âme à la dérive (vanderington)

Cela faisait quelques temps que tu n’étais pas sortie, tu enchainais les nombreuses gardes et tu venais même durant tes repos. C’était compliqué en ce moment, entre les vacances, les arrêts maladies. Tu n’étais qu’étudiant et pourtant, tu travaillais autant qu’un chirurgien, tu passais la plupart de ton temps en blouse blanche, à courir un peu partout. Tu avais enfin obtenu un peu de repos, et tu avais décidé de sortir. Pas de soirée en prévision avec la Dud, alors tu y allais de ton côté. Habillé simplement, mais toujours très agréable à te voir, petit pétard avant de rentrer dans cet univers que tu appréciais tant. La lumière qui t’aveuglait, te faisait partir dans un autre monde, verre à la main, tu étais accoudé à l’une des barrières, regardant ces femmes se déhancher sur la piste.

La douleur, quand elle est présente, elle disparait que très rarement. Elle fini par trouver un emplacement, où elle pourra vivre paisiblement, avant de revenir à la charge, à chaque coups bas. Tu connais très bien cette sensation, c’est certainement pour ça que tu préfères passer ta journée, totalement déchiré. Ça camoufle cette douleur, ça la fait disparaitre le temps d’un instant. Pourquoi tu souffres ? Peut-être parce que tu n’as jamais parlé de cette personne que tu aimais tellement, qui est morte, qui s’est donnée la mort. Personne n’est au courant, personne ne sait ce passage de ta vie, ni même ta famille. Alors, oui, la drogue est un médicament pour toi. Ce n’est pas pour rien que tu passes beaucoup de temps à ton travail, car cette personne, elle savait qu’elle était condamnée. Tumeur au cerveau, beaucoup trop grosse, qui s’était installée et qui ne comptait pas laisser la vie sauve à son hôte. Alors oui, tu passes ta vie défoncé, sauf quand tu travailles. Tu penses sans cesse à elle, et ça te blesse. Tu peux parfaitement comprendre, ces personnes qui perdent pieds. Ton regard se perdait sur les personnes qui dansaient, ton verre à la main, ton joint qui commençait à faire son effet. Et il y avait cette demoiselle, qui était là, que tu connaissais. Petit sourire sur tes lèvres à ses paroles « Salut. Ça m’occupe. » soufflais-tu tranquillement. Ton regard reporté sur la jeune femme. Il est vrai qu’elle n’était pas désagréable à regarder Ruby « J’aime pas danser, je suis bien le côté de la semaine. » tu rigoles légèrement. « Encore en soirée ? » finissais-tu par questionner.

Tu fais semblant que tout va bien, mais malgré ces cinq années, c’est toujours autant douloureux. Alors, quand tu entends ces personnes dire : ça finira par passer, la douleur s’atténue. Ce ne sont que des mensonges, tu es très bien placé pour le dire : la douleur ne pars jamais. Tu n’es pas du genre à vouloir donner des faux espoirs, à mentir, et tu es ainsi également avec tes patients. Donner de l’espoir quand il y en a pas, ce n’est pas ton délire. Appuyé sur la rambarde, tu essaies en vain d’effacer tout ça, d’arrêter de penser à ça et de profiter de la soirée. Pourquoi ces pensées tournent dans ta tête ? Car tu n’as presque rien pris aujourd’hui, tu serais presque à ‘jeun’, et à chaque fois les vieux démons reviennent. Tu n’es pas venu accompagné, tu savais que tu allais tomber sur quelqu’un que tu connaissais. C’était pratiquement obligatoire et sinon, tu aurais trouvé une personne pour te tenir compagnie ce soir. Ton regard divague, tu te sens un peu plus détendu, buvant quelques gorgées de ton verre. Finalement, tu reconnaissais cette demoiselle, cette crinière dorée. Tu rigoles à ces paroles, dans le fond, elle n’a pas tord. Tu ne la croise que seulement durant les soirées, ce qui prouvait que tu sortais énormément. « C’est vrai, je l’avoue. » tu haussais les épaules. Elle attrapait ta main, sensation plutôt étrange. Ça fait bien longtemps qu’une personne t’attrapait la main, chose que tu ne laissais jamais faire, le contact physique venait en général de toi en premier lieu. Pourtant, tu te laissais faire, direction le bar, tu rigolais à son défi. « On peut faire ça. » tu finissais ton verre d’une traite, le déposant sur le bar. « Je te promet rien, je suis pas chaud. » lâchais-tu. Le barman déposa face à nous, une rangée, et c’est lui qui lança le top départ.

Tu n’étais pas venu là dans l’optique de partir en cacahuète, mais tu te laissais entraîner par la jeune femme. A vrai dire, tu ne savais pas ce qu’elle comptait faire. Une fois devant le bar, elle commanda une ligne de shoot. Mon dieu, elle n’avait pas froid aux yeux et elle comptait bien que tu termines, totalement couché. Ton regard se posa un instant sur elle, t’obligeant à finir rapidement ton verre. Il est vrai que tu n’es pas chaud, pas encore dans l’ambiance. « On verra bien. » laissais-tu glisser, nonchalant, ton regard se posa maintenant sur les différents verres. Le barman lança le décompte et tu commenças à boire le liquide, qui glissait le long de ta gorge. Celle-ci se réchauffa rapidement, jusqu’à ce que tu termines le dernier. Gagnant cette manche, de peu. Un petit sourire s’afficha sur ton visage, éclairant celui-ci, te donnant un air, plus agréable. « C’était un coup de chance. » avouais-tu. Ton regard se promenait sur la pièce et finalement tu avais déjà trouver son premier défi, il serait simple. « Go aller danser sur la barre de pôle au milieu de la piste, pendant la durée d’une musique. » autant donner quelque chose où tu pourras bien regarder.

La musique qui résonne dans ton crâne, l’alcool qui commence à monter doucement avec la drogue. Un mélange toxique, que tu faisais régulièrement, qui t’arrachait le crâne. Cette soirée allait s’annoncer merveilleuse, cette jeune femme n’avait pas peur au froid, elle surpassait surement ses limites. Mais, tu ne voulais pas en savoir plus, ça ne te regardait pas, tu avais déjà tes propres problèmes. Chacun sa merde, comme tu avais tendance à dire, même si tu avais ce coté un peu social, tu n’allais tout de même pas t’enfoncer encore plus. Tu n’étais pas là, pour écouter les personnes parler de leur problème, tu étais là, pour te changer les idées. La musique qui te permettait d’être ailleurs, le défis était lancé. Elle pouvait très bien changer d’avis et ne pas jouer à ce jeu avec toi, pourtant elle partait en direction de la scène, te faisant quelques mots au passage. Un petit sourire sur tes lèvres, ton regard qui suivait cette demoiselle avec ses belles formes. Tu t’accoudais à la barrière, ton regard ne la quittait pas, elle se débrouillait plutôt bien et il fallait l’avouer, elle était plutôt séduisante. Les gens commençaient à regarder cette femme se mouvoir contre la barre, ce n’était pas tous les jours qu’une personne faisait ça. La plupart, ce n’était que des femmes, totalement bourrées, qui se tenaient plus à la barre, histoire de tenir debout qu’autre chose. Ruby n’avait honte de rien, peur de rien, elle se faisait siffler et applaudir par une bande de lourdingue, ça te faisait rire. Tu l’applaudissais une fois qu’elle revenait près de toi « Tu gères plutôt bien. » petit sourire en coin.