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Tears in the belly - 03.02.23

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TW : médecine, grossesse extra-utérine, opération

- J'ai fait un risotto aux champignons Joyce, tu restes manger avec nous ?

L'interpellée referme le robinet qu'elle a ouvert pour remplir sa gourde avant de se tourner vers Sven qui vient de lui proposer de partager un repas avec quelques uns de la Dudley, ceux qui ne sont pas sortis profités de leur jeudi soir annonciateur de la fin de la semaine. À l'université les jeudredis sont particulièrement appréciés comme le prouve d'ailleurs les bancs un peu plus éparses des auditoires le vendredis matin et les têtes fatiguées de ceux qui vont malgré tout en cours.

- C'est gentil, mais je me sens pas très bien depuis quelques jours. Je vais plutôt aller m'allonger.
- Mince, j'espère que ça ira !

La doctorante lui adresse un sourire de remerciement avant de refermer sa gourde et de se diriger vers les escaliers qui mènent aux étages des chambres, non sans au passage caresser de sa main son bas ventre douloureux. Depuis quelques jours il la lance et si elle a d'abord cru que c'était à cause de ses règles, les maux n'ont pas disparu et elle a dû se rendre à l'évidence que c'était autre chose. Et comme à tout ça se sont ajouté des nausées et même un épisode de vomissements ce matin, Joyce a conclus qu'elle avait sûrement dû attraper une gastro ce qui n'était pas très glorieux ou agréable ; pas grave pour autant du moment qu'elle ne se déshydratait pas complètement. Ca l'embêtait plus pour son doctorat, mais elle n'ignorait pas à quel point cela pouvait être contagieux - et n'avait surtout pas envie de subir sa vie dans les toilettes de Harvard - donc avait fait le choix de rester chez elle ce jour-là en espérant que le lendemain se passe mieux. Enfermée dans sa chambre à ne sortir que pour aller aux toilettes ou remplir sa gourde. Heureusement elle n'avait pas eu mal au point que cela l'empêche de potasser quelques articles et prendre des notes pour la future rédaction de sa thèse.
La douleur s'était cependant intensifiée au fur et à mesure que la journée se déroulait, si bien qu'elle eu de la peine à remonter les escaliers et à retrouver sa chambre sans avoir à se plier en deux. Enfin de retour dans son lit, Joyce a tout le loisir de se rouler en boule sous son drap qu'elle rabat jusque sur sa tête avec l'envie de dormir pour oublier tout ça. Mais la douleur ne veut pas la laisser et elle a beau fermer les yeux, impossible pour sa conscience de partir complètement. Elle a l'impression que ça empire, même dans la position du foetus.

Lorsqu'elle enlève le drap de sa tête et attrape son téléphone posé sur la table de chevet, l'heure s'est bien déroulée, frôlant minuit. Le mal s'est empiré cette fois et elle n'arrive décemment pas à dormir. Surtout qu'une inquiétante idée s'est acheminée en elle et l'étudiante tapote rapidement sur Google pour s'assurer qu'elle ne fabule pas complètement ses pensées. Si Joyce est plus au courant de l'anatomie des animaux marins, ça ne l'empêche pas d'avoir suivi des cours de base sur le corps humain également. Et vu la localisation de la douleur...
Peu de doutes. Internet confirme que les nausées et les vomissements font bien partie des symptômes de l'appendicite et la doctorante se retrouve à jurer dans son lit tout en changeant d'application pour commander un Uber en direction de l'hôpital. Si c'est bien ce qu'elle pense ça peut se rompre à tout moment et ce n'est pas le genre de chose avec lequel il faut plaisanter. Foutu corps qui s'invente des organes pas si utile quand il fait disparaître des choses utiles telles que des queues.
Parvenant à se redresser assez pour enfiler un jogging et un pull sur son Tshirt qui lui sert de pyjama, quelques instants plus tard seulement Joyce est dans la voiture qui la mène à l'hôpital. Le chauffeur a l'air inquiet qu'elle puisse vomir sur ses sièges en cuir et elle a dû lui promettre une bonne dizaine de fois qu'elle le préviendrait avant de rendre sa bile pour qu'il puisse s'arrête. Heureusement aucune remontée acide ne tapisse sa gorge sur le trajet et bientôt elle se retrouve dans la salle d'attente des urgences, rapidement prise en charge. Elle a de la chance ; l'endroit est plutôt calme et on lui trouve un lit sur lequel s'allonger avant qu'un médecin ne passe l'ausculter. Moment dont elle profite pour écrire à Jay en se demandant si le couche-tard qu'il est sera encore debout alors que, cette fois, l'aiguille a dépassé l'heure fatidique de Cendrillon.

Coucou toi, j'espère que je ne te réveille pas ! Mon mal de ventre ne s'est pas amélioré et j'ai peur d'avoir une appendicite... je suis aux urgences du Massachusetts General Hospital, je te tiens au courant si de ce que disent les médecins !

Malgré la légèreté insufflée dans son message, elle n'en mène pas large, se demandant s'il faut qu'elle prévienne ses parents, et se sent soulagé lorsqu'un médecin arrive flanqué de quatre internes. Après les quartions d'usage et une prise de sang, il laisse les étudiants palper son estomac à la recherche de l'inflammation avant de se lancer dans l'exercice à son tour quand tous les quatre ne détectent rien ; ce n'est pas forcément la preuve que l'infection n'est pas présente, mais c'est déjà une bonne nouvelle. Enfin... "bonne nouvelle", tout est relatif face à l'errance médicale possible... La fiole est envoyée pour analyse et Joyce se retrouve seule à nouveau, regrettant de ne pas avoir eu la présence d'esprit d'emporter un livre avec elle. Sur son téléphone les chiffres défilent lentement et entre la douleur toujours présente et la lumière des urgences elle ne trouve pas le sommeil, scrollant sur les réseaux sociaux sans but précis.
Presque deux heures se sont écoulées lorsque la même équipe revient vers elle avec les résultats qui ne montrent pas une augmentation de globules blancs aussi importante qu'ils pourraient le croire. En revanche ça montre autre chose et la doctorante fronce les sourcils en voyant le docteur se racler la gorge.

- De quand datent vos dernières règles ?

Question déjà posée un peu plus tôt, Joyce répète la même réponse sans vraiment comprendre.

- Environ une semaine.
- Est ce que vous les avez trouvées différentes de d'habitude ? Au niveau de la couleur ou de la durée ?

C'est étrange de les voir insister ainsi sur ce détail là. Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Elles étaient un peu plus courte que d'habitude et assez foncée, mais pourquoi...
- Est-ce que vous avez eu des relations sexuelles dernièrement ? l'interrompt le médecin.
- Heu... oui, enfin avec mon copain, mais...
- Mrs Millett, vous nous avez dit que vous aviez un stérilet. Comme vous le savez sans doute, aucun moyen de contraception n'est fiable à 100% et nous avons détecté dans vos analyses sanguines un taux de HCG élevé. Vous êtes enceinte.

Silence. Elle cligne des paupières rapidement.

- Pardon ?!

Le monde s'écroule dans sa tête alors que les mots du médecin prennent lentement du sens dans sa tête. Enceinte ?! Mais comment... ? Enfin elle sait comment, mais ne comprend pas.

- Nous estimons la grossesse à environ six semaines. Étant donné les douleurs dont vous souffrez, ma collègue va vous faire une échographie pour s'assurer qu'il n'y a pas de problème, puis vous présentera les différents choix qui s'offrent à vous. Est-ce que vous désirez que nous prévenions quelqu'un ?
- Je... ça va aller.

La tête lui tourne et elle aimerait pouvoir la loger contre l'épaule rassurante de Jay... Jay, comment lui annoncer tout ça ? Il est sûrement en train de dormir de toute manière. Ils auront le temps d'en parler demain, plus au calme. Perdue dans ses pensées, Joyce voit à peine l'interne qui ramène la machine, mais lorsque le produit froid se pose sur son ventre, elle revient au moment présent alors que la femme lui sourit, désolée. La sonde est posée sur son ventre et, le regard rivé sur l'écran, elle essaie de deviner cette graine qui s'est glissée en elle et y a fait son nid malgré le dispositif qui était censée l'en empêcher.
Pourtant l'écran reste obstinément vide et, si au début la biologiste se dit que c'est parce qu'elle ne s'y connaît pas assez et n'a vu dans sa vie que des échographies d'animaux marins, l'air étonné de la doctoresse qui bouge la sonde sur tout son ventre confirme qu'il y a quelque chose d'étrange.

- Je... je reviens.

Quelques instants plus tard une gynécologue arrive et prend le relai avec beaucoup de douceur, reprenant l'échographie là où l'interne qui fixe toujours avec le même étonnement l'écran, l'avait laissée. Cette fois, Joyce se focalise un peu plus sur les formes en elle, même si toujours aucun foetus n'apparaît.

- Mrs Millett, nous allons refaire vos analyses sanguines, je vais regarder ça en priorité.

Alors elle n'est pas enceinte ? Joyce ne comprend plus rien, 4h a passé sur l'écran de son téléphone et elle a toujours aussi mal au ventre. Mais les docteurs semblent aussi perdus qu'eux et elle n'a d'autre choix que de les voir planter une nouvelle aiguille dans son bras puis essuyer son ventre avec le papier qu'on lui donne. Et l'attente reprend, sans sommeil mais fatiguée.
Il est presque 5h lorsque la gynécologue revient, formelle dans ses résultats : le taux de HCG est bien le même que celui révélé par les premières analyses. La femme s'assied sur un tabouret à côté d'elle, un air navré sur le visage.

- Mrs Millett, avez-vous déjà entendu parler de grossesse extra-utérine ?
- C'est lorsque l'embryon ne se développe pas dans l'utérus, répond-t-elle en ayant l'impression de paraphraser le terme médical.
- Exactement. Nous pensons que c'est peut-être votre cas et nous allons devoir faire une échographie interne pour le vérifier. L'embryon pourrait s'être logé dans vos trompes de fallope et y être bloqué. C'est un cas de figure rare dans les grossesse, mais une possibilité qui existe et les DIU augmente le risque. Si c'est bien ce à quoi nous pensons, il faudra vous opérer pour retirer l'embryon car la grossesse n'est pas viable et est mortelle pour vous. Si nous n'agissons pas assez rapidement votre trompe de fallope pourrait exploser et provoquer une hémorragie interne.

Sonnée, Joyce hoche la tête. Alors... elle est enceinte ? Elle est enceinte, mais pas au bon endroit. Enfin peut-être, il faut encore faire l'examen pour savoir et l'envie de s'assurer que tout ça n'est rien d'autre qu'une erreur l'étouffe presque et elle presse la gynécologue de faire cette échographie. Elle a besoin de savoir, même si quelque part elle a l'impression que tout est déjà fixé, tout est écrit et la peur abyssale de cet être qui grandi au mauvais endroit l'étouffe un peu.
Après s'être assurée de son consentement, la doctoresse entre la sonde en elle et la réponse ne met pas longtemps avant d'apparaître à l'écran : c'est bien une grossesse extra-utérine et ce n'est pas joli. Même si elle s'efforce de ne pas le montrer, Joyce sent bien que la médecin n'est pas sereine avec cette nouvelle. Elle prend néanmoins le temps de lui expliquer la procédure qui va suivre avant d'aller préparer ce qu'il faut pour l'opération programmée une heure plus tard.
La tête embrumée, la doctorante se retrouve seule, une main posée par réflexe sur son ventre pendant que l'autre fait défiler les numéros sur son téléphone jusqu'à trouvé celui de sa mère. Répondeur directement. Celui de son père. Répondeur également. Ils doivent être en pleine mer sans le moindre réseau. Alors ses doigts s'arrêtent au-dessus d'un tout autre numéro, qui cette fois sonne avant que son correspondant ne décroche.

- Jay c'est... c'est Joyce. Je suis désolée de te déranger et je ne sais pas bien comment t'annoncer ça. Je suis toujours à l'hôpital, mais je n'ai pas une appendicite. Jay je... c'est une grossesse extra-utérine et ils ont peur que ma trompe de fallope explose et cause une hémorragie. Ils vont m'opérer dans un peu moins d'une heure je... je suis désolée.

Et comme si elle n'avait attendu que ça pour laisser les émotions remonter à la surface, son dernier mot se confond avec un premier sanglot qui laisse place à une cascade de larme.

@Ji-hun Hwang
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Ji-hun Hwang

Âge : 28
Lieu de naissance : Hamheung, ville de la région de Hamgyeong du sud. La Corée du Nord l'a vu naître, l'a élevé. Elle a forgé une partie de l'homme qu'il est aujourd'hui, mais c'est sur un tout autre continent qu'il désire construire son avenir.
Quartier d'habitation / Colocation : Il a vécu la Pforzheimer House durant une année, l'a quitté en juillet pour s'installer provisoirement chez un ami, à Chinatown, Boston, le temps de déménager dans un studio au 499 Beacon St.
Situation sentimentale : Il a retrouvé les champs, un petit peu plus d'un mois avant le printemps. Maintenant que n'existe plus de pression, la relation peut enfin préparer sa floraison ; dans une relation avec Lilia, demoiselle qu'il connaît depuis un an déjà ; 2024년 2월 16일
Études / Métier : doctorant en pharmacologie, au sein du laboratoire de l'école de médecine, il assiste également son superviseur dans ses recherches et participe activement à des conférences. En-dehors de ça, il fait du tutorat en sciences et en coréen ; ça paye bien mieux que serveur à la Luna Caffe, même si sa passion pour les latte art ne s'est pas envolée.
Date d'inscription : 16/04/2022
Pseudo & Pronom(s) IRL : Huimei (elle)
Icon : Tears in the belly - 03.02.23 63dcf3a9b9de4d6723a9c5c91e63d0f83fef53f6-gifv
Faceclaim : Lee Jong-seok
Crédits : meteoraa (avatar) onlyjongsuk (gif)
Multicomptes : Soo-min Woo (Yoo-jeong Kim)
Description (1) : Tears in the belly - 03.02.23 NPSpyu1W_o
Description (2) :
Awards:

Warnings : régime totalitaire, sanctions (ex : camp de concentration, travail forcé, exécution publique), patriarcat social / juridique, tortures / actes de barbarie, détention provisoire, violences policières (Japon), ablation d'un rein, 18+, racisme / discrimination / bashing subis, grossesse extra-utérine de son ex-copine / maladie : insuffisance rénale.
RPS : 932
Messages : 20233
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Ji-hun Hwang
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PFORZHEIMER HOUSE › prestige redefined
Fiche de présentation : https://www.i-love-harvard.com/t146845-ji-hun-hwang-lee-jong-suk#6299836Répertoire rps : https://www.i-love-harvard.com/t171640-ji-hun-hwang-x-repertoire-rps#8363822Fiche de liens : https://www.i-love-harvard.com/t155646-ji-hun-hwang-fiche-de-liensProfil meetsachussets : https://www.i-love-harvard.com/t146952-meetsachussets-jhoComplément de personnage : https://www.i-love-harvard.com/t157483-ji-hun-hwang-complement-de-personnage#7065050
Warning : médecine, grossesse extra-utérine, interruption médicale de grossesse, opération, avortement forcé, rejet émotionnel de la paternité

Ayant prévu d’aller courir avant de se rendre au laboratoire, le jeudi matin commença tôt pour Ji-hun. Il aurait d’ailleurs dû être rejoint par la Dudley, puisqu’ils avaient pour objectif de participer à une épreuve sportive durant l’été, mais cette dernière lui avait envoyé un message pour prévenir de son absence. Le SMS disait qu’elle se sentait un peu nauséeuse au lever, et qu’elle préférait rester couchée en espérant que ça passerait. Conscient que son doctorant comptait pour elle autant que le sien pour lui,  il n’insista pas et lui souhaita d’en profiter pour fermer les yeux. Il fallait qu’elle soit en forme, le weekend n’était plus très loin maintenant. Après avoir pris un petit-déjeuner léger – il avait mangé durant la nuit, comme à son habitude –, il quitta la Pforzheimer House et se rendit du côté de Riverside. Il longea Charles River jusqu’au Boston University bridge qu’il traversa. Il parcourut North Brookline vers Lower Allstone et arriva à la Maison Dorée, en empruntant Anderson Memorial Bridge , environ quarante minutes plus tard. Le nageur prit le temps de s’étirer et fonça sous l’une des douches de la salle de bains.  

Préparation à base de protéines dans l’une de ses mains, il profita de son temps de récupération et du silence de la résidence pour attraper son téléphone et prendre des nouvelles de la biologiste. Couchée, les maux de ventre la torturaient toujours autant, et elle avait même rendu entre temps. Ji-hun pensa comme elle à une gastro-entérite. C’était désagréable, mais il fallait se montrer patient dans ce genre de cas. Des remèdes maison pouvaient réduire le temps de l’inflammation, et il n’hésita pas à lui proposer de boire de l’eau de riz si elle en avait l’occasion dans la journée. Il allait partir en direction de l’école de médecine, parce qu’une formation l’attendait au matin, mais si elle sentait le besoin qu’il lui apporte quoi que ce soit, il saurait faire le trajet durant la pause méridienne. Le nord-coréen n’était pas très rassuré à l’idée d’être en contact avec une personne portant les symptômes du norovirus, notamment parce qu’il avait en lui la phobie de se retrouver déshydraté, et de mettre en danger son seul et unique rein, celui-là même qui n’était plus au top de sa forme, mais pour Joyce il se portait garant de faire l’effort.

Il envoya des messages au cours de la journée, mais resta du côté de son établissement d’attache, puisque la scientifique ne lui demanda rien qui obligeait le déplacement jusqu’à la Dudley. Il fit ces heures, marchant d’un amphithéâtre au laboratoire, du laboratoire au bureau de son superviseur de thèse. Sans oublier, bien évidemment, les va-et-vient qu’il effectua vers la machine à café. Il retrouva son espace de vie sous les coups de vingt-et-une heures. Ayant mangé au petit fastfood du coin, il monta aussitôt dans sa chambre et s’installa sur son lit pour bosser sur l’écriture de son premier chapitre, et clarifier les notes des expériences qu’il avait menées. Il grignota vers les coups de vingt-trois heures un bol de ramyeon déshydraté auquel il ajouta quelques condiments. Débarbouillage et rasage effectués, il s’assit pour reprendre la lecture d’un bouquin dans le salon, histoire de ne pas embêter sa colocataire. Ce fut aux alentours de minuit qu’il reçut un message de sa copine, censée pourtant avoir trouvé réconfort dans les bras de Morphée.


Mince… Ça pourrait y ressembler, en effet…
À aller dormir, je ne vais pas tarder là, mais je laisse mon téléphone en mode sonnerie.
Contacte-moi, dès que tu en sais plus, d’accord ? 💫


Cette annonce le chagrina, mais puisqu’elle était déjà arrivée au Massachusetts General Hospital, elle était entre de bonnes mains. Ji-hun marqua alors la page de son livre et quitta la pièce de vie pour l’espace nuit. Il plongea dans son lit, téléphone posé non loin de son oreiller pour être certain de ne louper aucun des petits bruits qu’il avait activés, et s’endormit sans difficulté.

* * *


Le nord-coréen avait pensé qu’il aurait été tirer de son sommeil par le résultat des examens que Joyce avait dû passer à l’hôpital, mais aucun message ne lui avait été envoyé, l’ayant laissé dormir jusqu’à ce que le réveil décide qu’il était temps, pour lui, d’ouvrir les yeux. Il jeta un regard sur l’écran de son portable, mais ce dernier n’affichait aucune notification. La jeune femme n’avait pas vécu la nuit la plus facile, il se dit qu’elle s’était probablement écroulée dans sa chambre une fois de retour à la Dudley. Il patientera pour l’entendre lui raconter ce qui s’était passé, espérant que ce n’était qu’un mauvais virus, une petite bactérie de passage. Il se défit des draps, enfila un pantalon pour descendre jusqu’à la cuisine où il réchauffa un plat salé, à base de porc et de lentilles, et se fit couler un jus vitaminé. Il venait à peine de plonger les premiers coups de fourchettes que son téléphone signala la réception d’un appel. Il décrocha aussitôt en voyant s’afficher le numéro de Joyce. Allô , répondit-il, la bouche à moitié pleine, non, ne t’en fais pas. Alors, c’était quoi, finalement ? Parce qu’il se doutait du sujet de la conversation.

Il se montra plus calme qu’il ne l’aurait fallu dans ce genre de situation, mais il était resté sur des maux de ventre et des vomissements à base de bile, et la présence de sa partenaire au bout du fil ne supposait pas qu’il y avait eu des complications. Cependant, il fut surpris d’apprendre qu’elle était encore au sein de l’établissement médical, et jeta un regard vers la grande horloge murale tout en s'indignant : ah bon ? Ça faisait des heures depuis son départ aux urgences, le diagnostic devait être posé depuis longtemps, et elle aurait dû revenir sur le campus guérie, ou en voie de guérison. Incompétence ? C’est quoi, alors, l’interrogea-t-il en prenant une énième bouchée de son assiette ; si ce n’était pas l’appendicite. Le ton avec lequel elle prononça son prénom, et l’hésitation qui suivit, ne promettait rien qui allait. Ji-hun stoppa alors l’avancée du couvert jusqu’à sa bouche et, après quelques secondes de doute, insista : Uhm ? Vibration interrogative qui chatouilla sa gorge, tout aussi audible par son interlocutrice. Le mutisme les accompagna encore un petit moment ; qu’est-ce qui se passait, à la fin ?

Joyce…, articula-t-il son prénom. S’il savait se montrer patient, il ne tenait plus. Ce fut à ce moment-là que le cerveau de Ji-hun fonctionna de manière terriblement intéressante. Les informations tombèrent en une seule et même phrase, mais furent distinctes grâce à la capacité de Joyce à pauser les silences aux bons endroits – surtout avec lui, puisque son anglais n’était pas encore parfait, malgré ses progrès. Il intégra les problèmes, mais en zappa volontairement un pour se concentrer sur les deux autres : explosion et hémorragie. Pour deux raisons : garder le contrôle de ses émotions, se focaliser sur ce qui lui semblait plausible. Ce n’est pas vrai, murmura-t-il, se rendant à peine compte qu’il avait pensé trop fort. Il ne put savoir si ce fut à cause de sa voix trop grave ou des épisodes qu’elle avait dû subir jusqu’à cette conclusion, mais il s’en voulut de l’entendre s’excuser. Elle fondit en larmes pour la première fois, et il fut sincèrement touché. Oh, Joyce… Ne pleure pas, la supplia-t-il en commençant d’avance à remballer ce qu’il avait posé sur la table de la cuisine dans le frigo et l’évier.

Ce n’est pas de ta faute, ne t’en veux pas, continua-t-il, complètement démuni. S’en vouloir pourquoi, d’abord ? Elle n’avait pas décidé de voir l’un de ses organes se trouver en mauvais état, et il serait vraiment mal venu de la part du nord-coréen de la juger coupable quand on l’avait délesté d’un rein. Écoute…, commença-t-il en s’arrêtant au milieu de la pièce, ils vont bien s’occuper de toi, et moi… et moi j’arrive, d’accord ? Réaction rapide, rendue possible grâce au processus d’ignorance volontaire de l’information, que l’Asiatique avait appris à manier, pour avoir été trop souvent témoin d’images/de sons chocs. Vu l’heure, il était certain qu’il ne serait pas rendu avant son opération, mais il pouvait promettre d’être là à son réveil ; faire tout simplement de son mieux. Laisse-moi… m’habiller et voir pour le prochain métro , la prévint-il indirectement qu’elle devra être courageuse sans lui, pour commencer, mais qu’il se tiendra à ses côtés. Sois forte, lui demanda-t-il avant de presser la conversation, je raccroche, okay ? Sans quoi il ne pourra la rejoindre au plus vite. Il hésita mais finit par retirer l’appareil de son oreille, et mit fin à l’appel. Qui aurait cru qu’une telle chose pourrait arriver ?

* * *


Après avoir emprunté la Red Line à cinq heures cinquante six, il se rendit à l’accueil général de l’hôpital. Sa montre annonçait déjà six heures treize, aiguilles qui le laissaient penser que la jeune femme était déjà entrain de subir l’opération dont elle avait fait mention. Il se présenta au comptoir pour espérer savoir où l’attendre. Après un bref check-up sur l’écran de l’ordinateur, on lui annonça qu’elle se trouvait en gynécologie et lui indiqua le chemin à suivre pour s’y rendre – il consulta surtout les pancartes. Arrivé à bonne destination, il poussa la porte et se dirigea vers le premier office qu’il remarqua. Bonjour uhm…, chercha-t-il ses mots, j’ai été contacté par ma copine, on m’a dit qu’elle avait été admise ici. La personne était bienveillante, ne semblait pas lassée par les heures éprouvantes qu’elle avait dû amasser cette semaine. Joyce Millet, donna-t-il le patronyme de la patiente, comme demandé, je suis Jay, Ji-hun, Hwang. Au cas où il vous faudrait vérifier mon identité. Il patienta, il avait l’impression de ne faire que ça.

Elle chercha dans ses données avant de se tourner vers l’une de ses collègues en blouse. Tu as des nouvelles de la G.E.U.* arrivée dans la nuit, elle l’interrogea avant de se positionner de nouveau face au nord-coréen, elle est encore au bloc, ça devrait durer une trentaine de minutes. Asseyez-vous dans la salle d’attente, nous viendrons vous chercher lorsqu’elle sera remontée dans une chambre. Il s’était concentré pour ne louper aucun détail, et fut déçu de ne pouvoir obtenir plus d’informations. Il hocha la tête et, aussi discipliné qu’il l’était d’ordinaire, les remercia avant d’obéir. Il fit quelques pas vers les chaises alignées, mais s’arrêta subitement. Le sigle médical utilisé par l’agente résonna dans sa boîte crânienne et, après avoir froncé les sourcils, il fit marche arrière et demanda : vous avez dit la demoiselle qui avait quoi ? Il devint blanc dès que les termes furent prononcés dans leur intégralité. Le choc et l’incompréhension se mélangèrent sous les yeux interrogateurs des deux femmes à qui il s’était adressé plus tôt. Ce fut sans un mot qu’il choisit au hasard une ligne de sièges et s’assit sur l’un d’entre eux.

L’heure des rendez-vous n’avait pas encore sonné, et il finit seul dans cette grande salle trop vide, à devoir se dépatouiller de tout ça, à devoir accepter la nouvelle. Sa copine était enceinte, et ils l’apprenaient le jour où celle-ci était dans l’obligation de subir une intervention qui interromperait instantanément la grossesse. État qui pouvait lui faire courir de gros risques. Il n’était pas médecin, mais la quarantaine de minutes annoncées pour l’opération lui parut énormes comparées au temps qu’ils mettaient en Corée du Nord pour avorter une femme. Était-ce une chirurgie interne ou externe ? Allait-elle revenir indemne ou perdre définitivement l’une de ses trompes ? Pourra-t-elle de nouveau enfanter naturellement, ou devra-t-elle avoir recours à une aide pour ce faire ? Il n’avait jamais pratiqué quoi que ce soit, mais avait été témoin d’interruptions et il imaginait les dégâts qui pourraient s’ancrer à son corps. La barbarie des actes gynécologiques forcés, « au nom de la science », sur les prisonnières dans son pays natal était inhumaine, et les images étaient gravées là-haut, dans sa tête, au fer ; la raison du processus d'omission.

Il détesta subitement ce qui s’était implanté en elle, pour lui faire subir ces horreurs. Et, d’en être l’initiateur, son corps tout entier lui parut se vider pour se remplir de culpabilité. Lourd, il s’affaissa contre le dossier, le biceps collé à ses paupières closes, et il s’effondra, sans qu’aucune des larmes qui semblaient pourtant l’inonder ne puisse pointer le bout de son nez ; il ne savait plus pleurer.

* * *


Il resta positionné ainsi jusqu’à ce que son nom soit dicté par une voie masculine : « Wang ». Prononciation chinoise qu’il n’eut pas le courage de rectifier, il se redressa puis se leva, emporté par l’homme à le suivre dans les étages et les allées. Durant le trajet jusqu’à la chambre, il posa tout un tas de questions sur ce qui avait bien pu se passer pour qu’ils en arrivent là mais, et surtout, sur l’état de santé de sa compagne – il ne prit pas la peine de penser à cette vie, ce bout d’eux, qui s’était éteinte aussi ce matin-là. Le couloir lui parut long avant d’être quitté devant la porte. Il prit une grande inspiration avant de frapper quelques petits coups sur le bloc mobile. Il enclencha la poignée et se permit d'entrer. Il avança en silence jusqu’au lit médical où elle était allongée. On l’avait prévenu que les traits de fatigue qui avaient empreint son visage étaient tout à fait normaux après ces derniers jours de douleurs, ces dernières heures remplies d’émotion, et l’opération. Elle était encore un peu endormie, mais bien consciente. Il lui sourit et, assez proche d’elle pour le faire, prit sa main perfusée dans la sienne et s’assit sur le bord de la literie.

J’ai eu vraiment peur pour toi, avoua-t-il après lui avoir caressé le revers, de la pulpe de son pouce. Il la dévisagea puis reprit : ils m’ont dit que ça c’était bien passé, que tu n’avais pas à t’inquiéter. Il hocha la tête pour appuyer ses dires avant de baisser les yeux en direction de son abdomen, caché derrière la chemise médicale et le drap ; avait-elle des cicatrices, ou en avait-elle été exemptée ? Qu’importait finalement ce qui c’était passé dans le bloc opératoire. Je suis là , la rassura-t-il. Il se pencha vers elle pour l’étreindre, évita ainsi de la faire bouger. Il la serra contre lui, posa sa tête dans son cou et répéta : je suis là. Elle pouvait compter sur lui et son épaule. Sur son écoute aussi, bien qu’il entendrait son ressenti plus qu’il ne le comprendrait vraiment. Triste à dire, triste à avouer, il n’avait aucune connexion, aucune affection, pour cet embryon qui avait mis tout en œuvre pour tenter de se développer, et ce malgré le rejet qui lui avait été infligé par le corps de Joyce. Force, courage et détermination ; ça aurait dû lui rappeler quelqu’un, pourtant...

@Joyce Millett
(Ji-hun Hwang)



Blossoming
In the land of cherry blossoms,
Love bloomed like delicate petals.
Hearts entwined, two souls aligned.
Anonymous

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C’est comme si tout ce qui était bloqué dans sa gorge, d’un coup, se métamorphosait en torrent. Sanglot saisissant qui la font hoqueter alors qu’elle peine à comprendre les mots de l’autre côté du combiné, qu’elle peine encore pus à en formuler elle même. Jay dit que ce n’est pas de sa faute et pourtant le doctorante se sent intolérablement coupable. Elle lui avait promis pourtant que ça irait, qu’ils pouvaient faire l’amour sans risque grâce au stérilet en elle et aux tests faits au préalables pour s’assurer qu’ils n’étaient porteur d’aucune IST. Bien sûr, le risque zéro n’existe pas et en tant que scientifique ils étaient tous les deux conscients de cela, elle lui avait précisé, 99% de fiabilité, mais elle n’aurait jamais pensé basculer dans les 1% restant. Et elle culpabilisait désormais d’avoir insisté, de lui avoir promis que tout irait quand, de toute évidence, tout n’allait pas. Malgré le dispositif en place, une ovule avait été fécondée et s’était battue pour survivre ailleurs que dans son utérus. Un embryon qui était désormais en train de la détruire de l’intérieur ce qui n’était pas sans lui rappeler les images d’Alien avec cet être qui sortait du ventre en le déchirant en deux. Sauf que dans un film, tout était plus facile : c’était une fiction et c’était un monstre terriblement laid, fait pour qu’on le haïsse. La réalité la mettait face à un amas de cellule, informe pour l’instant, certes, mais qui était destiné à devenir un être vivant, un humain qui parlerait, marcherait, rirait… enfin, qui aurait été destiné à ça si le corps de la biologiste ne l’avait pas bloqué dans une de ses trompes de fallope comme pour lui interdire l’accès à ce monde. Et si Joyce n’était pas fondamentalement contre l’avortement, qu’elle même y aurait probablement eu recours si elle était tombée enceinte étudiante, dans des conditions qui ne permettaient pas à un enfant d’être élevé, elle pensait au moins qu’elle aurait pu réfléchir à ça et décidé avec tous les paramètres en tête. Aujourd’hui, le choix de garder ou non cet embryon lui était arraché avant même qu’elle ait pu le faire, pour des raisons de santé. Et ça tournait à l’épouvante dans sa tête.
S’accrochant à la voix à l’autre bout du fil, elle comprend qu’il va venir la rejoindre à l’hôpital et l’annonce la rassure un peu ; elle n’a pas envie d’affronter ça toute seule, toutes les conséquences, toute la paperasse, tous les termes médicaux. Cela veut cependant aussi dire qu’il doit raccrocher, et si elle a envie de le retenir quelques instants supplémentaire, juste pour entendre sa voix et ne pas se sentir aussi indécemment seule dans cet hôpital, elle est incapable de le formuler, les sanglots coupant chacun de ses mots. Bientôt il n’y a plus que la sonnerie annonçant la fin de l’appel et il lui faut plusieurs secondes avant de raccrocher à son tour, l’espoir illusoire qu’il la reprenne à l’autre bout du fil.

Le temps défile ainsi que les larmes et, lorsque la gynécologue revient pour l’emmener au bloc, si les sanglots se sont tarit, son visage est rouge et bouffi. Avec quelques mots, la femme tente de la rassurer : tout va bien se passer, il n’y a aucune inquiétude à avoir, c’est une opération peu invasive qui est faite sous anesthésie générale. Le plus clairement possible elle lui explique la technique utilisée, la minuscule entaille qui sera faite au niveau de son nombril pour insérer les instrument sans avoir besoin d’ouvrir son abdomen. Joyce hoche la tête pour donner l’illusion de comprendre, mais dans sa tête c’est le brouillard et sa main passe sous le drap pour rejoindre le bas de son ventre qu’elle se met à gratter frénétiquement, comme si elle pouvait creuser un trou pour tout en sortir.

– Je sais que c’est difficile Joyce, mais je vous promets que ça va aller.

Rapidement, la patiente est changée puis déplacée jusqu’au bloc. Là-bas on lui présente l’anesthésiste qui lui pose un masque sur le visage et lui demande de décompter, exactement comme dans les films. Un instant elle a l’impression d’être dans une série télévisée, l’instant d’après elle n’est plus vraiment présente.

* * *

Lorsqu’elle reprend conscience dans la salle de réveil après son opération, il lui faut un petit moment pour réaliser que tout cela n’était pas qu’un rêve et que les néons au-dessus de son lit sont bien ceux de l’hôpital et non pas son lit à la Dudley. Un temps que l’infirmier à ses côtés met à profit pour aller chercher la gynécologue afin que celle-ci lui explique ce qu’il s’est passé.

– Lorsque nous avons commencé l’opération, nous nous sommes rapidement rendu compte que votre trompe de fallope était plus abîmée que ce que nous pensions. Pour être certain qu’il n’y ait aucune complication, nous avons pris la décisions de la retirer entièrement et j’ai dû effectuer d’autres incisions.

Perdue, Joyce papillonne un instant, ses cils balayant les questions dans sa tête. Elle a l’impression d’être passée par tous les stades en l’espace de quelques heures : d’abord elle pensait être enceinte, puis enceinte au mauvais endroit, puis elle perd l’embryon et maintenant on lui annonce qu’on a dû lui retirer l’un de ses trompes ? Est-ce que ça veut dire qu’elle ne pourra jamais tomber enceinte ? Comment l’ovule va pouvoir monter jusqu’à l’utérus sinon ? Elle n’est même pas certaine d’un jour désirer des enfants, mais a l’impression qu’on lui arrache cette possibilité avant même qu’elle n’ait eu le temps d’y réfléchir. Et Jay dans tout ça ? Ils n’en ont jamais vraiment parlé, est-ce que lui aimerait avoir des enfants, une famille, plus tard ? Que se passera-t-il si elle devient stérile ? Forcément, la question se bouscule sur ses lèvres.

– Est-ce que je ne pourrai plus jamais tomber enceinte ?
– Non, la rassure immédiatement la doctoresse, votre autre trompe est en parfait état et une grossesse est donc toujours possible.

Malin ce corps qui multiplie les organes par deux permettant ainsi d’en perdre certains sans perdre la vie…
La médecin lui explique encore les précautions à prendre et qu’ils ont décidé de la garder en observation 48h à l’hôpital avant qu’elle ne puisse rentrer. Il lui faudra encore rester une semaine au calme chez elle et attendre un mois avant de pouvoir avoir es relations sexuelles pour que la cicatrisation soit terminée. Comme si elle en avait encore envie… cette simple perspective lui donne la nausée ce qui la fait encore plus culpabiliser : elle sait à quel point les contacts physiques sont importants pour Jay.

– Votre copain est là, est-ce que vous désirez le voir ?

Elle acquiesce et la gynécologue disparaît, la laissant de nouveau seule avec ses pensées. Dans la chambre aux murs nus et blancs, Joyce se sent soudain infiniment seule. Et vide, surtout. Vide de cet être qui a été arraché pour s’être accroché au mauvais endroit ; s’il n’y avait pas eu son stérilet, l’embryon aurait-il réussi à remonter jusqu’à son utérus ?
L’impression de solitude est soudain interrompue par quelques coups à la porte qui dévoile bientôt un nouveau venu. Jay… celui qui a laissé en elle une cellule qui avait résisté aux obstacles dressés sur sa route, celui à qui elle avait dit qu’il n’y aurait pas de problème, celui qui avait frôlé une paternité et qui se l’était vue retirer avant même d’avoir pu la réaliser. Joyce peine à serrer la main qui prend la sienne tant la fatigue pèse sur ses épaules. Le regard qui glisse sur son estomac ne lui échappe pas non plus, même si elle ne sait pas comment l’interpréter. Une part d’elle-même se demande s’il est en colère ; l’impression d’être une enfant qui aurait fait une bêtises. Une terrible bêtise.
Elle laisse basculer sa tête dans l’étreinte qui lui est offerte, ferme les yeux contre cette odeur qu’elle connaît par cœur et qui a pris tant d’importance dan sa vie.

– Jay… je suis désolée…

Chuchotis qui fait écho aux sanglots de leur dernière conversation au téléphone.

– Je pensais que mon stérilet nous protégerait d’une grossesse, mais j’avais tort.

Une de ses mains remonte le long du dos du nageur jusqu’à s’enfouir dans les mèches foncées comme pour le retenir là, au plus proche de son cœur.

– Je ne me suis jamais sentie aussi vide.
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Ji-hun Hwang

Âge : 28
Lieu de naissance : Hamheung, ville de la région de Hamgyeong du sud. La Corée du Nord l'a vu naître, l'a élevé. Elle a forgé une partie de l'homme qu'il est aujourd'hui, mais c'est sur un tout autre continent qu'il désire construire son avenir.
Quartier d'habitation / Colocation : Il a vécu la Pforzheimer House durant une année, l'a quitté en juillet pour s'installer provisoirement chez un ami, à Chinatown, Boston, le temps de déménager dans un studio au 499 Beacon St.
Situation sentimentale : Il a retrouvé les champs, un petit peu plus d'un mois avant le printemps. Maintenant que n'existe plus de pression, la relation peut enfin préparer sa floraison ; dans une relation avec Lilia, demoiselle qu'il connaît depuis un an déjà ; 2024년 2월 16일
Études / Métier : doctorant en pharmacologie, au sein du laboratoire de l'école de médecine, il assiste également son superviseur dans ses recherches et participe activement à des conférences. En-dehors de ça, il fait du tutorat en sciences et en coréen ; ça paye bien mieux que serveur à la Luna Caffe, même si sa passion pour les latte art ne s'est pas envolée.
Date d'inscription : 16/04/2022
Pseudo & Pronom(s) IRL : Huimei (elle)
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Warnings : régime totalitaire, sanctions (ex : camp de concentration, travail forcé, exécution publique), patriarcat social / juridique, tortures / actes de barbarie, détention provisoire, violences policières (Japon), ablation d'un rein, 18+, racisme / discrimination / bashing subis, grossesse extra-utérine de son ex-copine / maladie : insuffisance rénale.
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Ji-hun Hwang
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warning : médecine, interruption médicale de grossesse, grossesse extra-utérine, opération, actes chirurgicaux barbares et forcés, absence d'attache paternel

L’assise lui sembla bancale lorsqu’il s’installa sur l’un des sièges, ou peut-être ce fut son corps qui perdit brutalement toute son énergie, mais le résultat fut le même : il pensa choir, dut s’agripper au plastique comme on tenterait de s’accrocher à tout et n’importe quoi lors d’une chute. L’équilibre regagné, son dos s’éclata contre le dossier et ses yeux naviguèrent dans l’incompréhension qu’avait suscité l’information. Il n’était plus question d’indigestion ou d’une gastro-entérite. Ce n’était pas une affection, une infection ou une inflammation tout court d’ailleurs, mais bel et bien un ovule qui avait été fécondé malgré le dispositif présent dans le corps de Joyce, censé la protéger de cette éventualité. La grossesse était incroyable, et ce qui l’était bien plus encore c’était que la cellule avait fini par se développer à un endroit où elle n’était pas supposée s’implanter. C’était dingue, si bien que les termes peinaient encore à faire leur chemin dans sa tête. Les probabilités pour que ça arrive étaient infimes, et pourtant. S’il se demanda un instant comment ça avait pu arriver, il pensa très vite à sa copine et l’opération qu’elle devait subir.

Explosion, hémorragie, voilà ce qui pouvait lui arriver et qu’il fallait à tout prix éviter. Les minutes annoncées lui parurent longues pour une intervention comme celle-ci – ou peut-être parce que la femme qui allait la subir était la sienne ? Il ne se rappelait pas avoir trouvé le temps ralentir quand, non loin du docteur en chirurgie, il s’était tenu pour accueillir organes ou embryons destinés aux recherches scientifiques de ses professeurs. Ils avaient probablement fait face à des complications pendant qu’il empruntait les transports en commun, et des tas de questions survinrent : quel genre d’intervention, que lui enlevait-on, qu’en serait-il de sa fertilité, est-ce qu’elle allait bien ? Sa tête bascula en arrière. Il se sentait extrêmement seul dans cette pièce, et elle avait beau être grande, il lui sembla qu’elle était entrain de l’étouffer – et personne pour venir le rassurer. Le plafond se rapprochait en même temps que la culpabilité l'assaillait. Sa respiration était de plus en plus difficile à mesure que les images des chirurgies dont il eut pris part se multiplièrent devant ses yeux – et c’était effroyable.

Une barbarie sans nom, le tout pratiqué trop souvent sans anesthésie, faisant évanouir ceux que le pays avait punis et réduits à des animaux de labo, à moult reprises durant l’intervention. Coups de scalpel trop peu calculés, tant que ça n’était pas invasif pour ce qu’ils voulaient récupérer. Peaux décortiquées qu’on ne prenait même pas le temps de bien réparer. On ne mourrait pas de vieillesse là-bas, seulement de famines, de maladies et d’infections. Il suffoqua d’imaginer qu’on puisse faire subir ça à la doctorante dans l’un des blocs opératoires, sans qu’il ne puisse faire quoi que ce soit. Les photographies de ces corps meurtris se calquèrent sur celui de Joyce, et le sien se fit tout petit sur cette chaise, parce que c’était sa faute si elle se retrouvait là. Ses rétines avaient fixé le ciel lumineux des urgences gynécologiques, mais ses paupières se fermèrent lorsqu’il eut l’impression qu’il était bien trop près, sur le point de lui tomber sur la tête. Son biceps se colla à ses yeux clos et une grimace défigura son visage. L’impression de couler dans une eau de laquelle il était impossible de s’en tirer, les gouttes ne réussirent pas à l’envahir assez pour le faire pleurer.

* * *


Il resta ainsi, en statue de glace. Son corps ne s’éveilla que lorsque son nom altéré fut appelé par la voix d’un homme. Il était encore seul dans la salle d’attente, les rendez-vous ne commençaient pas avant huit heures sonnantes. Il se défit de son bras sur ses yeux, les ouvrit puis se redressa, les traits de son faciès tant interrogateurs que pétrifiés. Il réussit tout de même à se lever malgré ses jambes qui flageolaient, et rejoignit l’aide-soignant jusqu’à la chambre où la jeune femme avait été installée. Un tour d’ascenseur, puis la traversée de quelques allées, il ne s’intéressa pas au décor, se pressa de poser des questions à celui qui le guidait. Il s’inquiéta de savoir comment elle allait, avant toute chose. Il apprit que l’opération s’était bien passée mais qu’ils allaient la garder un petit temps pour s’assurer que tout allait bien en post-opératoire. Elle aura besoin de repos et c’était inévitable. Pas sûr que Ji-hun aurait accepté que cela soit autrement après « tout ça ». La suite fut tournée vers cette grossesse à laquelle ils ne s’attendaient pas, et le nord-coréen apprit que c’était rare mais que le stérilet augmentait les risques ; étonnant.

Il fut laissé devant la porte et prit une grande inspiration avant de frapper de quelques coups contre le pan. Il n’attendit pas pour entrer, trop impatient de vérifier de ses yeux l’état général de sa copine. Elle était allongée, encore un peu sonnée, mais comment être autrement après tout ce cauchemar. Il s’avança doucement, autant parce qu’il ne voulait pas la brusquer que parce qu’il ne savait pas par quoi commencer. Il l’avait quittée à minuit avec une appendicite, la retrouvait « angel mom » à un peu plus de sept heures du matin. C’était compliqué ; pour tous deux, c’était compliqué. Il se posa sur le bord du lit et prit sa main dans la sienne tout en lui offrant une esquisse qui se voulait apaisante. Il n’hésita pas à avouer, après quelques secondes de silence, qu’il avait eu peur pour elle. Cette heure plongé dans l’ignorance et le désespoir avait été difficile à gérer, d’autant plus qu’on ne l’avait pas accompagné ni rassuré. Il venait d’ailleurs, ne connaissait absolument rien aux pratiques médicales américaines. Et le Japon, qu’on disait civilisé, avait réussi à marquer sa peau d’une horrible façon, alors comment ne pas trembler ?

Il avait dû se montrer patient, dans la douleur et la culpabilité, mais au final tout s’était très bien passé, l’aide-soignant lui avait affirmé et confirmé plusieurs fois. Il ne put s’empêcher de toucher d'un regard son abdomen, parce que des questions persistaient encore, et l’homme qui l’avait escorté n'avait pas pu volontairement tout lui divulguer, et l’Asiatique n’y avait pas pensé. Mais il était là, pour l’aider à surmonter tout ça, à passer au-dessus de cette épreuve, et à avancer, lui à ses côtés. Pour matérialiser ses paroles, il se pencha vers elle et l’étreignit gentiment. Sa tête posée dans son cou, il répéta que sa présence était réelle, et la serra un peu plus fort. L’excuse qu’elle articula reçut uniquement une négation du brun. Sa tête se secoua légèrement pour refuser qu’elle se sente coupable de quoi que ce soit, mais elle continua. Alors il n’eut d’autre choix que de lui rappeler : c’est fini, maintenant. Qu’importait ce qui avait tenté de germer dans son ventre, « cette chose » faisait partie du passé. Et il n’était pas si malheureux de voir que la Nature avait décidé de ce qu’il en adviendra pour eux.

Il sentit les doigts de sa dame de l’eau se glisser dans ses cheveux, et il soupira de bien-être de pouvoir encore avoir l’occasion de profiter de ces touchers. Ne pense pas à ça , murmura-t-il quand elle parla du vide en elle. Qu’ils lui aient retiré un embryon, sa trompe ou son utérus tout entier, ça lui était/aurait été égal. Tu respires, et il bat, ton cœur , lui rappela-t-il, ce qui importe, c’est juste ça, tu ne crois pas ? Parce qu’ils ne voulaient pas d’enfant, il n’y avait pas de quoi se focaliser sur cette infime perte. Il n’était pas capable de s’attacher, n’avait pas eu le temps de s’accrocher à la possibilité que ces cellules lui auraient donné un fils ou une fille, s’ils avaient décidé de le garder. Option qui lui paraissait impossible au vu de leur première année de doctorat, à laquelle ils n’avaient pas encore trouvé un rythme régulier à octroyer. Tu n’as rien fait de mal, se permit-il d’articuler contre sa clavicule, j’aurais pu refuser, moi aussi. De lui faire l’amour dans ces conditions. Il savait s’en tenir aux préliminaires, avait fait ainsi les dix dernières années de sa vie. Ils l’avaient voulu, tous les deux, alors pour ça elle n’avait pas à être désolée.

Il se redressa doucement, parce qu’elle tenait fort ses mèches brunes entre ses phalanges, puis il posa ses paumes de part et d’autre de son corps, et resta au-dessus d’elle. Tu vas te reposer, lui ordonna-t-il plus qu’il ne lui suggéra, quelques jours ici, quelques jours chez toi. Ils s’occuperont bien d’elle, et il prendra le relais après sa journée, en cas de besoin. Dans sa tête, il était hors de question que ça se passe autrement. Du repos, pas du télétravail , corrigea-t-il pour plus de clarté, arasseo* ? Est-ce que c’était clair ainsi ? Et si son retard était conséquent, il se proposera de l’aider. Même s’il n’y connaissait rien, quatre mains valaient mieux que deux, deux cerveaux valaient mieux qu’un. Contrairement à elle, il n’avait pas peur de toucher à plusieurs domaines scientifiques, et l’un de ses masters concernait la biologie. Il pinça ses lèvres l’une contre l’autre, comprenant parfaitement le sentiment qui la consumait de ne pouvoir avancer dans ses travaux. Et une semaine et demi, pour eux, c’était beaucoup. Tu vas y arriver , la motiva-t-il. Il ne se faisait pas de soucis pour elle. Elle était bosseuse et intelligente. Pas pour rien qu’il avait dit « oui ».

Il lui adressa un sourire, sans attendre une esquisse de sa part en retour. Ses yeux cherchèrent un endroit particulier sur son visage où se poser, mais c'était sur une toute autre partie de son corps qu'ils voulaient s'attarder. Il ne put tenir bien longtemps avant de tourner la tête en direction de ces draps qui cachaient sa chemise, et cette chemise qui cachait le résultat de son opération. Il n'avait eu le droit à aucun détail, était terrifié à l'idée qu'elle puisse avoir subi l'horreur. Il releva son regard vers le sien et demanda : tu as mal ? Est-ce qu'ils avaient farfouillé à l'intérieur, ou y étaient-ils allés en douceur ?


@Joyce Millett
(Ji-hun Hwang)



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TW : grossesse non désirée, interruption involontaire de grossesse, opération, post-opératoire

L’impression que le monde lui était tombé sur la tête, cassant toutes ses pensées dont il fallait désormais en faire des puzzles. Et à mesure que les pièces retrouvaient leur chemin dans sa tête, qu’elle parvenait à leur offrir un sens cohérent, elle avait l’impression que les nouvelles et les souvenirs qui s’affichaient dessus étaient de pire en pire. Avant même d’avoir pu faire un choix sur ces cellules étrangères qui s’étaient incrustées en elle, on lui en avait arraché la possibilité. Pour sa santé, parce qu’au delà du risque, c’étai mortel dans tous les cas qu’un embryon se développe à l’extérieur de l’utérus. Sa trompe avait manqué d’exploser dans son ventre, causant une hémorragie interne qui aurait été bien plus compliquée à résoudre que l’opération de salpingectomie qu’elle avait vécue. Dans tous les cas de figure, il aurait été impossible et impensable de mener cette grossesse à terme. Et combien même l’embryon aurait été au bon endroit, l’échographie dévoilant que tout allait bien en dehors de quelques maux de ventre, l’aurait-elle vraiment gardé ? L’auraient-ils vraiment gardé, Jay et elle, eux qui n’étaient certes plus vraiment étudiants, mais encore doctorant, des horaires qui pouvaient parfois se prolonger longuement dans la nuit, des weekends entrecoupés par le labo, son boulot à l’aquarium et les tutorats à lui qui dévorait le peu de temps lire qu’ils avaient à disposition. Ils avaient déjà de la peine à se voir pour passer du temps juste ensemble, alors comment intégrer un être aussi fragile à leur quotidien, un être complètement dépendant d’eux ? Et puis ils étaient encore aux balbutiements de leur histoire d’amour, même s’ils s’étaient dit intéressés par l’idée de se projeter, de se marier même peut-être n jour et de fonder leur propre famille…Mais pas là, pas alors qu’ils venaient à peine d’entrer dans leur trentaine. Tout, vraiment tout les aurait sûrement poussé à renoncer à cet enfant, ayant encore la chance dans cet état de pouvoir choisir l’avortement quand d’autres l’avaient interdit, pouvant procéder dans le calme et la sécurité d’un hôpital et non pas en commandant des pilules douteuses par Internet, prenant ainsi des risques pour sa santé. Ils ne l’auraient sûrement pas gardé et pourtant, Joyce aurait aimé être à l’origine de ce choix et non pas se le voir imposer par la stupidité de son corps qui avait gardé l’ovule dans sa trompe de falote.

L’entrée de Jay dans la pièce la rassure un peu même si cela fait aussi naître une pointe de culpabilité. C’est de sa faute : elle l’avait poussé à aller plus loin dans leurs relations sexuelles, avait assuré qu’ils ne risquaient rien et que ça en valait la chandelle, était celle dont le corps détraqué avait fait pousser une graine là où il ne fallait pas. C’est fini, les mots tombent douloureusement dans l’étreinte ; même si elle a conscience qu’ils sont là pour la rassurer, pour lui dire que l’opération s’est terminée, qu’elle ne risque pas grand chose désormais si ce n’est quelques complications que l’hôpital va surveiller et qui sont peu probables, elle le lit pourtant autrement. C’est fini, il est mort ou plutôt il ne vivra jamais, ou elle, elle ne sait même pas quel sexe aurait eu cet enfant qui ne verra jamais le jour. Ces racines que qu’elle avait englouti, presque dévoré dans cette antre et qu’il avait fallu lui arracher. Elle vivait peut-être, mais les organes qui auraient dû se former en elle, elles, ne battraient jamais. Alors le plus important, non, elle n’était pas certaine que ce soit vraiment ça l’important, elle n’était plus certaine de rien, encore sous le coup des émotions, des hormones qui avait cru en elle et des restes de l’anesthésie.

– Et si je ne parviens plus jamais à tomber enceinte ? Ou si à chaque fois ça reste bloqué au même endroit et qu’il faut m’enlever ma seconde trompe de fallope ?

L'avantage au moins d’être avec un doctorant en biologie est qu’elle n’a pas besoin d’expliquer les termes anatomiques et de se perdre dans l’aspect plus technique et médical. Jay sait très bien ce que cela aurait pour conséquence de lui retirer ses deux trompes, l’impossibilité alors pour l’ovule de rejoindre l’utérus, l’obligation de passer par une FIV, mais si même ça ça ne marchait pas ? Ils étaient au début de leur relation et Joyce avait pourtant l’impression que les derniers événements les mettaient devant des questions d’un couple bien plus avancé dans son chemin de vie. Car si elle avait pu s’imaginer sans enfant, elle ne savait pas ce qu’il en était de lui, peut-être qu’il désirait plus que tout au monde une famille ; l’aimerait-il si elle était incapable de lui donner ce qu’il désirait ?
Elle le sent bouger et relâche les mèches entre ses doigts, presque qu’avec regret. La peur que qui aussi l’abandonne comme elle a abandonné ce qui grandissait entre elle – aurait-elle dû plus se battre ? Ça n’a aucun sens, il n’y avait aucun choix à faire, rien n’était viable et elle le sait parfaitement, est assez au courant de l’anatomie humaine pour se rendre compte que c’est illogique de penser ainsi, ça aurait simplement mis sa vie à elle en danger et l’embryon, de toute manière, n’aurait pas pu être sauvé. Et pourtant, une part inconscient et profondément émotionnelle de Joyce ne peut s’empêcher de se dire qu’elle a merdé. Qu’elle n’a pas fait assez pour ces cellules qui voulaient se développer avec tant de force, allant même jusqu’à s’implanter ailleurs, là où il n’y a pas la place, pour contourner le dispositif intra-utérin.
Heureusement le doctorant ne fuit pas, reste juste au-dessus d’elle, assez proche pour qu’elle puisse encore sentir l’odeur rassurant de son gel douche parfois emprunté lors de douche à deux. Elle se rappelle celle, mémorable, de leur weekend à la montagne… Est-ce là que tout a commencé ? les dates concordent, les actes aussi. Ce qui était l’un de ses plus beaux moments de 2022, l’aveu de cet amour en elle et l’acceptation de Jay, prend une forme cauchemardesque dans sa tête. Elle en est certaine, désormais, tout a commencé quand ils étaient à la montagne, dans le décor froid que deviendrait au final son corps. Comme une mauvaise prémonition. Tout plein de signes qui lui paraissent désormais innombrables et évidents , qu’elle aura le temps de ressasser encore, encore et encore puisqu’elle est mise au repos forcé. Clouée dans son lit d’hôpital d’abord, puis dans sa chambre, avec ses seules pensées pour compagnie. Et si prendre du retard sur son doctorat l’inquiète un peu, ce n’est pourtant que secondaire dans sa tête face à le peur de se retrouver démunie à devoir vivre en boucle les mêmes souvenirs.

– Je… je… j…peux pas. Je dois faire un poster pour ma conférence en mars et Liam voulait que je relise son article et… qui va me remplacer à l’aquarium ?

Stressée, elle enroule une mèche décolorée autour de son doigt, exactement comme il pouvait lui arriver de le faire avant un examen oral alors qu’elle avait l’impression que toutes ses connaissances s’échappaient de sa tête.

– Jay, je vais devenir folle si j’ai que ça à penser pendant une semaine.

Aveu qui lui mord les lèvres. Sur le plan physique, Joyce ne se sent pas particulièrement mal, encore un peu étourdie par l’opération et l’anesthésie, elle a conscience que ce n’est pas demain matin qu’elle pourra aller s’entraîner pour leur projet de triathlon, mais psychologiquement… Sa tête est sans dessus-dessous et elle ne parvient pas à remettre de l’ordre dedans. Dans tout ça, elle songe aussi à ses parents qui sont tellement loin quand elle les aurait souhaité à ses côtés, même pas au courant de l’aventure de leur fille. Elle n’a même pas pu leur parler du biochimiste, de leur relation, ils ne savent pas qu’elle est en couple et voilà qu’elle va devoir leur avouer qu’elle est tombée enceinte, mais que l’embryon était implanté au mauvais endroit. Elle se doute que son père prendra la nouvelle à sa manière habituelle, restons sur tout ce qui est factuel ; sa mère sera sûrement plus touchée, et les kilomètres entre elles risquent d’être compliqué à gérer.
Ils ne sont cependant pas là, mais Jay lui l’est. Jay et son regard qui dérive vers ce ventre terriblement vide. Soulevant sa main, elle fait ainsi bouger les fils et désigne du menton le cathéter : "Je suis sous morphine", puis continue son chemin jusqu’au drap qu’elle repousse, faisant ainsi apparaître la chemise de l’hôpital sur laquelle elle tire assez pour découvrir son ventre, ou du moins les bandages qui le recouvrent. Elle n’a aucune visibilité des traces qui resteront ancrés là, souvenir pour toujours gravé en elle.

– La gynécologue m’a dit que les cicatrices seraient toute petite.
(Invité)
Ji-hun Hwang

Âge : 28
Lieu de naissance : Hamheung, ville de la région de Hamgyeong du sud. La Corée du Nord l'a vu naître, l'a élevé. Elle a forgé une partie de l'homme qu'il est aujourd'hui, mais c'est sur un tout autre continent qu'il désire construire son avenir.
Quartier d'habitation / Colocation : Il a vécu la Pforzheimer House durant une année, l'a quitté en juillet pour s'installer provisoirement chez un ami, à Chinatown, Boston, le temps de déménager dans un studio au 499 Beacon St.
Situation sentimentale : Il a retrouvé les champs, un petit peu plus d'un mois avant le printemps. Maintenant que n'existe plus de pression, la relation peut enfin préparer sa floraison ; dans une relation avec Lilia, demoiselle qu'il connaît depuis un an déjà ; 2024년 2월 16일
Études / Métier : doctorant en pharmacologie, au sein du laboratoire de l'école de médecine, il assiste également son superviseur dans ses recherches et participe activement à des conférences. En-dehors de ça, il fait du tutorat en sciences et en coréen ; ça paye bien mieux que serveur à la Luna Caffe, même si sa passion pour les latte art ne s'est pas envolée.
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Description (1) : Tears in the belly - 03.02.23 NPSpyu1W_o
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Warnings : régime totalitaire, sanctions (ex : camp de concentration, travail forcé, exécution publique), patriarcat social / juridique, tortures / actes de barbarie, détention provisoire, violences policières (Japon), ablation d'un rein, 18+, racisme / discrimination / bashing subis, grossesse extra-utérine de son ex-copine / maladie : insuffisance rénale.
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Ji-hun Hwang
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warning : médecine, interruption médicale de grossesse, grossesse extra-utérine, opération

Ji-hun chercha à la rassurer avec des mots simples, quand ça lui paraissait compliqué de trouver les bons. Jamais il n’avait été confronté à ce genre de situations, et n’avait pas eu d’exemples auxquels se fier non plus. Il était si heureux de sentir contre son torse le rythme de sa respiration et les battements de son cœur qu’il la serra un peu plus fort contre lui, de façon à s’en approcher davantage. Le nord-coréen crût bien faire en lui rappelant que l’opération s’était déroulée avec succès, et que plus rien n’attentait à sa vie à présent. Il ne put supposer que ce simple « c’est fini » –  qui lui parut pourtant si rassurant – puisse résonner autrement à l’oreille de Joyce. Soulagé, il ne retint pas ce sourire contre la clavicule de sa copine, quand cette dernière se rendait coupable de la mort de ce qui aurait pu leur donner, dans d’autres conditions, un nouveau-né en bonne santé. Il ne se rendit pas compte du tracas qui neutralisait la raison de la doctorante, trop occupé à remercier silencieusement qu’on ne lui ait pas arraché la femme avec qui il avait commencé à avancer.

Alors, quand les questions sur une potentielle future grossesse germèrent des lèvres de la biologiste, le brun s’en étonna et le silence envahit l’espace dans lequel ils étaient entrain de s’enlacer. La chambre lui parut trop grande d’un coup, comme s’il lui était possible de se perdre face à la multitude de réponses plausibles à lui donner – à moins que ce fut lui qui finit par se sentir trop petit devant la lourdeur des interrogations de sa jolie blonde. Lui qui avait de très bonnes connaissances dans le domaine scientifique, c’était la première fois de son existence que celles-ci ne lui étaient d’aucune utilité pour traiter d'une problématique. Je suis désolé… qu’on est dû t’en retirer une, murmura-t-il, parce que c’était le seul élément auquel il pouvait répondre sur l’instant. Et ça ne devait pas être facile de se dire qu’on avait sectionné une partie de son système reproducteur. Pour le reste : je n’en sais rien… Il inspira profondément, et répéta dans un souffle : je n’en sais rien du tout. Impossible pour lui de lui dire ce qu’il adviendra des « si », et encore moins de lui mentir.

L’Asiatique avait pensé que leur relation n’était ni plus ni moins la même, – celle qu’ils avaient toujours connue –, une exclusivité élargie sur les plans physique, émotionnel et sentimental  simplement ajoutée. Aujourd’hui il faisait face à une discussion qui le menait bien plus loin que là où il s’était arrêté de penser. Et s’il avait avoué trouver ça plutôt facile d’être avec quelqu’un, il devait bien admettre que, dépourvu de cette base si solide qu’était devenu son fameux schéma traditionnel, il se trouva subitement perdu. Incapable d’être l’homme de la situation, l’homme sur lequel ça aurait dû être si simple de se retenir pour ne pas chuter. On n’y est pas encore, reprit-il en caressant de ses doigts l’omoplate opposée. Ils n’avaient pas prévu d’entamer des essais, rien ne servait de s’avancer sur la question tant qu’ils n’avaient pas décidé d’en faire un projet. On avisera à ce moment-là. Keureonikka… geokjeonghaji ma… Sa main remonta sur sa longue chevelure et malaxa la partie de son crâne qui se trouva entre ses doigts ; non, elle ne devait pas s’inquiéter.

Ji-hun n’avait jamais douté quant au fait d’avoir un jour des enfants. Ça avait été très tôt une évidence pour lui que de devenir père. Et il ne mentirait pas s’il disait que ça avait même été ainsi avant l’arrivée d’Ha-eun dans sa vie. Pour autant, il n’avait jamais été au-delà du simple point imaginaire glissé dans sa liste d’évènements importants à réaliser. Placé juste après le mariage, et juste avant l’obtention d'une grosse promotion, il avait encore une bonne dizaine d’années avant de se plonger corps et âme dans le projet de conception. De toute façon, il ne sentait pas leur histoire assez stable encore pour parler « fertilité », « grossesse » et « bébé ». Il se redressa doucement, laissant les doigts qui avaient étreints ses mèches glisser sur ses cheveux bruns. Il sourit à la jeune femme au-dessus de laquelle il resta, et lui ordonna de se reposer. Les médecins lui avaient donné quelques jours de surveillance ici, et des jours d’arrêt durant lesquels elle devait se décharger des obligations professionnelles qui lui incombaient, et il était d’accord avec ça ; ne pensait pas autrement.

Tu auras tout le temps de le faire, ton poster, dit-il, et ils feront sans toi. Liam fera relire son article par une autre personne, et l’aquarium fera appel à la bonne volonté d’un bostonien en mal de thune. Ça ne devait pas être compliqué, puisque les fêtes avaient dû ruiner un bon nombre de personnes qui vivaient très modestement, et nettoyer des vitres était à la portée de tout le monde – même si elle le faisait extrêmement bien. Quant aux soins donnés aux animaux, les heures seront probablement dispatchées à certains employés qui ne cracheront pas sur quelques dollars supplémentaires. Si le problème se cachait là, des solutions étaient à porter de mains, mais ça n’était pas ça, n’est-ce pas ? Ji-hun, il était à des miles de ressentir tout ce qu’elle accumulait à l’intérieur, mais il comprit, dans l’aveu, qu’elle prenait la perte de cet amas de cellules plus sérieusement qu’il ne voulait le croire. Est-ce que ces quelques heures passées consciemment en compagnie de cet embryon lui avait suffi pour… l’ « aimer » ? Il la dévisagea longuement ; était-il vraiment sans cœur ?

Comme tu veux, Joyce, capitula-t-il, non sans soupirer d’admettre qu’il ne pouvait la contraindre à se terrer dans son lit, mais… je pense que tu devrais peut-être t’autoriser une semaine pour ne penser qu’à ça, justement. Pour se décharger de toutes les peines, et les colères, et les craintes qu’avait apportées avec lui cet épisode pas si anodin que ça dans la vie d’une femme, et de pouvoir se libérer des poids à défaut de pouvoir complètement l’oublier. Tu devrais même en profiter pour… en parler à quelqu’un, suggéra-t-il, quelqu’un qui n’est pas moi. Une personne qui saura mieux que lui entendre les douleurs, et peut-être les comprendre. Une personne extérieure, professionnelle dans son domaine où se mariaient écoute, empathie et bienveillance. Je veux juste… que tu prennes soin de toi et…, s’arrêta-t-il un court instant pour respirer, simplement respirer, que tu fasses ce qui te semble le mieux, d’accord ? Il hésita d’abord, mais finit par poser un regard curieux sur les draps malgré lui, sous lesquels les blessures étaient cachées.

Elle n’avait pas mal pour l’instant grâce à la médication prescrite, mais il supposait que ça allait un peu tirer et gratter, pendant la cicatrisation. Tant qu’il n’y avait pas d’infection interne ou externe, tout ira bien. Il fallait réaliser à la lettre les soins que le médecin lui prescrira, et accepter que ça pourra prendre un petit temps avant de retourner à une vie complètement normale. Je suis certain qu’elles sont jolies , fit-il lorsqu’elle prévint de la présence de quelques plaies sur son abdomen. Parce qu’il savait, Ji-hun, qu’il en existait qui laissaient des traces laides sur la peau. Il prit un peu de distance, glissa son postérieur vers les pieds de Joyce et, profitant qu’elle était sous morphine, déposa un baiser sur chacun des pansements collés sur les incisions. Il aurait été vraiment égoïste de ne pas accepter les marques dessinées sur son corps. Et quand il retira ses lèvres de la plus basse d’entre elles, basée entre son nombril et sa vulve, il y eut une question qui jaillit dans sa tête : ils t’ont laissé l’ancre à l’intérieur ? L’ancre, petit surnom donné à la contraception.

L’aide-soignant m’a dit que c’était ça qui avait certainement bloqué le truc à l’intérieur , partagea-t-il avec elle. Il se sentait incapable d’utiliser le terme exact, parce que ça serait prendre conscience qu’une vie issue de leurs gamètes avait existé. Inconsciemment il avait décidé de se protéger,  son cerveau était fort pour le porter dans le déni et dans l’oubli. Un médecin va sûrement passer te voir... Ça serait bien que tu changes de moyen de contraception, lui proposa-t-il, histoire de lui éviter de vivre ça une nouvelle fois. Même si, pour l’heure, ils ne voulaient pas d’enfant, cela ne méritait pas de prendre le risque d’une deuxième grossesse extra-utérine. De plus, il ne se sentait plus vraiment en confiance avec un tel dispositif. Tu avais une pilule avant, non, demanda-t-il confirmation ; est-ce qu’il se rappelait bien de toutes leurs conversations ? Ce qui était sûr, en tout cas, c’était qu’il n’avait pas changé d’avis sur le port de préservation, et que ce n’était pas une option envisageable ; discussion plutôt délicate qu’il fallait tout de même engager.

Tu as le droit d’avaler un truc, lui demanda-t-il après ça. Elle avait rendu, et n’avait pas dû avaler grand-chose depuis plus de vingt-quatre heures si ce n’était un peu d’eau la veille, elle devait être affamée, non ? J’ai besoin d’un café , avoua-t-il en frottant son visage d’une de ses paumes, je te prends quelque chose ? Même si elle ne le buvait ou le mangeait plus tard, elle l’aurait au moins sous la main. J’ai vu dans les machines, en passant, il y a vraiment de tout, glissa-t-il – même des soupes, sinon, je peux me rendre à la cafétéria de la maternité ou aller dans un magasin du coin. Pour ça, il porta un regard à la montre accrochée à son poignet ; ou une boulangerie, à cette heure-ci. Ses désirs seront des ordres en tout cas, et il avait clairement besoin de prendre l’air, de marcher pour évacuer – d’une clope aussi, peut-être. Très probablement d’une cigarette oui, parce qu’il n’avait pas encore fumé aujourd’hui.

@Joyce Millett
(Ji-hun Hwang)



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Tout s'était déroulé si vite en elle. Les informations et scènes de la veille semblaient encore floues dans sa tête, comme si elle avait pu les rêver. Nuit difficile qui avait été rythmée d'une part par la douleur, mais surtout par les révélations insensées qui lui avaient été faites sous les néons de l'hôpital alors qu'à l'extérieur, une bonne partie de la ville dormait encore. Nuit terrible qui resterait sûrement gravée longtemps ; dans ses cauchemars, mais également à même sa peau, à même son corps. Et qui pourrait prédire les conséquences de tout cela ? Soudain en elle s'infiltre la peur de ne jamais pouvoir enfanter, de ne plus être capable de prendre cette décision. Joyce s'est peu imaginée mère dans sa vie, pourtant dans cette chambre d'hôpital, elle se projette soudain avec un nourrisson entre ses bras. Est-ce à cause des images créées par l'idée de cet embryon qu'on lui a ôté, ou à cause des hormones encore bouleversée en elle ? Impossible à dire, mais ça ne fait qu'accentuer un peu plus sa panique. Certes, elle est en vie, son coeur bat encore, mais l'impression qu'on lui a arraché quelque chose de terriblement précieux ne peut se refermer. Les flots ont été déchiré et les lames blanches des écumes a tranché trop profondément la peau pour encore faire semblant. Elle aimerait qu'on lui dise que tout va bien aller, qu'elle pourra avoir les enfants désirés, que ça ne changera jamais rien à la relation qu'elle entretient avec le doctorant. Mais celui-ci ne semble pas décidé à se laisser aller au mensonge - quand une fois dans sa vie Joyce n'a pas envie d'entendre la vérité - et ses mots ne font que réveiller l'incertitude du futur.
Que se passerait-il s'ils découvraient son infertilité plus tard dans quelques années, après s'être engagés ensemble, avoir parcouru un bout de chemin à deux, s'être même peut-être mariés ? Ils se rappelleraient forcément cet épisode à l'hôpital, la grossesse extra-utérine qui avaient plusieurs coupables tous liés à elle - cet embryon qui avait voulu s'accrocher malgré tout, le stérilet qui avait fait son boulot seulement à moitié, son corps qui avait accepté d'accueillir l'étranger là où il ne le fallait pas, elle qui avait sans doute trop attendu avant de se rendre aux urgences. Et s'il ne la désirait plus ? S'il ne souhaitait plus rester avec cette brisure en elle ? Ils n'en étaient pas là, certes, mais leur relation s'épanouissait au fur et à mesure des jours et à un moment peut-être ils se retrouveraient à faire face à cette conversation qui envoyait la profondeur de ses échos dans le passé, jusqu'à les trouvés dans cette chambre trop blanche de réveil.

La biologiste aimerait pouvoir fermer les yeux et tout oublier. Enfiler sa combinaison, son masque, son tuba et se laisser couler là où le silence nageait partout. Regarder les poissons danser autour d'elle, croiser le chant des baleines, regarder dériver les requins. S'enfermer dans son aquarium personnel pour se reconstruire plutôt que de flotter dans des souvenirs qui lui donnait envie de s'arracher les tripes. Ou, à défaut d'océan et d'horizon azur, au moins s'enfermer dans le travail ; Joyce était très forte pour ça. Oublier les brisures, les recouvrir de ses connaissances et du suivi de données, de statistiques, d'étude. Tout oublier dans un déni qui ne lui demandait que peu d'effort. Même si ça ne paraît pas être la meilleure solution au premier abord ; car tout finit toujours par ressortir. Elle le sait, l'a vécu l'année dernière à ne pas réussir à s'endormir, à vivre dans les cauchemars et à se forcer à étudier jusqu'à pas d'heure pour tenter de tomber dans des sommeils sans songe. La présence de Jay l'avait aidée à dépasser tout ça, cette bulle protectrice dressée comme un bouclier contre le monde quand elle versait dans les bras de Morphée. Faire le deuil de Loki, mais également de sa précédente relation, n'avait pas été évident, cependant le biochimiste avait été là pour elle, se faisant un devoir de faire renaître le sourire sur ses lèvres. Il était doué pour ça, mais serait-ce suffisant cette fois encore ? Ou ne faudrait-il pas, comme il semble le lui recommander, parler à quelqu'un d'autre ?

- L'hôpital m'a proposé un suivi psy si je le désirais. Je... je ne sais pas encore ce que je vais faire. Je crois que j'ai besoin de temps pour tout trier dans ma tête.

Tout était arrivé si vite après tout, qu'elle n'était pas contre l'idée d'avoir enfin un peu de temps pour réfléchir, mieux analyser toute la situation. Est-ce qu'un inconnu, combien même avait-il fait des études dans le domaine, était le bienvenu pour la soutenir ? Un ami sinon ? Mais la seule à qui elle voyait se confier, Haley, n'était pas en ville actuellement et difficilement joignable. Et même si elle l'était, c'était un sujet délicat à aborder avec elle. Joyce n'ignorait pas la situation à laquelle son amie avait dû faire face l'année précédente, sa propre grossesse et l'abandon d'un bébé dont elle ne disposait pas des moyens pour l'élever. Alors lui parler de toute l'aventure qu'elle venait de vivre la ramènerait sans doute à son propre vécu et cela n'était probablement pas très délicat de sa part. Quant à sa mère, l'ultime personne à qui elle se voyait se confier, elle était tout simplement injoignable. Et si le fait que ses parents soient si loin n'avait jamais tellement été un problème pour la doctorante, soudain l'océan qui les séparait lui semblait infini. Elle aurait tellement aimé pouvoir juste se loger dans les bras maternels, comme lorsqu'elle était enfant.
Au lieu de ça, elle sent un regard glisser jusqu'à ce ventre désormais vidé de la graine qui essayait d'y pousser et de sa trompe trompeuse. Les pansements recouvrent encore toute trace, comme si rien de tout ça n'avait existé. Pourtant, elle sait bien qu'elle finira par les voir, les vilaines marques, et elles auront beau être aussi petites et jolies que possibles, ça n'empêchera en rien leur existence. Et les souvenirs qui y sont liés, comme un rappel pour toujours de ce qui s'était déroulé en elle, de ce qui avait merdé en elle. C'est ancré. Et quand Jay lui parle justement d'une ancre, elle pense d'abord à l'encre qui marque le bas de sa jambe, autre marque qui lui rappelle pour toujours sa grand-mère. Sauf que, cette cicatrice là, elle l'avait choisie. Elle finit cependant par comprendre qu'il parle du stérilet et fixe toujours ce ventre-trahison.

- Non, je vais devoir prendre rendez-vous avec ma gynécologue pour l'ôter.

Car il était hors de question qu'elle garde ça en elle. Elle ne voyait pas pourquoi ça pourrait y rester quand l'embryon lui n'avait pas pu. L'embryon ou le... truc. Ca la fait un peu tressaillir quand elle entend le terme entre les lèvres de Jay, mais elle ne dit rien pour autant, garde tout ça en elle, comprend soudain qu'il n'est pas prêt à faire face à ça, peut-être même qu'il est soulagé que ça se soit passé ainsi, qu'il ait fallu l'ôter sans réfléchir, sans qu'ils aient à prendre une quelconque décision sur la question. Elle garde cependant cette réflexion en elle, mais se tend légèrement à la compréhension de tout ça, le sentiment d'être complètement seule, désormais.

- Oui, mais je n'ai pas envie de reprendre des hormones.

Si elle était consciente de ce que la pilule avait pu à l'époque pour la liberté sexuelle des femmes, elle avait aussi pu constater les effets secondaires, y compris sur elle-même des hormones. Sans parler de ce que ça pouvait faire au poisson via les canalisations... Alors non, la pilule, ni aucun moyen contenant des hormones, n'était une solution.

- Je ne reprendrai pas de contraceptif.

Elle a dit ça en détournant les yeux, consciente de ce que ça voulait dire. Jay a été clair sur sa position au sujet des préservatifs. Ils ne sont pas près à devenir parents. Alors ça ne laisse que peux de choix sur l'avenir de leur vie sexuelle.

Ca la fatiguait beaucoup toute cette conversation, et elle lui en est reconnaissante lorsqu'il change de sujet, même si elle comprend dans ce prétexte de nourriture qu'il souhaite prendre l'air un peu, s'éloigner de ce lit si maussade et de cette conversation si compliquée. Hochement négatif de la tête, les médecins lui ont bien dit d'attendre après l'anesthésie qu'elle avait subie.

- Pas encore. Mais je veux bien un paquet de chewing gum à la menthe si tu trouves ça. Et un livre pour m'occuper aussi...

Sa bouche est un peu pâteuse et si elle doit rester à l'hôpital, autant le faire en compagnie d'un peu de lecture.
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Ji-hun Hwang

Âge : 28
Lieu de naissance : Hamheung, ville de la région de Hamgyeong du sud. La Corée du Nord l'a vu naître, l'a élevé. Elle a forgé une partie de l'homme qu'il est aujourd'hui, mais c'est sur un tout autre continent qu'il désire construire son avenir.
Quartier d'habitation / Colocation : Il a vécu la Pforzheimer House durant une année, l'a quitté en juillet pour s'installer provisoirement chez un ami, à Chinatown, Boston, le temps de déménager dans un studio au 499 Beacon St.
Situation sentimentale : Il a retrouvé les champs, un petit peu plus d'un mois avant le printemps. Maintenant que n'existe plus de pression, la relation peut enfin préparer sa floraison ; dans une relation avec Lilia, demoiselle qu'il connaît depuis un an déjà ; 2024년 2월 16일
Études / Métier : doctorant en pharmacologie, au sein du laboratoire de l'école de médecine, il assiste également son superviseur dans ses recherches et participe activement à des conférences. En-dehors de ça, il fait du tutorat en sciences et en coréen ; ça paye bien mieux que serveur à la Luna Caffe, même si sa passion pour les latte art ne s'est pas envolée.
Date d'inscription : 16/04/2022
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L’hôpital lui avait déjà proposé de prendre rendez-vous auprès d’un professionnel pour en parler, mais elle ne sembla pas être encore sûre du moyen le plus efficace pour passer cette épreuve, Ji-hun n’insista pas. Quoi qu’il pouvait dire, il devinait qu’elle fera uniquement ce qu’elle jugerait bon pour elle, parce qu’elle était – trop – habituée à prendre les bonnes décisions toute seule. Ça pouvait être déstabilisant pour le brun, parce qu’il ne savait pas comment prendre sa place auprès d’elle, et qu’elle ne lui facilitait pas toujours la tâche avec ces histoires de coutumes et de codes bousculés. Il peinait à s’y faire, mais était prêt à faire des efforts, alors il ne trouva rien d’autre à faire que de garder le silence et acquiescer. Du temps, c’était ce qu’il lui fallait apparemment. Et ça tombait bien, puisqu’ils le lui avaient octroyé pour ça. Le nord-coréen n’avait pas complétement tort de lui avoir rappelé qu’elle ferait mieux de l’utiliser à bon escient, plutôt qu’à se plonger corps et âme dans le travail. Et malgré l’envie de lui lancer un « c’est ce que je te dis », il préféra mettre ça de côté et passer à autre chose, notamment à cette opération qu’elle avait subie et qui marquait sa peau maintenant.

Les cicatrices seront petites et jolies, parce que les médecins prenaient grand soin à faire leur maximum pour laisser le moindre mal possible sur leurs patients, ici. Plus tard, lorsqu’elles se seront estompées, elles ressembleront très certainement à des tâches de naissance aussi foncées que sa peau hâlée en été. Elles se remarqueront un peu plus en hiver, mais qui pourra s’y attarder si ce ne sont qu'eux deux ? Il embrassa les pansements, l’un après l’autre, pour les accepter. Parce qu’elle ne rechignait pas à passer ses doigts sur la sienne, il ne les contournera pas non plus. Elles feront partie d’elle, et ils les auront en commun bien qu’elle était seule à les porter. Triste lien qui les unissait un peu plus, ça n’empêchait que ça donnait l’avantage d’être raccordés l’un à l’autre pour la vie. Lorsqu’il recula ses lèvres de l’incision la plus basse, il eut un hoquet d’illumination ; est-ce que le dispositif qui avait failli à sa tâche était toujours ancré en elle, ou avaient-ils pris le soin de lui retirer, profitant qu’elle soit endormie pour ce faire ? Après tout, c’était de la faute du stérilet si elle était allongée là, dans ce lit d’hôpital. Cette chose aurait pu la tuer s’ils ne l’avaient pas prise à temps.

Cette chose, ou ce truc. Il ne prit pas conscience du mal qu’un simple mot pouvait faire si mal utilisé, ne se rendit même pas compte à quel point son égoïsme heurta sa copine. Sa sensibilité au summum à cause des turbulences que son corps et son cœur avaient subi en quelques heures, Joyce se tendit, se renferma, et Ji-hun ne le vit même pas. Départ de conversation autour d’un autre moyen de contraception, il lui parla de pilule mais elle la refusa. Elle ne voulait pas que des hormones s’installent en elle alors il leva les yeux au plafond pour réfléchir aux options qui leur restaient. Préservatif masculin déjà évincé des possibilités, il en fut tout autant pour celui féminin, puisque l’Asiatique ne pouvait, psychologiquement, entrer en contact avec quelque contraceptif que c’était. Exit donc les spermicides, il se rendit compte qu’il n’en connaissait pas tellement, espérait que la biologiste ait de bien meilleures idées. Et elle tomba, la solution. Et il tomba des nues, le doctorant. La phrase à peine prononcée qu’il baissa ses agates sur le visage de celle qui, au même moment, détourna ses rétines. Elle ne voulait plus avoir à prendre la responsabilité de les protéger.

Ça prit aussitôt tout son sens dans la tête du nord-coréen, et il comprit que cette nuit du lundi qu’ils avaient passée ensemble avait été la dernière durant laquelle leurs sexes avaient été autorisés à se rencontrer – au moins pour un bon moment. Et c’était compliqué à digérer puisqu’il s’était confié accro à leurs échanges charnels depuis qu’ils avaient décidé de sauter le pas. Ne pas connaître lui avait permis de faire sans, mais qu’en sera-t-il maintenant ? Il s’était dit qu’il se fera une raison lorsqu’elle prendra le large, mais peinait à s’imaginer se retenir de la posséder entièrement si, à ses côtés, elle se trouvait être allongée. Un soupir s’échappa de ses lèvres malgré lui, mais pouvait-on lui en vouloir ? Elle avait été celle qui l’avait initié, et celle qui osait lui reprendre. Encore une fois, elle faisait seule un choix, et ça le blessa. Pour autant, il ne fit aucun commentaire, parce qu’il était trop tôt pour en parler. Il n’avait pas l’intention de lui faire l’amour dans cette chambre, de toute façon. Alors, oui, ils auront le temps de voir à ça, quand les idées seront plus claires. Et auquel cas, il saura leur faire revivre le plaisir de la chair autrement ; il tenta tant bien que mal de s’en convaincre.

De l’air. Il avait besoin d’air. Et la seule solution qu’il trouva fut de prétexter avoir besoin d’un café. Ouvrir la fenêtre et y passer la tête n’aurait pas suffi. Il pensa toutefois à elle en premier, lui demanda ce qu’elle aimerait manger ou boire si elle y était autorisée. Manque de bol, les médecins lui avaient conseillé d’attendre, et il se sentit un peu gêné de lui rappeler que son ventre était vide. Elle trouva malgré tout de quoi l’autoriser à s’échapper et il lui fut reconnaissant pour ça. Je vais voir ce que je peux trouver, lui promit-il de faire au mieux. Il tapota doucement le revers de sa main à l’aide de ses doigts et se leva de la literie. D’ordinaire, il aurait posé un baiser de réconfort contre ses cheveux ou sur son front, mais il n’était même plus sûr de le pouvoir encore. Il fit alors quelques pas vers la porte mais s’arrêta pour se tourner et demander : vert ou bleu, le paquet de chewing-gums ? Soucieux du détail, qu’importait si c’était compliqué pour eux et leur relation aujourd’hui, il ne pouvait penser autrement ; parce que « si ce n’est pas toi, Joyce, qui le pourra ». Information récupérée, il acquiesça en opinant du chef et continua son chemin jusqu’à disparaître dans le couloir.

Il se souvint des allées qui menaient jusqu’à l’ascenseur et les emprunta jusqu’à ce dernier. Une fois le bouton du rez-de-chaussée activé, il tâtonna toutes ses poches et comprit que, dans la précipitation, il avait oublié son paquet de cigarettes dans la chambre. La galère n’avait pas décidé de lui laisser de répit. Le ding de la cabine l’avertit qu’il était arrivé, et il passa près des distributeurs qu’il avait aperçus à son arrivée. Il commanda un café et se chargea de faire tomber un paquet de chewing-gums de l’autre machine le temps de la préparation. Bombecs à la gomme enfouis dans son manteau, il quitta l’hôpital avec sa boisson chaude à la main. Une fois les portes automatiques passées, il prit un grand bol d’oxygène, – puis deux, puis trois. Il extériorisa la pression dans les expirations qu’il choisit longues. Parmi tous ces gens qui passaient et repassaient devant le département de gynécologie et d’obstétrique, il semblait être un papa stressé par l’arrivée d’un nouveau-né, mais il n’était clairement rien de ça. D’ailleurs, l’un de ceux-là sortit pour fumer une clope et, poliment, Ji-hun se permit de lui demander un tube. Vu ses mains tremblantes, il était dans l’attente d’un nourrisson.

Non, moi je…, commença-t-il, hésitant ; lui, quoi ? Ma copine s’est faite opérée , déclara-t-il. Si le monsieur pensait trouver en lui un copain dans sa paternité, c’était raté. Pourtant, celui qui s’était soulagé d’un tube de nicotine ne pensa pas à mal, certainement parce que les traits de l’Asiatique ne marquait pas la tristesse ou la détresse. Pas d’une F.I.V, d’une interruption médicale [de grossesse], le reprit-il, mais ça non plus, il ne réussit pas à le dire. Il enchaîna les bouffées toxiques et les gorgées de café, tout en essayant de trouver un bureau de presse ou une librairie qui pourrait lui permettre d’acheter n’importe quel bouquin. Et tout ça devant le visage décomposé du futur père de famille qui articula des condoléances qui surprirent Ji-hun. Tant et si bien que le nord-coréen stoppa ses recherches pour analyser son acolyte masculin. Pas de quoi, essaya-t-il de lui rendre la tranquillité quand il aurait dû être celui à en avoir le plus besoin, ce n’était pas fiable. Ça , cette chose , ce truc – encore. Mais quand même, il répéta mollement le futur papa, ce n’était qu’un bébé. Et ces mots, vous savez, commencèrent à prendre du sens.

Ce qui aurait dû en devenir un, pour être exact, mais il ne le corrigea pas. Et il le sentit enfin, le pincement au cœur, celui qu’il se refusait de sentir – qu’il ne voulait surtout pas ressentir. C’était nouveau. Et qu’importait le nombre d'embryons qu’il avait deviné mourir dans ses bras, celui qui s’était éteint était le sien – le leur. Peut-être avait-il eu simplement besoin qu’on les utilise, ces putains de mots que tout le monde semblait vouloir taire. Même lui. Pas le temps de remercier, le téléphone du type sonna et il n’attendit pas la deuxième sonnerie pour décrocher. La voix féminine dans le combiné semblait pressée et agacée. Elle lui hurlait littéralement dessus et il accepta sans retour. Appel terminé, il s’excusa de devoir filer. Votre cigarette, prévint Ji-hun quand il vit l’homme filer vers l’entrée, le filtre en coin de bouche. Tête en l’air qui les fit sourire tous les deux. Il revint sur ses pas pour écraser le mégot et courra rejoindre sa femme qu’ils descendaient en salle d’accouchement. Le portable du scientifique n'indiqua aucun magasin ouvert, il décida de se dépêcher à terminer sa clope et son gobelet pour abréger sa pause et retrouver au plus vite sa bien-adorée.

Il monta les étages, n'oubliant pas de demander l’autorisation d’emprunter quelques magazines de la salle d’attente du rez-de-chaussée, à défaut d’avoir obtenu l’accès à des livres prêts à la vente. Il tambourina à la porte de la chambre et attendit, cette fois-ci, d’y être autorisé pour entrer. Il s’avança vers le petit meuble près du lit pour y déposer la pile d’actualité – qui ne l’était plus depuis quelques semaines voire quelques mois. Je n’ai rien trouvé de mieux, se montra-t-il désolé, je pensais te récupérer aujourd’hui, mais je passerai à la Dudley pendant midi pour te prendre des affaires et un de tes bouquins. Et là, c’était lui qui en décidait ainsi. Tu pourras m'envoyer le titre par message, demanda-t-il afin qu’il ne puisse l’oublier en cours de route. Tiens, lui tendit-il les chewing-gums qui se trouvaient dans sa poche de manteau, je les ai trouvés, ceux-là. Il avait fait abstraction de l’odeur de menthe qu’il ne portait pas dans son cœur. Après s’être activé, il s’assit enfin à la place qu’il avait abandonnée plus tôt et se tint au silence. Quelques secondes bien méritées, le temps que l’interrogation qu’il avait en tête puisse passer ses lèvres.

Joyce, l’interpella-t-il ensuite, sans oser offrir son regard, est-ce que tu m’aimes encore ? Même rien qu’un peu. L’envie d’être certain que toutes les réponses qu’elle lui avait données jusqu’ici ne soient pas le résultat d’une décision plus tranchée – celle de lui en vouloir pour toujours ; pour ça, pour tout. Il pouvait accepter qu’elle ne lui donne jamais d’enfant, et qu’ils ne puissent plus faire l’amour, tant qu’elle saura lui pardonner et continuer à le voir comme l’homme digne d’être auprès d'elle. Parce que, de mon côté, rien n’a changé, tu sais… , avoua-t-il d’une petite voix avant d’enfin poser ses yeux sur son visage. Rien, absolument rien, n’avait changé.

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Les lèvres de Jay embrassent les bandages sur son ventre un à un, méticuleusement et avec douceur, comme s’il souhaitait ainsi les sublimer, lui montrer qu’il ne faut pas les redouter. Les cicatrices sont des souvenirs qu’on écrit dans la peau, celles que l’on a choisi – comme les tatouages –, mais surtout celle que l’on a jamais désiré – toutes les autres. Il y en a pourtant dont on parvient à être un peu fier, à triompher parce que ça fait guerrier, parce que ça rappelle que finalement ce n’était pas si grave, qu’on s’en était sorti malgré tout. Comme son père qui se plaisait à exhiber la morsure d’un rocher sur son bras cette fois où il était parvenu à sauver un baleineau d’un vid de rocher pendant une tempête. Il se plaisait à raconter cette histoire qui le faisait devenir un héros le temps d’un conte, sous le sourire amusé de celle qui l’aimait et qui avait elle aussi assisté à toute l’anecdote, qui remettait en perspective les éléments. Comme la marque de la césarienne aussi, sur le bas ventre de sa mère, celle qu’elle pouvait parfois apercevoir lorsqu’elle était en maillot de bain, celle par laquelle elle était sortie vingt-cinq ans plus tôt. C’était une cicatrice qui exhibait la vie, qui rappelait son existence dans chacun des souffles de Joyce. Les griffes sur son ventre, elles, ne véhiculaient que la mort et le vide d’une vie qui n’avait jamais pu se construire. Qui ne pourra jamais se construire. Quelque chose qui est vécu à deux et qui pourtant restera ancré dans son corps à elle pour toujours ; ça les rassemble presque autant que ça les scinde.
Les lèvres butent soudain contre les pansement et quelque chose s’allume en Jay. Une inquiétude qu’elle met un peu de temps à comprendre avant de saisir qu’il veut parler du stérilet en elle. Celui-ci n’a pas été ôté, n’était pas au même endroit que ce qu’il lui ont retiré. Que l’embryon, ce truc, cette chose qui lui a été arrachée. C’est douloureux d’entendre ce mot pour décrire ce semblant d’être en elle, cette personne en devenir et qui pourtant ne deviendra jamais rien de plus qu’un déchet médical. Jeté avec sa trompe abîmée, recyclée elle ne savait où, peut-être bien brûlée. Tas informe de cendres pour cet amas de cellule qui avait voulu s’accrocher un peu trop fort à l’existence. Ça lui soulève l’estomac, cet estomac désormais vide et incapable de porter autre chose qu’une vie condamnée – une mort au final. Alors l’envie de faire l’amour, forcément, s’envole à des milliers de kilomètres de là ; non pas par manque d’envie du corps de l’autre, mais par dégoût du sien, de ce qu’il est capable de produire, de cet aspect moribond qu’elle lui découvre. Et si le soupir de Jay ne lui échappe pas, elle est cependant incapable de l’analyser correctement, le note à peine dans son esprit, dans les lambeaux déchirés de ses pensées. Élan égoïste, certes, mais surtout l’impossibilité de se projeter dans un lendemain qui ne soit pas fait de la douleur béante dans le creux de son ventre. Elle se sent trop coupable, déjà, n’a pas envie de condamner un autre embryon, se rend compte de l’impuissance de sa situation. Le lit d’hôpital l’empêche de réfléchir correctement, tout s’est précipité sur elle ; coucher avec quiconque lui semble soudain devenir illicite, a-t-on vraiment le droit de meurtrir ainsi des corps ?
Dans sa tête, c’est le bordel.

Est-ce que ça a un lien avec le soupir qui s’est évadé de ses lèvres ou l’atmosphère est-elle seulement trop pesante ? Joyce comprend que le doctorant cherche surtout un moyen de s’échapper un peu, et elle ne tente pas de le retenir, de lui demander de repousser ce café ou d’appeler une infirmière. Elle accepte la solitude, parce qu’elle comprend que c’est là sa punition : être seule. Et puisqu’elle n’a le droit à rien pour le moment, elle se contente de lui demander un paquet de chewing-gum et un bouquin, n’importe quoi pour s’occuper vaguement l’esprit. C’est là que la question tombe. Bleu ou vert ? Ça peut sembler tellement bête comme question, juste l’intensité d’un goût, la force de la menthe entre la distinction de deux couleurs. Mais c’est surtout cette possibilité qu’on lui offre, celle d’avoir le choix quand elle n’a rien pu décider pour ce qu’il s’est déroulé entre elle. Alors bleu ou vert ? Pourquoi peut-le choisir pour une chose aussi stupide qu’un paquet de chewing-gum quand on lui a arraché l’embryon qui poussait en elle ? Est-ce qu’il est moins précieux qu’une malheureuse gomme à mâcher ?

– Vert.

Il est à peine sorti de la chambre qu’elle attrape son téléphone pour ne pas se retrouver seule avec son reflet contre les vitres. Autant fuir celle qu’elle est devenue dans les notifications de l’écran. Toujours aucune nouvelle de ses parents, mais un mail de son directeur de thèse, déjà sur le pied de grue comme à son habitude. Il faudrait peut-être qu’elle leur dise, qu’elle ne viendra pas aujourd’hui, ni lundi d’ailleurs, ni… elle ne sait pas, alors elle écrit à son laboratoire pour leur dire qu’elle est en arrêt pendant quelques jours suite à une opération. Elle ne précise rien de plus, se contente de ce mot, opération, comme si on lui avait juste remis en place quelque chose qui avait bougé, comme si c’était une bêtise commune. Sûrement qu’on lui posera la question, que ses collègues ne manqueront pas de lui demander si elle va bien, si ce n’est rien de grave. Que leur répondre alors ? Ce n’est rien de grave après tout, elle a besoin de repos, mais le corps va bien, lui. La tête en revanche…
Elle ferme ses mails pour ouvrir mets, vaquant d’un poste à l’autre sans réel fil conducteur. Une pub s’affiche pour un test de grossesse. Une autre sur une boissons énergisante. Puis une sur du lait maternel. Forcément, la veille elle a fait quelques recherche sur le net en attendant son information. L’algorithme a travaillé de son côté, s’est persuadé d’une vérité qui est à côté de la plaque, et maintenant elle doit subir ses conclusions hâtives. Les yeux de Joyce se brouillent alors qu’elle constate que sa batterie est autant au bout du rouleau qu’elle. Pourtant, il ne lui a jamais semblé être plus soulagée de sentir soudain le téléphone vibrer dans sa main et s’éteindre, vide de toute énergie. Sur l’écran noir s’affiche désormais son reflet ; les cernes creusées et l’air hagard.

Perdue dans ses pensées, elle est incapable de compter le temps qui s’écoule jusqu’à ce qu’un poing toque à la porte de sa chambre. »Entrez, autorise-t-elle alors que le panneau de bois dévoile le biochimiste de retour de ses courses improvisées, une pile de magazine dans les mains qu’il pose près d’elle.

– Je n’ai plus de batterie. Mais tu peux prendre le livre sur ma commode, c’est celui que j’étais en train de lire.

Sa commode. Celle qui regorge de tissu dentelle, de couleur aguicheuse, celle qui cache les dessous qui émoustillent Jay. Tout ça lui paraît tellement futile, là, dans ce moment, alors qu’elle récupère ses chewing-gum – de la bonne couleur – et les pose sur le meuble à côté du lit. Elle n’est même plus sûre d’en avoir envie.
Jay se rassied sur le matelas et elle dirige son regard dans sa direction quand lui semble le fuir, pourquoi ? Les mots qui s’extirpent de ces lèvres qu’elle a si souvent embrassées semble difficiles et font sursauter son cœur. Ne plus l’aimer ?

– Oh Jay, non, non pas du tout.

Elle tente de se redresser dans le lit, mais son abdomen rechigne à suivre le mouvement et elle doit se contenter de cueillir sa joue du bout de ses doigts.

– Je veux dire, je t’aime toujours, ça ne change rien non plus à ce que je ressens pour toi. La seule que je déteste, c’est moi.

Sa paume glisse le long de sa mâchoire, puis redescends plus bas, jusqu’à parvenir à sa main, pour s’entrelacer avec elle. Geste qui leur correspond, qui nourrit leur relation depuis le début, comme une évidence entre eux, un moyen de se confier tout ce que les mots n’osent dire.

– Si cet embryon s’était logé ailleurs… je ne sais même pas si on l’aurait gardé, c’est trop tôt pour avoir un enfant, mais… j’aurais aimé qu’on ait le choix. Qu’on puisse en discuter ensemble, que tout ce soit pas aussi précipité.

Même si la discussion n’aurait sûrement pas été évidente, qu’il aurait fallu faire face à un dilemme difficile, au moins il leur serait revenu à eux, et uniquement à eux.
Doucement, Joyce se déplace sur le rebord du lit opposé à celui sur lequel est aussi Jay, de quoi lui faire une place sur le matelas conçu pour une personne.

– Prends moi dans tes bras, s’il te plaît.

Parce qu’elle a envie de sentir son parfum, ses bras, sa peau contre la sienne, parce qu’elle n’a pas envie d’être seule.
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Ji-hun Hwang

Âge : 28
Lieu de naissance : Hamheung, ville de la région de Hamgyeong du sud. La Corée du Nord l'a vu naître, l'a élevé. Elle a forgé une partie de l'homme qu'il est aujourd'hui, mais c'est sur un tout autre continent qu'il désire construire son avenir.
Quartier d'habitation / Colocation : Il a vécu la Pforzheimer House durant une année, l'a quitté en juillet pour s'installer provisoirement chez un ami, à Chinatown, Boston, le temps de déménager dans un studio au 499 Beacon St.
Situation sentimentale : Il a retrouvé les champs, un petit peu plus d'un mois avant le printemps. Maintenant que n'existe plus de pression, la relation peut enfin préparer sa floraison ; dans une relation avec Lilia, demoiselle qu'il connaît depuis un an déjà ; 2024년 2월 16일
Études / Métier : doctorant en pharmacologie, au sein du laboratoire de l'école de médecine, il assiste également son superviseur dans ses recherches et participe activement à des conférences. En-dehors de ça, il fait du tutorat en sciences et en coréen ; ça paye bien mieux que serveur à la Luna Caffe, même si sa passion pour les latte art ne s'est pas envolée.
Date d'inscription : 16/04/2022
Pseudo & Pronom(s) IRL : Huimei (elle)
Icon : Tears in the belly - 03.02.23 63dcf3a9b9de4d6723a9c5c91e63d0f83fef53f6-gifv
Faceclaim : Lee Jong-seok
Crédits : meteoraa (avatar) onlyjongsuk (gif)
Multicomptes : Soo-min Woo (Yoo-jeong Kim)
Description (1) : Tears in the belly - 03.02.23 NPSpyu1W_o
Description (2) :
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Warnings : régime totalitaire, sanctions (ex : camp de concentration, travail forcé, exécution publique), patriarcat social / juridique, tortures / actes de barbarie, détention provisoire, violences policières (Japon), ablation d'un rein, 18+, racisme / discrimination / bashing subis, grossesse extra-utérine de son ex-copine / maladie : insuffisance rénale.
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La prise de conscience fût brutale. Très brutale mais nécessaire. Les mots filèrent jusqu’au cœur de Ji-hun, et percèrent là où personne ne s’était encore autorisé à le heurter. Le pincement à son myocarde sembla devenir, en l’espace de quelques secondes, l'un de ces pieux qui empoisonnaient tout ce qui existait de vie, en celui dans lequel il s’était planté. Il meurtrit un à un les organes, les réduisant à leur minimum jusqu’à les statufier. Et il dut user d’une force incroyable pour gonfler ses poumons et respirer à nouveau, le brun. Il inspira profondément, pour mieux se vider d’une partie de cette insensibilité dont il s’était paré pour se protéger. Il pouvait se montrer indifférent devant ces corps que l’on extirpait des ventres de ces femmes jugées coupables de s’être données à des hommes d’une autre nation, mais n’était-ce pas aberrant lorsqu’il s’agissait du sien ? Un an auparavant, il aurait répondu « non » sans la moindre hésitation, mais force était de constater qu’il s’était ouvert à accorder une véritable importance affective aux autres depuis. Alors, oui. Oui, cet homme avait raison lorsque, compatissant, il déclarait que « quand même, ce n’était qu’un bébé ».

Embryon, fœtus, bébé. Il n’avait été qu’un « ça », même de la bouche de Joyce, alors comment comprendre ce qu’ils avaient perdu ? L’Asiatique voulut remercier le futur papa pour ces mots qui faisaient sens, quand personne jusqu’alors n’avait osé les utiliser. Mais son téléphone sonna, s’agita dans la poche de jeans du chef de famille, à la ceinture si étroite. Il décrocha, et une voix féminine se mit à hurler contre le tympan de celui qui semblait être son mari. Ji-hun tenta de faire abstraction des grossièretés criées dans le combiné, et il fut très impressionné par la façon dont l’homme accepta de se faire ainsi disputer pour avoir ressenti le besoin de souffler. Est-ce qu’il aurait aimé que Joyce agisse de la sorte ? Peut-être pour le bousculer, quand il semblait se décharger du lien qui l’unissait à ce qui avait germé dans l’abdomen de sa copine. Il l’aurait très mal pris vu la société dans laquelle il avait été élevé, c’était certain, mais ça leur aurait permis de gagner un temps précieux pour, ensemble, débuter le deuil de ce qui avait été et ne sera jamais. Il se sentit ridicule de rester planté là, quand l’époux s’était  aussitôt défait de sa clope pour retrouver la future mère, qui avait besoin de lui.

Joyce avait aussi besoin de lui, mais elle n’aurait jamais osé lui parler de cette façon. Pas pour respecter les débris de ce patriarcat qui restaient et resteront – malgré tout – en lui, mais parce qu’elle avait souvent été habituée à gérer tout – trop – toute seule. En-dehors de ses parents, et sa grand-mère autrefois, elle s’était enfermée dans sa cabine, retrouver là-dedans pour seules alliées les planches de bois de sous sa literie. Et si elle avait aujourd’hui des amis – un tas d’amis sûrement –, cette habitude-là ne semblait pas se dissiper. Pas même avec lui. Alors, il avait beau regardé son téléphone et continué de chercher une librairie ouverte, il savait qu’il ne verrait pas le nom de la biologiste s’afficher sur l’écran. Cette indépendance bien trop marquée était ce qu’il détestait le plus ; l'une des choses contre lesquelles il finira par pester, un jour peut-être. Il se fit à l’évidence : elle ne l’appellera pas, et il ne trouvera pas de livre à lui rapporter. Il pressa activement sa bouche autour du filtre puis du rebord du gobelet, avant d’écraser son mégot et de jeter le carton à la poubelle. Qu’importait si elle ne le convoquait pas, sa place restait auprès d’elle. Pour ça, il rejoignit les portes automatiques de l’hôpital.

Magazines empruntés au hasard sur l’une des consoles de la salle d’attente, il promit de les rapporter lorsque la demoiselle aura terminé de les feuilleter, et s’envola vers les étages. L’ascenseur le déposa mais ne reprit aucun autre visiteur. Le couloir était rempli des premiers chariots médicaux, et certains offraient même une idée de ce qui allait être proposé au petit-déjeuner. Les chambres de suites gynécologues et obstétriques semblaient être vides d’occupants pour l’instant, mais Ji-hun ne put s’empêcher de s’imaginer ce qu’il adviendra de la santé mentale de Joyce si une mère et son enfant étaient installés au même étage. Pas le temps toutefois d’aller plus loin dans la réflexion, puisqu’il parvint à atterrir devant la porte. Quelques coups contre le pan mobile reçurent une invitation à entrer. Il fit le chemin jusqu’au meuble près du lit d’un seul trait, et posa les feuillets d’actualité dessus en prenant soin de les aligner. Mine contrite sur le visage, il n’avait même pas pu mettre la main sur un bouquin qui informait de quelques banalités sur la vie marine, mais il comptait bien passer par la confrérie de la doctorante pendant midi, et lui ramener quelques affaires pour son séjour.

La commode, très bien, acquiesça-t-il avant d’ajouter, je te prendrai des affaires de rechange, un large t-shirt pour la nuit et ton chargeur. Ils savaient toutefois tous les deux qu’il ne pourra monter lui-même ses effets personnels. Les visites n’étant pas autorisées avant le début d’après-midi, Ji-hun devra les déposer à l’accueil et espérer qu’ils soient assez réactifs pour ne pas laisser la patiente sans ce qui pourrait réellement l'aider à accepter la convalescence. Il s’assit sur le rebord du matelas, après lui avoir cédé les chewing-gums à l’emballage vert sapin, et resta muet. Pourtant ses lèvres mouvaient au rythme des mots qu’il tentait de laisser sortir. Le repos, le suivi psychologique, la contraception. Tous ces refus lui parurent indiquer qu’elle désirait le contrer pour, plus facilement, mettre de la distance avec lui. Et ça le chagrina de penser que ça pouvait être là les prémices d’une rupture, ou tout du moins d’un amour effacé en instantané, comme l’on gommait des lignes écrites subtilement au crayon à papier. Est-ce que ces dernières semaines ensemble n’avaient été que ça – un brouillon ? Ça faisait mal d’y penser, mais il ne pouvait rester dans le trouble de ses constatations.

Est-ce qu’elle l’aimait encore, au moins un peu ? Parce que, même s’il ne pouvait encore parler librement de sentiments à son égard, il tenait à elle, et bien plus à tout ce que ça pouvait signifier d’avoir accepté d’être avec elle. Ça ne faisait pas deux mois qu’ils étaient ensemble, mais ils se voyaient depuis bien plus longtemps que ça, et l’idée de pouvoir former un couple avait pu l’effleurer plus d’une fois grâce à ça. À leur rythme, ils apprenaient et tentaient de comprendre comment leur duo allait fonctionner, comment ils pourront un jour braver le pire et vivre du meilleur. Ils étaient jeunes, leur relation aussi, ils avaient des projets bien plus captivants à réaliser, mais ça n’empêchait qu’il la voulait, Joyce, dans un futur plus ou moins loin. Alors il crut tomber malade lorsque les premiers mots sortirent. Et qu’importa la pression des pulpes sur sa joue, ils furent comme des griffures ajoutés à son cœur blessé. Pas du tout…, répéta-t-il, complètement las, quand ses yeux n’étaient plus certains de la regarder ; les avait-il baissé ? Il les appréciait pourtant si fort ces mots. À la minute même où elle les avait prononcés en décembre, ça lui avait fait quelque chose.

« …Je t’aime » avait paru si doux, quand mêlé au « pas du tout » l’écorchait vif. Il avait pourtant été certain de voir une étincelle à son arrivée dans la chambre, comme il avait été certain que les cœurs lâchés à tout-va avant leur séjour étaient d’ores et déjà significatifs de l’amour ; il avait tout faux, alors ? Il eut l’impression de couler et, merci, elle choisit le bon moment pour le repêcher. Elle se reprit avant qu’il vienne à mourir noyer dans l’information erronée. Mais il ne s’extasia pas plus que ça devant l’aveu, il n’eut pas le temps. Jebal*, Joyce…, murmura-t-il lorsqu’elle confia se détester ; s’il te plaît, ne dis pas ça… Et lorsque les doigts de sa copine trouvèrent les siens, il n’hésita pas à les serrer, mâchoires imbriquées l’une dans l’autre à tel point qu’elles auraient pu se briser. Il secoua la tête pour refuser ce qu’elle s’infligeait. Et il peina tellement à se défaire de la salive bloquée dans sa gorge, qu’il ne put s’exprimer davantage. Rien n’avait merdé en elle, bien au contraire. Son corps avait fonctionné comme n’importe quel autre durant une période d’ovulation. Le seul fautif était le stérilet, et elle n’y pouvait rien, à ça ; c’était « pas de bol », voilà tout.

Et il l’écouta – l’entendit – exposer ce qui la chagrinait. Le choix. Il était en accord pour dire que c’était trop tôt pour avoir un enfant, ils découvraient à peine ce qu’était être étudiants-chercheurs, mais elle aurait aimé qu’ils puissent décider de l’avenir de… cet embryon ; oui, elle l’avait dit, elle aussi – il n’y avait plus de doute possible : il avait bel et bien existé. Avec cette option , commença-t-il, les yeux rivés sur leurs mains liées, avant de les relever et d’ajouter : est-ce que tu aurais moins souffert, Joyce ? Question posée, à laquelle il n’attendait pas spécialement de réponse. Mais si elle l’avait, il était tout ouïe. Elle n’avait aucune idée de ce que c’était que de décider de retirer la vie – et lui non plus. Mais, une chose était sûre, elle était bien plus humaine et sentimentale que lui ne le sera jamais, et, pour cette raison, il n’était pas d’accord. Aujourd’hui, il fallait faire avec le poids d'une perte, se libérer d’une partie d’eux, dans son hypothèse il aurait fallu se libérer de ça, et de la décision de mettre fin au plausible avenir de cet être en devenir qui portait un bout d’elle, et un bout de lui. Pour respecter l'avis de sa copine, et faire respecter le sien, il ne dit rien de plus à ce sujet-là.

La requête suivante connût aussitôt l’affirmation du brun. Il fit attention au cathéter posé sur le dos de sa main, et au fil auquel elle était relié, et réussit à se glisser à ses côtés. Il laissa ses pieds en-dehors du lit, mais il colla son corps tout entier, au plus près du sien, pour une accolade qui se voulut aussi forte que le mental dont ils avaient besoin pour panser la plaie de cette mésaventure. Elle dans ses bras, il se sentit bien plus confiant que dans la salle d’attente où, seul, on l’avait fait patienter. Je ferai tout pour te rendre heureuse, tu le sais, déclara-t-il après avoir posé ses lèvres sur le haut de son crâne, parce que c’est toi… Ça ne peut être que toi. La femme qu’il voudrait pour toujours à ses côtés. Venant de lui, les preuves verbales étaient rares mais, pour le peu, signifiaient beaucoup. Pas de « je t’aime », « tu me manques », « j’ai besoin de toi »  à longueur de journée, mais ça – des phrases, parfois – confiées au bon moment. Il se permit de soupirer et de fermer les yeux. Jeoneun…jogum ittaga naerikeyo*, annonça-t-il en l’incitant à se lover davantage. Pas besoin d’être interprète en coréen pour comprendre ce qu'ils signifiaient ; il allait rester.

Carriériste , ses projets professionnels passaient avant toute autre chose. C’était, d’ailleurs, encore et toujours le cas. Mais les responsabilités qui l’attendaient au laboratoire sauront patienter une heure de plus. Parce qu’aujourd’hui il y avait elle, lui, et cet embryon à qui ils devaient, comme un seul et même bloc, dire « au revoir ».

@Joyce Millett

* S'il te plaît
* Je vais rester encore un peu
(Ji-hun Hwang)



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