The Craft [Zozo

LE 20/10/2022

Police station
Boston

@Zora Hyde

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he Craft

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L

es jours passent et j’ai beau observer cette chose retracée à main levée sur une feuille détachée, son sens m’échappe complètement. Même au travers de recherches sur la toile il n’y a rien concernant ces symboles. C’est à croire qu’ils n’existent que pour un certain nombre d’illuminés qui conservent bien entre eux ce secret. Mais il y a tout de même une personne qui pourrait m’aider, cette jeune femme dont quelques initiés parlent à voix basse et qui traine à l’université. On dit d’elle qu’elle est capable de voir par-delà les objets et le temps… J’en ai le sourire furtif faute de ne pas y croire vraiment, assis là dans l’attente de voir les aiguilles pointer sur l’heure que je lui ai donnée. « Boniments. » Un dernier soupire et c’est vers la machine à café que je me décide à me trainer, arpentant les couloirs évidés de toute présence. Les quelques agents travaillant de nuit sont tous partis patrouiller dans les artères de la ville pour y insuffler un semblant de sécurité. Moi ? J’ai tout bonnement décidé de rester, pour ressasser quelques brides de cette affaire sur laquelle je piétine. Ce n’est qu’au bruit de la pompe qui crache tant bien que mal les millilitres nécessaires afin de dissoudre ce café bon marché que je prête subitement attention à l’heure qu’il est, soulevant d’un geste vif la manche de ma chemise pour y détailler mon poignet. Presque...

Dernier tour de terrain dans le couloir principal pour m’assurer que personne ne viendra nous déranger et mes pas me conduisent vers la cour arrière, là où je lui ai demandé de se présenter. Pas de caméra ni de badge à présenter face à la sécurité, c’est d’une poigne ferme que je force sur la tôle renforcée, porte qui s’ouvre sur la lueur d’un réverbère au loin et isolé. Il ne sera pas question non plus de cigarette pour patienter comme dans tout bon polar qi se respecte lorsque le flic se met à attendre puisque je n’ai jamais fumé, relevant la tête vers la couverture étoilée au contact des premières gouttes tombées. « Elle ne devrait plus tarder. »

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feat @Hanzo Yoshikawa

Enveloppée dans un manteau épais couleur camel, je croise les bras pour braver le vent qui s’est levé en cette soirée d’automne. Le commissariat n’est plus très loin, et plus j’avance, plus je sens mon être entier m’exhorter de m’en éloigner. Pourquoi ? Je n’en ai absolument aucune idée. Depuis que je suis sortie du lycée, je n’ai qu’une envie : faire de mon don un outil, quelque chose de concret, que je puisse utiliser pour aider les gens, et surtout, la police. Le monde est bien trop obsédé par le visible, l’explicable, la science… alors que celui qui se cache au-delà du Voile contient parfois les réponses qu’on cherche. Et moi, il se trouve que j’en détiens la clé.   

Quand j’ai été contactée par cet agent de la FBI, j’ai d’abord cru à une plaisanterie. Après tout, ça m’a paru trop facile. Les policiers ne sont pas connus pour leur ouverture d’esprit à tout ce qui touche à l’ésotérisme. Je pensais devoir trouver un moyen d’entrer dans ce monde d’une autre manière, notamment via mes études - d’où mon choix de cursus en criminologie. Pourtant, au fil de notre conversation, j’ai compris que j’avais affaire à un véritable flic, et que s’il m’avait contactée, c’est vraiment qu’il avait besoin d’une aide qu’il ne pourrait obtenir nulle part ailleurs. Il m’a parlé de symboles étranges qu’il n’arrivait pas à déchiffrer… et même si je ne suis pas experte en occulte ni en satanisme, je  pourrai peut-être lui apporter quelques indices supplémentaires en me connectant au champ énergétique des objets en question.  

Arrivée à l’endroit convenu, j’aperçois un flic en train d’ouvrir une porte en tôle. J’approche en forçant un sourire, sentant toujours cette force inexplicable qui me donne envie de prendre mes jambes à mon cou.

 ─ Bonsoir. Je suis Zora. Vous devez être… Monsieur Yoshikawa ?  

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C

omme la pluie l’inconnue finit par faire son entrée au son des quelques gouttes accompagnées par le martellement léger de ses pas. Pas vraiment réglementaire, c’est une visite qui se doit d’être discrète même si cette caméra en amont épie continuellement le moindre mouvement dans cette ruelle. Dieu que j’aimerais voir la tête de ceux qui pourraient en revisionner le contenu : Yoshikawa qui invite une parfaite inconnue tard le soir dans les locaux par un accès prohibé…. De quoi alimenter de nouvelles rumeurs sur celui qui accepte difficilement de s’être fait larguer par sa fiancée. En un hochement de tête accentué d’un sourire la réponse est donnée. « Bonsoir. Et vous mlle Hyde. » Hyde, ce n’est que maintenant que je fais le rapprochement avec Jekyll. Pourvu qu’elle n’ait pas comme lui deux personnalités…

Ma main fend l’air moite de la nuit pour serrer la sienne avant de me raviser. « Si nous nous touchons, vous saurez ce que je pense ? » Méfiance… Je ne sais absolument pas ce qu’elle est capable de distinguer et je tiens à préserver certains de mes petits secrets alors mon hésitation, elle est plus que palpable lorsque mon geste s’avorte, ma paume se refermant sur elle-même, mi-close pour la questionner du regard avant de me soumettre à un contact humain. « On m’a assuré que vous seriez discrète, » parce qu’il est évident que tout ce qu’elle verra une fois à l’intérieur ne devra être évoqué à l’extérieur.
Après quoi elle est conviée, me décalant un peu, à venir troquer les couleurs de la vie contre la noirceur de ce que ces murs enclavent : l’ouvrage de l’humanité ou tout du moins de ce qu’elle peut démontrer de plus vile une fois les limites dépassées. A peine a-t-elle déposé un pied à l’intérieur que d’un sourire bienveillant je referme derrière, mure ce territoire qu'elle s’apprête à découvrir. « Vous êtes certaine de vouloir ? » Se risquer à la promiscuité d’un cadavre n’est pas chose aisée, surtout lorsqu’il s’agit d’une première fois et encore heureux, le macchabée n’est pas en décomposition ou bien défiguré. « C’est au fond, dernière sur la gauche, » que se trouve le labo de balistique où je passe le plus clair de mon temps à ruminer sur ces enquêtes et sur les clichés du malheureux qui a été assassiné.

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Son trait d'humour - même si je ne suis pas sûre que c'en soit un - me détend un peu. Il me faut au moins ça, avant d'affronter le job ardu qui m'attend.

 ─ Si seulement ça marchait comme ça !

Vous imaginez un peu le délire ? Une poignée de main et j'aurais accès au cerveau de tous les humains ? Je crois que je serais devenue folle depuis longtemps.

... Si on part du principe que ce n'est pas déjà le cas.

Ce qu'il ignore, par contre, c'est que les contacts physiques ont effectivement un certain pouvoir sur moi. Qu'il m'est déjà arrivé, par un simple effleurement, d'ouvrir un canal entre la personne et moi. Mais si je suis incapable d'entendre les pensées d'autrui, je peux assez facilement savoir quelles émotions se jouent, quelles blessures psychologiques suintent encore, et à quels endroits.

─ Discrète, c'est tout à fait moi.

L'ombre qui se faufile dans les couloirs, avec ses livres sous le bras. Quand il s'écarte, je prends mon courage à deux mains. En me réprimandant intérieurement quand je me rends compte que j'ai déjà cessé de respirer.

Inspiration...

Expiration...

Sa question - sa vérification - fait gonfler ma détermination.

─ Je suis là pour ça.

C'est ce qui donne un sens à ma vie. Trouver une utilité à mes bizarreries. Je me glisse furtivement jusqu'à la salle indiquée, que j'observe dans ses moindres recoins. J'suis jamais venue dans ce genre d'endroit, qu'on ne voit généralement qu'à la télé.

─ Vous pouvez m'en dire plus sur ce que vous savez déjà ? Et sur les morceaux qui vous manquent, que vous aimeriez recoller.

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iscrète, c'est tout à fait moi. Rassurante comme on me l’avait communiqué bien que, venant d’étudiants, ce n’est pas toujours vrai. Pourtant, curieusement elle dégage quelque chose à la fois de positif et d’inexplicable. La laissant rentrer, j’ai donc pris parti de la croire sur ce fait. Je suis là pour ça. Parfait, même si lui faire signer une décharge m’aurait grandement soulagé parce que la confiance n’est pas toujours quelque chose de facilement partagée. Alors quand elle s’engage dans le couloir, arpentant ce qui d’ordinaire grouille de flics aux grades divers et variés, je ne peux m’empêcher de la juger. La juger à sa démarche, à son code vestimentaire tout à fait ordinaire, à son maquillage des plus naturels mais intrigante par ce don dont elle semble dotée et qui pour le moment n’a rien de certifié. Vous pouvez m'en dire plus sur ce que vous savez déjà ? Et sur les morceaux qui vous manquent, que vous aimeriez recoller. Mon déca à la main s’est arrêté de tourner, mon poignet figé. « Vous n’êtes pas censée le deviner ? » Pas encore au fait de comment son tour de prestidigitation fonctionne, la soupçonnant déjà de vouloir me duper, récupérant des brides d’informations pour me les retourner dans une version qu'elle aura joliment fardée. Allons, je suis bon joueur et puisqu’elle est là autant s’amuser.

D’une main levée en guise de pardon, je me fonds en excuses avant de lui donner raison. Il vaut mieux qu’elle voit les clichés pris sur les lieux pour se faire une vague idée. Alors dès que nous sommes à l’orée de mon bureau, elle y est conviée pour prendre connaissance des faits. « Un corps, la trentaine passée, tatoué sur les avant-bras et retrouvé dans un sous-sol d’une maison abandonnée. »

Du tiroir des images sont arrachées, celles d’une vielle affaire maquillée et résolue depuis des années histoire de tester mon invitée. Chaque cliché pris à l’époque par un agent chevronné montre une scène de crime assez provocante : Des symboles peints sur les murs, une table où trônent bougies et cierges partiellement consumés, un coté théâtral qui n’a pas été fait dans la demi-mesure. Prenant place sur le bureau, à demi-assis à côté des photographies, ma main les éparpille quelque peu. « On pense à un rituel mais… C’est un domaine qui nous échappe un peu. » Et si elle tombe dans le panneau, c’est qu’elle aussi n’est pas réellement qui elle a prétendu être jusqu'ici.

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Je conserve mon sourire à sa question - même si un coin de ma bouche a un tic involontaire. Sois patiente... me serine ma voix intérieure. Si j'étais honnête, je lui répondrais : non, je ne suis pas censée deviner tout ça. Je comprends l'appréhension et le doute dans un monde où beaucoup profitent de la naïveté des autres, mais... parfois, c'est fatiguant d'avoir à se justifier.

─ Je vais plutôt tenter de ressentir et de vous aiguiller. Si vous préférez ne rien me dire, soit. Je me contenterai de vous relater ce qui me vient.

Une nouvelle vague de stress me traverse ; je fais de mon mieux pour l'ignorer alors qu'il commence à sortir des photos de son tiroir. J'observe d'abord les images sans aucune intention, cherchant simplement à m'imprégner du lieu, des personnes pouvant être liées à l'affaire. Puis, après avoir visuellement imprimé la scène, j'effleure les clichés du bout des doigts. Parfois, une connexion physique est nécessaire pour activer mes capacités. C'est ce qu'on appelle la psychométrie ou "l'art de voir avec les doigts," l'aptitude à découvrir des informations à propos d'un objet rien qu'en se connectant physiquement à lui.

Je ferme les paupières, et immédiatement, quelques flashes m'apparaissent. Un homme en train de disposer les objets, de dessiner les symboles aux murs. Sauf qu'il a l'air de le faire de manière mécanique, comme s'il suivait un manuel. La précision dans ses gestes n'est pas destinée à l'efficacité du rituel, non, elle semble plutôt vouée à... faire croire qu'il y a eu un rituel. D'autant que je ne le vois pas faire ce rituel.

─ D'après moi, il y a possibilité que la personne qui a disposé ces objets ainsi ait voulu tromper l'œil. Vous voyez... la magie laisse des traces. Les vrais rituels sont une manière de manipuler les éléments pour obtenir un certain résultat, grâce à des prières, décoctions ou mouvements décrits par des instruments sacralisés. Là... j'ai beau voir les objets aux bons endroits, les symboles associés à la Wicca au mur... je ne perçois aucun résidu "magique." Donc, je croirais plus à une sorte de mise en scène.

Je lève les yeux vers le policier, curieuse de savoir ce qu'il en pense. Après tout... si ça se trouve, c'est lui qui essaie de me tromper.

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on calme face aux photographies est étonnant et jamais je n’ai vu çà de la part d’une consultante, encore moins d’une bibliothécaire. Aucune réaction, elle ne semble pas touchée par l’étrangeté visualisée mais j’imagine qu’elle a dû en voir bien d’autres si tel est son passetemps ou métier… A l’image de ce que j’ai pu voir dans les reportages elle commence à les effleurer du bout de ses phalanges, comme en quête d’un contact avec la vérité et le passé, fermant les yeux pour s’en imprégner. Je ne dirais rien là-dessus, entériné dans le silence et préférant seulement détailler la scène pour ne pas l’influencer. ─ D'après moi.. Serait-elle tombée dans le piège… ─ il y a possibilité que la personne qui a disposé ces objets ainsi ait voulu tromper l'œil. Surprenant. En toute honnêteté elle vient de me bluffer, observant à la fois les clichés et son visage qui n’a pas changé. ─ Vous voyez... la magie laisse des traces. Les vrais rituels sont une manière de manipuler les éléments pour obtenir un certain résultat, grâce à des prières, décoctions ou mouvements décrits par des instruments sacralisés. Là... j'ai beau voir les objets aux bons endroits, les symboles associés à la Wicca au mur... je ne perçois aucun résidu "magique." Donc, je croirais plus à une sorte de mise en scène. Elle me parle petit chinois déjà, des termes qui me sont totalement inconnus. Wicca… Et pourtant j’hoche de la tête afin de donner raison à sa théorie qui tient la route puisque c’est exactement ce qu’il s’est passé, une simple mise en scène pour tenter de camoufler un crime passionnel, une tragédie mystifiée. Elle est douée.

« Ok. » Elle a passé le test haut la main puisque visiblement elle s’y connait, sais déceler ou ressent les énergies et peu importe comment son don fonctionne du moment qu’elle peut m’aider. Alors délaissant ceux qui sont étalés sur le bureau, je m’abaisse du coté opposé afin de prendre le véritable dossier qui trainait un peu plus loin, pour le lui tendre. « Et là ? » Cette fois, pas le caricature cachant un autre mobile, ce n’est que pure occultisme, l’œuvre d’un homme ou d’une femme à l’esprit dérangé qui a cru pouvoir échanger le prix d’une vie - celle qui occupait leur corps gisant dans la pièce à coté - à une sombre divinité contre quelque chose en contrepartie.

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Je suis confuse. Le flic paraît satisfait de ma réponse, mais c'est un second dossier qu'il me sort illico, comme si le précédent n'avait servi que de... préliminaire ? Il ne confirme ni ne réfute ma théorie, se contentant de me présenter un autre feuillet, que je parcours des yeux et des doigts. Fatale erreur.

Immédiatement, une encre semble s'injecter dans mes veines, comme si l'aiguille avait été directement plantée dans mon bras. Une présence malsaine s'immisce aux confins de ma conscience, proche et lointaine à la fois. Je lâche le dossier comme s'il m'avait brûlée.

─ Merde... désolée.

Me penche pour le ramasser du sol, imagine rapidement une barrière énergétique s'élever entre moi et l'objet avant de reposer les mains dessus. Ok. Ça va aller... Je récupère le feuillet, inspire et ferme les paupières.

─ Je dois juste... me concentrer quelques instants, j'explique à l'homme pour ne pas l'effrayer.

Des images apparaissent de nouveau, moins brutales qu'avant, mais tout aussi inquiétantes. Cette fois-ci, il est bel et bien question de magie, et en particulier, de magie noire. Un domaine dans lequel je n'ai jamais trempé ma "baguette." Dans la Wicca, une des premières règles primordiales est de ne faire de mal à personne, de respecter la Nature ainsi qu'autrui. Une autre règle est celle du Triple Retour : la conviction que tout ce qu'on fait a des conséquences et nous revient par trois fois. Et s'il n'y avait paraissent trace de magie concernant les photos précédentes, cette fois-ci, les pages me semblent presque lourdes tellement elles dégoulinent de malveillance. Il me semble pouvoir entendre une incantation, quelqu'un psalmodier en boucle dans l'espoir d'invoquer une entité hostile. Cette même entité que je sens graviter autour de moi, moqueuse, comme affriolée par l'attention qu'on lui porte.

─ C'est une affaire différente ? Je n'ai pas du tout les mêmes ressentis qu'avant. Ici... il y a bien eu manipulation d'énergies. Par contre...

Je fronce les sourcils, paupières toujours closes. Et avant que je puisse poursuivre le fil de ma pensée, une sorte de brouillard s'abat sur ma conscience. L'espace d'un instant, je ne sais plus où je suis, ni ce que je suis en train de faire. Faibles soudainement, mes jambes cèdent sous mon poids, puis tout devient noir.

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04/05/2021

le 20/10/2022
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ncore plus curieuse est sa réaction face à la vérité, comme si elle souhaitait s’en dérober ou bien s’en éloigner, le feuillet atterrissant par terre. Les yeux la détaillant elle plus que ce qu’elle vient de faire tomber, je reste là à l’écouter se fondre en excuses, Merde... désolée, plutôt que de l’aider à le ramasser. On dirait que c’est la première fois qu’elle est autant impactée. Elle réitère l’expérience, ne souhaitant en rester là, justifiant de son attitude avant de se reprendre en fermant les paupières. Ce n'est pas une façon de se soustraire de ses soudaines responsabilités et quand bien même, elle ne me doit rien, parce que ce n’est que par bonté d’âme qu’elle est venue m’aider. Je dois juste... me concentrer quelques instants. Mais qu’elle fasse et j’acquiesce de la tête parce que personnellement j’ai tout mon temps. Personne ne m’attend ou n’espère mon retour si ce n’est peut-être Foster qui craint parfois de rester seule le soir dans l’immensité de cette villa partagée.

Et pendant que la médium analyse les photos et les diverses informations qui y sont retranscrites, les annotations trouvées sur place et tout ce qui relate accessoirement de l’incident, j’accuse un coup d’œil furtif sur l’horloge qui met au défit le temps. Oui, à cette heure elle doit sans doute bouquiner l’un de ses recueils médicaux… C'est une affaire différente ? Coupé dans mes réflexions c’est vers ma nouvelle indic que mon attention se reporte soudainement. Je n'ai pas du tout les mêmes ressentis qu'avant. Ici... il y a bien eu manipulation d'énergies. Par contre... Pas le temps de le lui confirmer qu’elle semble sujette à un malaise, vacillante, les yeux figés dans le vague. Ce n’est pas une vision qu’elle a et je tarde à le comprendre, tentant de la rattraper au moment où ses genoux plient sous son propre poids. Ce n’est qu’en chutant de mon piédestal que je parviens à l’attraper par le bras, agrippant de l’autre non sans mal un siège à un mètre de là pour lui permettre de s’assoir. Génial… Il ne manquerait plus qu’elle perde conscience ici, et difficile d’expliquer le pourquoi de sa présence ainsi que ses dons mystérieux. « Hey hey, doucement, » ne me faites pas çà, pas ici et pas cette nuit. Alors l’aidant à s’installer, le dossier est mis de côté, pour plus tard parce que visiblement nous avons pour l’heure d’autres priorité. J'accuse un sourire lorsqu'elle semble revenir à elle. « Je doute pouvoir vous montrer le reste, » comme le corps qui pourrait tout aussi bien être une source plus puissante pour ses visions si quelques photos la font déjà chanceler.

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(Sheng Lao Xian)

Shut the door, Dim the lights. Your body's warm And it's so cold outside. Take off your clothes, Close your eyes ━ ━ ━

We'll be in hell tomorrow. But, we are...

heavenbound tonight ∇

The Craft @"Hanzo Yoshikawa"

Mes paupières papillonnent lentement, comme si je venais de me réveiller d'une longue sieste. J'ai rien compris à ce qu'il s'est passé. Un instant j'étais debout, en train d'essayer de me connecter à la scène du crime, et me voilà... assise sur une chaise au dossier moelleux. Le flic m'observe avec inquiétude, malgré son ton rassurant. J'ai envie de protester, mais je me contente de pincer l'arête de mon nez un instant en fermant les yeux. Une douleur lancinante meurtrit mon crâne. J'suis déshydratée, ou quoi ? C'est quoi, ce délire ?

À moins que la personne qui a invoqué cette entité n'ait jeté un sort de bannissement à quiconque tenterait de se pencher sur l'affaire... Les sorts de ce type sont en général utilisés pour empêcher quelqu'un de nuire. À l'aide de quelques ingrédients et d'une incantation, on peut représenter la personne nuisible à l'aide d'une effigie (un peu comme une poupée vaudou) et lui lier littéralement les membres avec une ficelle, ou bien lui coller un morceau de ruban adhésif sur la bouche s'il s'agit de l'empêcher de nous nuire verbalement. Or dans ce cas... je pense que l'apprenti sorcier a créé un envoûtement pour créer confusion et étourdissement (littéralement) à ceux qui oseraient faire usage de la magie pour en savoir plus sur les détails du crime. Je ne vais donc pas pouvoir en découvrir plus avant d'avoir défait les fils de ce vilain sort.

─ Je suis là pour vous aider. J'y tiens, je rétorque fermement - en restant assise, cependant. Vous croyez en la magie, officier ? J'imagine qu'une part de vous y croit, sinon, je ne serais pas là. Vous n'y connaissez peut-être pas grand chose, mais c'est mon domaine. Et si j'en crois ce qui vient de m'arriver, votre criminel s'y connaît aussi. Il a dû se douter qu'on viendrait renifler sa mise en œuvre... et il a lancé un sort sur l'affaire pour que les gens comme moi ne puissent pas voir son identité, ou ce qu'il a fait exactement. Pour supprimer cette barrière énergétique... il faut que je fasse quelques manipulations. Rien de bien effrayant, ne vous en faites pas. Concrètement, je vais sortir quelques cristaux, du sel et prononcer des incantations. Si c'est trop pour vous... on peut s'arrêter là. Sinon... passez-moi mon sac.

Je désigne ma bandoulière, échouée sur le sol à quelques mètres de nous. Alors, officier... t'es prêt à aller jusqu'au bout, ou tu vas préférer aller te cacher dans le poulailler ?

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