We need a talk ft. Margault

La petite conversation du marché revenait en boucle dans sa tête, mais ce n’était rien à côté de l’image de ce petit. Raphaël, leurs quelques traits en commun, les dates qui concordent et l’incident qu'il n'a toujours pas avouer. Il essayait de prendre l’air, les cernes apparaissent sur son visage marqué d’inquiétude. Il passait pour retrouver une petite partie de sa famille durant ces années universitaires, se changer les idées avant de partir avec ses parents. Il avait besoin de réponses et ça le dévorait. Sur le chemin, soufflant une épaisse buée au rythme de la respiration qu’il essayait de réguler. Le regard qui alternait entre son environnement et le béton que ses pieds foulent finit par tomber sur la fameuse blonde qui pose tant de tourments à son esprit. Il essaie de capter son regard avant de l'appeler “ Hey, Margault, tu vas retrouver les autres ? On peut peut-être discuter sur la route ..? ” Il essaie de ne pas s’imposer, mais de lui faire comprendre qu’il a besoin de cette discussion, il emboite son pas avant sa réponse. “ Il fallait que je te parle d’un truc même si t’as que cinq minutes j’aimerais en parler avant de devoir partir ” Il s’arrêter, une foutue pression lui bouffe le coeur, il savait pas si elle prenait la pilule, il s’est imaginé que oui, qu’elle saurait se débrouiller, que si il y avait un problème elle le verrait. Mais il aurait dû être honnête, et il allait devoir en assumer les conséquences. @Margault Archambault

Les vacances ne sont plus qu’à quelques heures. L’excitation est palpable au sein du campus. Les étudiants ont fait leurs valises pour retourner dans leur famille disséminée aux quatre coins du globe. Pour toi, ça sera Cambridge avec ton père. Raphaël ne verra pas sa grand-mère aux mille reproches. C’est peut-être mieux pour lui qu’il soit entouré de bonnes ondes avec son papy. Et puis il y a les jumelles ici, ton beau-père se déguisera en père noël pour la seconde fois, ça va être génial de voir ton p’tit bout avec des étoiles plein les yeux. Les préparatifs du réveillon se rapprochent. Tu te chargeras d’une partie de la cuisine, notamment la partie sucrée avec la célèbre bûche Archambault, recette héritée de ta grand-mère. Les mains dans les poches de ton manteau, tu avances vers l’Adams House pour aller récupérer quelques affaires, dont la robe scintillante qui viendra rendre jaloux l’arbre de Noël. Absorbée par tes pensées, une voix désormais familière vient soulever ton visage du bitume. Tu l’entends trottiner et te rattraper pour … obtenir une discussion. Ça sent mauvais. Ta dernière apparition l’a probablement fait gamberger. Il est pas con Arlo, il a dû faire les calculs et se rendre compte qu’il était potentiellement un père. Les enjambées qui ralentissent, tu te figes une courte seconde en affrontant le regard du brun. « Tu ne pouvais pas en parler à un prêtre ? » Pourvu qu’il n’y ait aucun lien avec Raphaël. T’as pas envie de te triturer la cervelle pendant les fêtes. Tu veux profiter d’lui encore un peu, sans qu’un inconnu vienne te le voler pour les prochaines vacances. « Tu veux qu’on s’installe dans ma chambre ? Tu pourras voir à quel point je suis bordélique » Le sourire persiste, mais les dents sont serrées. Le coeur lui, il cavale comme un fou dans ta poitrine. Tout est de ta faute, si tu n’avais pas eu la curiosité de vouloir mettre un visage sur le géniteur de Raphaël, tu n’en serais pas là. Les marches gravies, vous pénétrez dans la maison et poursuivez par l’ascension du grand escalier menant aux chambres. « Rien de grave au moins ? Je devrais prendre un avocat ? » que tu plaisantes alors qu'il faudrait peut-être commencer à se renseigner sur le plan juridique. @Arlo Woods

Il savait très bien que cette petite idée, cette frayeur qu’il se fait n’allait pas le lâcher. Pas quand il partirait avec ses parents fêter Noël dans un campement de montagne. Pas quand il devrait retrouver Antoine sur Paris avant d’aller avec lui fêter le nouvel an en Ecosse comme il le fait chaque année. Il devait savoir, parce que ça le bouffait. Est-ce qu’elle était floue parce qu’elle avait honte de l’identité du père ou parce que ce dernier la regardait droit dans les yeux durant cet échange ? Il était du genre à ne pas laisser filer ses erreurs facilement, à ressasser ses mauvais choix, il avait passé deux semaines à débattre se demandant s' il devait trouver un moyen de la recontacter pour lui avouer la faiblesse de leur contraception. Puis il s’en ai suivi trois mois ou parfois cette pensée lui venait, celle qui disait qu’il avait mal fait, qu’il devrait avoir honte de cette lâcheté. Il aborde un sourire gêné quand elle lui propose une autre alternative qu’il avait aussi considérer avant d’y renoncer. “ Mh nan, à moins que décide d’en prendre le statut je m’en passerais pour le moment ” C’était bien elle qui avait les réponses, où du moins l’autre côté de l’histoire. Il hoche la tête quand elle propose d’aller dans sa chambre, comme un air de déjà vu. “ Je crois pas qu’une seule personne ici arrive à garder sa chambre nickel sur plus de trois jours, aucun jugement promis ” Elle restait souriante, malgré ses traits tendus qui contrastait avec l’air nonchalant d’Arlo qui cachait, plus ou moins bien, son angoisse. Il la suit, foulant les mêmes marches qu’il avait gravi plus d’une centaine de fois. Un petit rire lui échappe quand elle tâte le terrain “  Rien de grave et aucunement besoin d’un avocat, ne t’en fais pas, j’ai juste beaucoup pensé, et je crois que mon cerveau à le don pour se faire des idées ” C’était dur à cracher, juste comme ça. Si ça se trouve il se faisait juste un film, Raphaël avait juste un père en déplacement. “ Est ce que tu sais vraiment qui est le père de ton fils ..? ” Toutes ses inquiétudes s’en iront d’un simple oui, un autre prénom que le sien suivrait cette information, il serait soulagé, mais la vie n’est pas si simple.    @Margault Archambault

C’est la pluie qui s’abat sur toi. T’entres dans la tempête. Ça fouette la peau et ça retourne le coeur. La peur dévore tes entrailles. Tu es assez intuitive comme fille et tu le vois arriver Arlo. Il y a eu suffisamment de sous-entendus lors de votre dernière rencontre. Il a dû se remémorer ce Spring Break et conclure qu’il était un bon candidat à la paternité de Raphaël. Mais du coup, si c’était un vrai connard, il n’en viendrait pas à cette discussion qui pointe le bout d’son nez. S’il voulait rester en dehors de cette histoire, il ne chercherait pas à gratter davantage, non au contraire. S’il était un sale enfoiré, il ferait en sorte de te mettre sur un autre chemin. Le malaise s’enroule tout autour de toi. Tu rates presque la dernière marche et atteins enfin le pallier menant aux chambres. La nervosité est à son comble alors que tu arrives devant ta porte. Et paf, la question tant redoutée tombe du ciel. La clé qui entre dans la serrure, tu déverrouilles le mécanisme et pénètres dans la pièce encombrée. L’écharpe retirée, tu tires la chaise de ton bureau et la place devant le lit où tu finis par t’asseoir. « Je t’en prie, installe-toi » Le manteau déboutonné, tu l’enlèves et soupires. Le visage plonge entre tes mains. « Je n’en ai aucune idée, j’ai .. des pistes » que tu déclares en dévoilant ta face cachée sous tes doigts. Veut-il plus de précisions ? Veut-il vraiment le fond de ta pensée ? Elle est déroutante cette discussion, t’aimerais bien la repousser et pourquoi pas l’annuler. C’est pas si dramatique que ça d’être mère célibataire. Tu as pris tes habitudes et là, tout pourrait voler en éclats. « Je n’aime pas mentir, c’est pas mon truc, alors .. » Tu laisses en suspend trois secondes et reprends « alors je t’avouerais bien que tu es mon suspect numéro 1. C’est avec toi que j’ai passé le plus de temps en position allongée, quoi que, des fois on se l’ait joué gymnaste » Tu pouffes de rire et enveloppes tes rotules de tes paumes. « Ne t’évanouis pas hein, ce n’est pas encore prouvé, c’est une forte probabilité si tu veux » @Arlo Woods

 Il avait tellement besoin de réponses, qu’il n’avait pas soigneusement pesé les conséquences de cette action. Pour deux raisons, parce qu’il n’avait pas encore penser à la suite, au cas où il était bien père et parce que ce stress de cette pensée involontaire grignote son sens logique. Il voulait être une personne juste, il pensait presque toujours aux autres, à ces mots et ses actions du point de vue des autres, essayer d’être la compréhension et le respect. Mais la potentialité d’apprendre qu’il est père d'un petit garçon déjà avancé dans sa propre vie le terrifiait. Il tendit son bras vers elle pour l’assurer quand ses pas se faisaient brouillon. Un sourire empli de malaise quand leurs regards se croisent de nouveau. Le silence le rongeait et la question lui échappait, là, au pied de la porte. Il s’en mordit les lèvres et entre se posant à la place qu’elle lui avait désignée. “ Oh ” fut le seul son qui quitta ses lèvres, parce que ce n’était pas ce qu’il espérait. C’est ce qu’il croyait, qu’il voulait nier, ce petit air de ressemblance qu’il ne pouvait plus blâmer sur une quelconque coïncidence. Il n’arrivait plus à trouver ses mots alors qu’elle remplit le silence sûrement à cause de la pression sur ses propres épaules. Il pouffe de rire avec elle à l’évocation de ce résumé de leur temps ensemble. Il hoche la tête, peut-être un peu plus pâle que quand il est entré “ J’ai un truc à t'avouer aussi, et t’aurais tous les droits de me hurler dessus pour.. Je suis presque sûr que la capote a craqué la dernière fois, j’en était pas 100% certain et j’étais sûr que t’avais ta contraception.. ” Il ne s’avait pas à quoi s’attendre, elle aurait tous les droit de les haïr, il tendrait même la joue pour la première gifle. Il appréhendait les hurlements, qu’elle lui étale à quel point il a ruiné sa vie. Elle aurait raison. Même si rien n’est prouvé, il avait quand même eu tort, père ou non, il allait mériter la tempête si elle se montre. @Margault Archambault

Les battements du coeur sont désordonnés. La vérité approche. Les langues se délient. Le secret n’est plus en lieu sûr. Arlo brûle. Il est sur le point de découvrir l’ensemble de tes doutes. Tu ne parviens plus à ceinturer ton secret. Il est trop volumineux. T’en peux plus de le garder, t’aimerais enfin que tout ça éclate et que .. que tu sois un jour épaulé dans cette folle aventure qu’est la maternité. Alors stop. C’est fini. Tu ne tourneras pas autour du pot. Tu ne fabriqueras pas un mensonge de dernière minute. Non, tu avoueras. Il n’est plus viable de vivre ainsi. C’est de cette façon que tu distilles tes suspicions. La réaction d’Arlo est mince. Un « Oh » qui ne manque pas de te faire réagir. Tu combles les vides, terriblement mal à l’aise avec le son du néant. Tu ne veux pas faire de cette histoire une affaire d’état. Tu ne veux pas lui reprocher telle ou telle chose. Enfin, ça, c’était avant qu’il ne te sorte qu’il avait omis un détail ultra important lors de votre dernier rapport. Le préservatif n’avait pas tenu. Le détail qu’il te manquait, il était là. Tout prenait sens. Certes, tu avais oublié ta pilule tout au long du Spring Break, mais tu t’étais protégée, sauf que cette soirée-là, la membrane qui vous isolait de l’accident avait craqué. Tout s’éclaire. Leur ressemblance n’était pas le fruit de ton imagination débordante. « QUOI ? » La déception se lit sur ton visage et le ton se hausse « Je croyais qu’on avait assez sympathisé pour tout se dire .. » Le cerveau commande tes jambes et tu te lèves. Tu fais les cent pas dans la chambre, tes doigts frottant tes tempes. C’est le grand bazar dans ta tête. Il était le détenteur de tes réponses depuis tout ce temps. Il aurait pu tout faire changer. « Si tu me l’avais dit, j’aurais couru à la pharmacie et on en serait probablement pas là. Bordel, Arlo, tu fais chier » Le problème, c’est que tu reviendrais pas en arrière, parce que ton fils, depuis qu’il est là, tu ne pourrais plus vivre sans. L'amour que tu lui portes, il est inconditionnel. Et puis avec des ‘si’, on referait le monde, ce qui est impossible. « Avec ce que tu me dis, il y a maintenant 99,9% de chance que ce soit toi le père, tu te rends compte du truc ? Une moitié de toi aimerait te connaître .. » que tu balances en shootant dans une bouteille Evian couchée sur le sol. « Il nous faudrait un test, t’en penses quoi ? » @Arlo Woods

Les secrets tombaient les uns après les autres, les doutes se fondaient de plus en plus. Le teint pâli par le stress, celui d’avoir gâché des vies, d’avoir un rôle qu’il n’était pas prêt à assumer, celui de risquer de perdre ce qu’il avait de plus cher en ce jour pour une erreur. Une simple erreur mais pourtant si grande faute. Il savait, il regrettait déjà son omission, et quand il l'avoua il ne ressenti de la fameuse bouffée d’air qu’offre la vérité. Sa gorge l’étranglait toujours et la honte lui rosit les joues. Le regard fixé au sol, il triturait ses doigts alors que Margault se leva clairement déçue de ne pas avoir en face d’elle l’homme raisonné qu’il prétendait être. “ Je suis désolé " fut tout ce qu’il était en capacité de dire. Mais dans sa voix craquella la sincérité. Elle aurait pu empêcher sa vie de basculer comme ça, être alertée du risque qu’elle courait et à cause d’Arlo il n’en était rien. “ Je pensais pas que ça pourrait arriver, si je me doutais que t’avais pas de pilule ou que c’était un vrai risque je te l’aurais dit, je le regrette beaucoup.. ” Et pourtant rien ne pouvait changer ce choix. Il n’arrivait pas à relever les yeux, l’idée d’avoir ruiné la vie de cette fille qu’il avait tant appréciée lui était insupportable. Pourtant l’idée que son très probable fils ait envie de le rencontrer lui offrit une nouvelle sensation. Il se tourna vers la blonde qui semblait légèrement plus calme “ Il veut vraiment me connaître..? Je sais même pas si je pourrais être un bon père pour lui, je sais rien de lui et il est déjà si grand.. ” Il  ne voyait pas sa place au sein de cette famille, elle avait l’air d’assurer tellement dans ce rôle de mère, il ne se pensait pas capable d’en arriver à la cheville. Parce qu’il avait sûrement manqué tellement d’étapes déjà, peut-être que son absence aura des conséquences quand il sera plus grand. Il se demandait si quelque part le petit ne lui en voulait pas déjà. “ Ouais, tu sais comment ça fonctionne ? ” Ce test était le seul moyen d’être entièrement sûr.  @Margault Archambault

Tout devient plus clair. Un rayon d’soleil illumine la partie paternelle de l’arbre généalogique de Raphaël. Il est écossais et probablement plus que ça. Entre tes origines et les siennes, il fera probablement tourner des têtes dès qu’il entrera à la maternelle. Il attire déjà tous les regards avec ses longs cheveux blonds. La confrontation démarre enfin. Une information qui t’aurait été précieuse t’est divulguée. En vrai, t’aurais pu éviter tout ça. Raphaël aurait pu éviter d’s’accrocher à ton utérus. T’aurais pu poursuivre ta vie d’étudiante si Arlo avait eu le cran de t’avouer l’accident qui s’était produit. Il n’en est rien. Ton fils fait désormais parti de ce monde et il a bouleversé toute ton existence. « De toute façon c’est fait, je peux plus m’en séparer et j’en suis .. heureuse » Tu pourrais continuer à te disputer, mais t’en vois pas le but. À quoi ça servirait de crier toujours plus haut ? Rien ne changerait. Arlo semble sincère dans ses excuses. Peut-être que si tu étais à sa place, tu en aurais fait de même. Tu peux pas lui en vouloir. Il t’a offert le meilleur, comment tu pourrais le décalquer avec ce cadeau du ciel qu’il t’a fait. C’est impossible. « Il prend tous les hommes de ma vie comme un « papa », mais je lui ai toujours dit qu’il en avait qu’un et qu’il fallait que je le retrouve » On dirait que c’est chose faite. Tout accable Arlo. Tout converge vers lui. Il a cette légère tâche de naissance sous l’oreille. Il a son fin sourire et probablement son don pour faire de la musique. T’en peux plus de ce piano pour gamin, il te fait littéralement vriller. « Je crois qu’il faut envoyer ta salive sur un coton tige et pareil pour Raphaël afin qu’ils fassent leur analyse. Je sais pas si ce sera suffisant pour que tu sois considéré officiellement comme géniteur de Raphaël. Je pense qu’il faudra contacter un avocat en droit de la famille .. » Wow, ça va tellement loin, t’étais pas prête à avoir cette discussion. Tu la voyais peut-être se produire en début d’année, histoire de réussir une de tes résolutions, à savoir présenter ton fils à son père. Tout s’accélère trop vite. « Si tu veux, je peux te laisser la période des fêtes pour mûrir tout ça. Je veux pas te presser ou autre, prend ton temps pour digérer, ça va faire trois ans que je gère, je pourrais encore continuer ..» @Arlo Woods

Entre la honte et la culpabilité se logeait une image de son probable fils, ce regard malicieux et ce sourire, il serait sûrement fier de voir tout ce que ce petit bonhomme avait accompli en grandissant, mais les faits sont là, il n’était pas là et il ne pourrait pas les vivres. Avec ces cheveux blonds, il avait tout de suite l’air de sa mère, mais il ressemblait à Arlo dans d’autres subtilités, certaines dont l’écossais n’avait pas encore connaissance. Il avait tant à apprendre. La première de ces surprise fut de voir la sincérité de la française quand elle lui explique qu’elle est en paix avec cette vie qu’il lui a offerte et cette autre qui lui a volé; elle en était heureuse. “ Malgré les circonstances..? J’ai du mal à me dire que j’ai raté tout le début de sa vie, et que je t’ai laissé seule là dedans.. ” Parce qu’elle avait dû en baver. Il savait très bien la réputation qu'avaient les nouveaux nés, des pleurs incessants pour un repos inexistant. Il ne savait pas comment il pourrait s’impliquer, rattraper son absence et toutes ces conséquences. Si même il y arriverait. “ J’ai aucune idée de comment être père Margault, et honnêtement je sais pas si je pourrais être un bon père pour lui ” Il allait avoir besoin d’aide, pour apprendre à le connaître et savoir s’en occuper, pour gérer son emploi du temps et comment l’intégrer dans sa vie. Pour le moment tout était encore très flou. “ Tu penses qu’on peut faire ça aujourd’hui ? J’aimerais avoir la réponse au plus vite, même si une autre réponse m'étonnerait maintenant. Je dois partir ce soir rejoindre ma famille. On peut y aller plus doucement que de déjà prendre nos avocats ..? Je veux dire je ne sais encore rien sur Raphaël, je pourrais le rencontrer avant ? Je vais pas te faire faux bon, je préférerais juste le rencontrer vraiment hors d’un tribunal ” C’était peut-être trop pour Arlo de déjà penser à des avocats, des potentiels gardes et ce genre de chose. Il avait besoin de garder sa propre vie en main et depuis cette découverte, tout semble lui échapper. Antoine, loin de lui, est déçu, un peu moins fâché mais jamais ravi de cette annonce bien hypothétique. Il voulait retrouver son chéri, sa vie avant de la chambouler avec le résultat d’un juge. “ Si t’as besoin d’un truc, enfin si je peux aider écris moi. Je devais aller en Écosse avec mon copain après noël, et comme c’est pas au beau fixe j’y tiens d’autant plus. Mais on pourra reprendre tout ça dès que je rentre si ça te vas ? ” Il avait peur d’agir encore de façon irresponsable, mais c’était sûrement le meilleur choix qu’il pouvait s’offrir.  @Margault Archambault

Il n’y a pas de colère. Uniquement de la déception. Les choses auraient pu se passer autrement, mais tu n’aurais alors pas connu les joies de la maternité, tout comme le calvaire que c’est. Être parent, ça vous remet bien les pendules à l’heure. Ton existence n’est plus pareil. Elle est rythmée par les états d’âme de ton bambin. S’il pleure, tu es inquiète. S’il te sourit, t’es la plus heureuse. Ouais, quelque part, t’es esclave des réactions de ton môme. « Tu as pris peur, ne t’en veux pas pour ça, de toute façon, il est là, on peut pas revenir en arrière » Et comme tu lui as dit, tu ne veux pas refaire l’histoire. Tu as bien souffert de cette grossesse inattendue. Tu ne l’avais même pas détecté avant que des douleurs atroces te guident vers le chemin d’un examen gynécologique. Tu croyais que c’était impossible avec ton endométriose, mais un miracle avait eu lieu. « Tu seras le meilleur des pères quand tu décideras de faire partie de sa vie » L’instinct prend toujours la relève. Toi, t’as bien lutté conter la dépression post-partum, mais tu avais cette mission ancrée en toi, celle de prendre soin de ce pauvre enfant dépendant de toi. Et encore aujourd’hui, Raphaël survit par tes soins. Tu en viens ensuite à parler de ce test qui viendra sceller la vérité et t’en reviens pas qu’Arlo soit ‘pressé’ de savoir. Tu avais vraiment imaginé le pire, comme un refus catégorique de prendre ses responsabilités. C’est étonnant qu’Arlo soit prêt à partager la vie de Raphaël. T’en reviens toujours pas que cela se passe comme ça. C’est la meilleure des réactions que tu pouvais imaginer, même si cela te perturbe au plus haut point. « Je peux commander le kit et on le fera dès que tu reviendras … Je pense que ce n’est qu’une formalité, il n’y a plus de doute à avoir, tout concorde. Je suis heureuse que ce soit toi, tu es un chouette type » Bim, tu l’enfonces vraiment. Il va probablement passer d’sales vacances par ta faute. T’aurais pu fermer ta bouche et continuer ta route, mais toi même tu sais qu’un p’tit sans ses deux parents, c’est une potentielle bombe à retardement. T’aurais pas pu lui cacher la vérité. Il méritait d’savoir et ce, le plus tôt possible. « Ne te fais pas de soucis pour moi, je gère depuis presque trois ans, tout va bien se passer, mais je pourrais te tenir au courant si tu le souhaites. Il va faire ses trois ans le 10 janvier, tu penses que tu seras là ? Je n’ai pas encore partagé que tu étais peut-être le père, est-ce que je peux ? Je dis tout à mon père .. » T’es effectivement fusionnelle avec lui et même s’il t’a dit qu’il te soutiendrait jusqu’à sa mort si tu ne retrouvais pas le géniteur, t’aimerais pouvoir le rassurer en lui avouant que ton enquête avait enfin débouché sur des réponses. Bien entendu, il voudra rencontrer Arlo, et ça, t’as pas envie que cela terrorise l’étudiant devant toi. « Prends ton temps pour digérer tout ça et que ton copain ne s’inquiète surtout pas, je ne veux pas vous perturber, je veux juste que mon fils sache qu’il a un père quelque part et que ce père ne le déteste pas … » Debout, tu tires une valise de ton placard et jettes quelques tenues à l’intérieur. Peut-être bien que tu devrais t’acheter une robe spécialement pour le jour de l’an, t’as que des vieilleries, mais c’est ça ne pas être riche, c’est faire du neuf avec de l’ancien. « Comment s’appelle ton chéri au fait ? Il est à Harvard ? » @Arlo Woods