Appel d'Ambre vers Lavender

Les mots de Lavender me réconfortent quelque peu. Ca fait du bien de l'avoir au téléphone et de savoir que je ne suis pas si seule aujourd'hui, même si Sateen ne s'inquiète plus pour moi à cause de mon erreur...

- Jake croit que c'est parce que je choisis tout simplement la facilité...Je trouve pas que... Si j'en prends c'est parce que je ne me sens jamais aussi bien que quand je suis shootée et ce n'est pas que physiquement... C'est... C'est mentalement surtout. Je vais mieux, je vais tellement mieux, enfin d'habitude.

Puisque là, j'avais beau être dans les vapes je n'allais pas bien du tout.

- Mais quand je me réveille... Horrible... C'est vraiment... Et ça me donne l'envie d'en reprendre parce que je me sens moins que rien, sale, tellement stupide... Et je...

Pleurs..

- Oui je...

On caresse le bras, je me retourne et laisse involontairement Lavender entendre :

- Miss, j'en ai qui risque de te faire décoller là...!

La voix saccadée d'Ambre inquiétait quelque peu Lavender, elle ne laisserait jamais tomber son amie Quincy.
A travers la descente aux enfers d'Ambre, elles avaient noué un lien fort, d'entraide.
- Jake ? De qui tu parles Ambre ?
La voix de son amie lui semblait loin, derrière elle, il lui semblait entendre des bruits étouffés.
- Ce Jake ne te connaît pas aussi bien que moi alors. Je te vois telle que tu es réellement Ambre. Tu pourrais faire tellement de belles choses sans...cette addiction. Retrouver le contrôle de ta vie, suivre tes rêves, faire confiance à nouveau, TE faire confiance. Tu dessines non ? Tu es bourrée de talent Ambre...et tu as la possibilité d'en faire quelque chose ! Il te suffit juste de croire en toi, te dire que tu es capable de le faire, autant que n'importe qui. Tu es loin d'être faible, tu es une des femmes les plus fortes des Quincy. Tu y as bien ta place, mais avant de penser à aider les autres, pense à t'aider toi. Ne pleure pas...
Une voix grésillante résonne au combiné, Lavender se demande si elle doitrebondir sur ce qu'elle vient d'entendre :
- Je ne raccrocherai pas tant que tu n'arrêteras pas de pleurer...tant que tu ne te sentiras pas mieux.

Je me passe la main sur mon front et soupire, transpirante et toujours sous l'effet de ce qu'on vient de me donner. Je suis soulagée de voir que Lavender ne calcule pas l'homme derrière moi.
-Je dessine à peine... En fait, j'écris surtout... C'est ma passion quelque part mais peut-on vraiment appeler ça une passion quand la personne concernée la néglige autant ? ....
Son discours sur le fait que j'étais une des plus forte des Quincys me touche même si je pense direct à Nevada, elle et Lavender, ce sont des battantes !
- D'accord, je... Je renifle. Je ne vais plus pleurer, je vais passer au dessus même si ce soir c'est foiré....Genre complètement.... Et je ris. Lavender doit surement comprendre que je ne suis pas moi même et ça me blesse quelque part de lui faire subir ça, quelle idiote je suis ! Ca me fait mal Lavender, tu dois me trouver stupide. Je te crois, je fais celle qui veut y arriver et regardes ce que je fais ce soir....
On me tire le bras violemment et je me retourne en criant ma rage :
- Casse toi connard, ne me touche pas ! J'en veux plus de ta saloperie. J'ai crié tellement fort qu'il recule et s'en va, j'ai l'impression que ça a effrayé Lavender, je lui souffle : je te crois.... Je vais y arriver.

Lavender avait beau connaître Ambre depuis quelques temps, elle aurait aimé en apprendre davantage encore. Connaître ses passions, ses rêves, sa vie. La voir sombrer ne leur avait pas permi jusqu'à présent de se poser pour discuter ensemble de leurs projets d'avenir. Lavender se demandait parfois comment Ambre vivait avant de découvrir les méfaits de la drogue. Etait-elle pleine de vie, enthousiaste, rieuse ? Elle aurait tout donné pour connaître la véritable Ambre Wilcox à cet instant.
- Tu écris alors ? Des textes, des poèmes, des nouvelles ? Tu ne m'en as jamais parlé à vrai dire...tu les réserves à une seule personne...? Et ça te plaît ? Je veux dire, ça aussi c'est un exutoire tu sais, une façon de se déverser sans faire de mal à personne, ni à toi-même, ni aux autres. On se sent juste mieux après avoir dit ou écrit certaines choses. Pour la calmer, Lavender ajouta. Tu sais qu'il est même conseillé d'écrire sur un petit bout de papier ce qui nous fait peur et de le jeter ensuite dans la benne à ordures pour vaincre ses peurs ? Il lui semblait avoir vu ça dans un reportage.
- Ne pense à ce soir, vu l'heure, on est presque demain en plus. Après tout, peut importe, on est entre nous. Je te connais, tu sais que je ne te jugerai jamais. Alors qu'importe si je suis au courant pour ce soir, qu'importe si pour une fois on peut se parler à coeur ouvert.
Lavender n'avait jamais eu la chance d'avoir une soeur, et elle ressentait le besoin irrépressible de rassurer Ambre.
- J'aimerais t'aider, te promettre que ça ira mieux, mais tu me laisses à peine t'approcher comme si tu avais peur du parcours à faire... J'ai déjà essayer de t'aider auparavant, tu m'as menti sur ta consommation Ambre...Je veux qu'on y arrive, je veux que tu y arrives. Ambre...je n'ai jamais eu la chance d'avoir une vraie famille, sans père, sans frère et soeur. Et pourtant, je suis là avec toi. Et tu sais pourquoi ? Parce que j'aurais pu être à ta place ce soir, ça aurait pu être n'importe qui. Que ferais-tu si tu étais à ma place, tu m'aiderais ?
Ambre étouffe un cri et se met à hurler des injures sur un "connard", certainement celui que Lavender avait entendu dans le téléphone tout à l'heure.
- Tu veux que je vienne ? Dis-le moi...

- En fait, j'écris de tout mais principalement de lettres sur l'écologie, les animaux maltraités ou abandonnés, les enfants battus et tout ça, mais j'ai un journal surtout. Je baisse la voix et rends notre conversation encore plus intimes et secrète. Je voudrais être journaliste, tu sais... C'est mon rêve en fait. Faire ouvrir les yeux du monde sur des causes qui m'importent beaucoup, c'est ça...
J'aimais l'idée de Lavender sur le petit bout de papier qu'on devait jeter. En réalité je l'avais déjà fait, mais j'avais jeté le petite bout dans la mer et je ne sais pas vraiment si ma peur s'est dissipée, c'est surement psychologique mais j'allais suivre son conseil.
-Et si je t'ai menti sur ma consommation c'était parce que je ne m'étais pas préparé à cette rechute et que je ne voulais, ni te blesser ni te décevoir, ni t'inquiéter...C'est ce que j'ai fait avec tout le monde, et ça a vraiment blessé Sateen en plus... Je pensais que c'était la meilleure solution, désolée.
Je passai la main sur mon visage transpirant, j'avais mal à la tête.
- Bien sur que je t'aurais aidé et je crois que je peut-être surveillée comme nous avons décidé que tu fasses mais... J'aurais été là, j'aurais tout fait pour que tu ailles mieux, par pour que tu t'arrêtes parce que maintenant je sais à quel point c'est dur mais.... J'aurais tout fait pour, c'est sur.
Et c'était vrai, c'était comme ça que j'étais auparavant : amicale, serviable, sociable, prête à tout. Et ce que je venais de dire à Lavender prouvait peut-être que cette Ambre là était toujours là et que quelque part, Lavender allait forcément finir par la connaître.

- Tu as un journal ? Loin d'être de la curiosité mal placée, la jeune femme était surtout intéressée par cet aspect du caractère d'Ambre qu'elle ne connaissait pas jusqu'à présent. Tu écris souvent dedans ? Tu n'as jamais pensé à devenir porte-parole de refuge ou d'association ? C'est exactement ce type de talent qu'ils recherchent, c'est quelqu'un comme toi qui peut donner de la voix à de précieuses causes.
Lavender admirait ceux qui arrivaient à manier les mots à leur guise, les assembler pour leur donner un sens, une résonance.
- C'est que tu ne me connaissais pas encore suffisamment alors. Lavender cacha sa déception, car elle était tout de même un peu vexée du peu de confiance que lui témoignait Ambre à ce moment-là. Lorsqu'elle lui avait menti. Lorsqu'elle avait remis sa vie en danger en lui disant que "Non, tout allait bien". Mais la jeune femme comprenait toutefois son comportement et ne se permettrait jamais de la blâmer pour ce qu'elle lui avait fait croire.
- Me décevoir ? c'était presque comique à entendre...Ambre avait des soucis avec l'alcool et la drogue et elle s'inquiétait de l'image qu'elle allait projeter auprès de ses amis. Tu ne pourrais pas me décevoir, même si tu essayais de le faire ! C'est comme ça, je comprends ce que tu vis un peu plus chaque jour lorsque tu me permets de t'écouter.
La jeune femme enchaîna :
- Alors laisse-moi t'aider, c'est toi qui m'aurait supplier de le faire si la situation était inversée !
On le fera à ton rythme, certains soirs seront plus difficiles que d'autres mais le temps est avec nous. Tu es jeune, indépendante et volontaire, on pourra voir le bout du tunnel si tu le veux vraiment.

J'appréciais la façon dont Lavender essayait de me captiver sur autre chose que la drogue parce que généralement, ça marchait:
-Oui...Oui, je tiens un journal sur internet mais mon plus précieux, c'est mon journal intime. Il ne me quitte presque jamais. Oui, je... C'est un des métiers qui m'intérressent beaucoup, tu sais, j'ai vraiment envie d'aider, de servir à quelque chose comme toi tu m'aides.
Je la laissais parler, l'écouter m'apaisait. J'avais la tête collée à un mur, les cheveux collants et le front perlé de sueur. Heureusement, les personnes qui m'avaient fourni s'étaient éloigné ce qui me laissa un bon moment dans le calme et ce qu'on pourrait tenter de qualifier de réflexion.
-Lavender, je ne sais pas..combien de fois je vais devoir te remercier quand nous en aurons fini avec ça. Tu es l'une des seules qui me soutiennent à ce point, même Sateen a baissé les bras face à mon comportement, mais pas toi. Tu es vraiment....
Je ferme les yeux, je ne me sens pas bien, pas bien du tout. Les effets commençaient à s'estomper et c'était là, le mauvais moment à passer. Celui qui poussait à se resservir, j'allais devoir être forte.
-Est-ce que ça ne te dérangerais pas de... venir ?


Sincèrement désolée pour le retard, je réponds bientôt en rp... J'ai eu pas mal d'absence ces derniers temps...

Assommée par la fatigue, l'alcool et la drogue, Ambre ne se rendait pas compte à quel point la vie pouvait en valoir la peine. Il fallait se battre à chaque instant, au propre comme au figuré. Sous l'effet de ces différents composants, Ambre se laissait plus facilement aller à la confession et Lavender découvrait petit à petit la profondeur d'esprit de la jeune femme. Comment avait-elle pu tombé dedans ? Elle avait tout pour y arriver, des projets, des envies, de la force d'esprit...et du talent à revendre !
- ça t'aide de parler de certaines choses dans ton journal ? L'idée t'est venue...comme ça ? Même si Ambre avait du mal à se confier, Lavender était quand même rassurée de savoir qu'elle avait un journal pour extérioriser. Je ne t'aide pas au sens propre, je veux juste te rappeler que tu n'es pas seule et que tu peux faire de grandes choses. Ambre avait un bon fond, elle était honnête sauf lorsqu'il s'agissait de sa relation avec la drogue.
- Tu n'auras pas à me remercier, j'espère qu'on aura plus à en reparler parce que tu auras plein de choses à vivre lorsque ça ira mieux ! Tu pourras de nouveau penser à toi, ton avenir. De la friture sembla s'installer sur la ligne, à moins qu'Ambre n'ait choisi volontairement d'instaurer un long silence entre elles. Lorsque Lavender entendit de nouveau sa voix, elle la trouva cassée et implorante. Sans un regard vers sa montre, Lavender s'empara de son manteau et s'apprêtait à ouvrir la porte, le téléphone collé à l'oreille.
- Je prends un taxi et j'arrive tout de suite. Ne bouge pas, attends-moi. Elle avait peur qu'Ambre ne re-consomme de la drogue si elle n'arrivait pas à temps. Tu sais quoi ? Je vais garder le téléphone pendant tout le trajet, on pourra toujours se parler comme ça. D'accord ?