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Sometimes I see stars.. (& SINNA)

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Tu ne bouges pas, calée contre elle. Tu ressens sa chaleur, son parfum qui te captive, sa respiration qui s'accélère. Tu profites de chaque seconde de cet instant docile entre vous jusqu'à ce que tu discernes le bruit de la porte entrebâiller.

Le problème, c'est que tu es l'incarnation d'un golden retriever. Au moment où tu entends la porte s'ouvrir, un reflex Pavlovien te réveille. Malgré ton confort absolu -et le fait qu'il y a pas moins d'une minute tu affirmais refuser d'en sortir pour les trois prochaines heures-, tu ressens le besoin d'aller saluer Liam dès son premier pas dans l'appartement. Tu te lèves, paresseusement dans un premier temps, avant de réaliser à quel point il galère avec tout son attirail. Ah, le pauvre. Tu accours vers la porte pour lui prêter main forte.

"J'espère que je t'ai manqué. " Tu lui réponds de manière espiègle. Tu profites qu'il ait les mains trop occupées pour se défendre, et lui ébouriffes affectueusement sa tignasse. Puis tu attrapes le plateau de ses mains pour lui venir en aide. Pendant qu'il retire sa veste, tu apportes les sushis sur la table basse que Sin est en train de préparer.
Une fois libérée, tu retournes voir son frère pour le saluer plus chaleureusement. Tu lui offres une rapide étreinte avant d'épousseter les derniers flocons de neige qui restent sur son pull et de le remercier pour sa livraison express. "Merci pour tes loyaux service, Liam." Tu continues ta conversation avec lui, à lui demander comment s'est passé sa journée et à quels nouveaux jeux il a joué depuis la dernière fois que vous vous êtes vus. Tout en parlant, tu te rapproches de table basse à nouveau. Tu choisis ta place : assise entre les deux pour pouvoir profiter de leur présence au maximum. Tu souris, tu ne peux pas t'en empêcher, ça t'apaise toujours d'être entourée par les gens que tu aimes, une soirée chill, et surtout un bon repas devant toi.

Manger, quelle excellente idée. Ça va te redonner de l'énergie et te remettre d'aplomb. Tu commences par la base : ouvrir une des bières Asahi que Liam a ramené. Tu te tournes vers Sinna pour trinquer avec elle et tu engloutis ta boisson comme si tu n'avais pas bu depuis trois jours. En quelques bouchées, tu as déjà rechargé tes batteries. Vous mangez tous ensemble dans une bonne ambiance, avant de vous caler confortablement pour regarder un film. Tu les convaincs -sans grande difficulté- de revoir Captain America: The Winter Soldier. L'histoire d'une amitié dévouée, deux meilleurs potes, comme Sinna et toi. Tu l'as vu mille fois, mais t'es déjà hypée dès l'apparition du logo Marvel. Tu sautilles presque sur place sur le canapé, tu jettes un regard vers Sinna avant de lâcher enthousiaste "J'adore ce film.". Elle le sait. Liam le sait. Tout le monde le sait, tu l'as déjà répété des millions de fois ces six derniers mois.

T'es tellement investi sur la télé, que tu fais abstraction de tout le reste autour de toi pendant les deux heures suivantes. Quand le générique de fin apparait, tu es enfin ramenée à la réalité. Tu attrapes ton téléphone pour regarder l'heure. Fuck, il est déjà si tard. T'as pas vu le temps passé, et maintenant tu te vois forcée de marcher dans le froid glacial pour rentrer chez toi. Aucune motivation. Tu pourrais faire ça, probablement mourir congelée sur le chemin jusqu'à ce qu'un passant retrouve ton cadavre enseveli sous la neige le lendemain matin. Ou alors, tu pourrais rester ici, au chaud et en bonne compagnie. Le choix est simple. Tu te penches vers Sinna pour lui poser la question à voix basse, sans réveiller Liam qui s'est endormi sur le canapé au trois-quarts du film. "Hey, Sin, je peux dormir ici ce soir ?"
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Sushis, film de superhéros, ambience tranquille et cozy... j'dois avouer que je me sens bien, là, enfoncée dans le canapé. Comme Gin tout à l'heure, je pourrais rester ici comme ça pendant encore trois bonnes heures sans problème. Mais il se fait tard, et toutes les bonnes choses ont une fin, pas vrai ?

J'ai un petit moment d'hésitation, un petit froncement de sourcils involontaire à sa question. En théorie... bien évidemment, qu'elle peut dormir ici. Ce serait pas la première fois. Mais jusqu'ici, c'est arrivé quand j'étais seule à l'appart et que je pouvais lui ouvrir le canapé-lit qui se trouve... dans la chambre de William.

Ouais, bien sûr...



On est d'accord qu'il est hors de question que je la fasse dormir dans la chambre de mon frère alors qu'il est là, pas vrai ? S'il se lève pendant la nuit pour aller au lit et qu'il la trouve dans sa chambre... ça risque d'être un peu malaisant. Donc, les deux autres options, c'est la mienne, ou le sofa, sur lequel Will est présentement en train de ronfler. D'ailleurs, en parlant de ça ! Je braque mon portable vers son crâne affaissé contre le repose-tête et prends une photo souvenir. Un cliché supplémentaire pour mon dossier compromettant contre lui - on sait jamais, c'est toujours utile. Après quoi je recouvre son corps inerte d'un plaid pour qu'il ne prenne pas froid pendant la nuit.  

Si ça te dérange pas de coucher avec moi. Dormir, avec moi.



Idiote. Je m'éclaircis la gorge et me lève du canapé comme si un ressort m'avait poussé sous les fesses.

Viens, je vais te filer ce qu'il faut.



Je l'entraîne à l'étage, où je lui passe le nécessaire de survie en cas de pyjama party improvisée. Puis je la laisse dans ma salle de bains, passe par celle de Liam pour me changer et me brosser les dents, puis m'engouffre dans ma chambre. Mes yeux parcourent les murs, comme si c'était la première fois que je les voyais. Je vire une pile de fringues échouées près du bureau, et les fourre dans le panier à linge contre la fenêtre comme s'il s'agissait d'un sex-toy embarrassant. J'suis pas normale, sérieux.

Va au lit et fais semblant de dormir. Ce sera beaucoup plus simple comme ça.

Oui, mais... j'ai pas envie. Faut croire que j'ai un côté maso, quand même. Vêtue d'un débardeur et d'un short gris en guise de pyj', je me glisse sous la couverture et dépose mes lunettes sur la table de chevet. Puis, j'attrape mon téléphone pour me distraire l'esprit. Parce que mon pouls bat beaucoup trop rapidement pour quelqu'un qui s'apprête à partager un lit avec sa meilleure amie.



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Ok, cool. Tu es soulagée de pouvoir passer plus de temps ici. T'as eu peur, pendant quelques secondes, parce qu'elle a marqué une hésitation avant de te répondre. T'as cru que c'était la fin, qu'elle avait finalement atteint sa limite avec toi, et que t'allais devoir affronter le froid. Tu lâches un petit yes de triomphe, et sers le poing victorieusement. Tu vas vivre un jour de plus.

Tu te lèves juste après elle, et quand elle borde son frère, tu te rapproches de lui. Tu lui déposes un baiser maternel sur les cheveux, sans le réveiller. Tu récupères ton sac à l'entrée pour le monter avec toi quand Sinna te guide vers l'étage. Tu la suis sagement, même si tu connais déjà leur appartement sur le bout des doigts. Au moment où vous arrivez devant sa chambre, tu réalises ce qu'elle voulait dire quelques minutes plus tôt. Vous allez devoir partager son lit. C'est pas un problème, t'as déjà dormi dans le lit de plein d'ami.es, en retour de soirée. Rien de plus normal. Alors pourquoi ça te laisse ahurie quand c'est elle ? Elle te pose dans les mains tout ce dont tu as besoin. Tu hoches la tête à défaut de trouver les mots pour la remercier.  

Pendant qu'elle s'échappe vers la salle de bain de son frère, toi, tu files prendre une douche rapide. Pour te rincer de cette journée de travail, pour te détendre un peu, et surtout pour passer dix longues minutes sous le jet d'eau bouillante pendant que tu repenses à tout à l'heure, sur le canapé. Quand la vapeur commence à t'étourdir, tu éteins le robinet et continue ta préparation. Une fois sèche, tu enfiles le t-shirt qu'elle t'a prêté -tu seras passée par toute sa garde robe aujourd'hui- et un de tes boxers que tu gardes dans ton sac en cas de besoin.

Quand tu sors de la salle de bain, elle est déjà sous ses draps, à trainer sur son téléphone. Tu ne la déranges pas, tu fais juste quelques pas devant la porte en t'essuyant les cheveux dans l'une de ses serviettes extra douce. Tu fixes le plafond, ton regard dans le vide pendant que tu réfléchis à tout et rien.

"T'as déjà eu envie d'embrasser une amie proche sans que ça change votre relation ?" Par exemple, quand t'as besoin d'affection et que ta pote super mignonne t'attend dans son lit. Asking for a friend. Après mûre réflexion, tu plisses les yeux quand tu te rends compte de ton erreur. C'était peut-être pas la meilleure personne à qui poser cette question existentielle. Mais en même temps, tes autres amis ont tous des relations chaotiques, bien loin d'être des érudits dans le domaine eux non plus.
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Je sais pas pourquoi j'essaie constamment de deviner ce que pense cette fille. C'est impossible : elle est aussi imprévisible que la foudre qui frappe au moment où on l'attend le moins. Je commence à avoir l'habitude, mais il y a toujours un petit moment d'adaptation, le temps que l'éclair traverse le corps, que le pouls ralentisse et que le taux d'adrénaline redescende.

Je lève lentement les yeux de mon portable alors que mon coeur se remet d'un tour de grand huit. Une amie proche ? Pas un ? Et toc... prends-toi ça dans les dents, Liam. J'arrive pas à savoir si elle me teste, ou si elle a juste l'intention de me parler d'un de ses crush et de me demander conseil. Et parce que je n'ai absolument aucun courage, je décide qu'il s'agit sûrement de la deuxième et qu'à moins qu'elle n'essaie effectivement de me rouler une pelle, je ferais mieux de la jouer cool.

Hmm, ça changerait automatiquement la relation... tu crois pas ?



J'sais pas quoi répondre d'autre à ça, moi ! Si je panique ? Bien sûr que je panique ! Je pose mon portable et plonge mes bras sous la couverture, comme si je craignais que le rouge de mes joues se propage au reste de mon corps et que ce soit visible à la lumière du plafonnier.

T'as déjà fait ça ? Un truc genre... amies et plus si affinités ?

  

Ton calme et intéressé, mais assez détaché pour ne pas paraître trop intéressée. Vous avez vu comme je gère bien la situation ?



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Changer ta relation avec cette amie particulière, ça n'est absolument pas ce que tu veux. Vous vous connaissez depuis quelques mois, mais son amitié est déjà une partie importante de toi. Tu ne t'imagines pas retourner à ton train quotidien sans te pointer à l'improviste chez elle, sans trainer paisiblement en sa compagnie. Sans partager ces futurs moments qui vous attendent. Sinna, c'est un espace sûr autour de toi, où tu sais que tu peux être toi-même.

Quand tu as suffisamment épongé tes cheveux, tu disparais en plein milieu de votre conversation pour retourner jeter la serviette dans la salle de bain. Tu te regardes une dernière fois dans le miroir, au cas où. Tu en profites aussi pour réfléchir une seconde à ta réponse, avant d'éteindre la lumière et d'envahir la chambre à nouveau.

Si t'as déjà fait ça ? Pas vraiment. T'as déjà eu quelques des relations d'un soir, avec des inconnu.es. Des relations plus sérieuses, avec des gens qui ont disparu de ta vie aujourd'hui. Avec une amie ? Jamais. Tu t'assoies sur le rebord du lit, tournes ta tête dans sa direction pour enfin formuler ta réflexion. "Non, jamais. Peut-être que ça n'en vaut pas le risque alors." C'est pas faute d'en avoir envie, quand tu la regardes là, allongée dans son lit. Ton regard s'arrête une dernière fois sur ses lèvres avant que tu secoues la tête pour effacer l'idée. Toujours assise, tu te laisses tomber en arrière, jusque ta tête se repose sur ses jambes engouffrées dans la couette. Tu restes pensive, absorbée par chaque détail de la chambre. "Dommage."
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Je guette ses moindres mouvements comme si ça pouvait m'aider à déchiffrer ce qui se trame sous cette tignasse blonde. Mais plutôt que me répondre elle... se casse. Je rêve. J'en profite pour inspirer profondément, passer une main nerveuse dans mes cheveux et souffler mon malheur en regardant par la fenêtre. Boston est plongée dans l'obscurité, mais à cette hauteur, les lumières de la ville luisent comme une guirlande de Noël. Je reste plongée dans mon observation pendant quelques secondes, l'esprit complètement vide. J'arrive même pas à digérer ce qui vient de se passer.

Puis, l'ouragan Gin est de retour - sans sa serviette, cette fois-ci. Je m'écarte un peu pour lui laisser de la place, même si y en avait déjà assez. C'est un lit queen-size, après tout.

Le risque. Ce simple mot provoque un frisson le long de mes bras. Elle souligne enfin ce qui paraît évident, et ce qu'on ne s'autorise visiblement pas à formuler clairement... parce que oui, ce genre de truc comporte forcément des risques. Mais si on ne prenait jamais de risque, on ne ferait jamais rien dans la vie, pas vrai ? Je suis en train de me poser la question, quand son crâne échoue entre mes jambes. Enfin, sur la couverture. Dieu merci, pour la couverture.

Quoi ? Comment ça, « dommage » ?! Donc... on laisse tomber avant même d'avoir essayé ? Mais... essayé quoi, au juste ? J'ai l'impression que mon cerveau va exploser sous le poids de toutes ces interrogations. Alors j'attrape une de ses mèches, pour me distraire. Je la lisse entre mes doigts et l'enroule autour de mon index.

T'as souvent... des envies comme ça ? 

Vas-y, Sinna, jette de l'huile sur le feu. C'est pas comme si tout risquait de partir en fumée.



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Elle attrape une de tes mèches de cheveux pour jouer avec. Fuck. Comment tu veux rester de marbre avec ça. Ton cœur recommence à s'emballer, mille à l'heure. T'as l'impression d'avoir couru un marathon pendant les cinq dernières heures, sans même prendre une pause pour boire. Tu rates un battement quand elle te pose une question. Merde, comment la situation s'est retournée ? C'est toi qui a demandé en premier et tu n'as toujours pas eu sa réponse à elle. Tu t'es faite arnaquée dans l'histoire, c'est sûr. Tu te concentres sur le bruit de la pluie contre la fenêtre pour t'apaiser du mieux que tu peux, et pour combler le silence que tu laisses s'installer quelques secondes suite à sa demande. Tu as toujours aimé ça, la pluie. Sa main dans tes cheveux aussi.

Si ça t'arrive souvent ? Des envies comme ça, au moins trois fois rien que ce soir. Une fois supplémentaire depuis que sa main touche tes cheveux. Et encore une, maintenant que tu essayes de penser à combien de fois ça t'arrive. Tu prends une grande inspiration. "Parfois quand je te vois.", tu lâches dans un soupir, une voix calme malgré la spirale que tu dévales à l'intérieur de toi. C'est peut-être le pire moment de lui annoncer ça alors que vous devez partager un lit. Tu te redresses, appuyée sur tes coudes, pour laisser un espace entre vous pendant que tu essayes d'observer sa réaction. T'as pas envie de la mettre mal à l'aise par ce que tu viens de lui annoncer. Une once d'impatience dans ton regard, à la recherche d'un indice qui te rassurerait, qui te confirmerait que c'est complètement normal de vouloir poser tes lèvres sur celles de ton amie.
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J'aurais dû me douter que c'était une mauvaise idée de poser cette question. C'est typiquement le genre dont on connaît déjà la réponse, au fond... mais on ne peut s'empêcher de vouloir entendre les mots sortir de la bouche de l'autre. Confirmation, réconfort. La peur peut momentanément aller se cacher parce qu'on a enfin la preuve qu'on n'a pas tout inventé. Que les petits regards et les sourires sont un langage universel qui se suffit à lui-même.

Cette inspiration, qui précède ses paroles, c'est comme si elle était venue la happer directement dans mes poumons. Je retiens mon souffle, prête à recevoir de plein fouet l'épée de Damoclès qui survole ma tête.

Oh.

Un petit sourire prend naissance aux coins de mes lèvres, mélange de soulagement teinté de nostalgie. Une partie de moi déjà endeuillée de ce qu'on aurait pu avoir si les choses étaient différentes... plus simples. Elle m'observe, accoudée, et j'ai la sensation d'être un animal sur l'autoroute, aveuglé par les phares d'un véhicule sur le point de le heurter. Mes iris s'évadent, rejoignant encore une fois, cette vitre qui apparemment sert d'échappatoire à toutes les pensées qui s'entrechoquent dans mon crâne.

J'ai peur de la regarder.

Peur de ce qui risque de se passer si j'ose encore la toucher. J'en ai les mains qui tremblent, ou peut-être est-ce juste l'envie qui me démange...? Les pupilles vacillent, balaient le mur, le sol, le bord du lit, pour enfin se poser prudemment sur les siennes, tel un papillon atterrissant délicatement sur l'abat-jour d'une lampe. Toujours plus proche de la lumière. Sans savoir qu'il va s'y brûler les ailes.

Oui, je lâche dans un souffle.

Et parce que je me rends compte que ce mot n'a aucun sens, sorti de son contexte, je précise :

La réponse à ta question... c'était oui. 



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