We admitted we were powerless —that our lives had become unmanageable (Rose and George)

S’il y a bien une chose que le groupe des alcooliques anonymes m’a appris c’est le sentiment de communauté. Je sais que je ne serais pas la personne que je suis sans eux, sans ces individus qui ont croisé mon chemin un jour sombre de ma vie. Je ne veux même pas l’imaginer. Alors, pour payer cette dette - qui n’en est pas vraiment une - j’ai décidé de m’impliquer avec les gens qui auront besoin d’un peu d’aide, de joie, d’un coup de main ou tout simplement d’une main pour les sortir d’une situation difficile. Il m’a fallu tellement de temps pour y arriver que je sais que ce n’est pas facile, loin de là même. C’est à peu près ça. Tu vois SOS Ghostbusters ? C’est pareil mais version Alcooliques Anonymes. Je ne peux m’empêcher de rire quelques secondes avant de me concentrer à nouveau. En vrai, pour se sortir d’une sale situation, il n’y a rien de mieux. Par contre, on finit toujours dans un dinner plutôt cheap où le café est dégueulasse mais je dois avouer que le goût du café noir passe souvent l’envie de l’alcool. C’est à ça que je l’assimile alors ça m’aide vraiment maintenant. L'amertume du café me dégoûte d’avance. On m’avait dit que je commencerais à apprécier le goût du café mais nous n’y sommes pas encore. Un jour peut-être… Enfin, pour le moment, pour le moment présent, c’est une discussion à coeur ouvert que nous avons avec George et c’est l’important dans le processus : ne pas se cacher derrière quoi que ce soit. Ça dépend de tout un chacun pour être honnête. Ça marche avec moi. Je me sers un verre de jus de raisin quand les autres boivent du vin rouge et l’illusion permet à mon cerveau de brouiller les pistes et de ne pas avoir envie de ce qu’il ne peut avoir. Complètement con, on ne va pas se voiler la face mais ça marche assez bien alors je ne peux pas m’en plaindre. Ce que je te dis là fonctionne pour moi mais ne fonctionnera peut-être pas pour toi. Tout dépend de la relation que l’on a avec l’alcool aussi. De ce que George dit, c’est une réponse à un événement positif alors que moi, c’était clairement pour oublier la disparition d’Orphéa mais aussi tout ce qu’il se passait à la maison. Alors, je pense qu’une fois que j’ai compris que j’avais un problème, il était plus facile de tout faire pour arrêter de fuir et enfin affronter ce que je ressentais. Sa question m’arrache un sourire et je souffle La plupart de mes potes savent que je suis une alcoolique - Je ne dis pas ‘ancienne’ à ce moment parce que j’ai assez avancé dans ma thérapie pour avoir conscience qu’un jour, je peux replonger aussi vite que je suis sortie de ce cercle vicieux. Et ceux qui ne savent pas, je leur dis juste que je ne bois pas. On me regarde souvent bizarrement mais je sais ce que ça fait que d’être au fond du puits et de ne pas avoir l’impression de pouvoir remonter sans se noyer alors… Je me fiche bien de l’avis des gens et des regards que je prends lorsque je refuse un verre. Et quand il y a des gens qui insistent, j’avoue qu’il m’arrive de dire que je suis enceinte. Je grimace légèrement. Mentir n’est vraiment pas la chose idéale mais je suis prête à tout pour qu’on me laisse tranquille. Je sais ce qui est bon pour moi et ne l’est pas et je compte bien pousser au maximum. Sa dernière question me fait éclater de rire, un rire cristallin qui m’est particulier. La première année de sobriété, on est pas sensé rencontrer qui que ce soit de manière amoureuse et encore moins se mettre en couple… L’adrénaline et les réactions chimiques causées par cette relation sont similaires à tout ce que l’on ressent lorsque l’on boit… C’est fou, tu ne trouves pas ? Et c’est bien pour cela que mon parrain n’était pas fan de ma relation naissante avec Joakim quelques mois après ma presque rechute. Il n’est toujours pas ravi mais tout se passe bien… Mais je fais partie de quelques associations, je participe à des manifestations, fais du sport, ce qui me permet de rencontrer des gens. J’essaye aussi toujours de participer aux maximum aux événements proposés par le comité. C’est peut-être bête mais j’ai rencontré quelques personnes à la bataille d’oreillers d’avril ou mai et on a tous gardé contact, c’est un groupe complètement hétéroclytes mais qui m’apporte beaucoup aussi, je dois l’avouer. Moins ça a de logique et plus ça me semble fort. Sans mes passions et hobbies, je crois que ça serait beaucoup plus dur. Il faut s’occuper, sortir de sa bulle, tout ça quoi…