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Oui, je ne sais pas si je dois m’en estimer heureuse ou pleurer sur mon sort. Suis-je heureuse que ma fille semble avoir hérité d’un cerveau, malgré l’état dans lequel son père et moi nous trouvions quand nous l’avons conçue ? Définitivement. Ce n’était franchement pas gagné, surtout du côté de son père qui était sous influence à chacune de nos rencontres. Mais parfois, j’aimerais que Nola ne soit pas aussi maligne pour son jeu âge et qu’elle se montre un peu plus docile. Je sais que je ne peux m’en prendre qu’à moi-même pour son éducation mais mes nombreuses absences n’aident pas. Et quand je dis absence, je parle des heures que je passe au boulot, car en dehors de celles-ci, je suis rarement sans ma fille. Malheureusement, j’ai souvent le sentiment de vivre sur un tout autre fuseau horaire que Nola, alors que nous sommes pourtant sous le même toit.Ce serait dommage ça. Tu vas vraiment devoir partager. Je surenchère les paroles de ma patronne et ouvre grand la bouche jusqu’à ce que ma fille vienne y mettre un de ses petits bonbons, à contre-coeur.Merci mon coeur. J’embrasse son nez et elle secoue la tête comme si j’étais un monstre tout gluant qui s’osait à la toucher après lui avoir volé son précieux. Je hoche la tête lorsque Gigi me remercie pour les cocktails.Je te montrerai mais on a les doseurs, simple shot d’un côté et double de l’autre. Ils sont censés être remplis mais pas déborder. Et je pense qu’en voulant aller trop vite, certains employés continuent de verser alors que la dose est déjà là. Ça m'étonne un peu que Gigi ne sait pas ça car même si elle est rarement derrière le bar, il s’agit de son club et surtout son stock. J’imagine qu’elle nous fait beaucoup plus confiance, à moi et à l'autre manager, que je ne le pensais. Je souris quand elle s’adresse à la petite et ne surenchérit pas, profitant que l’attention de la petite soit totalement tournée vers Gigi pour tremper mon biscuit dans mon cappuccino. Je ne peux pas être jalouse. Je comprends qu’elle soit fascinée, il m’arrive moi aussi de ne pas pouvoir détourner les yeux de ma patronne et de me remémorer les bons moments qu’on a pu partager, principalement avant qu’elle n’endosse ce rôle. Ma question semble la réponse plus que de raison et j’en ris, même si je peux comprendre son choc. J’aurais eu la même réaction si on m’avait posé la question deux semaines avant que je ne découvre que j’étais enceinte. Mais la vie est faite de surprise, bonne comme mauvaise, on ne choisit pas toujours les chemins qu’on emprunte.Je comprends totalement. Franchement, parfois je me dis que j’aimerais pouvoir la rendre au service après vente. Ca va beaucoup mieux maintenant mais quand elle était bébé, je ne compte pas les nuits ou mes larmes accompagnaient les siennes parce que c’était trop à gérer pour moi.Pas du tout. Dis-je haut et fort, avant d’embrasser le crâne de ma princesse. Je ne me reproche rien, parce qu’elle est toute ma vie à présent, mais ce serait mentir de dire qu’elle était désirée.Son père est, ou plutôt était, un habitué du Nirvana. Un mec paumé, complètement défoncé 90% du temps, mais bourré de charme. Franchement, je ne sais pas trop ce que j’avais en tête à l’époque… La logique aurait voulu que je mette un terme à la grossesse par facilité mais ça ne m’a même pas traversé l’esprit. A l’instant où je l’ai appris, c’était comme une évidence. J’ai souvent paniqué mais jamais au point d’envisager d’avorter.C’était beaucoup moins une évidence quand je me suis retrouvée à devoir gérer un nouveau-né mais on s’en est pas trop mal sorties. Mes parents m’ont énormément aidé et continuent de le faire au quotidien. Et ce malgré la maladie de ma mère. Je ne sais pas ce que je ferais sans eux.Tu changeras peut-être d’avis un jour, toi aussi. Dis-je accompagné d’un clin d'œil. Ou peut-être que si ça lui arrive, elle y mettra un terme au plus vite parce qu’une personne n’est pas l’autre, et personne ne sera là pour la juger.
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