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Sometimes it lasts in love, but sometimes it hurts instead
Sous ses doigts, les aspérités prennent encore toute la place et dans un soupir Joyce renonce à la tenue d’abord envisagée pour sa soirée. Elle fait passer le crop top par-dessus sa tête avant de retirer le jeans taille basse – bien trop basse puisqu’il laisse apparaître des cicatrices qu’elle n’est pas encore prête à montrer – et troque le tout pour l’une de ses robes préférées, framboise et longue, mais fendue sur le côté, de quoi laisser apparaître juste ce qu’il faut laisser apparaître. Face au miroir, elle se sent un peu ridicule ; ce n’est pas comme si elle avait prévu de ramener quiconque chez elle – ou de se ramener chez quiconque d’ailleurs –, alors elle trouve bête de ce soin porté à son apparence. Un instant elle songe retirer sa tenue enfile un jogging et un gros pull et se réfugier sous ses draps avec un documentaire sur les fonds marins. Les dernières fois qu’elle était sortie – deux fois dans la même semaine –, ça n’avait pas été une véritable partie de plaisir ; elle avait pleuré bien trop longtemps sur le coin d’une table de bar sous le regard désolé de Haley, puis elle avait pris un flic pour un stripteaseur lors d’un enterrement de vie de jeune fille. Le monde semblait s’être ligué contre elle pour lui faire comprendre qu’elle était bien mieux chez elle, et seule.
Sauf qu’elle avait promis à l’un de ses collègues de l’accompagner à une soirée parce que la fille sur laquelle il creusait depuis environ 6 mois – et dont il ne cessait de lui parler à chaque fois qu’il mangeait ensemble combien même ils n’avaient pas dû s’adresser plus de trois mots en tout et pour tout – avait dit qu’elle irait et qu’il n’avait pas envie de débarquer tout seul. Le lâcher maintenant ne serait pas correct et s’il y a bien un défaut qu’elle estime ne pas avoir, c’est celui-ci. La conclusion est donc tracée toute seule et son lit devra attendre avant de la retrouver. Au lieu de ses pantoufles, elle enfile des sandales au talon juste assez haut pour lui faire gagner quelques centimètres, sans cependant que ce soit désagréable – elle n’a aucune envie de se tordre une cheville pendant cette expédition nocturne.
Pschit de parfum juste derrière l’oreille, Joyce enfile une veste d’entre-saison puisque l’été ne semble pas décidé à arriver. Dans son sac la doctorante enfourne un bâton de rouge à lèvres, un paquet de mouchoirs, son porte-monnaie et son téléphone. C’est à ce moment là qu’elle constate que la batterie de ce dernier est quasiment vide, mais trop tard pour faire quoi que ce soit. Il crèvera, elle n’en a pas besoin dans l’immédiat de toute manière puisque les bus circulent encore et au retour elle n’aura qu’à rentrer à pied – la maison où a lieu la fête est juste assez loin pour que ça soit agaçant de faire le chemin sur ses deux pattes, sans pour autant le rendre impossible. Et puis, surtout, ça sera le problème de la Joyce du futur. Elle se débrouillera.
Cavale dans les escaliers, c’est un nuage de mèches brunes qui passe dans l’entrée de la Dudley House avant qu’elle ne rejoigne l’extérieur et se rende à l’arrêt de bus le plus proche qui, heureusement pour sa patience, est bien vite desservi – et coup de chance, par le numéro qu’elle attendait. Le véhicule met quelques arrêts seulement avant de s'immobiliser juste devant son lieu de rendez-vous. Parfait. À croire peut-être que la chance à tourner et que cette soirée-là ne sera pas catastrophique.
Retrouvant son collègue et ami, ils rejoignent ensemble le lieu de la fête et elle ne peut s’empêcher de se marrer en constatant les coups d’œil incessant qu’il lance autour de lui pour repérer la véritable raison de leur venue. C’est mignon, assez attendrissant en tout cas pour qu’elle en oublie ses propres déboires amoureux, blessure encore récente et à vif. Non, vraiment, les crop top ne seront pas pour tout de suite.
Un shot de tequila dans les veines pour se mettre dans l’ambiance, un gobelet rouge dans la main, ils trouvent un bout de canapé et la conversation dérivent forcément sur la biologie marine – réflex insupportable en soirée, heureusement il n’y a personne d’autre qui partage le canapé et pourrait se sentir mis de côté en les écoutant discuter. La musique prend de la place dans le salon, quelques gens se mettent à danser et de plus en plus de personnes arrivent, joie incompressible des étudiants un vendredi soir qui relâchent la pression de leur semaine. Joyeux capharnaüm qui prend place jusqu’à ce que soudain une inconnue – que Joyce reconnaît cependant immédiatement puisqu’elle a déjà eu l’occasion de voir son profil meetsa sur le téléphone de son collègue – s’approche d’eux.
– Jonah ! Je savais pas que tu serais là ! C’est rigolo de se croiser.
– Oh, salut Amy. Ouais, le hasard…
Le hasard a bon dos et Joyce se fait la remarque que le biologiste a définitivement bien fait de ne pas s’orienter vers une carrière de comédien. Pas sûr qu’il serait alors rentré à Harvard. Sa crash, en revanche, ne semble pas s’apercevoir de l’éhonté mensonge et enchaîne immédiatement la conversation.
– On allait commencer un béer pong et il manque un joueur dans mon équipe. Ça te dirait de te joindre à nous ?
– Avec plaisir ! Enfin… ça te gêne pas Joyce ?
– Non, non. J’allais faire un tour aux toilettes de toute manière. On se retrouve plus tard.
… ou pas. Maintenant que le contact avec la cible était établie, elle s’estimait libre de ses obligations et, peut-être qu’après les toilettes elle pourrait rentrer chez elle plus tôt que prévu – assez pour prendre les transports en commun dans le sens inverse. Où elle irait les soutenir lors de leur partie ; on verrait bien où l’ambiance de la fête la portera.
Pour commencer, elle la porte surtout sur une attente devant la fille qui patiente pour les toilettes. Elle en profite pour sortir son téléphone, mais celui-ci a abandonné la partie et l’attente se fait particulièrement longue sans distraction.
Après avoir attendu ce qui lui a paru être une éternité et avoir enfin pu se soulager, la scientifique redescend en direction salon, décidée à être bonne copine et à aller encourager Jonah, si celui-ci ne s’est pas déjà éclipsé en compagnie d’Amy. Elle n’a cependant pas le temps de rejoindre la partie de béer pong que son regard tombe sur une silhouette qu’elle reconnaît immédiatement pour l’avoir vue un certain nombre de fois – et que la silhouette soit grande au milieu de tous ces étudiants aide bien également. Que fait Jay ici ?
Le cœur qui tambourine soudain bien trop vite dans sa poitrine, Joyce hésite à faire demi tour et à retourner s’enfermer dans les toilettes pour appeler Haley et lui demander conseil sur comment agir. Sauf que son téléphone est mort et qu’elle peut donc faire une croix sur ce plan. Comment agir alors ? Fuir en courant ?
– Sois adulte Joyce, s’encourage-t-elle à voix basse.
Probablement que le moment sera bizarre, mais il était de toute manière destiné à arriver. Ils vivent dans la même ville, bossent sur le même campus et ont même quelques connaissances en commun. Évidemment qu’à un moment il se serait recroiser et, à bien y réfléchir, mieux valait aujourd’hui qu’un mauvais jour de labo après une nuit blanche et avec une tête de déterrée. Elle a finalement bien fait d’enfiler cette robe – soyons honnête, personne n’a envie de paraître laid devant son ex. En particulier quand les sentiments sont loin d’être morts.
Prenant son courage à deux main, elle fait un détour par la table qui accueille toute les boissons histoire de se trouver un nouveau gobelet et un peu de contenance, puis contourne les quelques personnes qui les sépare jusqu’à se retrouver à sa haute, un sourire sur les lèvres et un pouls qui palpite bien trop fort dans ses veines.
– Hey Jay ! Comment tu vas ? C’est marrant de se croiser ici.
Purée. On dirait un remake de la conversation entre Jonah et Amy et il n’y a rien qui sonne naturel dans sa tête. Elle aurait peut-être mieux fait de rester dans son lit ce soir.
Sauf qu’elle avait promis à l’un de ses collègues de l’accompagner à une soirée parce que la fille sur laquelle il creusait depuis environ 6 mois – et dont il ne cessait de lui parler à chaque fois qu’il mangeait ensemble combien même ils n’avaient pas dû s’adresser plus de trois mots en tout et pour tout – avait dit qu’elle irait et qu’il n’avait pas envie de débarquer tout seul. Le lâcher maintenant ne serait pas correct et s’il y a bien un défaut qu’elle estime ne pas avoir, c’est celui-ci. La conclusion est donc tracée toute seule et son lit devra attendre avant de la retrouver. Au lieu de ses pantoufles, elle enfile des sandales au talon juste assez haut pour lui faire gagner quelques centimètres, sans cependant que ce soit désagréable – elle n’a aucune envie de se tordre une cheville pendant cette expédition nocturne.
Pschit de parfum juste derrière l’oreille, Joyce enfile une veste d’entre-saison puisque l’été ne semble pas décidé à arriver. Dans son sac la doctorante enfourne un bâton de rouge à lèvres, un paquet de mouchoirs, son porte-monnaie et son téléphone. C’est à ce moment là qu’elle constate que la batterie de ce dernier est quasiment vide, mais trop tard pour faire quoi que ce soit. Il crèvera, elle n’en a pas besoin dans l’immédiat de toute manière puisque les bus circulent encore et au retour elle n’aura qu’à rentrer à pied – la maison où a lieu la fête est juste assez loin pour que ça soit agaçant de faire le chemin sur ses deux pattes, sans pour autant le rendre impossible. Et puis, surtout, ça sera le problème de la Joyce du futur. Elle se débrouillera.
Cavale dans les escaliers, c’est un nuage de mèches brunes qui passe dans l’entrée de la Dudley House avant qu’elle ne rejoigne l’extérieur et se rende à l’arrêt de bus le plus proche qui, heureusement pour sa patience, est bien vite desservi – et coup de chance, par le numéro qu’elle attendait. Le véhicule met quelques arrêts seulement avant de s'immobiliser juste devant son lieu de rendez-vous. Parfait. À croire peut-être que la chance à tourner et que cette soirée-là ne sera pas catastrophique.
Retrouvant son collègue et ami, ils rejoignent ensemble le lieu de la fête et elle ne peut s’empêcher de se marrer en constatant les coups d’œil incessant qu’il lance autour de lui pour repérer la véritable raison de leur venue. C’est mignon, assez attendrissant en tout cas pour qu’elle en oublie ses propres déboires amoureux, blessure encore récente et à vif. Non, vraiment, les crop top ne seront pas pour tout de suite.
Un shot de tequila dans les veines pour se mettre dans l’ambiance, un gobelet rouge dans la main, ils trouvent un bout de canapé et la conversation dérivent forcément sur la biologie marine – réflex insupportable en soirée, heureusement il n’y a personne d’autre qui partage le canapé et pourrait se sentir mis de côté en les écoutant discuter. La musique prend de la place dans le salon, quelques gens se mettent à danser et de plus en plus de personnes arrivent, joie incompressible des étudiants un vendredi soir qui relâchent la pression de leur semaine. Joyeux capharnaüm qui prend place jusqu’à ce que soudain une inconnue – que Joyce reconnaît cependant immédiatement puisqu’elle a déjà eu l’occasion de voir son profil meetsa sur le téléphone de son collègue – s’approche d’eux.
– Jonah ! Je savais pas que tu serais là ! C’est rigolo de se croiser.
– Oh, salut Amy. Ouais, le hasard…
Le hasard a bon dos et Joyce se fait la remarque que le biologiste a définitivement bien fait de ne pas s’orienter vers une carrière de comédien. Pas sûr qu’il serait alors rentré à Harvard. Sa crash, en revanche, ne semble pas s’apercevoir de l’éhonté mensonge et enchaîne immédiatement la conversation.
– On allait commencer un béer pong et il manque un joueur dans mon équipe. Ça te dirait de te joindre à nous ?
– Avec plaisir ! Enfin… ça te gêne pas Joyce ?
– Non, non. J’allais faire un tour aux toilettes de toute manière. On se retrouve plus tard.
… ou pas. Maintenant que le contact avec la cible était établie, elle s’estimait libre de ses obligations et, peut-être qu’après les toilettes elle pourrait rentrer chez elle plus tôt que prévu – assez pour prendre les transports en commun dans le sens inverse. Où elle irait les soutenir lors de leur partie ; on verrait bien où l’ambiance de la fête la portera.
Pour commencer, elle la porte surtout sur une attente devant la fille qui patiente pour les toilettes. Elle en profite pour sortir son téléphone, mais celui-ci a abandonné la partie et l’attente se fait particulièrement longue sans distraction.
Après avoir attendu ce qui lui a paru être une éternité et avoir enfin pu se soulager, la scientifique redescend en direction salon, décidée à être bonne copine et à aller encourager Jonah, si celui-ci ne s’est pas déjà éclipsé en compagnie d’Amy. Elle n’a cependant pas le temps de rejoindre la partie de béer pong que son regard tombe sur une silhouette qu’elle reconnaît immédiatement pour l’avoir vue un certain nombre de fois – et que la silhouette soit grande au milieu de tous ces étudiants aide bien également. Que fait Jay ici ?
Le cœur qui tambourine soudain bien trop vite dans sa poitrine, Joyce hésite à faire demi tour et à retourner s’enfermer dans les toilettes pour appeler Haley et lui demander conseil sur comment agir. Sauf que son téléphone est mort et qu’elle peut donc faire une croix sur ce plan. Comment agir alors ? Fuir en courant ?
– Sois adulte Joyce, s’encourage-t-elle à voix basse.
Probablement que le moment sera bizarre, mais il était de toute manière destiné à arriver. Ils vivent dans la même ville, bossent sur le même campus et ont même quelques connaissances en commun. Évidemment qu’à un moment il se serait recroiser et, à bien y réfléchir, mieux valait aujourd’hui qu’un mauvais jour de labo après une nuit blanche et avec une tête de déterrée. Elle a finalement bien fait d’enfiler cette robe – soyons honnête, personne n’a envie de paraître laid devant son ex. En particulier quand les sentiments sont loin d’être morts.
Prenant son courage à deux main, elle fait un détour par la table qui accueille toute les boissons histoire de se trouver un nouveau gobelet et un peu de contenance, puis contourne les quelques personnes qui les sépare jusqu’à se retrouver à sa haute, un sourire sur les lèvres et un pouls qui palpite bien trop fort dans ses veines.
– Hey Jay ! Comment tu vas ? C’est marrant de se croiser ici.
Purée. On dirait un remake de la conversation entre Jonah et Amy et il n’y a rien qui sonne naturel dans sa tête. Elle aurait peut-être mieux fait de rester dans son lit ce soir.
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