « je suis vraiment désolé... tu sais quoi? on va aller boire un coup pour me faire pardonner. c'est moi qui paye la tournée! » Bon, je dois bien l'avouer, là elle me fait un peu flipper. Surtout qu'elle laisse échapper quelques larmes. Je ne sais pas trop comment me comporter, d'un côté c'est évident qu'elle a besoin de quelqu'un, de quelque chose ; d'un autre, est-ce que c'est à moi de remplir ce rôle ? On ne se connait pas vraiment, et j'ai du mal à être rassurant et réconfortant avec mes amis proches alors avec une quasi inconnue.. Pourtant, je ne sais pas, quelque chose me pousse à la prendre dans mes bras. Je ne lâche pas pour autant sa main de peur qu'elle ne s'affole. Après quelques secondes comme ça, je recule un peu mon visage pour voir le sien et finis par lui dire doucement « Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Je vais te ramener chez moi, c'est à deux minutes. » J'espère juste qu'elle ne va pas se braquer ou me prendre pour un psychopathe, ou insister pour rentrer seule chez elle. La ramener chez moi est la meilleure option selon moi. Et je mentirais si je disais que je n'ai pas envie de savoir pourquoi elle s'est mise dans un état pareil. Les mathers ont rarement besoin d'une raison mais pour qu'elle finisse en pleurant, j'imagine que pour le coup, elle en a une.

C'était bien Jamie, oui, je reconnaissais son visage, ses traits fins qui le rendait vraiment beau. Il avait le physique d'un eliot je trouvais, pas d'un mather. Alors me retrouver ridicule face à lui, ça me donnait encore plus envie de courir et de me cacher. Jamie m'aida à me lever et il me tenait pour veiller à ce que je ne retombes pas. Je passais ma main sur mon front pendant que l'autre était enfuie dans la sienne. Il ne me lâchait pas, et ça me rassurait. Il me parlait calmement, distinctement, comme s'il était la sagesse des gens complètement défoncés comme moi. Je fronçai les sourcils. Il était prêt à m'héberger en plus. Enfin, ou alors on allait boire le verre chez lui? Que ce soit l'un ou l'autre, c'était quand même bizarre. Mais peut être qu'il voulait se montrer gentil et attentionné. Cela m'arrivait tellement rarement que quelqu'un veuille prendre soin de moi. Je souris, mi-enchantée, mi-surprise. En fait, je pleurais. « je... je veux bien parce que je ne sais plus où est mon lit, enfin je veux dire là où je suis sensée être mais je n'y suis pas parce que je suis une fille assez tarée pour être défoncée en pleine rue. » par moment, je riais doucement. Mais je riais de moi, de ma pauvre gueule. J'étais triste oui, tellement triste mais c'était comme ça, que voulez-vous? Le monde ne peut pas changer les choses, c'était à nous de le faire. J'avais tellement honte de mon comportement. Je grimaçai en versant quelques larmes, puis finit par m'effondrer sur Jamie, le forçant à me prendre dans ses bras. « je suis une grosse merde, une sale garce, complètement conne et débile. excuse-moi de te sauter dessus mais je veux trop que quelqu'un m'aime, que quelqu'un m'apporte de l'attention, que quelqu'un me regarde, car j'ai l'impression d'être repoussante. pourquoi il m'a trompé? je suis quand même bien foutue non! » là, je m'énervais et je doute que ça fasse plaisir au mather. Je le regardais ensuite, le regard livide, je faisais presque peur.

« je... je veux bien parce que je ne sais plus où est mon lit, enfin je veux dire là où je suis sensée être mais je n'y suis pas parce que je suis une fille assez tarée pour être défoncée en pleine rue. » Son discours est de plus en plus confus, si bien que je ne comprends pas vraiment ce qu'elle veut dire. Je comprends bien par contre que je ne peux pas la laisser là dans cet état si jamais j'avais encore des doutes. J'essaie de lui adresser un sourire réconfortant, ne sachant pas quoi lui répondre, de peur qu'elle ne parte dans un autre délire. Elle continue à pleurer, me faisant me sentir de plus en plus impuissant face à la situation face à elle. Elle m'incite fortement à la prendre dans mes bras une nouvelle fois, ce que je fais sans un mot. De son côté, elle ne reste pas aussi silencieuse, elle se lance dans un nouveau discours qui a peut être un peu plus de sens cette fois. Je me sens désolé pour elle, qu'elle ait été trompée, que ça la mette dans cet état là, qu'elle ait si peu d'estime pour elle même. Je m'énerve un peu à mon tour. Pas contre elle, non, contre le reste, contre celui qui lui a fait ça. Lâchant sa main, je pose les miennes sur ses joues et lui essuie quelques larmes en plantant mon regard dans le sien. « Ok stop! Tu n'es pas repoussante, et oui tu es bien foutue. » Je lui souris de nouveau. Si je suis aussi sympa et compréhensif, ce qui ne me ressemble pas vraiment, c'est que je me dis que de toute manière elle ne s'en souviendra sûrement pas demain, alors s'il n'y a que ça pour la calmer.. « Je suis là d'accord, ça va aller maintenant. » Je soupire, et quitte à paraître encore plus kitsch, j'ajoute « Je te regarde, je te porte de l'attention, et je ne dis pas ça uniquement pour te faire plaisir, ce n'est pas valable que pour ce soir. » Si j'étais bien parti, je me suis peut être un peu emballé sur la fin mais finalement, c'est vraiment ce que je pense. Et j'ai beau avoir plein de défauts, je suis un homme de parole.

J'aurais pu tomber sur quelqu'un de malsain, quelqu'un de pervers et de psychopathe puissance dix mile. Mais non, c'était Jamie qui était en train de s'occuper de moi, avec une attention fine et douce. Même quand je pleurais comme un gros bébé dans ses bras, il ne me repoussa pas. Il était vraiment gentil, ou du moins il le paraissait. J'eus un petit moment de stress lorsqu'il lâcha ma main. Voilà, il me prenait pour une folle maintenant, il allait faire comme si de rien n'était et me laisser dans l'herbe. Mais je me trompais. Il posa ses mains sur mes joues et me parla calmement. Jamie arrivait à me rassurer, rien qu'avec sa voix. « t'es gentil, t'es trop trop gentil, merci d'être aussi gentil, c'est rare les mecs gentils. » répondis-je en me répétant. Là, j'avais une vague de chaleur dans ma poitrine, comme si ses paroles m'avaient rendues heureuses. J'étais plus triste, du moins, pour le moment. Je me sentais en sécurité dans ses bras. Les câlins, ça me manquait beaucoup aussi. « est-ce que je rêve? sinon réveille moi parce que c'est pas marrant. je veux rentrer, j'ai peur ici. » repris-je d'un voix plus inquiète. J'étais dans le monde mi-réel et mi-imaginaire. Mes yeux ne quittèrent pas les siens, j'étais trop captivée.

Je crois que j'arrive à la calmer. Elle n'a plus l'air aussi paniquée, elle ne pleure plus même si ses yeux sont encore humides. Finalement, je ne suis peut être pas si mauvais. Elle me dit que je suis gentil, au moins quatre fois, ce qui me fait sourire. C'est plutôt rare en fait qu'on me qualifie de gentil. En général, ce n'est pas le premier mot qui vient pour me décrire. « est-ce que je rêve? sinon réveille moi parce que c'est pas marrant. je veux rentrer, j'ai peur ici. » Effectivement, je peux voir dans son regard que même si elle semble plus calme, elle n'a pas l'air pour autant plus sereine. De toute manière, tant qu'elle ne redescendra pas un peu, je pense qu'elle n'ira pas mieux donc ce n'est pas la peine de rester là. « Alors on rentre. » J'espère qu'elle va être capable de marcher et de me suivre car si elle fait une nouvelle crise et se barre en courant, je vais être obligé de la porter, pas sûr que les personnes qu'on risque de croiser trouvent ça normal. Je retire mes mains de son visage pour lui reprendre la main, au moins, je peux m'assurer qu'elle reste près de moi. Si en plus ça peut la rassurer et la faire se sentir à peu près bien, alors tant mieux. « Ca va aller pour marcher ? »

J'étais un peu plus calme. Jamie avait un don ou je ne sais quoi. Je me sentais bien pour le moment. J'étais impressionée par ce qu'il me disait mais j'étais aussi impressionnée par sa beauté. Il était si beau, et si gentil, rien que pour moi. On allait rentrer, plus question de rester ici. Je lui souris alors qu'il glissa sa main dans la sienne. Je n'allais pas m'enfuir de nouveau, maintenant je sais que j'avais quelqu'un qui apportait de l'importance. Il me demanda si ça allait pour marcher. Je le regardais en rigolant. « tu me prends pour une débile en plus? bien sur que je sais marcher, et je sais même courir très vite. Je parie que tu sauras pas me rattraper! » je le défiais du regard. Puré, j'étais complètement atteinte, fallait m'enfermer là. Je m’apprêtais à partir en courant mais Jamie me retenu par la main. Alors là, j'étais pas très contente. Je ne dis rien, je le laissai faire. J'ai compris que je devais me calmer et l'écouter. Bon, on allait rentrer, donc rentrons. « où est-ce que tu as dit qu'on allait déjà? » je comprenais plus rien, tout ce que je savais c'était que Jamie était là pour m'aider.

Lorsque je la vois sourire pour la première fois, même si ce n'était pas du tout le but de ma question, je suis plutôt soulagé, je me dis qu'elle retrouve peut être un peu de légèreté. Enfin, jusqu'à ce qu'elle me réponde en me défiant du regard avant de tenter de prendre la fuite. Heureusement, je la retiens par la main. Il faut dire qu'elle ne fait pas vraiment le poids face à moi, encore moins dans son état. Elle se calme enfin et me demande « où est-ce que tu as dit qu'on allait déjà? » C'est à mon tour de sourire avant de lui répondre simplement « Chez moi. » Heureusement, on n'est vraiment pas loin de mon appartement. Je presse un peu le pas alors que nous marchons en silence et rapidement nous arrivons en bas de l'immeuble puis à destination. Je referme la porte derrière nous et lui lache la main après l'avoir conduite au milieu du salon. Je lui montre le canapé d'un geste de la main. « Assieds toi. » puis disparait dans la cuisine pour remplir un grand verre d'eau avant de revenir dans la salon et de le poser sur la table basse. « Bois. » On pourrait croire que mon ton est un peu sec mais pas du tout, je suis incroyablement calme, presque doux. Il y a quelque chose chez Emma qui m'empêche de me comporter comme je me serais normalement comporté dans ces circonstances. Elle a l'air fragile, je crois que c'est ça, je me dis qu'elle ne doit pas avoir de très bonnes influences autour d'elle pour se retrouver dans cet état et que la vie ne lui a surement pas fait trop de cadeaux. Elle est un peu comme moi quelques années auparavant, et ça ne me donne que plus envie de prendre soin d'elle, ne serait-ce que pour ce soir, qu'elle voit qu'elle n'est pas aussi seule qu'elle le croit.