(mélas) lipstick on the glass

Service interminable et sourire placardé sur les lèvres. Même avec la sueur du travail, l'image que je renvoyais était impeccable. Elle détonnait même de l'environnement tant mon style classique ne se fondait pas avec les murs. Mais peu importe, mes shifts se déroulaient sans encombre et j'avais commencé à me faire apprécier et respectée des habituées. L'atmosphère dans la pièce a changé dès l'instant où tu es entré dans le lieu, une demoiselle à ton bras. Me faisant discrète, je t'observais vous installer à une table dans mon secteur. L'anxiété s'éveille, sachant pertinemment que tu allais me juger pour ce travail bien loin de l'avenir tout tracé qui m'attendait. " Tu peux me faire une faveur et prendre l'une de mes tables ? " que je demande avec un sourire sympathique à une collègue de travail. Réponse négative. Merde. J'inspire un bon coup pour mettre un masque imperturbable sur mon visage avant de venir à ta table. " Bonsoir, je peux prendre une commande ? " que je demande d'une voix neutre, regardant ta proie avant de poser mon regard dans ta direction.

@Atlas Weaver

Un rendez-vous insipide dès les premières minutes de sa présence mais il força ses répliques acides à ne pas transgresser ses lippes. Ce n'était que l'instant d'une soirée, le temps de s'aérer l'esprit, s'obliger à briser sa routine - bien que exaltante pour lui, un peu redondante. Conseil stupide d'un résident, il ne s'y reprendra plus à la fin de ce rendez-vous. Elle était pas inintéressante physiquement mais verbalement, il pouvait tout autant faire un tête-à-tête avec une licorne qui chiait des arc-en-ciel et il ne ressentirait aucune différence. Fort heureusement, il maîtrisait assez ses expressions pour feindre de l'intérêt sinon elle n'aurait pas fait long feu. L'heure du repas avait de toute façon sonné, il allait pouvoir gagner une excuse supplémentaire pour bêtement hocher la tête à chacune de ses remarques sur les influenceuses à succès au Moyen-Orient ou whatever. Lord Hobo. Pub anglais assez.. humble, dirons-nous pour ne pas qu'il se ruine mais assez convenable pour éviter un empoisonnement. Le brun s'assoit, oublie volontairement toute courtoisie chevaleresque, et plonge aussitôt son nez dans le menu quand elle fit son apparition. Nul besoin de relever la tête pour déchiffrer son identité, sa voix suffit. Instantanément, un soupir bruyant s'échappa des lèvres d'Atlas, gagnant un regard interrogateur de la part de la brune en face de lui. Moi qui pensais que tu ne pouvais pas perpétuer encore plus le cliché de la précarité, je me trompais. Inutile de préciser à qui il s'adressait, même le nez encore dans le menu, elle le savait. Si t'as l'intention d'empoisonner mon plat, j'aimerais tout autant changer de serveuse dès à présent. Cette fois-ci, il leva ses yeux noircis par l'hostilité vers elle, ignorant joyeusement les grands points d'interrogation de son date.

Te voir entrer dans les lieux, c'est comme voir le démon entrer dans tes rêves pour les transformer en cauchemar. À cet instant, tu sais très bien que t'es dans la merde. Personne ne peut me remplacer dans ma galère, alors quand je fais ma marche vers ma destination finale, je le fais avec la tête haute et le sourire aux lèvres. Ce dernier reste reste inchangé dans ton soupir vient refroidir la pièce. Bordel. Je sais que tu sais. Sans redresser la tête, tu me reconnais. Après tout, fût un temps où nous partagions tout avant que plus rien ne semble nous accorder. J'offre un sourire contrit à la demoiselle qui t'accompagne et qui ne comprend rien à ton charabia. " Tu te doutes bien que si je suis là, c'est qu'il n'y a personne d'autre. " Mon sourire Colgate contraste avec ton regard mortel. " Mais je dois avouer que l'idée de jouer à la roulette russe avec tes plats m'enchante particulièrement. " Mon regard se tourne vers ton invité. " Avez-vous fait votre choix ? ".

Le dépit profond à l'entente de sa voix. S'il pensait que sa soirée ne pouvait pas s'empirer, le destin lui prouvait bien le contraire. Deux fois. Deux fois qu'elle faisait son apparition sans son aval, sans un p'tit mot d'alerte du bon Dieu et deux fois qu'il sentait phlegme mettre les voiles. Tu vas me dire que le bout de bâton figé stoïque à l'autre bout du restaurant n'est pas disponible ? qu'il pointe du menton une collègue, grande, aux membres du corps un peu trop allongés, et objectivement très plate - un bâton, quoi. Outre celle-ci, le restaurant ne brillait pas en employés, il dut se résoudre à abandonner la recherche d'un ou une remplaçante en dehors de miss bâtonnet de poisson. N'importe qui sauf elle. Les derniers messages échangés résonnaient encore trop à son goût. Non, elle n'a pas fait son choix et ne le fera pas. Je ne te veux pas en tant que serveuse, si tu aurais l'amabilité d'aller dénicher ta collègue. continue d'ignorer son rendez-vous, buté sur son exigence, le ton toujours plaisant pour autrui. Atlas ! petite réprimande osée de l'ignorée de service, qu'il contra facilement avec un regard noir. Collègue, vite. avant qu'il ne devienne encore plus désagréable - oui, c'était possible.

Mon regard suit ton insulte. Je n'allais pas penser en mal de ma collègue de travail, mais il est vrai que je voyais où tu voulais en venir. Yeux à nouveau sur ta personne, c'est d'une moue blasée que je reprends ; " Jennifer n'est pas disponible. " Et crois-moi, j'aurais tout autant aimé que ça soit le cas. Sourire figée qui dégouline de haine intérieurement, j'attends la scène que tu vas me taper, la honte que tu vas me coller devant tous les mondes. Je préfère tourner mon attention sur la malheureuse qui partage ta table. J'me demandais pendant un instant si elle allait m'écrire un help avec sa nourriture pour que je lui vienne en aide face au grand méchant loup. Mon rictus tombe mal puisque tu reviens à l'attaque au même moment. Je prenais sur moi pour ne pas ne pas succomber à un élan de violence te concernant. Jurant intérieurement tous les gros mots possibles pour essayer de me contenir. " Comme je l'ai déjà signalé, il n'y a personne d'autre de disponible et je suis certaine que vous allez passer une excellente soirée dans notre établissement... " Le sourire n'était que pour rassurer la demoiselle assise en face de toi avant que je ne me tourne dans ta direction pour te lancer un regard meurtrier. " Je refuse de me soumettre à tes ordres Las. Arrête de faire l'enfant ! " Chuchotement menaçant qui en disait long sur mon agacement. J'avais aucune envie de perdre ma place et mon unique revenu à cause de toi.

Très bien. Jennifer peut donc s'attendre à une plainte directe vis à vis de son implication au travail. Pauvre petite planche de bois qui recevait les foudres de l'impitoyable. Situation pittoresque. Il avait besoin de démontrer sa frustration, fureur. Le regard noir s'intensifie, en direction de la planche de bois et alterne avec le sujet de son désarroi. Si la rancune pouvait se réincarner en être vivant, Atlas aurait été sans aucun doute l'heureux élu. Sa partenaire du soir, quant à elle, grinçait des dents, le regard paniqué, prête à se confondre en excuses à tout moment auprès d'elle - chose qu'il ne laissera jamais passer, évidemment. Si excuses devaient avoir lieu, ce ne serait en aucun cas du côté du brun qui s'enfonçait dans le confort de sa raison, de son égo mal placé. Ce n'était pas demain la veille qu'il s'engouffrerait dans des remords et regrets à son propos - surtout quand elle refusait de répondre au client, d'accomplir ce travail dont elle s'était entichée après lui avoir tourné le dos (oui, c'est sa version des faits, ok). Ma soirée est déjà gâchée, tu peux arrêter de réciter tel un robot ces phrases prédéfinies sans sens.   sans doute la goutte de trop pour la fanatique de téléréalités en face de lui, qui lui lança un coup physique sous la table. Les pupilles se dilatent, et l'énervement s'accentue, d'autant plus lorsqu'elle lui intima d'arrêter d'agir en enfant. Ok, toi tu dégages. sans appel, le ton plus glacial au possible, il continue ses ordres sans prendre compte la remarque de Mérope. Le date s'offusqua bruyamment avant de prendre fuite tout aussi dramatiquement. Et pas un seul regard de la part du brun ne lui était adressé. Toi, assieds toi. ce n'était pas non plus aujourd'hui qu'il allait se plier aux désirs de son ancienne meilleure amie.

Tout ceci n'était qu'un spectacle de marionnettes dont tu t'amusais à tirer les ficelles. Tel le grand méchant de l'histoire, tu faisais entrer les protagonistes sur scène en battant des bras et en parlant un peu trop fort. L'attention est sur nous, je le sais et il est incapable de te contenir, je le sais tout autant. J'en avais rien à faire de Jennifer, que tu la poursuive jusqu'en Enfer si cela pouvait t'amuser, tant que ce n'était pas moi que tu chassais sans relâche. Ma main glisse sur mon front, les yeux clos durant une poignée de seconde pendant que tu t'embrouilles silencieusement avec la jeune femme à ta table. Tu étais tellement habitué à avoir tout ce que tu désirais en un claquement de doigts que tu étais imbuvable dans le cas contraire. Si ta soirée était gâchée, la mienne aussi. Bientôt c'était mon patron qui allait s'incruster et j'avais des palpitations rien qu'à imaginer la honte me gagner. La demoiselle, chanceuse, fuit à toute vitesse pour partir loin de la bête féroce. Tu avais autant des airs terrifiants que ridicules, si bien que j'oscillais entre rire à gorge déployée ou succomber à une crise d'angoisse. Tenant à ma vie - et à ma place - je m'asseyais sur la chaise libre que tu me l'ordonnais. Je me détestais de le faire et si mon regard avait pu tuer, tu n'aurais eu aucune chance de t'en sortir. " Tu es ridicule " que je siffle comme un serpent à ton encontre avant de jeter un coup d'œil vers le bar. " Je ne dois pas perdre ce travail Las. " J'insistais. Je ne rigolais pas. Parce qu'à l'inverse, moi aussi je pourrais te chasser jusqu'en Enfer pour avoir ta peau.

L'élément de trop décampe, sous l'air peu intéressé du bourreau qui prenait un malin plaisir à torturer son entourage. Juste parce qu'elle était là. Vendetta personnel, immature qu'il s'acharnait à combler, à accomplir avec brio. Parce que rien n'est fait dans la demie mesure avec le New-Yorkais, ordonnant dorénavant à Mérope de prendre place en face de lui, sans formule de politesse. Un traitement de faveur dont elle seule avait la chance d'obtenir de sa part, de l'attention. Un tantinet trop d'attention. Ses billes las se plantèrent même dans les siennes, ne flanchent et ne se détournent pas, alors que la panique évidente détonnait dans ses traits. Le client est roi, n'est-ce pas ? Souffle d'un ton sans intonation, toujours sans lâcher du leste dans la noirceur de son regard. Elle lui siffle à la figure, peu ravie de la tournure de la situation - ils étaient deux, et ose même profaner des menaces en son encontre qu'il accueille dans un rire jaune. T'as rien à faire dans ce job, pour commencer. Ce ne serait pas une si grande tragédie. Compliment sous-entendu, sa seule façon de les desservir. Elle ne faisait pas parti de ce monde minable qui trimait pour joindre les deux bouts en fin de mois, rien dans son apparence et sa façon d'être, malgré ce qu'elle persistait à s'en convaincre, ne résonnait 'pauvre'. Il ne l'autorisait pas. Comment va ta fille ? Parce que c'était elle la genèse de leurs désaccords, non ? A ses yeux, tout le monde pouvait être fautif sauf lui.

Ici, ce n'était pas le client qui était roi, c'était toi ! Toujours, partout et à toute heure. Il n'était jamais question de remettre en cause ton autorité, ta présence suffisait à écraser celle des autres. Même si j'avais envie de te tenir tête, on savait que tu étais celui qui menait la danse, tout ce qu'il me restait à faire était de te mettre des bâtons dans les roues pour que cela soit plus pénible. Assise en face de toi, je me pliais à ta volonté de peur de perdre mon travail devenu essentiel pour vivre et nourrir ma fille. Je ne pouvais pas me permettre de laisser nos enfantillages déborder sur ma vie personnelle, surtout quand je savais que c'était devenu de la méchanceté. Mon regard noir persiste, même quand, contre toute attente, tu tentes de faire un pas dans ma direction en me remettant sur mon piédestal. Je me contentais de ne rien dire en échange, moue boudeuse sur les lèvres comme une gamine grondée. Je te déteste à cet instant. Même si un peu moins que tout à l'heure. Quand tu poses la question à propos de ma fille, cela me décontenance une fraction de seconde bien que je ne le montre pas. " Est-ce que ça t'intéresse vraiment ? " Parce que la guerre que tu m'as déclaré me laisse penser le contraire. " Elle va bien. Elle est parfaite. " Même toi tu serais sous son charme.

Satisfaction déguisée qui se profile dans son expression neutre, son caprice renoncé - notamment parce qu'il avait eu gain de cause. C'est ce regard dorénavant tempéré qu'il lui dirigeait, tandis qu'elle persistait avec les éclairs foudroyants dans le sien. Colère, haine, exaspération; son prix au quotidien avec elle depuis tant d'années. Comme si elle n'avait jamais su porter autre regard sur lui que celui imprimé par l'encre de Chine. Peu importe. Lui se complait dans son rôle d'insupportable, jauge - et juge - ouvertement son teint presque blafard, les cernes que la table à l'autre bout du restaurant pouvait remarquer; s'appuie dans son idée que ce monde n'était pas fait pour elle, malgré la mine boudeuse qu'elle lui rétorque. Une autre bataille qu'il mènerait un autre temps donné. Là, il s'imbriquait dans une discussion qui, en surface, paraissait sans encombres.. mais la réalité était toujours tout autre quand il s'impliquait dans un sujet.  A son propos.  Non, mais elle t'intéresse visiblement. L'honnêteté à double tranchant qui le fit hausser des épaules. Comme si la conversation tournait autour d'un vulgaire animal recueilli par la blonde, et non de son propre bambin.  Personne n'est parfait. Façon clémente de partager son scepticisme, sourcils froncés. Il se retint de pointer du doigts la fatigue apparente sur son faciès, sûrement provoquée par la gamine. Est-ce qu'on pourrait récompenser ses efforts, s'il vous plaît ?  Elle s'est bien remise de son rhume ? Continuons dans les faux semblants tout en se référant à leur première retrouvaille des semaines plus tôt. Le premier choc d'une longue lignée. Il est où le père ? Parce qu'il ne se satisfaisait jamais d'un sujet trop lisse.