Ji-hun avait été surpris par la convocation de la Doyenne la veille, et avait bâti de nombreuses attentes autour de cet e-mail. Augmentation des bourses, gratuité du réfectoire, ré-ameublement des confréries – à commencer par les literies, avaient été des idées, plus ou moins sérieuses, qui lui étaient passées par la tête. Quelle n'avait pas été sa surprise quand, dans le grand auditorium, il avait fait face à la sévérité du ton comme une gifle en plein déluge. Bien qu'il faisait effectivement partie des victimes d'un événement survenu au mois d'octobre, il ne se retrouvait pas dans le portrait des étudiants qui était dressé dans le discours, et ça le heurta. Ça avait été davantage terrible pour lui lorsqu'il avait posé son regard sur le papier qui stipulait les règles mises en place. Le sport faisait partie intégrante de sa vie, était une compétition qu'il voulait mener à bien. Mauvais timing qu'étaient ces restrictions sportives, puisque les rencontres de mi-saison allaient bientôt reprendre, et il comptait sur les entraînements pour rattraper le classement médiocre obtenu dans le Minesotta.
Ce fut en silence qu'il termina sa journée. Il n'eut pas même le courage de rester plus de temps au laboratoire, quand il offrait d'ordinaire des heures sans compter. Il prit les transports en commun autour de dix-huit heures, et ne fit que penser à ce chemin vers la piscine qu'il ne fera pas demain. Il soupira bon nombre de fois, mais son dépit passa inaperçu parmi la foule de passagers. Il passa le badge, et poussa la porte de la Maison Dorée. Il n'eut pas le courage de vérifier la présence d'autres résidents dans les pièces communes, monta directement les marches qui le menèrent jusqu'au couloir des chambrées. Il marcha jusqu'au bout du corridor pour retrouver cette chambre qu'il occupait depuis quelques mois, et qu'il ne fermait jamais à clé – sauf en de très rares occasions, lorsqu'il désirait un peu d'intimité ; se caler devant quelques photos ou vidéos suggestives, et faire son affaire, entre autres. Il entra, ne prit pas la peine de fermer derrière lui et tirer sur la cravate qu'il portait à chaque fois qu'il se rendait à l'Université pour la dénouer et respirer.
Coup d'oeil sur le bazar de la pièce, quelque chose semblait toutefois clocher. Affaires de sport jetées au sol, articles de sciences déposés sur les draps défaits, pile de fringues bonne à repasser sur un côté de son bureau et une autre qu'il n'avait pas le temps de ranger empilée sur une chaise, tout y était. Mais alors ? Il porta un regard sur ce qui s'était ajouté alors, et ne se rappela pas ; une jeune femme s'était-elle dévêtue dans sa chambre ? Il haussa les épaules. Peut-être que Joyce avait raison : des gens profitaient peut-être de son absence pour s'amuser. Il tourna la tête vers son microscope et se dit que, tant qu'ils ne cassaient rien, ils pouvaient bien se permettre de prendre du bon temps. Claqué, il se délesta de sa veste, de ses chaussures et de sa sacoche, s'installa sur son lit où il ouvrit son ordinateur. Il analysa de nouveau les feuilles délaissées le matin même et prit notes des informations qu'elles contenaient. Ça dura, jusqu'à ce que la deuxième surprise de la journée pointe le bout de son nez.
@Lex Reynolds
(Ji-hun Hwang)
Blossoming
In the land of cherry blossoms,
Love bloomed like delicate petals.
Hearts entwined, two souls aligned.
Love bloomed like delicate petals.
Hearts entwined, two souls aligned.