Les derniers jours ont été plus qu’intenses et je prends enfin cinq minutes pour me poser. Rosalia est à la crèche jusqu’à dix-huit heures ce soir et nous avons décidé de nous retrouver cette après-midi pour filmer l’audition de Jax. Assise sur la scène, les jambes qui pendent dans le vide, je m’allonge sur le bois et ferme les yeux quelques secondes. Je suis contente de revoir le jeune homme aussi rapidement, surtout que je ne me fais pas d’idée : ces jours à Boston sont comptés. Il faut donc que je profite de chaque moment et c’est ce que je compte faire. Allongée là, je me demande ce que serait la vie si un seul élément de ma vie était différent. Le battement d’ailes du papillon, en quelque sorte. Et ce n’est que lorsque j’entends la porte du fond des stalls s’ouvrir que je me redresse. Je souris à mon ami et lui dis C’était pas trop compliqué pour entrer ? Kami peut être assez reloue sur qui entre et sort de ce théâtre. La manager du théâtre, celle qui me paye mes heures de danse - celles que j’enseigne le samedi matin à des gamins mais aussi celles pour adultes une fois par semaine. Je descends de la scène et, par familiarité, embrasse la joue de Jax. Comment tu vas ? Ça m’intéresse vraiment. Et j’ai envie de savoir où il est, dans quel headspace je le retrouve aujourd’hui.
It's been a long A long time coming, but I know A change gon' come Oh yes, it will I go to the movie And I go downtown And somebody keep telling me "Don't hang around"
J'ai lu La Mouette à peu près quatre fois depuis que j'ai décidé de passer cette audition. L'histoire d'une famille russe dont les conflits intergénérationnels finissent par leur éclater en pleine figure - pas la pièce la plus joyeuse au monde, mais elle comporte ses moments de comédie. J'ai aussi visionné plusieurs représentations, dont celle avec Blythe Danner dans le rôle de Nina, la jeune fille avec des rêves plein la tête qui finit la pièce déchue et désillusionnée après une carrière d'actrice ratée. Ça m'a fait réfléchir à mes propres rêves, évidemment. J'refuse de devenir comme Nina, j'refuse de devenir comme Konstantin - surnommé "Kostia" -, qui laisse ses propres rêves de devenir un grand écrivain être écrabouillés par son sentiment de ne jamais être à la hauteur, constamment en comparaison avec ceux qu'il considère plus méritants que lui. Harvard, c'était... une opportunité en or. L'occasion d'accéder à des études que j'aurais jamais pu faire autrement. Mais le cœur n'y est plus, et la motivation a laissé place à une sorte d'urgence, un désir de plus en plus ardent de me lancer, de me jeter dans le vide et essayer de voler de mes propres ailes. Espérons que je finirai pas comme cette mouette...
Armé d'un sac à dos, je pénètre dans le théâtre et me dirige vers l'auditorium, où je te trouve assise sur la scène. Ta bise me réchauffe la poitrine, comme à chaque fois qu'on se voit. Et le pincement qui accompagne cette chaleur rend le tout encore plus douloureux. Décidé à ne pas me laisser gagner par la mélancolie, j'affiche un grand sourire.
─ Ça va, j'ai prononcé ton nom à l'entrée et ils m'ont accueilli comme un prince !
Je dépose mon sac par terre - doucement, pour ne pas endommager le matos à l'intérieur - puis sors quelques feuilles, que je te tends.
─ Je stresse, mais c'est normal, non ? C'est la scène à la page 18. Ça commence quand Kostia demande à Nina : "Vous êtes seule ?"
Je retire ma veste et m'empare également de mon script, tout écorné et annoté.
Vivre de la scène - et sur la scène - est le rêve de beaucoup de monde mais la réalité de très peu de personnes. Alors, même si égoïstement j’aimerais que Jax n’ait pas ce rôle et reste ici, ce n’est pas ce que je m’autorise à penser et vouloir. Je le connais assez pour savoir que sa vie, c’est sur scène qu’il doit la passer et une telle opportunité, il ne peut pas la laisser passer. Alors j’enfile mon masque de sourire, la bonne humeur radiant de chacun de mes pores. Parfait ! Que je souffle, surprise par la coopération de Kami, je ne peux le nier. Ça sert toujours de connaître des gens du milieu. Que je lance en riant légèrement. Ce n’est pas totalement vrai, je ne suis personne au niveau de la scène bostonienne mais je travaille ici alors c’est tout comme. J’aimerais être un de ses nom qui sort de la bouche de tout le monde en sorte de passe droit, de “je connais une célébrité” mais j’en suis encore loin, très loin. Bien sûr que c’est normal. Que je réponds rapidement. Le stress n’est pas toujours bénéfique dans la vie mais j’ai l’impression que si on ne stress pas, c’est que l’on est dans sa zone de confort et c’est vraiment quelque chose qui n’aide pas un artiste. On a toujours besoin d’être poussé pour donner le meilleur de nous même. Page 18 ? Je vois rien. Que je souffle en regardant le script qu’il me tend. Je me sens complètement débile mais je ne trouve rien sur cette page. On va bien. Elle a fait quelques pas l’autre soir. Je bossais et d’un coup, elle était plus à côté de moi, j’ai eu tellement peur… Pourtant, ce n’est pas qu’elle aurait pu être kidnappé, on était à la maison et hop, plus personne ! J’ai mon audition dans quelques jours, t’as pas idée comme j’angoisse. Et pourtant j’ai déjà eu le rôle. Mais je ne sais pas si c’est ça qui me fait peur ou bien le fait de potentiellement devoir travailler avec Jacob à nouveau. Mon ex a été contacté pour rejouer son rôle aussi…
Eh oui, les "gens du milieu" auront toujours l'avantage sur nous autres, pauvres mortels sans famille au nom connu ou contacts prestigieux. Mais qui sait, Love ? Peut-être qu'un jour, ce sera toi ou moi, le fameux contact. Peut-être même qu'on pourra s'aider à accéder à des rôles, s'entraider en jouant les ambassadeurs l'un de l'autre... est-ce que je rêve trop ?
Ricanant, je m'approche pour désigner du doigt l'endroit où commence la scène. Celle où Kostia apporte à Nina cette mouette qu'il vient de tuer. Comme un chat venu offrir une carcasse de moineau à sa maîtresse.
─ Juste là, je souffle en passant un doigt sur ta feuille pour souligner la réplique.
─ Tu verras, bientôt elle saura courir. Et bientôt, elle dansera.
J'imagine déjà la gamine essayer de faire comme sa sœur, le jour où elle la verra sur scène... j'ai jamais eu de frères et sœurs mais je sais que les gosses veulent toujours s'imiter entre eux.
─ Tu sais quoi ? On a qu'à s'occuper de cette self-tape, puis on répétera ton audition à toi. Tu veux ? Tu dois jouer quelle scène ?
L'entraide, et tout... ça commence bien par ça.
─ Oh. Le fameux ex. Tu dois être ravie.
Je serre les dents, parce que tu ne m'as toujours pas raconté ce qui s'était passé exactement. Mais de ce que j'en sais... il ne t'a pas traitée correctement, et ça, ça me donne envie de lui casser les dents.
Ce moment, je l’attendais et je compte bien en profiter au maximum. Discuter, pratiquer, enregistrer cette selftape dont tu as besoin et peut-être qu’on trouvera le temps de se détendre. Deux artistes sur le qui-vive, voilà ce qu’on est tous les deux. Un sourire sur le visage, je cherche la ligne en question sur le document et ne la vois pas. J’ai beau tourner la page et souffle un Aaaah. quand tu me montres où c’est. À moitié concentrée sur ce que tu me dis, je regarde la page et lis rapidement les mots. Je ne connais pas vraiment cette pièce et j’aurais besoin d’un peu plus de temps pour ne pas tout foutre en l’air. Bordel, t’arrives à croire qu’on est exactement dans la même situation que lorsque l’on s’est rencontré ? Moi à danser sur du Dirty Dancing et toi à répéter pour un grand rôle. C’est terrorisant mais agréable aussi. On ne s’est pas perdu en chemin et dans notre milieu c’est important. J’espère juste que cette rencontre ne signe pas la fermeture de la boucle, je ne suis pas prête pour cela. Un sourire sur le visage à l’évocation de Rosalia, je ne peux nier le fait que j’ai déjà pensé à tout cela, au moment où elle pourra danser autrement qu’en remuant ses fesses sur les différents sons qui sortent de mon cellulaire. Je dois préparer la scène où Frédérique vient voir Johnny juste avant qu’ils couchent ensemble. Quand elle s’excuse pour son père. Je dois avoir le script sur mon téléphone. Johnny n’a plus que les petites paroles, des demi-phrases alors qu’elle, elle laisse son coeur couler sur le sol. C’est une scène que j’affectionne beaucoup puisque la douceur et sincérité de Johnny se fait voir pour la première fois. Super ravie oui… Que je souffle. Je sais qu’il sera pris pour le rôle comme j’espère l’être. Il était parfait dans ce rôle et c’est la tendresse rencontrée sur scène qui m’a fait tomber sous son charme aussi. J’ai pensé à ne pas auditionner pour pas avoir à jouer avec lui mais ça voudrait dire lui donner le pouvoir une nouvelle fois et je le refuse. Je cesse de répéter que j’avance et qu’il ne me touche plus mais me retirer de la course montrerait l’inverse. Tu veux qu’on fasse un coup sans filmer pour voir ce que ça donne ? Je profite pour continuer ma lecture rapide du document et être fin prête pour Jax.
Oh, crap. Je vois exactement de quelle scène il s'agit. C'est grave que j'aie autant peur qu'envie de la jouer avec toi ? Y a un côté un peu tordu de moi qui aime l'idée de te voir dans un moment de vulnérabilité, dire ces choses fictives que tu ne me diras jamais. La fiction qui dépasse la réalité.
─ Parfait. Faisons ça, alors.
T'sais, je suis prêt à faire des folies, parfois, pour protéger les gens que j'apprécie. Donc s'il s'agit de saboter ton ex pour qu'il n'obtienne pas le rôle... j'en ai plein, des idées, moi.
─ Si tu veux, j'peux m'arranger pour qu'il tombe malade avant son audition Une petite intoxication alimentaire, un truc comme ça.
J'ébauche un large sourire - mi-joueur, mi-sérieux. Puis, je dépose mon script à mes pieds et sors de mon sac un sachet où j'ai fourré quelques objets en guise de "mouette". Acquiesçant à ta proposition, je rejoins l'autre côté de la salle, puis cours un peu autant pour me mettre en mouvement et dégourdir mes jambes que pour me mettre dans le rôle, puisque mon personnage est censé être "hagard, rouge, une mouette morte à la main."
Il y a toujours eu ce bon échange de procédés entre nous. Tu m’aides, je t’aide. C’est pas donnant-donnant mais on prend le temps de s’épauler et c’est le plus important je trouve. J’espère vraiment que tu auras ce rôle et qu’il t’apportera tout ce que tu recherches. Je ne peux m’empêcher de rire à tes mots. Oh tu sais, Jacob est résilient… À moins qu’il ait les deux jambes cassés ou soit mort, y a aucun moyen qu’il loupe ça. Et c’est un très de caractère qui m’a toujours attiré mais là, j’aimerais qu’il abandonne. Il fallait que la compagnie décide de faire quelque chose ici et pas ailleurs. Il fallait qu’ils décident de monter Dirty Dancing à Boston. Je me demande si c’est volontaire ou non, pour être honnête. Est-ce qu’ils se sont dit que c’était un moyen de nous aider ? Je n’en sais rien. On est insignifiant pour eux, je le sais. Mais pourtant, je ne cesse de me dire que c’est un coup monté. Ça ne m’étonnerait qu’à moitié que Jacob soit dans le coup. Enfin, il faut que je me sorte tout cela de la tête. Mes yeux sur toi, je souris en te voyant bouger de partout alors que moi, je suis spectatrice de ce moment de préparation. Tu commences la scène et je me mets dans le caractère rapidement. Oui. Je prends une légère pause et continue. Qu’est-ce que ça veut dire ? Mes yeux passent de ton visage à cette pseudo mouette morte dans tes mains. Il est l’heure de se mettre à fond dedans et je ne veux pas te décevoir.
Même si j'aurais plutôt tendance à jouer de mes relations pour ternir sa réputation plutôt qu'aller lui casser les deux jambes - je préfère les méthodes douces et perfides plutôt qu'abruptes et violentes. Mais l'un dans l'autre, si tu me le demandais, je crois que je le ferais. J'suis un peu tête brûlée, comme ça.
Je me dirige vers toi depuis l'autre côté de la salle et dépose le sachet à tes pieds, l'air à la fois embarrassé mais avec une pointe de fierté cachée dans un minuscule sourire.
─ J'ai eu la bassesse de tuer cette mouette aujourd'hui. Je la dépose à vos pieds.
─ Qu'avez-vous ?
Je laisse mon regard voguer vers l'horizon que j'imagine, ce lac au loin.
─ Je me tuerai bientôt de la même manière.
─ Je ne vous reconnais plus.
─ Oui, depuis que j'ai cessé de vous reconnaître. Vous n'êtes plus la même envers moi ; votre regard est froid, ma présence vous gêne.
Pauvre petit Kostia, quand même. Y a rien de pire que l'amour non-réciproque, hm ?
─ Vous êtes devenu irritable. Vous vous exprimez d'une manière bizarre, à l'aide de symboles. Cette mouette en est un, probablement, mais excusez-moi, je ne le comprends pas… Je suis trop simple pour vous comprendre.
J'attends une poignée de secondes avant de pivoter vers toi. Je pense à ton ex. L'imagine dans tes bras. Ça me fait un petit truc à l'estomac, comme si une aiguille était venue y enfoncer son bras.
─ Tout a commencé le soir où ma pièce a si stupidement échoué. Les femmes ne pardonnent pas l'insuccès. J'ai brûlé tout, jusqu'au dernier bout du manuscrit. Si vous saviez comme je suis malheureux ! Votre froideur à mon égard est horrible, incroyable ; comme si, en me réveillant, j'avais vu ce lac asséché, l'eau aspirée par la terre. Vous venez de dire que vous étiez trop simple pour me comprendre ? Qu'y a-t-il à comprendre ? Ma pièce a déplu et vous méprisez mon inspiration, vous me rangez parmi les gens ordinaires, nuls, comme il y en a tant. C'est comme si un clou s'enfonçait dans mon cerveau, et je le maudis ce cerveau, comme cet amour-propre qui me ronge…
J'sais pas à quoi ressemble ton ex... mais j'imagine une sorte de blondinet aux yeux bleus, avec l'air suffisant. Momentanément, je crois que je comprends son mépris, à Kostia.
─ Mais le voilà, le véritable talent : l'écrivain ! Ce soleil ne vous a pas encore atteint mais déjà vous souriez, vos regards fondent sous ses rayons. Je ne veux pas vous déranger.
Je te jette un dernier regard avant de repartir vers le fond de la salle, le pas lourd. C'est drôle, mais c'est beaucoup plus simple de jouer cette scène en la transposant à la réalité. Genre, je me sens réellement... irrité.
La seule chose dont je suis sûre c’est que la meilleure des manières de se former dans le monde de la scène, c’est sur scène. On peut lire tous les bouquins que l’on veut, on peut essayer de réagir de la manière dont les dramaturges - ou écrivains en tout genre - ont écrit les mots, il n’y a que dans l’échange que tout prend vie. Et je sais que t’as besoin de prendre vie sur scène pour être heureux. C’est beau, tu trouves pas ? Et tu sais comment je le sais ? Tout simplement parce que je passe la plupart de mes journées et semaines à attendre de vivre. Ce que me procure mes quelques heures par-ci par-là de danse est phénoménal. Il n’y a rien qui l’égale. Et si la scène pure et dure comme tu l’aimes n’est pas ce que je préfère, je m’adapte pour t’apporter cette aide. On commence à jouer et je ne peux m’empêcher d’avoir un pincement au coeur aux mots de Kostia. Votre regard est froid, ma présence vous gêne. C’est un peu l’histoire d’une vie, de nombreuses vies. Un acte qui change tout et les sentiments qui virent du tout au rien. Je continue de lire les phrases, articulant du mieux que je peux, en donnant l'émotion qui lui est nécessaire pour donner une très belle interprétation de ce texte merveilleux. Tu joues si bien et quand je te regarde, j’ai juste envie de te couper. J’ai envie de te dire que tu n’as pas stupidement échoué, que mon regard n’a pas changé parce que tu n’as pas eu le premier rôle de ta précédente audition. J’ai justement envie de te dire l’inverse. Mais tout cela, ce n’est qu’une répétition, d’un moment théâtrale préparée pour l’occasion. Ce n’est pas toi qui parle, c’est Kostia. Je baisse les yeux sur le script et vois que je n’ai plus rien à dire. Je peux sortir de ce personnage. Woaw. Que je lance, sur le cul, impressionnée et… subjuguée. C’était génial Jax ! T’as trouvé où toute cette colère ? Il y a quelque chose ou quelqu’un qui t’excède à ce point ? J’ai l’impression que t’as été puiser ça si profondément… Je veux tout savoir, j’ai besoin de tes tips de comédiens, d'interprètes.
Raaahhh, j'suis un homme faible : j'absorbe les compliments comme une éponge - probablement parce que ma daronne m'en a jamais fait et que j'ai passé la moitié de ma vie à essayer de l'impressionner. Mais venant de toi... évidemment qu'il y a quelque chose en plus. Parce que ton opinion compte plus que celle des autres, parce que t'es une des premières personnes - hormis la troupe et les profs - devant laquelle j'ai osé jouer. Je reviens vers toi et ramasse mon script pour vérifier que je ne me suis pas loupé dans le monologue, mais on dirait que je l'ai plutôt bien mémorisé.
─ Hmm. Peut-être bien, oui.
Je lève une demi-seconde les yeux de ma feuille pour t'adresser un clin d'œil mystérieux. Ça le ferait pas trop si je répondais "ton ex" hein... mais disons que l'histoire que tu m'as raconté a plutôt bien réussi à m'énerver.
─ Donne-moi un instant, que j'installe tout le matos.
J'ouvre le trépied et le place en face d'un mur blanc, m'assure que la caméra soit chargée, que l'angle soit parfait, puis j'accroche un mini-micro à mon T-shirt pour que le son soit meilleur que celui de l'appareil.
─ Ok, je suis prêt.
On reprend la scène trois fois, histoire que j'aie du choix avant de décider quelle version leur envoyer. Dans la première, je reproduis au mieux ce qui s'est passé à l'instant. Légère irritation, boudeur. Dans la deuxième, j'y mets un peu plus de colère, monte le ton, m'emporte avec plus de véhémence. Et dans la troisième... je fais l'inverse. Intériorise tout mon énervement, jusqu'à n'en laisser passer qu'un infime filament. Les profs nous ont conseillé de tenter plusieurs approches, pour découvrir des nouveaux trucs à chaque fois, en jouant la scène encore et encore. J'dois bien avouer que c'est efficace. Cette troisième version me force à masquer mes sentiments... et la caméra - et les écrans - ont ce pouvoir magique qui permet de capter les petits détails, les expressions, les regards qui pourraient nous échapper autrement. Quand je visionnerai tout ça, plus tard, je pense que ce sera plus flagrant.
─ C'est dans la boîte ! Merci, Love. T'as rendu tout le truc... plus vivant.
Ha, ha... tu sais juste pas à quel point.
─ Tu veux qu'on filme la tienne pour capturer le moment, ou tu veux juste la répéter comme ça ?
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