The other side
A ses pieds, elle a délaissé son sac d’affaires, un bordel organisé de livres, stylos, calepins et autres papiers abandonné le temps que l’entraînement soit terminé. Du haut de son siège, les coudes plantés dans ses cuisses, son visage tenu en coupe entre ses mains, elle papillonne dans les gradins. Les nageurs, elle les observe sans le faire réellement, égarée sur les chemins que prend son esprit, les méandres brouillés sur lequel il n’a de cesse de voguer. D’ailleurs, elle ne peut s’empêcher de songer que dans ce complexe sportif, elle n’y vient quasiment jamais. Allant même jusqu’à se demander, si c’est une erreur de ne pas en profiter. Preuve que son inconscient est capable de se questionner, sur n'importe quel sujet. En fait, à dire vrai, la dernière fois qu’elle s’est perdue jusqu’ici, c’était lors de l’épreuve des olympiades il y a… Une vie déjà. Elle peine même à lister tous les évènements qui ont pu se dérouler depuis, l’intense tourbillon dans lequel elle est prise et qui ne s’arrête pas.
Alors après quelques minutes, le bassin commence à se vider, elle reste encore immobile, l’amérindienne sait être patiente, son naturel sauvage mis de côté, elle est aussi des plus dociles. Sa présence ici, elle est justifiée, par son cours de journalisme, par son job de pigiste, pour une fois, elle a réussi à concilier réellement les deux, mais aussi par l’étrange point commun qui se trouve entre eux. Une histoire d’arme à feu. Elle l’a contacté à son retour du Spring break, via quelques messages échangés, elle l’a prévenu du pourquoi du comment, en espérant qu’il ne se braquerait pas, qu’il serait ouvert… Et pour le coup, aujourd’hui, elle est intimement convaincue que sa douceur naturelle l’aidera. Elle se redresse, bondissant presque sur ses jambes lorsqu’elle l’aperçoit récupérer sa serviette de bain, un échange de regard après, elle signifie, malgré tout, sa présence d’un mouvement de la main.
MADE BY @ICE AND FIRE.
(Haiwee Wind River)