(ryozane) you can't escape your past

ryozane

you can't escape your past

Premier vernissage. Je ne savais pas si c'était une bonne idée d'y aller, surtout quand on est pas vraiment "officiels" tous les deux, mais bon. Je m'y étais rendu à tes côtés, appréhendant les moments où tu allais te mettre en mode requin pour trouver des contacts. Préférant ne pas y penser, je prenais des verres dès que l'occasion se présentait, sous la forme d'un serveur tenant un plateau rempli de coupes. L'avantage d'être de l'autre côté du miroir durant ce genre de soirées. Je ne compte plus le nombre d'extras que j'avais pu faire lors de soirées de ce genre, à avoir la tenue adéquate pour être distingué, mais être simplement traité comme du bétail, obéissant aux ordres du chef de salle pour que le service soit impeccable. Les œuvres défilaient autour de nous, mais je n'avais pas encore la fibre artistique que tu cherchais à faire naître chez moi. C'était ma sœur qui avait plutôt intérêt d'être ici pour le coup. « c'est censé représenter quoi ça ? » Je tourne la tête sur le côté, fronçant les sourcils, avant de me remettre droit. « un chevalier prêt à partir à l'attaque ? » que je demande, buvant une nouvelle gorgée du breuvage pétillant.

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Soirée où ton nom s’est retrouvé invité, connaissance de l’artiste exposé cette soirée. Famille aux gouts prononcés pour les formes d’arts en tout genre, tu as toujours trouvé repère dans les œuvres peintes. Coupe de champagne entre tes doigts, l’épaule qui flirt à distance avec celle de Rockefeller, invité avec toi. Ton regard s’est noyé dans la foule qui s’est avancé quelques mètres plus loin de vous, quand celui de Ryo s’est aventuré dans la compréhension impossible d’un art calculé. Ne cherche pas à comprendre le sens exact. C’est généralement libre d’interprétation ou alors des mouvements de pensées que l’artiste lui-même ne peut même pas expliquer. Ta coupe s’est déposée sur le plateau ambulant, tes phalanges ajustent ta veste noire, quelques boutons tortillés dans tes doigts. Tu vois le mec en costume bleu, là bas. Sa femme à côté détient plusieurs salles comme ça et c’est clairement la référence dans l’coin. J’dois aller la voir, tu restes ici ? J’reviens dans pas longtemps. Sourire rapide déposé dans sa direction, loin de toi l’idée de trop en montrer, de vous.

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J'étais pas encore familier avec tout ça, les codes et les interprétations des œuvres exposées. Tout ce que je voulais, c'était passer un moment avec toi et kiffer ma soirée au mieux. Pour l'instant, c'était très bien parti. Sauf pour la partie art où j'avais du mal à comprendre ce qu'on regardait. La preuve, face à une peinture cheloue, j'étais incapable de savoir ce que ça représentait. Visiblement, c'était fait exprès. Ouvert à interprétation que tu dis. « mh » que je dis, penchant légèrement la tête pour “interpréter”, sans grand succès. Puis je me redressais, tirant sur ma veste, remettant bien mon col de chemise et regardant dans la direction que tu m'indiquais. Je hoche la tête avant de glisser mes mains dans mes poches, verre déposé sur un plateau quelques instants plus tôt. « je bouge pas, va serrer des mains » Distance nécessaire gardée entre nous, mais je te souriais comme pour t'embrasser, avant de me tourner vers la peinture d'après. C'était au bout de la prochaine, qu'une femme, que je ne connaissais ni d'Adam, ni d'Eve, cherchait à me faire sortir de là. Virulente et insultante, elle en venait même physiquement à me pousser vers la sortie. « vous êtes complètement folle ! je suis inscrit sur la liste, j'ai aucune raison de mentir là-dessus ! » Une autre personne débarquait, sans vraiment avoir écouté mes arguments, cherchait aussi à me décrédibiliser, à me faire virer de la salle. Moi, tout ce que je cherchais à faire, c'était de capter ton regard mais je crois bien que tu n'étais même plus dans cette salle. Putain de merde. Puis le vigile débarquait, grand, baraqué et clairement, je faisais pas le poids face à lui. « s'il vous plait, écoutez-moi. je suis arrivé avec zane wolford, de la famille wolford. allez le chercher et il vous confirmera que je suis bel et bien à ma place ici » La femme, la première à m'avoir insulté, me jetait son verre à la tronche avant de m'insulter de vulgaire livreur de pizza. Putain, c'était donc ça. « j'ai ma pla- » Pas le temps de dire quoi que ce soit que le videur attrapait mon bras pour me tirer jusqu'à l'extérieur de l'endroit, visiblement influencé par toutes ces personnes autour de nous qui me considèrent comme trouble-fête.

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Les mains à serrer qui s’entassent dans ces différentes pièces suffisamment larges pour en accueillir tout l’égocentrisme enfermé. Tu t’éloignes de lui, brisant une fois encore et sans être la dernière, ce fil rouge entre vous. Incapable de vous montrer plus démonstratifs en public, sur ton territoire marqué. Les pas qui se sont avancés dans la pièce d’à côté, sourires tracés avant de discuter un peu plus affaire et argent subtilement dissimulés sous ces éloquences trop ambitieuses. Minutes qui s’enchainent quand les regards et les foules s’avancent vers la même porte. Pièce centrale qui fait parler d’elle, murmures aux oreilles et incompréhension sur les visages. Tu t’avances à ton tour, sans être prêt à poser tes yeux sur cette scène. Quelques billes se sont tournées vers toi quand le nom Wolford résonne entre les œuvres. Les phalanges qui redressent ton costume, sourire qui déforme tes lèvres, aussi faux que possible et cette angoisse montante dans les entrailles. Un chemin qui se fait, le pas qui s’accélère pour emboiter celui du vigil de Ryo embarqué, souillé devant l’assemblé. Sensation avide de détresse. Attirer l’attention pour autre chose que ton charisme, tu préfères crever sur place qu’affronter ce moment. Colère qui gronde à la vue du champagne sur le sol. Vous êtes dehors, cette fois. Hé ! Tu t’es étonnement frayé un chemin entre ton invité et son tortionnaire. Position de protecteur. C’est quoi le problème ? Il est avec moi. J’vous conseil de ranger rapidement votre p’tit air de brute sans la moindre capacité de réflexion avant que j’vous foutes en garde a vue avec une plainte sur l’dos. Tu te retournes à moitié, un regard sur Ryo, son costume tâché, débraillé. L’envie d’flinguer toutes personnes responsables. Personne ne l’humilie, lui. Personne ne le touche, lui. L’idée même que des mains osent souiller ce qui t’appartiens te dégoutes. Hm. Finalement j’pense qu’on facilement finir en procès pour agression, discrimination peut être ? J’suis sûr qu’on pourrait plaider l’atteinte à la réputation aussi. Le regard est noir. Le ton est franc. Tiens toi tranquille le gorille ça serait con d’aggraver ton cas. Geste dédaigneux de ton poignet. Qu’il parte, loin d’ta vue. Sans rien ajouter, il retourne à l’intérieur quand toi, tu soupires. Mains sur la taille, toujours dos à la victime. Putain. On part d’ici. Trop de risques à rester dans cette arrière cours. Quelques pas plus loin, tu t’es enfin retourné vers lui, l’regard agrippé à cette tâche collante sur son torse. C’est qui ? L’ton est toujours trop sec. Sans demi-teinte.

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Ce sentiment d'être de trop, pas assez bien, il frappait de plein fouet. C'était difficile à avaler, d'autant plus que tu n'étais pas là. Tu avais pourtant la voix qui saurait mettre l'ordre dans cette situation. Parce que toi, on t'écoute. Parce que toi, tu avais du pouvoir. Chose que je n'avais pas et qu'on me reprochait bien violemment. Le champagne s'était répandu sur mes vêtements, et je m'étais retrouvé dehors, hué sous la foule qui se transformait limite en primate dans ce genre de situation. Humilié, honteux, je cherchais malgré tout à faire valoir mes droits mais c'était difficile. Les reproches fusaient, le vigile était bien trop hostile pour écouter quoi que ce soit. J'avais beau demander à te faire venir, personne ne daignait vérifier la teneur de mes paroles. Je parlais simplement dans le vent. Puis ta voix se faisait une place, la colère présente dans cette dernière, tandis que le soulagement s'emparait de moi. La vérité serait rétablie et ils vont tous se sentir cons. Ou peut-être pas, finalement. Tu coupes court à la conversation, les gens rentraient, se dispersaient, comme si c'était rien d'autre qu'une petite animation de soirée. J'étais souillé, et eux retournaient à leur vie, comme si de rien était. Bande de connards. Je soufflais, avant de t'entendre dire qu'on s'en allait. Je refermais ma veste comme je pouvais, tentant de cacher la tâche de champagne sur ma chemise, tout en te suivant dans la rue. Tu n'avais pas daigné me regarder, jusqu'à maintenant. Stoppé en plein milieu du trottoir, tu te retournais pour me demander des comptes. « qu'est-ce que j'en sais ? j'ai rien compris à ce qui s'est passé zane » Gorge nouée, je m'éloignais de toi pour continuer à avancer dans la même direction. J'ai pas besoin de ça, de toi qui me fait un interrogatoire. J'ai eu assez d'humiliation pour ce soir.

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Aucune idée de ce qui s'était passé. Tout avait été si vite, à peine tu avais quitté mon bras pour faire ton réseautage. Possible que cette femme m'avait dans le collimateur depuis le début de la soirée et avait attendu le moment opportun pour faire son scandale. Et le pire, c'est que ça avait fonctionné. Malgré mes nouvelles positions, malgré mes explications, rien n'y faisait. Je n'étais que le bas peuple pour cette femme et je m'étais retrouvé rendu à l'état de chair à saucisse avarié qu'on veut expulser. Le pire c'était que tu t'y mettais à ton tour, cherchant à comprendre ce qui s'est passé. J'me sentais mal et j'avais envie de fuir, au plus loin. Rentrer chez moi, retrouver Heinkein et qu'il me fasse des léchouilles toute la nuit pour me réconforter. Tu me rattrapes pour continuer ce putain d'interrogatoire. « j'en sais rien j'te dis ! j'suis pas comme toi, je connaissais PERSONNE moi ! » commençais-je alors à m'énerver. « une meuf qui a du me voir un jour où je livrais des putains de pizza » Parce que j'ai eu pas mal de boulots, tu le sais. Et livreur de pizza en a fait partie.

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Je me faisais embarquer dans cette ruelle sombre, à peine éclairée par un lampadaire défectueux, et tu me poussais contre le mur en me bloquant contre toi. Je ne voulais pas ça, que tu cherches à me réconforter, à me rassurer ou quoi. Je voulais juste exploser. L'humiliation, c'était pas quelque chose que je connaissais de base. Légèrement au lycée, et encore. Là, c'était différent. Tu me forçais à rentrer dans ce monde qui n'est pas le mien, sauf que les gens ne m'acceptent pas. Et la réalité était violente à digérer. Mâchoire fermée, je posais mes mains sur les tiennes pour te forcer à me lâcher. « sauf que c'est arrivé. et ça arrivera encore. parce qu'on fait pas partie du même monde. à trop vouloir m'intégrer dans le tien, t'en oublies que les autres m'ont déjà vu dans le mien » Peut-être que c'était ta faute tout ça, ouais. C'était la mienne aussi, à te laisser m'embarquer dans ces soirées. Mais au final, c'était pas la leur, parce qu'ils ne faisaient que mettre en lumière la réalité, tout simplement.

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