-Maelstrom marécageux + Scona

« Non putain ! C’est si difficile d’croire que j’pas envie d’baiser à chaque fois que j’vois une meuf ?! » Impatiente est la langue. Elle claque contre son palais, mais subitement, tout disparait. Ce sont ses opales qui le détournent de l’impulsivité. Arrêté est le regard. Sur cette tâche violacée. Presque noire. Il en devine l’ampleur. Elle qui donne l’impression de se perdre plus loin. Par le col, il l’agrippe. Découvre l’horreur. Elle se poursuit. Plus bas. Dévier de sa trajectoire. La main cachotière de Lena l’a camoufle. Eloigne le brun d’elle. Interrompt tout contact pour revenir à la précédente discussion. Elle qui n’a déjà plus d’importance. Ce qu’il veut, c’est comprendre ce qu’elle a eu, parce que ce n’était pas une blessure anodine. Pas besoin d’être intelligent pour comprendre qu’elle s’était reçu un coup. « Montre. » Basse est sa voix. Trop calme. Face à sa demande, il sait qu’il y avait peu de chance. « Montre-moi Lena ou j’te jure que j’vais aller vérifier par moi-même et t’aimeras pas. »

- c’est ton ex scott. ton ex que t’es allé voir putain ! la voix qui s’élève plus fort. appuie sur certain mots. - t’aurais réagis comment si j’avais fait la même ? hein ? dis moi ?! fronce les sourcils dans la rage. celle qui nous anime toujours, nous brûle à chaque fois. brasier qui dépasse trop rapidement les frontières. et tout s’mélange dans ma tête. quand tu tires plus fort sur mon t-shirt pour laisser se dévoiler les ecchymoses. reflet d’un schéma familial chaotique. reflet d’une vie de mensonges que j’arrivais à cacher à la perfection depuis tant d’années. et j’avais pas envie d’ça. pas envie que ce soit toi qui décèle cette partie là d’moi. honteuse de cette gosse minable que j’peux être. - arrête putain ! j’te dis que c’est rien ! fond d’anxiété couvert par la colère. celle qui me pousse à te repousser plus fermement. - j’suis allé tester la boxe dans l’club de mon cousin. fuyant est le regard. par crainte que tu parviennes à les voir. ces mensonges trop bien rodés. ceux que j’ai servis tant d’fois. - j’suis juste pas douée. c’est tout. nonchalante, de manière détacher sortent les mots. attrape ta main, la dirige jusqu’à ma hanche. mes bras s’enroulent autour de ton cou. passe à autre chose. encore. toujours. - dis juste que tu meurs d’envie de tout m’enlever.. poitrine qui se colle contre ton torse. aguicheuse, essaye de reprendre le dessus. de noyer les soupçons. - t’as pas besoin de prendre mes petits bobos pour excuse t’sais.. mes dents qui viennent mordre ton menton pour finir dans un baiser suave.

Comment est-ce qu’il aurait réagi ? Comme elle. Peut-être pire, mais ça, il se le garde bien de le dire. « Aucun rapport. » Parce que son ex à lui, n’aura surement pas l’idée de se le taper. Elle était tout sauf une garce Magda. Trop respectueuse. Trop intelligente pour attendre quelque chose d’un gars comme lui. Sujet dévié. Sur les ecchymoses qui l’habille. Virulente Lena au corps tacheté. De ses lèvres nait un mensonge pitoyable. Qui essayait-elle de convaincre ? Lui ou elle ? Et alors que ses opales demeurent inchangées, son comportement change. Suave est sa démarche quand elle se jette sur lui. Si c’est lèvres avaient un goût, ça serait celui du désespoir. Il suinte de son aura. Partout. Poison dispersé. Le sien qui s’écoule lentement dans ses veines. Fait naître de la frustration chez l’ombre. Volontairement, il glisse dans son mensonge. La maintient par la taille pour la faire subitement se retourner. Dos à lui. « Tu m’fatigues putain.. » Serpente ses mains jusqu’au bas de son t-shirt. Descend sur sa lingerie, sa paume droite. Effleure son intimité cachée. Uniquement pour la mettre en confiance. Lui faire croire qu’il est trop con pour ne pas céder. Pour oublier la conversation précédente. « Ça t’a manqué ? » Lippes qui caressent son lobe d’oreille. Au lit, il l’a fait avancer. La fait buté pour qu’elle tombe sur le ventre. Lui derrière. Il sait qu’il n’a aucune chance d’obtenir ce qu’il veut si elle lui fait face. De ses mains, il écarte ses cuisses. Embrasse son derme pour remonter à ses fesses. Avec douceur, il lève le t-shirt. Découvre ses courbes parfaites qu’il épouse de ses lèvres. Assaut. Rapidement, il fait ramper le haut jusqu’à la nuque de la brune. Bloque ses mouvements, en se plaçant entre ses jambes, avant de plaquer ses bras en haut de sa tête d’une main. Enfonce sa poigne dans le matelas. Alors, seulement, il observe l’horreur. Examine chaque bleu. « Tu t’fous vraiment d’ma gueule putain ! » Coup de lame. Matraque son pulsant. Coupe son souffle. Les bras lâché. Le corps qui se redresse. Il la fait se tourner d’une traite face à lui.

- réponse facile. maigre est la conclusion. habituée à m’en contenter. forcée de changer de sujet parce que tes orbes découvrent les marques encore vives. encore sensibles quand tes doigts les parcours. que tu touches le pire, l’esprit tremble de devoir assumer l’évidence. de poser ces mots que je n’ai jamais su dire. rendre réel chacun de ses coups, ceux que je supprime systématiquement. ce manque que j’essaye de combler, partout ailleurs avant toi. avec toi aujourd’hui. prête à tout pour te faire oublier à toi aussi, le bleu de ma peau. et tu abdiques, tes mains sur mes hanches, la saveur de tes lèvres, l’exquis touché qui m’enivre. m’emmène ailleurs. comme à chaque fois. m’fais pivoter, dos à toi, je m’abandonne. écoute ta respiration, ce souffle qui s’écrase sur ma nuque. celle que je te laisse à disposition en penchant la tête sur le côté. pouls qui s’accélère, tu peux presque en voir les rebonds près de ma carotide. corps qui réagit à ta main vagabonde, le fait se déhancher légèrement contre ton bassin. pince les lèvres dans une respiration accentuée. et ma main rejoint la tienne, fait pression sur elle pour qu’tu me sentes. que tu sentes la dentelle s’humidifier. chaude sous tes doigts. - à ton avis ?.. frisson crée, mes doigts te relâchent pour venir agripper ta cuisse. et le silence qui s’installe ne dure pas longtemps, ta voix qui craque. estomac qui se noue dans la foulée. regard dans le vide, reste inerte quelques secondes avant que tu m’forces à te refaire face. étendue sur le lit, les iris brûlent de retenir les larmes. - m’oblige pas. voix tremblante. le regard fuyant. parce que j’ai pas la force. pas maintenant.

« Qui ? » Question posée. Transperce sa voix. Se fait rauque. Serrer par la torture. Par ce qu’il découvre. Dans le fond, il se doute du responsable, parce qu’il n’y a que lui qu’elle a vu, avant d’arriver ici. Et ça le tue. A chaque fois qu’il pose son regard sur ses bleus, c’est un coup de poignard qu’il se prend. Accentué par l’expression de son regard. Par sa fuite. D’une main ferme, il l’attrape par le menton. L’oblige à le regarder en face. « C’est lui hein. » Le souffle qui sort difficilement, alors qu’en apparence, sa voix se fait calme. Trop peut-être. Matraquée par son géniteur. Physiquement. Mentalement. Il connait Scott. Les affres d’un père vicieux. Seulement, psychologiquement, mais c’est suffisant pour être détruit. Lena, elle, c’était pire. « Pourquoi ? » Interrogation qui se bouscule. Quittant le lit, il se repositionne pour s’assoir. Dos à elle. « Pourquoi tu m’as rien dit ? »

reste muette. pulpeuses qui s’arquent dans un sanglot refoulé. silencieuse face à la question, juste une respiration bruyante et les cils qui battent dans le vide. retiennent les larmes, toutes celles qui ont arrêtées de couler au fil des années. tes doigts autour de mon menton, j’croise tes yeux enragés. j’la sens, cette douleur que t’as pour moi. et c’est tout c’que j’veux pas. la pitié dans l’fond de tes beaux yeux. « c’est lui hein. » ferme sont les mots. ne nécessite pas de réponse. t’as déjà tout deviné, comme à chaque fois. et j’profite de ce moment où tu m’tends le dos pour essuyer mes yeux. effacer les dégâts à moitié. laisse les billes rougeâtres dans l’obscurité. j’me redresse, sur les genoux j’avance jusqu’à toi. poitrine qui rencontre la chaleur de ta peau, je viens poser la tête contre ton omoplate. - tu crois que c’est facile ? se glisse à travers les lippes. l’absence, le rejet, les silences, l’inexistence. les paupières qui ne prennent plus la peine de se rabattre. laisse une larme s’échapper, couler sur ton dos. - j’vis avec. c’tout.

Il la sent. Derrière lui. Elle qui presse son corps abimé contre le sien. Recherche sa chaleur comme l’on recherche celle d’un refuge. « J’sais. » La honte ressentie par les victimes d’abus est tenace. Quelques l’humiliation vécu. Pas besoin d’être devin pour savoir ça. La carcasse alourdit par les émotions. Mélange confus entre frustration, colère et chagrin. Le pire. Vers elle, il pivote. La détachant ainsi, de son dos. « Viens. » Le poignet saisi, il l’encourage à se venir s’assoir sur lui. A califourchon. « Combien d’temps encore ? » Et il la ressent encore. Cette putain de douleur nichée dans sa poitrine. « Avant qu’il t’donne l’coup d’trop ? » Incapable de le fuir, parce que c’est son père. A elle. « Qu’est-ce qu’il faudrait que j’fasse pour que t’arrête d’le voir Lena ? Que t’arrête d’subir ça. »

- tu peux pas savoir. t’es pas à ma putain d’place ! alliage entre colère et désespoir. j’me relève, m’agite sur le matelas sans savoir quoi faire. et j’déteste ça, m’sentir vulnérable. prisonnière d’une vérité exécrable. misérable princesse qui flambe l’oseille de papa parce qu’elle n’a qu’ça. en abuse pour cacher tout l’reste. pour s’détacher. m’dire que les billets étaient suffisants, le remplacer lui. ce faux paternel. calme la tempête quand tu tires sur mon poignet pour me ramener à toi. mes genoux de chaque côté de tes cuisses. relève les ciels orageux jusqu’aux tiens. serre les dents, frappe les vérités qui font mal. que j’ai pas envie d’admettre. retombe contre ton front en secouant la tête. - il m’fera pas ça.. l’espoir qui persiste. la naïveté. le déni des conséquences. - il est.. cherche les mots. brouillon dans la tête. confuse quand j’penche la tête en arrière pour trouver n’importe quelle excuse. - il est comme ça. mais il veut juste l’meilleur pour moi. j’le sais. convaincue. au plus profond d’mon âme, règne cette envie d’y croire. - c’est moi qui fais toujours d’la merde. j’le rends pas fière.. crève l’ombre. serpentine qui sort pour humidifier mes lippes. sourire ironique, honteux. - j’suis une gosse merdique, j’me tape des rails à tout va, j’foire mes études, j’baisais avec n’importe quel connard qui passait.. s’emporte la voix. pose le pieds au sol, recule au milieu de la pièce. - regarde moi putain ! qui serait fière d’avoir une meuf comme moi ? bouche qui reste entrouverte. tremble. même toi, j’sais même pas pourquoi t’es là. pourquoi t’es capable d’me regarder comme ça. - j’suis rien sans lui. il m’reste que lui. baisse les bras. fatalement.

Gamine agitée. Les mots qui se bousculent dans sa bouche. S’abattent dans l’air. Clame l’espoir. L’innocence naïve. Rejette la faute sur elle-même. Alors, il la laisse parler. Elle expulse les mots contenus pour finalement s’arrêter. Fataliste Lena. Qui se noie derrière des mensonges pour survivre. Pour ne pas sombrer plus qu’elle ne l’est déjà. Et peu importe ce qu’il dira. Rien ne pourra déconstruire les croyances dans lesquelles, elle était prisonnière. Seule elle pourrait le faire. Avec du travail. Alors, à la place, il l’apaise. Calme l’angoisse qui fait trembler son corps. Sa voix. « J’suis fier moi. » Recouvre sa joue, la paume de sa main droite. Glisse jusqu’à son menton pour qu’elle le regard. De son pouce, il caresse sa lippes inférieure. « De toi. De nous. » L’habituel langage qui reprend le dessus.

les mots retracent les fautes. les vices dans lesquels j’me suis perdue. encore et encore jusqu’à la dépendance. jusqu’à ne plus savoir vivre autrement, juste pour ne pas m’foutre en l’air. et il y a eu toi, la raison d’être. un amour auquel m’accrocher. peu importe si ça faisait mal, les litres de larmes, les écorchures. peu importe les fautes, les doutes, les autres. tu valais l’coup. parce qu’il n’y a que là, quand ta main emprisonne ma joue, que ton pouce joue avec ma lèvre. absorbée par ta voix. que j’me sens vivante. pour de bon. que l’importance se résume à tes yeux qui me regarde dans une sincérité exagérée. les paupières se ferment à moitié, aspire tes mots. langue qui caresse ton pouce avant de le capturer entre mes lippes.