Ce n’est vraiment pas la journée pour me titiller avec ce qu’il vient de se passer et le fait que le jeune homme - plus si jeune que ça en fait - ne m’ait pas reconnu n’aide vraiment pas à me calmer. S’il y a bien quelque chose que je déteste, c’est qu’on me prenne pour Madame Tout le monde ou pire ! Madame Personne. Avec l’allure et la confiance qui rayonne de ma personne, mon prénom et nom ne devraient jamais quitter son esprit. Il m’est impossible de rester calme et de ne pas rouler des yeux quand il dit qu’il ne peut pas se rappeler de tout le monde. Pourtant, dans le milieu professionnel, le networking est bien la base du succès. C’est encore probablement un gosse de riche qui n’avait eu besoin de rien faire pour s’implanter à droite, à gauche. Un nom qui parlait pour lui même - comme le mien en quelque sorte. Sauf que les affaires pour lesquelles sont connus les Berrettini n’ont aucun lien avec celles que je m’efforce de faire fleurir. Je me fiche de votre sécurité mais vous devriez faire attention à vous. Parce que s’il n’était pas capable de me remettre, j’aurais juste pu me la jouer nunuche à la concession et faire bien des dégâts. Physionomiste, c’est quelque chose que ma mère m’avait appris plus jeune. Trouver les traits qui différencient les humains les uns des autres et j’étais une pro maintenant. Au moins, cette journée vous aura apporter quelque chose. Que je lance, faussement joyeuse, le sourire le plus faux de la planète sur le visage. Il ne m’arrivait que très rarement de devenir excessive sans réelles raisons mais c’était plus fort que moi. Mais sérieusement ? Que je souffle fortement en le regardant. Si je suis Peach, que lui c’était Browser, ça fait de vous Mario, le sauveur ! Putain, vous avez tout dans les bras. Mais rien dans le cerveau ! Quelle tristesse.
Ce n'est pas comme si me rappeller d'elle allait changer quelque chose dans ma vie ou mon business. J'étais vraiment navré de la mettre dans de tels états, mais je n'allais tout de même pas faire semblant de la connaitre non plus. Ah les femmes. J'hochais de la tête, ne sachant pas quoi lui dire de plus à cette miss Berrettini. "C'est une menace?" Demandais-je tout en fronçant des sourcils, parce que ça en avait bien l'air. Et là par contre, je n'aimais pas ça. D'ailleurs il semblait que nous avions du mal à nous comprendre car je ne voyais toujours pas le rapport entre Mario, moi, princesse Peach. Il faut dire que je n'y mettais pas forcément du mien non plus. Après quelques minutes, je compris qu'elle parlait du jeu vidéo, mais ce n'est pas pour autant que la compréhension était là. Ca commençait même à m'énerver. J'avais l'impression de perdre mon temps. "Au moins mes bras me servent à quelque chose." A quoi pourrait bien me servir de connaitre toute la vie de Mario et ses amis ? Sérieusement ?
L’ignorance des uns devrait faire mon bonheur mais dans cette situation, je me sens plus insultée qu’autre chose et ça a vraiment du mal à passer. Je sens que la colère monte et c’est de plus en plus difficile de me contenir. Si ce n’était pas l’un de mes clients, j’aurais déjà abandonné ce sourire poli que je colle sur mon visage à toutes les occasions. Et les mauvais instincts de survie en plus de cela. Que je lance en levant les yeux au ciel. Je ne suis pas menaçante pour un rien, je m’inquiète presque plus pour sa sécurité qu’autre chose, ce qui ne me ressemble pas le moins du monde. C’est une conversation à se choper une migraine et je soupire une fois de plus, lui expliquant des choses que même Nola - du haut de ses seize mois - sait ! Et ils vous servent à quoi ? Que je demande en riant légèrement. Parce que j’aurais pu être face à un réel agresseur et à part poser une question débile, il n’a rien fait. Je sais bien que les hommes tentent de se contenir et d’arrêter de sortir les poings à tous les coins de rue mais moi j’aime ça.
La réaction de la jeune femme te questionnait. Tu ne comprenais pas où cette entrevue allait vous mener. Tu ne comprenais même pas pourquoi elle continuait à te parler alors qu'apparemment tu semblais l'agacer au plus haut point. Mais tu es comme ça, tu réponds, aimant avoir le dernier mot. Ou tout simplement montrer que tu ne lâchais pas l'affaire. Tu serais capable de rester là, face à elle, juste pour montrer que c'était à elle de partir et non toi. Tu avais pourtant été gentil en lui prêtant ton téléphone. Tu ne comprenais vraiment pas. "Vous êtes aussi désagréable avec tout le monde?" Juste question de savoir si c'était sa personnalité ou réellement ta tête qui ne lui revenait pas. "A faire parler les petites connes." Ca y est, tu étais agacé et n'arrivais plus à te contenir. En même temps, pourquoi elle semblait obligée de te provoquer de la sorte ? Elle t'avait cherché et elle t'avait trouvé. Evidemment, tu restais là face à elle. Non, ce n'était pas à toi de partir. Tu attendais une réponse. Elle qui semblait ne rien avoir à faire de ses journées, si ce n'est qu'emmerder les autres.
Et vous, vous êtes aussi bête avec tout le monde ? Si on devait partir sur une interaction relevant du cours primaire, on le ferait et sans soucis. Je ne suis pas du genre à me prendre la tête pour des choses qui n’en valent pas la peine et bien que le jeune homme m’agace, je dois dire que cette entrevue me galvanise tout particulièrement. Par ces quelques mots, ces quelques discussions, je vois bien à quel point il n’est qu’un visage et pas grand chose d’autre. Son entreprise, c’est sûrement son bébé sur le papier mais en réalité, le manque d’intérêt qu’il a porté à ce projet de remise à niveau montre bien à quel point il ne calcule rien. Si c’était une insulte pour moi, je ne la prends pas comme telle. Que je souffle en laissant un léger rire s’échapper de mes lèvres. On me qualifie plutôt de grosse conne. Je lui adresse un clin d'œil avant de replacer mon sac sur mon épaule. Je lui lance un dernier coup d'œil et souffle Vous n’avez rien de mieux à faire que de me regarder, avec vos gros muscles et petite cervelle ? Ça fait vraiment creepy et pervers. Je grimace avant de laisser un rire s’échapper. Je finis par lui adresser un signe de la main, faisant bouger mes doigts comme on dit au revoir à un enfant et lance Allez le businessman en carton, à la prochaine. Et je tourne les talons, sachant pertinemment qu’il n’y aura pas de prochaines. Hors de questions que je travaille pour un con arrogant de la sorte. Il n’y a de la place que pour un égo par salle de réunion et c'est le mien.
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