I don't go to parties ((blaise))

Juste un fast-food on s'était dit. Juste un ... Puis y a eu cette vidéo qui a tout changé dans mon esprit. Le chaos de la morale, petit empereur perdu entre le bien et le mal comme s'il y avait vraiment une ligne les séparant. Toujours dans l'extrême dans mes réactions, je ne vois la vie que comme ça. Bonheur ou malheur, bien ou mal, douleur ou bien-être, envie ou dégoût, pas de juste milieu dans le monde des Falls. Mais là, tout semble mélangé et mitigé, comme une vieille soupe de grand-mère. Y a l'envie mélangée avec la peur, le désir mélangée avec la tristesse, ce truc qui ressemble trop à ... Non. C'est de la douleur que je ressens dans ma poitrine quand je tente de penser à ça. Perdu entre ce que je devrais ressentir, ce que je me force à ressentir et la réalité de ce que je ressens malgré tout. Y a eu cette vidéo et ça a tout changé... J'le pensais pas mais faut croire que j'devrais vraiment écouter Jackson. Peut-être que je l'écoute pas parce que la réalité semble trop dure à affronter ? Alors oui, j'pensais que rien changerait tant que tu ne découvrirais pas la supercherie mais pour moi, tout change. Ce besoin de vérité tressaille chaque jour, chaque seconde de mon existence. C'était pour ça le McDonald's emporté pour le manger sur le bord de l'eau, n'écoutant que le doux bruit des vagues s'effondrer et s'arrêter sur le mur de béton, les buildings illuminés derrière nous. Une intimité nécessaire. Parce que pour moi, tout avait changé. "Blaise ... Faut que je te parle d'un truc ..."

Bien loin du décor de mes salles de sport habituelles ou même du logement où je vivais en compagnie de mon fils, j'avais accepté ta demande de sortie sans hésiter une seule seconde lorsque tu m'avais proposé d'aller manger ensemble un fast food loin des quelques endroits où on s'était rencontrés jusqu'à maintenant. Plongé dans un entre-deux (si ce n'était un entre-mille) concernant l'état de notre situation, sûrement parce que j'étais décidé à prendre le temps nécessaire pour le découvrir tandis que tu voulais faire tout, tout vite. T'ayant suivi sans un mot jusqu'au bord de mer dont tu m'avais parlé, je m'étais installé paisiblement à tes côtés, mon menu posé derrière moi, j'observais le paysage se fondre en plusieurs teintes de sombre avant de tourner mon regard vers toi, le posant sur ton visage à ta prisé de parole. — Mh... ? Loin d'être méfiant, j'étais simplement curieux de ce dont tu pourrais me parlais alors que je posais une main non loin de toi, la moue soucieuse. — Tu comptes me dire que tu ne veux plus que je t'entraines au sport, c'est ça ? Gardant mon sérieux le plus longtemps possible, je finissais par sourire avant de reprendre la parole. — Plus sérieusement, je t'écoutes. Dis moi tout.

Y a des picotements au myocarde, ça tressaille, ça fait mal tant l'angoisse est prenante. Les doigts de la gauche qui viennent caresser le tatouage de la main droite. L'avait-il vu ? L'avait-il remarqué ? Questions qui trottent dans l'esprit depuis que l'argent est sur le compte en banque. Était-ce la chose à faire ? Non, clairement pas. Il m'avait probablement cramé. Mais pourquoi continuer s'il le savait ? Qui aurait pu être attiré par ce pauvre gars qui s'fout à poil sur internet et qui s'en objet de désirs inconnus ? Comme une odeur de danger que de tout te révéler, c'était pourtant nécessaire et j'le sentais. "Je ..." Je ? Je suis une sombre merde qui a pris tes $100 sans rechigner ? Je suis le gars sur qui tu t'es probablement touché ? Je suis le salopard qui a réellement écouté toutes tes demandes, qui y a pensé, à ton corps, à ton être, à tes gestes dans une pénombre certaine ? Visage pétrifié sous tes mots, coeur à l'agonie. Non ? Non. J'veux pas tout arrêter. J'veux avancer aussi. Et avancer avec ... Le téléphone sonne, interrompant mes pensées. "Attends." J'le sors de la poche, j'galère parce que j'suis assis alors j'm'allonge quasiment sur le sol pour le sortir, j'regarde le numéro. +61 ... "C'est quoi ce bin'z ... J'dois le prendre, attends." Alors j'le colle à l'oreille j'écoute chaque mot de la voix masculine. Et pour une fois, y a presque un petit sourire au coin de mes lèvres. Pourtant d'un coup, j'me sens seul. Alors sans un mot, j'raccroche. J'écoute même pas la fin. La voix se coupe quand le doigt se colle à l'écran. Et là, c'est le vide.

L'impression de marcher sur les œufs, de se perdre un peu dans tout ce qui s'offrait à moi, je portais régulièrement mon regard sur toi du coin de l'œil sans pour autant jamais oser aborder le sujet prévu en premier. Du moins, ce que je pensais être le sujet. Et je soupirais presque de soulagement quand tu pris la parole avant de te permettre de me dire ce que tu pensais, ce que tu désirais dire. L'attention portée entièrement sur ton être, je fronçais les sourcils lorsque ton téléphone vint interrompre notre conversation. Surpris tout de même, je te laissais répondre alors que je me concentrais sur mon repas, ne te quittant pas pour autant du regard. Intrigué par cette discussion qui semble presque te faire plaisir, un sourire sur tes lèvres, j'attends que tu raccroches avant de reprendre la parole. — Tu vas bien ? Me tournant vers toi de façon à te faire face, je croquais dans mon burger avant de te parler de nouveau. — C'était une bonne nouvelle ?

"Caesar Falls ? C'est Jack Firth à l'appareil, un des ... collègues de votre père. En mon nom et au nom des différents collaborateurs de la Commonwealth Bank ainsi que du Conseil Administratif que votre père présidait, nous vous présentons nos plus sincères condoléances. Je suis conscient qu'il doit être tard à Boston mais votre père est ..." Le bouton qui coupe. Il n'y avait pas besoin du dernier mot pour comprendre que la prison humaine venait de s'envoler. Putain de liberté retrouvée quand l'être odieux venait de crever. S'il suffisait d'un seul moment pour enfin comprendre que je pouvais me reconstruire, c'était celui là. Le joug n'était plus, alors le sourire s'élargissait. Les yeux qui se ferment et la brise marine et nocturne, juste un peu fraîche, passent entre mes boucles. C'était la fin d'une putain de torture de l'âme. Il était décédé. Mon père avait disparu. Mon tortionnaire de l'âme et du corps, était parti. "Mon père est mort." Avais-je donc presque chuchoté, larme au coin de l'oeil qui s'amusait désormais à couler.

Bien que présent à tes côtés afin de parler de ce que nous avions en commun depuis quelques temps, je me montrais curieux encore e qui concernait le reste de ta vie privée. Sûrement parce que c'était bien plus intriguant que tout le reste et que je désirais en découvrir plus sur ta propre personne. Te laissant prendre un appel, je t'observais en mangeant avant de finir par te faire part de ma curiosité avant de te faire part des interrogations que je me posais en cet instant. N'ayant pas une réponse dans l'immédiat, je t'observais sourire encore plus avant que le sens des mots ne viennent s'entrechoquer entre les normes habituelles. Normalement, on est tristes lorsqu'on perd un proche mais je savais à présent que cela ne serait sûrement jamais ton cas. Alors je me contentais de poser une main sur ton épaule, la serrant doucement avant de te répondre. — Je présume que tu es soulage, maintenant. Loin d'être une question, plus une affirmation, je levais ma main vers ta joue pour y essuyer la larme solitaire sans un mot de plus.

C'était cynique que de sourire de la mort de ce genre d'être qu'on est censé considérer comme cher. La larme, elle est pas là dans la douleur, elle est là dans la joie, elle est signe de libération, c'est la Marianne de la révolution empirique, les muscles les plus crispés ont eux aussi relâché la pression qui les encombrait. Souffle qui enfin ne devient plus une contrainte, la nugget dans la main inutilisée qui vient se loger entre mes dents tandis que je sens ta peau glisser sur la mienne. J'sens ta poigne contre mon épaule, j'ressens ta force. Puis tes doigts, j'les sens se glisser contre ma joue et l'eau alcaline s'écrase contre ceux-ci. Et y a cette envie qui grimpe. Elle grimpe même pas, elle se rue. La joue, elle s'écrase contre ta paume, elle l'embrasse en l'épousant. Ta paume, elle se loge parfaitement là, comme le soulier de verre d'une pimbêche blonde, elle a la taille parfaite pour que ma pommette s'y loge. Puis les sourcils se froncent, j'en avais oublié le pourquoi de ce rendez-vous. Envie de se saigner le coeur pour mieux avancer mais tout ça, ça fait peur ... Avouer une vérité que je ne peux savoir si elle est blessante ou pas. Alors j'prends une autre nugget en posant mon téléphone sur le sol où nous étions assis. Toi tu me regardais tandis que moi, je fuyais un peu ce que je ressentais à l'intérieur. Nugget trempé dans la sauce barbecue, fallait se lancer. "Faut que je t'avoue quelque chose ... J'suis pas fier de moi mais j'peux plus mentir comme ça. Je ..." Les mots sont en suspend au bord des lèvres. Ils sont prêts à dégueuler. C'est trop dur Blaise de tout conter, comme ça, sans filtre. Mais c'est moi. Moi, Caesar Falls, l'homme aux multiples déceptions en guise de facettes.

L'ironie de la situation pourrait être tellement ironique dans d'autres circonstances, comme si on jouait un peu avec le danger et les effets que ce dernier pourrait nous affliger. Pourtant, je ne fais aucune remarque, je me contente seulement de te conforter du mieux que je peux, ma main sur ton épaule avant de venir écraser cette larme qui ne semblait pas être triste. Qui semblait simplement être preuve d'une libération. Souriant presque naturellement quand ta joue se déposa contre ma paume, je profitais de cette chaleur idéale qui se distribuais dans mon corps à haute vitesse. Finissant par libérer ton visage, je te laissais manger avant de récupérer mes frites pour en manger quelques unes. Les sourcils se froncent automatiquement lorsque tu reprends la parole, t'observant sans gêne avant de pencher légèrement la tête. — Qu'est-ce que tu as pu faire, dis moi ? Ce n'est rien de grave, n'est-ce pas ? Tout de même intrigué, je me rapprochais un peu, venant serrer ton genou dans ma main comme pour essayer de te donner du courage.

Ironie du sort, les likes aussi important que l'argent, l'amour plus important que la vérité, c'était semble-t-il la société qui voulait ça. Mais moi j'en peux plus, j'en peux plus de cacher la vérité au profit d'une morale bancale. Avoir pris ton fric pour mon propre plaisir, c'était malsain. Juste savoir que c'était toi et continuer et accepter tout de même, c'était malsain. C'était pire encore que je savais qui tu étais et à quoi tu ressemblais et qu'au fond de moi, inutile de le nier, c'était en penser à ta musculature, à ces fantasmes que tu me contais que je caressais chaque parcelle de ma peau pour cette vidéo. C'était putain de malsain que de tout cacher. Mais la vérité, elle fait peur. L'issue elle peut être fatale et c'est ça qui, au fond d'un coeur blessé et en même temps nouvellement libre, faisait peur. Empereur toujours guidé par sa peur doit apprendre aujourd'hui à les dépasser. "C'est moi. Sur Onlyfans, c'était moi ..." Tu le comprendras si j'étais le seul. Ou alors tu oublieras parmi les différents profils où t'as demandé la même chose...

TW : propos crus
Loin de me douter de ce que tu pourrais me dévoiler, je m'attendais presque à tout sauf le sujet par lequel j'étais tout de même concerné. Profitant de ce moment paisible, marqué par une nouvelle lourde de sens et heureuse à tes yeux, je finissais par m'intéresser uniquement à ce que tu me disais, le regard posé sur ton visage et ma main serrant un peu plus ton genou pour te donner du courage. Le courage de me dire quelque chose qui pourrait peut-être changer ce début de relation qui n'a pourtant aucune étiquette jusqu'à maintenant. Mais quand tu reprends la parole, j'en perds mon latin, ma main quittant ta peau pour se poser sur le sol où on était posés tous les deux. Si j'avais passé beaucoup de temps sur onlyfans pendant un temps, il était certain que je n'avais parlé à personne dessus depuis longtemps en-dehors du dernier homme que j'avais contacté. Ne répondant pas tout de suite, je profitais du silence pour sortir mon téléphone et le déverrouiller avant de rejoindre l'application et l'espace où on avait échangé avant de te le tendre. — Donc, c'est toi, Secret Garden ? La question tombe sans aucun jugement alors que je finis par ranger mon téléphone et de me reculer pour me tourner et m'asseoir en tailleurs afin de te faire face. — T'es le mec sur qui je me suis branlé, celui à qui j'ai demandé de se faire du bien contre de l'argent, et tu l'as tout de même fait après tout ce que tu m'as dis ? Je n'arrivais pas vraiment à déterminer ce que je ressentais en cet instant, ayant du mal à mettre des mots sur le plaisir que je ressentais de t'avoir vu dans cette vidéo mais aussi la curiosité qui me poussait à me demander pourquoi tu l'avais fais en sachant que c'était moi.