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TW : médecine, grossesse extra-utérine, opération
- J'ai fait un risotto aux champignons Joyce, tu restes manger avec nous ?
L'interpellée referme le robinet qu'elle a ouvert pour remplir sa gourde avant de se tourner vers Sven qui vient de lui proposer de partager un repas avec quelques uns de la Dudley, ceux qui ne sont pas sortis profités de leur jeudi soir annonciateur de la fin de la semaine. À l'université les jeudredis sont particulièrement appréciés comme le prouve d'ailleurs les bancs un peu plus éparses des auditoires le vendredis matin et les têtes fatiguées de ceux qui vont malgré tout en cours.
- C'est gentil, mais je me sens pas très bien depuis quelques jours. Je vais plutôt aller m'allonger.
- Mince, j'espère que ça ira !
La doctorante lui adresse un sourire de remerciement avant de refermer sa gourde et de se diriger vers les escaliers qui mènent aux étages des chambres, non sans au passage caresser de sa main son bas ventre douloureux. Depuis quelques jours il la lance et si elle a d'abord cru que c'était à cause de ses règles, les maux n'ont pas disparu et elle a dû se rendre à l'évidence que c'était autre chose. Et comme à tout ça se sont ajouté des nausées et même un épisode de vomissements ce matin, Joyce a conclus qu'elle avait sûrement dû attraper une gastro ce qui n'était pas très glorieux ou agréable ; pas grave pour autant du moment qu'elle ne se déshydratait pas complètement. Ca l'embêtait plus pour son doctorat, mais elle n'ignorait pas à quel point cela pouvait être contagieux - et n'avait surtout pas envie de subir sa vie dans les toilettes de Harvard - donc avait fait le choix de rester chez elle ce jour-là en espérant que le lendemain se passe mieux. Enfermée dans sa chambre à ne sortir que pour aller aux toilettes ou remplir sa gourde. Heureusement elle n'avait pas eu mal au point que cela l'empêche de potasser quelques articles et prendre des notes pour la future rédaction de sa thèse.
La douleur s'était cependant intensifiée au fur et à mesure que la journée se déroulait, si bien qu'elle eu de la peine à remonter les escaliers et à retrouver sa chambre sans avoir à se plier en deux. Enfin de retour dans son lit, Joyce a tout le loisir de se rouler en boule sous son drap qu'elle rabat jusque sur sa tête avec l'envie de dormir pour oublier tout ça. Mais la douleur ne veut pas la laisser et elle a beau fermer les yeux, impossible pour sa conscience de partir complètement. Elle a l'impression que ça empire, même dans la position du foetus.
Lorsqu'elle enlève le drap de sa tête et attrape son téléphone posé sur la table de chevet, l'heure s'est bien déroulée, frôlant minuit. Le mal s'est empiré cette fois et elle n'arrive décemment pas à dormir. Surtout qu'une inquiétante idée s'est acheminée en elle et l'étudiante tapote rapidement sur Google pour s'assurer qu'elle ne fabule pas complètement ses pensées. Si Joyce est plus au courant de l'anatomie des animaux marins, ça ne l'empêche pas d'avoir suivi des cours de base sur le corps humain également. Et vu la localisation de la douleur...
Peu de doutes. Internet confirme que les nausées et les vomissements font bien partie des symptômes de l'appendicite et la doctorante se retrouve à jurer dans son lit tout en changeant d'application pour commander un Uber en direction de l'hôpital. Si c'est bien ce qu'elle pense ça peut se rompre à tout moment et ce n'est pas le genre de chose avec lequel il faut plaisanter. Foutu corps qui s'invente des organes pas si utile quand il fait disparaître des choses utiles telles que des queues.
Parvenant à se redresser assez pour enfiler un jogging et un pull sur son Tshirt qui lui sert de pyjama, quelques instants plus tard seulement Joyce est dans la voiture qui la mène à l'hôpital. Le chauffeur a l'air inquiet qu'elle puisse vomir sur ses sièges en cuir et elle a dû lui promettre une bonne dizaine de fois qu'elle le préviendrait avant de rendre sa bile pour qu'il puisse s'arrête. Heureusement aucune remontée acide ne tapisse sa gorge sur le trajet et bientôt elle se retrouve dans la salle d'attente des urgences, rapidement prise en charge. Elle a de la chance ; l'endroit est plutôt calme et on lui trouve un lit sur lequel s'allonger avant qu'un médecin ne passe l'ausculter. Moment dont elle profite pour écrire à Jay en se demandant si le couche-tard qu'il est sera encore debout alors que, cette fois, l'aiguille a dépassé l'heure fatidique de Cendrillon.
Coucou toi, j'espère que je ne te réveille pas ! Mon mal de ventre ne s'est pas amélioré et j'ai peur d'avoir une appendicite... je suis aux urgences du Massachusetts General Hospital, je te tiens au courant si de ce que disent les médecins !
Malgré la légèreté insufflée dans son message, elle n'en mène pas large, se demandant s'il faut qu'elle prévienne ses parents, et se sent soulagé lorsqu'un médecin arrive flanqué de quatre internes. Après les quartions d'usage et une prise de sang, il laisse les étudiants palper son estomac à la recherche de l'inflammation avant de se lancer dans l'exercice à son tour quand tous les quatre ne détectent rien ; ce n'est pas forcément la preuve que l'infection n'est pas présente, mais c'est déjà une bonne nouvelle. Enfin... "bonne nouvelle", tout est relatif face à l'errance médicale possible... La fiole est envoyée pour analyse et Joyce se retrouve seule à nouveau, regrettant de ne pas avoir eu la présence d'esprit d'emporter un livre avec elle. Sur son téléphone les chiffres défilent lentement et entre la douleur toujours présente et la lumière des urgences elle ne trouve pas le sommeil, scrollant sur les réseaux sociaux sans but précis.
Presque deux heures se sont écoulées lorsque la même équipe revient vers elle avec les résultats qui ne montrent pas une augmentation de globules blancs aussi importante qu'ils pourraient le croire. En revanche ça montre autre chose et la doctorante fronce les sourcils en voyant le docteur se racler la gorge.
- De quand datent vos dernières règles ?
Question déjà posée un peu plus tôt, Joyce répète la même réponse sans vraiment comprendre.
- Environ une semaine.
- Est ce que vous les avez trouvées différentes de d'habitude ? Au niveau de la couleur ou de la durée ?
C'est étrange de les voir insister ainsi sur ce détail là. Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Elles étaient un peu plus courte que d'habitude et assez foncée, mais pourquoi...
- Est-ce que vous avez eu des relations sexuelles dernièrement ? l'interrompt le médecin.
- Heu... oui, enfin avec mon copain, mais...
- Mrs Millett, vous nous avez dit que vous aviez un stérilet. Comme vous le savez sans doute, aucun moyen de contraception n'est fiable à 100% et nous avons détecté dans vos analyses sanguines un taux de HCG élevé. Vous êtes enceinte.
Silence. Elle cligne des paupières rapidement.
- Pardon ?!
Le monde s'écroule dans sa tête alors que les mots du médecin prennent lentement du sens dans sa tête. Enceinte ?! Mais comment... ? Enfin elle sait comment, mais ne comprend pas.
- Nous estimons la grossesse à environ six semaines. Étant donné les douleurs dont vous souffrez, ma collègue va vous faire une échographie pour s'assurer qu'il n'y a pas de problème, puis vous présentera les différents choix qui s'offrent à vous. Est-ce que vous désirez que nous prévenions quelqu'un ?
- Je... ça va aller.
La tête lui tourne et elle aimerait pouvoir la loger contre l'épaule rassurante de Jay... Jay, comment lui annoncer tout ça ? Il est sûrement en train de dormir de toute manière. Ils auront le temps d'en parler demain, plus au calme. Perdue dans ses pensées, Joyce voit à peine l'interne qui ramène la machine, mais lorsque le produit froid se pose sur son ventre, elle revient au moment présent alors que la femme lui sourit, désolée. La sonde est posée sur son ventre et, le regard rivé sur l'écran, elle essaie de deviner cette graine qui s'est glissée en elle et y a fait son nid malgré le dispositif qui était censée l'en empêcher.
Pourtant l'écran reste obstinément vide et, si au début la biologiste se dit que c'est parce qu'elle ne s'y connaît pas assez et n'a vu dans sa vie que des échographies d'animaux marins, l'air étonné de la doctoresse qui bouge la sonde sur tout son ventre confirme qu'il y a quelque chose d'étrange.
- Je... je reviens.
Quelques instants plus tard une gynécologue arrive et prend le relai avec beaucoup de douceur, reprenant l'échographie là où l'interne qui fixe toujours avec le même étonnement l'écran, l'avait laissée. Cette fois, Joyce se focalise un peu plus sur les formes en elle, même si toujours aucun foetus n'apparaît.
- Mrs Millett, nous allons refaire vos analyses sanguines, je vais regarder ça en priorité.
Alors elle n'est pas enceinte ? Joyce ne comprend plus rien, 4h a passé sur l'écran de son téléphone et elle a toujours aussi mal au ventre. Mais les docteurs semblent aussi perdus qu'eux et elle n'a d'autre choix que de les voir planter une nouvelle aiguille dans son bras puis essuyer son ventre avec le papier qu'on lui donne. Et l'attente reprend, sans sommeil mais fatiguée.
Il est presque 5h lorsque la gynécologue revient, formelle dans ses résultats : le taux de HCG est bien le même que celui révélé par les premières analyses. La femme s'assied sur un tabouret à côté d'elle, un air navré sur le visage.
- Mrs Millett, avez-vous déjà entendu parler de grossesse extra-utérine ?
- C'est lorsque l'embryon ne se développe pas dans l'utérus, répond-t-elle en ayant l'impression de paraphraser le terme médical.
- Exactement. Nous pensons que c'est peut-être votre cas et nous allons devoir faire une échographie interne pour le vérifier. L'embryon pourrait s'être logé dans vos trompes de fallope et y être bloqué. C'est un cas de figure rare dans les grossesse, mais une possibilité qui existe et les DIU augmente le risque. Si c'est bien ce à quoi nous pensons, il faudra vous opérer pour retirer l'embryon car la grossesse n'est pas viable et est mortelle pour vous. Si nous n'agissons pas assez rapidement votre trompe de fallope pourrait exploser et provoquer une hémorragie interne.
Sonnée, Joyce hoche la tête. Alors... elle est enceinte ? Elle est enceinte, mais pas au bon endroit. Enfin peut-être, il faut encore faire l'examen pour savoir et l'envie de s'assurer que tout ça n'est rien d'autre qu'une erreur l'étouffe presque et elle presse la gynécologue de faire cette échographie. Elle a besoin de savoir, même si quelque part elle a l'impression que tout est déjà fixé, tout est écrit et la peur abyssale de cet être qui grandi au mauvais endroit l'étouffe un peu.
Après s'être assurée de son consentement, la doctoresse entre la sonde en elle et la réponse ne met pas longtemps avant d'apparaître à l'écran : c'est bien une grossesse extra-utérine et ce n'est pas joli. Même si elle s'efforce de ne pas le montrer, Joyce sent bien que la médecin n'est pas sereine avec cette nouvelle. Elle prend néanmoins le temps de lui expliquer la procédure qui va suivre avant d'aller préparer ce qu'il faut pour l'opération programmée une heure plus tard.
La tête embrumée, la doctorante se retrouve seule, une main posée par réflexe sur son ventre pendant que l'autre fait défiler les numéros sur son téléphone jusqu'à trouvé celui de sa mère. Répondeur directement. Celui de son père. Répondeur également. Ils doivent être en pleine mer sans le moindre réseau. Alors ses doigts s'arrêtent au-dessus d'un tout autre numéro, qui cette fois sonne avant que son correspondant ne décroche.
- Jay c'est... c'est Joyce. Je suis désolée de te déranger et je ne sais pas bien comment t'annoncer ça. Je suis toujours à l'hôpital, mais je n'ai pas une appendicite. Jay je... c'est une grossesse extra-utérine et ils ont peur que ma trompe de fallope explose et cause une hémorragie. Ils vont m'opérer dans un peu moins d'une heure je... je suis désolée.
Et comme si elle n'avait attendu que ça pour laisser les émotions remonter à la surface, son dernier mot se confond avec un premier sanglot qui laisse place à une cascade de larme.
@Ji-hun Hwang
- J'ai fait un risotto aux champignons Joyce, tu restes manger avec nous ?
L'interpellée referme le robinet qu'elle a ouvert pour remplir sa gourde avant de se tourner vers Sven qui vient de lui proposer de partager un repas avec quelques uns de la Dudley, ceux qui ne sont pas sortis profités de leur jeudi soir annonciateur de la fin de la semaine. À l'université les jeudredis sont particulièrement appréciés comme le prouve d'ailleurs les bancs un peu plus éparses des auditoires le vendredis matin et les têtes fatiguées de ceux qui vont malgré tout en cours.
- C'est gentil, mais je me sens pas très bien depuis quelques jours. Je vais plutôt aller m'allonger.
- Mince, j'espère que ça ira !
La doctorante lui adresse un sourire de remerciement avant de refermer sa gourde et de se diriger vers les escaliers qui mènent aux étages des chambres, non sans au passage caresser de sa main son bas ventre douloureux. Depuis quelques jours il la lance et si elle a d'abord cru que c'était à cause de ses règles, les maux n'ont pas disparu et elle a dû se rendre à l'évidence que c'était autre chose. Et comme à tout ça se sont ajouté des nausées et même un épisode de vomissements ce matin, Joyce a conclus qu'elle avait sûrement dû attraper une gastro ce qui n'était pas très glorieux ou agréable ; pas grave pour autant du moment qu'elle ne se déshydratait pas complètement. Ca l'embêtait plus pour son doctorat, mais elle n'ignorait pas à quel point cela pouvait être contagieux - et n'avait surtout pas envie de subir sa vie dans les toilettes de Harvard - donc avait fait le choix de rester chez elle ce jour-là en espérant que le lendemain se passe mieux. Enfermée dans sa chambre à ne sortir que pour aller aux toilettes ou remplir sa gourde. Heureusement elle n'avait pas eu mal au point que cela l'empêche de potasser quelques articles et prendre des notes pour la future rédaction de sa thèse.
La douleur s'était cependant intensifiée au fur et à mesure que la journée se déroulait, si bien qu'elle eu de la peine à remonter les escaliers et à retrouver sa chambre sans avoir à se plier en deux. Enfin de retour dans son lit, Joyce a tout le loisir de se rouler en boule sous son drap qu'elle rabat jusque sur sa tête avec l'envie de dormir pour oublier tout ça. Mais la douleur ne veut pas la laisser et elle a beau fermer les yeux, impossible pour sa conscience de partir complètement. Elle a l'impression que ça empire, même dans la position du foetus.
Lorsqu'elle enlève le drap de sa tête et attrape son téléphone posé sur la table de chevet, l'heure s'est bien déroulée, frôlant minuit. Le mal s'est empiré cette fois et elle n'arrive décemment pas à dormir. Surtout qu'une inquiétante idée s'est acheminée en elle et l'étudiante tapote rapidement sur Google pour s'assurer qu'elle ne fabule pas complètement ses pensées. Si Joyce est plus au courant de l'anatomie des animaux marins, ça ne l'empêche pas d'avoir suivi des cours de base sur le corps humain également. Et vu la localisation de la douleur...
Peu de doutes. Internet confirme que les nausées et les vomissements font bien partie des symptômes de l'appendicite et la doctorante se retrouve à jurer dans son lit tout en changeant d'application pour commander un Uber en direction de l'hôpital. Si c'est bien ce qu'elle pense ça peut se rompre à tout moment et ce n'est pas le genre de chose avec lequel il faut plaisanter. Foutu corps qui s'invente des organes pas si utile quand il fait disparaître des choses utiles telles que des queues.
Parvenant à se redresser assez pour enfiler un jogging et un pull sur son Tshirt qui lui sert de pyjama, quelques instants plus tard seulement Joyce est dans la voiture qui la mène à l'hôpital. Le chauffeur a l'air inquiet qu'elle puisse vomir sur ses sièges en cuir et elle a dû lui promettre une bonne dizaine de fois qu'elle le préviendrait avant de rendre sa bile pour qu'il puisse s'arrête. Heureusement aucune remontée acide ne tapisse sa gorge sur le trajet et bientôt elle se retrouve dans la salle d'attente des urgences, rapidement prise en charge. Elle a de la chance ; l'endroit est plutôt calme et on lui trouve un lit sur lequel s'allonger avant qu'un médecin ne passe l'ausculter. Moment dont elle profite pour écrire à Jay en se demandant si le couche-tard qu'il est sera encore debout alors que, cette fois, l'aiguille a dépassé l'heure fatidique de Cendrillon.
Coucou toi, j'espère que je ne te réveille pas ! Mon mal de ventre ne s'est pas amélioré et j'ai peur d'avoir une appendicite... je suis aux urgences du Massachusetts General Hospital, je te tiens au courant si de ce que disent les médecins !
Malgré la légèreté insufflée dans son message, elle n'en mène pas large, se demandant s'il faut qu'elle prévienne ses parents, et se sent soulagé lorsqu'un médecin arrive flanqué de quatre internes. Après les quartions d'usage et une prise de sang, il laisse les étudiants palper son estomac à la recherche de l'inflammation avant de se lancer dans l'exercice à son tour quand tous les quatre ne détectent rien ; ce n'est pas forcément la preuve que l'infection n'est pas présente, mais c'est déjà une bonne nouvelle. Enfin... "bonne nouvelle", tout est relatif face à l'errance médicale possible... La fiole est envoyée pour analyse et Joyce se retrouve seule à nouveau, regrettant de ne pas avoir eu la présence d'esprit d'emporter un livre avec elle. Sur son téléphone les chiffres défilent lentement et entre la douleur toujours présente et la lumière des urgences elle ne trouve pas le sommeil, scrollant sur les réseaux sociaux sans but précis.
Presque deux heures se sont écoulées lorsque la même équipe revient vers elle avec les résultats qui ne montrent pas une augmentation de globules blancs aussi importante qu'ils pourraient le croire. En revanche ça montre autre chose et la doctorante fronce les sourcils en voyant le docteur se racler la gorge.
- De quand datent vos dernières règles ?
Question déjà posée un peu plus tôt, Joyce répète la même réponse sans vraiment comprendre.
- Environ une semaine.
- Est ce que vous les avez trouvées différentes de d'habitude ? Au niveau de la couleur ou de la durée ?
C'est étrange de les voir insister ainsi sur ce détail là. Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Elles étaient un peu plus courte que d'habitude et assez foncée, mais pourquoi...
- Est-ce que vous avez eu des relations sexuelles dernièrement ? l'interrompt le médecin.
- Heu... oui, enfin avec mon copain, mais...
- Mrs Millett, vous nous avez dit que vous aviez un stérilet. Comme vous le savez sans doute, aucun moyen de contraception n'est fiable à 100% et nous avons détecté dans vos analyses sanguines un taux de HCG élevé. Vous êtes enceinte.
Silence. Elle cligne des paupières rapidement.
- Pardon ?!
Le monde s'écroule dans sa tête alors que les mots du médecin prennent lentement du sens dans sa tête. Enceinte ?! Mais comment... ? Enfin elle sait comment, mais ne comprend pas.
- Nous estimons la grossesse à environ six semaines. Étant donné les douleurs dont vous souffrez, ma collègue va vous faire une échographie pour s'assurer qu'il n'y a pas de problème, puis vous présentera les différents choix qui s'offrent à vous. Est-ce que vous désirez que nous prévenions quelqu'un ?
- Je... ça va aller.
La tête lui tourne et elle aimerait pouvoir la loger contre l'épaule rassurante de Jay... Jay, comment lui annoncer tout ça ? Il est sûrement en train de dormir de toute manière. Ils auront le temps d'en parler demain, plus au calme. Perdue dans ses pensées, Joyce voit à peine l'interne qui ramène la machine, mais lorsque le produit froid se pose sur son ventre, elle revient au moment présent alors que la femme lui sourit, désolée. La sonde est posée sur son ventre et, le regard rivé sur l'écran, elle essaie de deviner cette graine qui s'est glissée en elle et y a fait son nid malgré le dispositif qui était censée l'en empêcher.
Pourtant l'écran reste obstinément vide et, si au début la biologiste se dit que c'est parce qu'elle ne s'y connaît pas assez et n'a vu dans sa vie que des échographies d'animaux marins, l'air étonné de la doctoresse qui bouge la sonde sur tout son ventre confirme qu'il y a quelque chose d'étrange.
- Je... je reviens.
Quelques instants plus tard une gynécologue arrive et prend le relai avec beaucoup de douceur, reprenant l'échographie là où l'interne qui fixe toujours avec le même étonnement l'écran, l'avait laissée. Cette fois, Joyce se focalise un peu plus sur les formes en elle, même si toujours aucun foetus n'apparaît.
- Mrs Millett, nous allons refaire vos analyses sanguines, je vais regarder ça en priorité.
Alors elle n'est pas enceinte ? Joyce ne comprend plus rien, 4h a passé sur l'écran de son téléphone et elle a toujours aussi mal au ventre. Mais les docteurs semblent aussi perdus qu'eux et elle n'a d'autre choix que de les voir planter une nouvelle aiguille dans son bras puis essuyer son ventre avec le papier qu'on lui donne. Et l'attente reprend, sans sommeil mais fatiguée.
Il est presque 5h lorsque la gynécologue revient, formelle dans ses résultats : le taux de HCG est bien le même que celui révélé par les premières analyses. La femme s'assied sur un tabouret à côté d'elle, un air navré sur le visage.
- Mrs Millett, avez-vous déjà entendu parler de grossesse extra-utérine ?
- C'est lorsque l'embryon ne se développe pas dans l'utérus, répond-t-elle en ayant l'impression de paraphraser le terme médical.
- Exactement. Nous pensons que c'est peut-être votre cas et nous allons devoir faire une échographie interne pour le vérifier. L'embryon pourrait s'être logé dans vos trompes de fallope et y être bloqué. C'est un cas de figure rare dans les grossesse, mais une possibilité qui existe et les DIU augmente le risque. Si c'est bien ce à quoi nous pensons, il faudra vous opérer pour retirer l'embryon car la grossesse n'est pas viable et est mortelle pour vous. Si nous n'agissons pas assez rapidement votre trompe de fallope pourrait exploser et provoquer une hémorragie interne.
Sonnée, Joyce hoche la tête. Alors... elle est enceinte ? Elle est enceinte, mais pas au bon endroit. Enfin peut-être, il faut encore faire l'examen pour savoir et l'envie de s'assurer que tout ça n'est rien d'autre qu'une erreur l'étouffe presque et elle presse la gynécologue de faire cette échographie. Elle a besoin de savoir, même si quelque part elle a l'impression que tout est déjà fixé, tout est écrit et la peur abyssale de cet être qui grandi au mauvais endroit l'étouffe un peu.
Après s'être assurée de son consentement, la doctoresse entre la sonde en elle et la réponse ne met pas longtemps avant d'apparaître à l'écran : c'est bien une grossesse extra-utérine et ce n'est pas joli. Même si elle s'efforce de ne pas le montrer, Joyce sent bien que la médecin n'est pas sereine avec cette nouvelle. Elle prend néanmoins le temps de lui expliquer la procédure qui va suivre avant d'aller préparer ce qu'il faut pour l'opération programmée une heure plus tard.
La tête embrumée, la doctorante se retrouve seule, une main posée par réflexe sur son ventre pendant que l'autre fait défiler les numéros sur son téléphone jusqu'à trouvé celui de sa mère. Répondeur directement. Celui de son père. Répondeur également. Ils doivent être en pleine mer sans le moindre réseau. Alors ses doigts s'arrêtent au-dessus d'un tout autre numéro, qui cette fois sonne avant que son correspondant ne décroche.
- Jay c'est... c'est Joyce. Je suis désolée de te déranger et je ne sais pas bien comment t'annoncer ça. Je suis toujours à l'hôpital, mais je n'ai pas une appendicite. Jay je... c'est une grossesse extra-utérine et ils ont peur que ma trompe de fallope explose et cause une hémorragie. Ils vont m'opérer dans un peu moins d'une heure je... je suis désolée.
Et comme si elle n'avait attendu que ça pour laisser les émotions remonter à la surface, son dernier mot se confond avec un premier sanglot qui laisse place à une cascade de larme.
@Ji-hun Hwang
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