Just give me a reason // Jaxy

Un monde parfait que je pourrais diriger. Une envie dictatrice guidée par une vision destructrice. C’est bien, sur papier, il y a un truc qui se rapproche du rêve éveillé. Mais qu’il ne vaut mieux pas prononcer, en toute honnêteté. Autant lui que moi, on le sait. Parce que des envies de perfections ont donné, par le passé, des raisons au monde de brûler. « J'en doute pas. » De mon innocence factice pourtant si bien jouée.

Mais c’est après notre commande que le voile se lève, tout du moins je le crois, sur sa raison première de se trouver ici avec moi. De cette mascarade qu’il souhaite jouer en quête de pouvoir un jour son prénom sur grande affiche briller. Je t’accuse sans prendre la peine de sourciller, et parce que tu te mets à rire, je sens en moi la colère qui commence à gronder. « Oh, Wendy... j'te l'accorde, on dirait que j'ai tout manigancé. » Exactement, en tous les cas pour ce moment, je ne parle pas de cette nuit avant cet été, ça, c’était de mon fait, mais pour le reste… « Mais ce serait pas très subtil, comme démarche. » Qu’importe, je ne suis pas en train d’évoquer une quelconque subtilité. « Et puis, j'suis pas intéressé par la facilité. » Ils disent tout ça, Jax, n’est-ce pas ? « Tu crois vraiment que je t'aurais invitée à dîner, sinon ? » Pourquoi pas ? Me mettre dans sa poche, dans ses draps, et que je glisse à papa un petit mot délicat. « Ce serait tellement pas drôle, de tout avoir en claquant des doigts ou en passant un coup de fil. » Pas drôle mais plus simple, après tout, il n’aurait qu’à faire ses preuves après ça. « Je dis pas que je veux morfler, loin de là, mais je veux mériter mon succès. » Je vais me permettre d’en douter. « Si succès il doit y avoir. » Le chevalier blanc de l’histoire. « Alors sors-toi cette idée de la tête, ok ? » Je n’aime pas beaucoup lorsqu’on me donne des ordres, tu sais. « C'est toi qui m'intéresses, pas tes contacts, pas ton « empire », pas tes parents. » L’aplomb qu’il emploie, il me laisse presque sans voix, d’autant plus quand il répète ; « Toi. » J’en déglutis, balayant les fleurs qu’il vient de vomir d’un mouvement de mes doigts. Tergiverser ou attendre, je ne le peux pas, pas aprs ça. « Ca va, » la pirouette est pas très habile pour me sortir de ce monologue-là, « pas la peine de me sortir tout un discours. » bientôt je vais croire qu’il va me promettre de l’amour. « De toutes les façons, je ne le ferais pas, » Un sourire vicieux fixé sur mon minois, « comme ça tu le sais. » Ce n’est pas du tout mon genre de pistonner.  

Dans un coin de mon esprit, je ne peux pas m’empêcher de me méfier. Mais c’est simplement le lot de toutes les personnes se trouvant au sommet. Même si je n’irai pas jusqu’à me victimiser, car ma place, ce n’est plus à prouver le combien je peux l’aimer. « Je le savais déjà. » Comme s’il me connaissait depuis des mois. Je ne sais pas si ça me plaît ou si c’est une montée d’urticaire qu’il va finir par me filer.

Mais j’appuie ses mots d’un « Bien. » en reportant mon attention sur les plats, de ma fourchette, taciturne, j’entreprends une lente décortication de mon assiette, comme une torture. « Ca te plait ? » alors que je n’en ai pas encore avalé une bouchée. « Au visuel, » vu le bordel que j’y ai mis, « je ne suis pas convaincue. » je lui en offre un sourire de fausse ingénue. Une bouchée passe entre mes lèvres finalement tandis qu’il poursuit le fil de la conversation, « Donc maintenant qu’on a établi que je ne voulais pas profiter de tes contacts incroyables dans le monde de Hollywood… » Les yeux qui se lèvent au ciel afin de parapher. « J’te propose un jeu. Je te dis un mot, et tu me dis le premier truc qui te vient à l’esprit, ok ? » J’avale ce que j’étais en train de mâcher pour simplement approuver. « Choisis le bien. » J’avise, l’air malicieusement serein.

Durant une seconde nos regards s’accrochent, et je me fais patiente, alors qu’à l’encontre de son jeu, je n’ai aucune particulière attente. Il y a un faible sourire, je pourrais le jurer, qui étreint ses lèvres, avant qu’il n’ose exulter son « Hem… » Résultat, je le suppose, de mon conseil sur le fait qu’il doit choisir au mieux ce mot qui se doit d’être capable d’engendrer l’un des miens.

Ensuite, toujours à ses réflexions, il se positionne, les bras s’appuyant sur la table, j’en baisse les paupières, amusée par ses piètres manières. Différent des hommes que je côtoie, ça, personne n’en démordra. Le visage surplombant ses paumes, il reste silencieux, et j’en fais de même, c’est étrange, parce qu’il a voulu jouer, et j’ai cette sensation qu’à présent, il ne sait plus où il a mis les pieds. A marcher sur des œufs, de peur de me froisser, fais gaffe, Jax, je n’aime pas beaucoup les mecs qui ont des facilités à ployer. Moi, c’est le mordant qui me plaît le plus souvent.

Et parce qu’il décline sa vision sur le reste de la salle, j’en secoue le visage, je m’en reviens à mon assiette que je torture à l’aide de ma fourchette. Puis enfin … « Addictif. » Aussi simplement, il m’arrache un sourire, car ce que j’ai en tête, à présent, ça m’est venu encore plus qu’instinctivement. Alors mon couvert, je le fais tourner dans mon plat, les dents accrochant les spaghettis, une fois ma bouchée préparée, je m’amuse à l’amener à ma bouche, y enroule ma langue dessus avant de l’enfourner dans ma bouche, de lentement macher, et parapher mon geste d’un acte tendancieux, de mon pouce j’essuie une possible trace de sauce restée sur ma commissure et lui souffle comme une doucereuse torture, « Sexe. » De la première caresse à l’intense brûlure.

Mon simple mot semble résonner dans le silence qui nous entoure, comme un écho. J’incline le visage, amusée par ma propre prestation, quand il semble pallier les idées qui lui viennent à l’esprit avec une gorgée d’eau. « Je confirme. » que je suis sexuelle ? Que je sais me jouer des envies charnelles ? A la vue de son regard qui glisse sur moi, j’ai surtout la sensation que ce qu’il confirme qu’il est déjà trop long, ce repas. Et que ce jeu serait probablement plus intéressant si nous étions entremêlés dans des draps.

Mais il se reprend, et m’interroge d’un nouveau mot, c’est bête, celui là, je ne le trouve pas très beau. « Jalousie. » La réponse, elle ne me vient pas directement. Peut-être parce que jalouse, je ne le suis que de moitié. Je n’apprécie pas réellement, que l’on touche à mes jouets. Mais à la fois, je ne supporte pas l’idée, d’être à quelqu’un enchaînée. J’ai toujours préféré détruire quand certains de mes amants se sont aventurés, à me revendiquer comme propriété. La Jalousie, c’est prendre le risque de se brûler. Et je ne suis pas du genre à vouloir terminer sur un bûcher. « Purgatoire. » Et je m’amuse, parce que je suis persuadée que tu t’attendais à tout sauf à cette réponse-là. « Mon tour. » Ca te donner l'occasion de me contrer. Je trouve qu’avec deux propositions, j’ai déjà été bien gentille dans le fait de lâcher du leste dans le contrôle de la situation. « Vices. » De la perversité, les prémices.

Des vices, j’en ai beaucoup, ils seraient même compliqués à lister, je l’avoue. Alors je conserve mon sourire dans l’attente de sa réponse, savoir lequel viendra, pour lui, se placer en premier. Celui qu’en temps normal, il n’oserait probablement pas avouer. Je les aime un peu trop, Jax, tu vois, les vilains secrets.

Et ta réflexion s’éteint si rapidement que je n’ai pas le temps de reprendre une bouchée. « Gourmandise. » J’en suis… juste ce qu’il faut surprise. Du coup j’opine, car je ne peux le contredire, j’aime les péchés à l’excès. Et parce que j’apprécie cette arrogance qui se traduit sur son visage, cette sensation galvanisante qu’il me laisse volontiers le droit de décider, j’en fais claquer ma langue sur mon palais avant de prononcer. « Faim. » c’est l’évidence même. Ca se distille dans la moindre de mes veines. La faim comme désir extrême.

Comme l’écho de notre premier tête à tête, dans ce piètre cinéma où je lui ai fait comprendre que j’aurais pu mordre chaque parcelle de son être, redessiner de mes dents les reliefs de sa silhouette. Puis ajouter, au cas où je ne serais pas assez directe. « Dessert. » armée d’un sourire qui traduit mes intentions, une seconde et je me redresse, perchée à nouveau sur la hauteur de mes talons, deux pas, et j’ose poser de deux sur l’ovale de son visage avant de murmurer, comme un secret entre lui et moi. « Je préfère encore la banquette arrière de ma voiture que ton repère au cinéma. » Pour me retourner et commencer à sortir du Sorellina. Sans même prendre la peine de lui lancer une énième regard, car je sais qu’il me suit déjà. L'inverse est impossible, cela va de soi. Parce qu'à Wendy Witter on ne se refuse pas.