Plage et coquillage ¦ Rose

Le soleil amorçant sa lente descente, rendant l'air plus agréable, je marche sur le sable, les chaussures dans une main et un petit sac en plastique dans l'autre, le regard posé sur la demoiselle qui court devant moi tout en cherchant l'endroit propice pour ramasser des beaux coquillages. "Papa ! Papa !" Je l'observe alors me pointer du doigt un petit crabe. Elle semble avoir tellement d'émerveillement dans sa voix. Je me rapproches alors un peu plus rapidement d'elle pour venir m'accroupir à ses côtés et observer l'animal marcher de côtés. J'en viens à me demander si à son âge, je m'enthousiasmais aussi de tout ce que je pouvais voir. Peut-être que c'était le cas, mais maintenant, même si je le feins en sa compagnie, je suis plutôt désillusionné par la vie. L'animal finit alors par se laisser emporter par une vague et disparaître dans l'océan, laissant ainsi la petite repartie dans sa quête du coquillage le plus beau. Je la laisse alors prendre un peu de l'avance, fouillant pour ma part un peu le sable pour trouver quelque coquille qui aurait échappé à ses yeux.

Les choses se sont passées rapidement. J’ai demandé à Elias si je pouvais passer un moment avec Louise parce que je m’en sens le courage, je m’en sens la force. Ces derniers mois, j’ai beaucoup travaillé sur moi et je prends de plus en plus confiance en moi mais aussi en mes capacités. On a passé un bon moment au kids club toutes les deux et quand elle m’a dit qu’elle en avait marre, j’ai décidé d’aller me balader avec elle sur la plage. On descend depuis l’hôtel et je lui dis de ne pas trop s’éloigner. Elle court et moi, je la regarde, la filme. Tata regarde ! Elle attrape un joli coquillage et le brandit comme s’il s’agissait du plus merveilleux des diamants. Elle me le ramène et dit qu’elle le donnera à sa mère, ce qui me fait sourire. Je place le coquillage dans mon tote bag et embrasse sa joue rouge avant de la laisser continuer son chemin. Elle finit par croiser le chemin d’une autre petite fille - plus grande qu’elle ceci dit - et moi je cherche le parent de cette dernière. Un jeune homme un peu plus loin, à la recherche de coquillages lui aussi. Je me dirige vers lui et souffle L’exploratrice là-bas, c’est la vôtre ? Je préfère confirmer les choses pour ne pas faire de bêtises, lançant un coup de tête en direction des deux petites qui creusent le sable mouillé de leurs doigts.

Mon regard détourné un instant d'Elena et voilà qu'on m'aborder pour me parler d'elle. Je me redresses d'un coup et la cherche du regard avant de me détendre en la voyant accroupie à quelque mettre de moi à chasser les coquillages avec une autre demoiselle. La simplicité de l'enfance qui permet d'aller vers les autres sans préoccupation à la con, comme si le jugement à cette période là de nos vies n'existent tout simplement pas. "Oui, et je suppose que retourner la question n'est pas nécessaire." Je tourne un peu la tête pour balayer la plage du regard et ne constate pas beaucoup plus de présence qu'avant, mais peut-être que je peux me tromper et que la petite au côté de ma fille adoptive vient de plus loin, d'un parent complètement inconscient parce que tu le sais qu'il y en a. "Elle s'appelle Elena." Précisais-je alors pour présenter la petite alors même qu'elle ne va probablement pas lui faire la discussion, la demoiselle bien trop concentrée dans sa quête du coquillage pour faire attention au fait que je discute avec quelqu'un. Et non, l'idée de me présenter moi ne me vient absolument pas à l'idée. La petite avant tout, n'est-ce pas normal ?

HJ : mon dieu c'est nul >< si tu veux que je modifie, change, rajoute ou tout ce que tu veux, hésite pas à le dire

Cette journée avec Louise, elle est importante. Pour moi, pour ma confiance et mes capacités à m’occuper de la petite fille. Nous n’avons jamais passé de moments seulement toutes les deux depuis sa naissance. Je ne m’en suis jamais sentie capable. Jusqu’à ces derniers jours. Je ne sais pas si c’est le fait que ma vie trouve une vraie signification, que mes rêves se réalisent mais je change, j’évolue, je grandis et ça, ça n’a pas de prix. Je la laisse courir sur la plage, se diriger vers une autre fillette et la surveille d’un oeil. Elle sait qu’elle ne doit pas trop s’approcher de l’eau. Les orteils, elle peut les tremper mais plus haut que les chevilles, c’est hors de questions. Ma nièce, oui. Que je souffle en adressant un sourire au jeune homme. Louise n’est pas ma fille et je préfère qu’il n’y ait pas de confusion possible là dessus. J’adore son prénom. Très bon choix. Elena, c’est mignon et ça vieillira très bien avec elle. Du coup, c’est Louise. Que je dis en montrant ma nièce du doigt et dis Et moi c’est Rose. On pourra faire un groupe de jolis prénoms et on gagnerait toutes le premier prix, c’est sûr ! Et vous êtes ? Moi qui ait besoin de me faire des amis, c’est le moment ou jamais de me lancer. Je ne sais pas si c’est un étudiant ou un habitant d’une quelconque ville alors, je demande rapidement. Vous faites partis des personnes venant de Boston ? Autant s’en assurer, non ? Peut-être qu’Elena et Louise pourront être copines une fois de retour à Boston et ça, ça serait trop cool !

Précision qui tombe rapidement sur le lien de parenté entre la jeune femme et l'enfant, je pourrais en faire de même, dire qu'Elena est également ma nièce, sauf qu'elle vit avec moi, qu'elle ne voit que très rarement sa mère car jugé inapte par la loi pour s'occuper de la petite. J'en ai la garde depuis presque quatre ans et dire que je ne la considère pas comme ma fille serait un pur mensonge. C'est clair que ça n'a pas été facile tout les jours, que j'ai bien galéré au début car c'était pas quelque chose de prévu, que contrairement à ceux qui attendent un enfant, ils ont neuf mois pour se préparer, délai que je n'ai pas eu quand j'ai du faire le choix de prendre sa garde ou de la laisser finir dans une famille inconnue ou dans un quelconque foyer. "Merci, c'est sa mère qui l'a choisi." Précisais je quand même cette fois-ci sans pour autant en dire plus. "C'est charmant aussi Louise." Retour de compliment pour ce prénom qui sonne bien plus Français qu'Americain à mes yeux. Elle se présente alors à son tour. Rose. Tout aussi français, j'ai pas trop de mal à imaginer me trouver face à une européenne ou au pire, une Canadienne. "Jaysaël, enchanté." Répliquais-je quand elle m'invite à me présenter, ayant peut-être été un peu trop long à le faire moi-même à cause des quelques petites réflexions que je me fais."En effet, mais je suis bien loin d'être un étudiant. Et vous ?" Je me doute bien qu'il n'y a pas que des gens de Boston, qu'elle pourrait avoir malheureusement réserver ses vacances piles poils à l'endroit du spring break de cette année.

HJ: désolée pour le délai...

Les présentations sont rapidement faites et je me rends compte que c’est vraiment facile de rencontrer des gens quand Louise est avec moi. Elle court toujours vers les animaux -  mais ne les touche jamais sans autorisation préalable du maître - ou bien va toujours rejoindre les enfants qu’elle croise. Elle a le coeur gros comme le monde et dire que je suis fière de cela est un euphémisme. C’est la première nièce de la famille et c’est un bout d’amour. Je ne la quitte pas du regard, prenant le temps pour tourner le visage vers Jaysaël, ce jeune papa que je viens de rencontrer. Moi qui cherche toujours à me faire de nouvelles connaissances, de nouveaux amis, je suis servie pendant mes quelques jours au paradis. De même. Bien que j’espère intégrer l’université l’année prochaine. Mon avenir est entre les doigts du jury d’Harvard et j’ai du mal à rester calme face à tout cela. Cependant, je n’ai pas le choix et je compte bien garder la tête froide en toute circonstance. J’avoue que l’idée de profiter des avantages des étudiants me tentent grandement - c’est un peu un avant-goût de ce qui m’attendra l’année prochaine. Confiante, je vous le dis. Vous avez déjà fait quelques activités avec Elena ? C’est plus axé sur les soirées et l’alcool qu’autre chose, mon frère galère un peu à l’occuper malgré le club pour enfants. Et si entre gardiens de mineurs, on peut s’aider, pourquoi pas.

Une future étudiante ? Je dois reconnaître être curieux sur le coup. "Et tu voudrais étudier dans quel domaine ?" Peut-être que je la croiserais dans un amphithéâtre ou simplement dans un couloir si bien entendu, elle se retrouve dans le secteur des sciences humaines. Mais même comme cela, je ne peux être certain que l'on pourrait se recroiser aisément, le campus étant grand avec ses différents bâtiments et département. Bien que visiblement trop petit en même temps car depuis l'arrivée de mon ex au sein du corps enseignant, je ne cesse de le croiser... Je devrais éviter les salles communes des prof et me contenter du petit bureau dans l'aile de la sociologie, au moins, je serais tranquille.

Je rigole doucement à ses paroles. Un avant goût, il est vrai que quand j'étais étudiant, j'en profitais, même si j'en garde quelque souvenir désagréable bien qui me font rire maintenant. "Faut bien profiter de cette période, elle passe étonnamment vite." Je sus limite entrain de parler comme un vieux, mais en même temps, cela fait déjà cinq ans que j'ai terminé mes études dans cette prestigieuse université.

La conversation qui revient sur la petite, j'hoche la tête. "Oui, on a fait la réserve écologique et on fera aussi tout ce qui est parc animalier et aquatique." J'ai déjà une bonne idée des activités que je vais faire avec elle, même si celas signifie ne pas sortir pour moi, même si je me permettrais probablement une petite soirée. "Mais il est vrai que si on regarde le programme, c'est pas axés pour cette tranche d'âge." J'avoue quand même cela. "Mais y a aucune obligation d'y rester fidèle, et c'est ce que je fait personnellement." Même si j'ai eu une vie très cadré par mon père et son côté militaire, cette habitude de suivre des programmes, mais avec le temps j'avais arrêté de faire ça, préférant fait ce que je voulais.

En psychologie et développement de l’humain. Que je réponds rapidement, la motivation pouvant s’entendre dans la façon dont je prononce mes mots. Je suis tellement heureuse et impatiente d’intégrer Harvard bien que je ne sache pas encore si j’y ai ma place. Les résultats ne devraient plus trop tarder et j’ai hâte de savoir. C’est insoutenable et vraiment difficile pour moi. C’est comme si le jury avait mon futur en mains - ce qui est le cas - et que si j’échouais une nouvelle fois, cela confirmerait toutes les horreurs de mon père - ce qui n’est pas le cas. Mon fort intérieur se bat continuellement pour me faire comprendre que si je ne suis pas prise, ce n’est pas grave, même si j’ai l’impression qu’il n’y aura jamais rien de pire que cela. Les yeux sur Louise, je continue la discussion avec le jeune homme et ris légèrement. Il parait oui… Mais c’est plutôt l’âge des filles que j’aimerais avoir en ce moment. Que je lance avec une certaine nostalgie dans la voix. L’insouciance. L’époque où tout le monde fait tout pour que tout se passe bien. Et puis, ça me ramènerait bien avant mes nombreuses erreurs. La vie serait tellement différente mais elle ne serait pas ma vie et ça, je l’ai compris grâce à mes nombreuses consultations avec des psychologues de la région. On ne peut pas changer le passé et ça ne sert à rien de ressasser sans cesse, il n’y a aucune avancée dans ces cas. Vous avez raison. De toute façon, je ne pense pas qu’une randonnée de plusieurs heures les intéressera, tout ça pour un joli point de vue. Je ris légèrement. Peut-être plus tard mais pas pour le moment. Je n’ai jamais aimé ce genre de choses et n’aime toujours pas cela alors si Louise tient de moi - sa tante - je pense que mon frère sera tranquille. La petite tête revient en courant, un coquillage dans la main et je souffle Doucement, tu vas te faire mal si tu tombes. Elle a beau avoir cinq ans, elle court partout comme si elle en avait trois. Une vraie pile électrique que j’ai bien du mal à contenir. Elle vide le contenu de ses poches dans mes mains tendues et je la regarde partir. Mais qu’est-ce que je fais de ça moi ? Je me retourne vers le jeune homme et ris légèrement. Qu’est-ce que fait un parent dans ce cas ? Je n’ai aucune idée sur la marche à suivre. J’en sème sur le chemin comme le petit poucet ou bien je mets tous dans mes poches et redistribue à ses autres oncles et tantes ?

"En Faculté des sciences humaines et sociales alors." Bâtiment que j'ai longtemps fréquenté et que j'arpentes d'ailleurs toujours. "On risquerait bien de s'y recroiser alors." Peut-être même dans l'un de ses cours étant donné que la branche de psychologie à quelque heures de sociologie, mais dans la masse d'étudiant je ne suis pas certain que moi j'arriverais à l'apercevoir alors que l'inverse est plus que probable, nous ne somme que deux à nous présenter sur l'estrade pour donner cours, le prof ou moi son assistant.

Je rigole doucement à ses propos. "Loin des soucis ? C'est vrai que l'insouciance enfantine est plus que plaisante." Dire que je ne regrette pas cette période ou il n'y avait pas d'angoisse de fin de mois, de cœur brisé juste des soucis de pas avoir eu un bout de chocolat serait un mensonge, mais en même temps, je suis plus que satisfait du chemin que j'ai tracé depuis cet âge là,  même si il y a quelque bémols dans mon parcours. Je ne sais d'ailleurs pas si je dois l'inviter à parler de ce qui peut bien lui donner envie de retrouver cette insouciance ou non. Je laisse mon regard sur elle un instant, attendant de voir si elle désire ou non parler de ce qui la travaille ou si au final, le sujet changera de lui-même tout naturellement.

"C'est surtout que l'on risque de nous finir par les porter parce qu'elles seront fatiguée." Je la connais bien ma petite Elena, du genre à vouloir faire comme les grands, mais très vite finir sur mon dos à cause de la fatigue. "Après même si cela ne les intéresses pas, avoir des photos dans des paysages restent intéressant." Souvenir de vacances qui pourrait dans le futur pousser l'enfant à vouloir retourné sur place pour découvrir réellement ce paysage qu'elle ne connaitrait qu'en arrière plan de ses photos.

Je souris doucement en voyant la petite revenir vers elle alors que ma fille adoptive, elle, continue de chercher dan le sable, les pieds un peu dans l'eau. Tu rigoles alors quand la jeune femme te demande quoi faire du présent une fois l'enfant repartie. Je suis clairement amusé de sa réaction et de son questionnement. "Tu le gardes en main ou dans ta poche comme souvenir." L'informes-tu alors, parce que si elle venait à le jeter, j'étais presque déjà certain que sa nièce pleurerait des larmes de crocodiles. "Va pas trop loin dans l'eau Elena." Balances tu alors plus fortement pour attirer l'attention de la petite sur le fait que l'eau monte petit à petit.

Oh vraiment ? Vous enseignez là-bas ? Ou peut-être même qu’il y étudie toujours pour ce que j’en sais. Il est tellement difficile d’entrer à Harvard qu’il faut parfois plus de temps qu’on ne le pense pour l’intégrer et j’en suis la preuve vivante. Cette année est ma troisième année à postuler. La bonne, je l’espère mais seul le temps me le dira. Pour le moment, j’attends sagement… En croisant chaque partie de mon corps pour obtenir une réponse positive. J’aimerais tellement savoir et ne plus me soucier de cela… Ou vivre comme Louise et la jeune Elena, ne se souciant pas de grand chose d’autre que de s’amuser. C’était quand même la belle vie même si je n’ai pas eu une enfance des plus simples et calmes non plus. Il y a toujours eu quelque chose chez les Wertheimer mais, en même temps, à cinq, c’est cinq fois plus de bêtises, de discussions sans queue ni tête et de prise de tête aussi. Mes frères ont toujours su attirer l’attention des parents et le kidnapping d’Orphea nous a tous fait grandir un peu trop vite. Oh non, j’aurai déjà du mal à me porter, c’est définitivement une terrible idée ! Que je lance au sujet de la randonnée et du point qu’il vient de mettre en avant. Il a raison : devoir les porter est plus qu’une possibilité et il faudra repasser pour moi. Je n’aurais pas la force et me laisserais probablement mourir avec Louise. Mouai… Je vais attendre qu’elle soit capable de gérer ça toute seule et de s’en souvenir. Que je lance en riant. Parce que les photos seront juste des souvenirs pour que nous nous remémorions les choses. Je ne pense pas que Louise se souviendra de ce moment à Punta Cana dans quelques années. Pas parce qu’elle est bête ou que sais-je mais parce que son cerveau n’est pas conditionné à faire une réelle différence entre les moments du présent qui sont banals et ceux qui ont une réelle importance. Enfin, je crois. Je ne m’y connais pas du tout en pédopsychologie, pour être honnête. Je devrais me renseigner un peu plus sur cela mais je n’ai aucune envie qu’Elias pense que j’examine sa fille derrière son dos. Non, sérieusement ? Mais mon short va finir en bas de mes chevilles. Que je souffle en regardant tous les coquillages qu’elle m’a ramenés. J’en examine quelques uns et me débarrasse sans honte aucune de ceux qui sont cassés et risquent de la blesser plus qu’autre chose. Quand j’entends le jeune homme parler à la petite, je relève le visage et retrouve rapidement Louise. Toi aussi Loulou. Que je souffle en glissant les cailloux dans les poches de mon jeans. On va croire que j’ai volé la banque de République Dominicaine quand je marche. Et ça ne loupe pas, les coquillages font un bruit monstre dans mes poches et je ne peux m'empêcher de rire. Je fais une tante horrible, tu peux le dire. Je ris toujours plus, détendant l’atmosphère et me donnant un peu plus confiance en moi et dans mon rôle de tata que j’ai évité comme la peste les premières années de sa vie.