Pendons donc cette crémaillère ! ~ 01.10.22

* Non ?

@Joyce Millett

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Il aurait pu rester ainsi toute la fin de soirée, à regarder la jolie blonde dessiner des fragments d’histoires sur son torse imberbe, mais la réalité les rattrapa. Après avoir fait l’amour, il était recommandé de se nettoyer. Non pas parce que les sécrétions étaient sales, mais parce que les bactéries profitaient de la rencontrer des sexes pour se loger dans les endroits sujets aux infections. Le doctorant en pharmacologie n’était pas sans le savoir, mais ce fut tout de même à contrecœur qu’il accepta cette idée de la voir quitter ses bras. Le réconfort de la voir s’en aller résida dans le baiser furtif qu’elle lui offrit. De mouchoirs, à te proposer je n’ai même pas, fût-il désolé en la voyant serrer les cuisses. Il n’avait pas eu le temps de faire les courses depuis son arrivée à la Maison Dorée. Il posa sa tête sur son bras positionné en équerre et la regarda se lever puis s’habiller. De ses yeux, il parcourut chaque partie du corps qui lui était donné de voir avant qu’elle ne disparaisse sous les différents vêtements enfilés. T’es belle, murmura-t-il, avant de lui adresser un sourire charmé. Malgré les nombreuses fois qu’il le lui disait, il trouvait que ce n’était jamais assez.

Attends, l’interpella-t-il avant qu’elle ne s’échappe de la chambre et rejoigne la salle de douches commune de l’étage. Sans serviette, et produits, tu comptes faire quoi, lui demanda-t-il avant de rire et reprendre, si une cystite tu veux éviter, correctement fais-le… ou avec moi tu restes. Son regard se brida un peu plus, à mesure que son sourire s’agrandit. Bouge pas, lui ordonna-t-il avant de se donner la force de s’asseoir puis enfiler son boxer qu’il trouva en tâtonnant sur les draps. Il se leva et remonta l’élastique du linge jusqu’à ses hanches avant de se déplacer vers l’un des cartons éparpillés dans la chambre. Et il remercia sa marraine d’avoir eu l’idée de ranger ses effets d’une façon plus logique que la sienne, marquant l’emballage au feutre noir pour un rangement plus rapide et efficace. Il ouvrit celui qui portait l’intitulé de « SdB » et sortit un rectangle éponge propre. Il fit quelques enjambées vers la valise, la dézippa, et prit sa trousse de toilettes. Il tourna les talons au bordel, et s’approcha dd Joyce à qui il fit mine de tendre le tout avant de les reprendre, comme s’il attendait quelque chose de sa part en contrepartie.

Kisu haejwoyo*, articula-t-il avant de se pencher légèrement et de tendre ses lèvres vers la jeune femme. Il fut toutefois plus gourmand que prédit, et le simple baiser réclamé se transforma en plusieurs pressions de ses lèvres sur les siennes. Ici tu dors, pas vrai, l’interrogea-t-il. Elle n’allait tout de même pas partir après sa douche, si ? Que tu restes, j'aimerais bien, ajouta-t-il, parce qu’il ne se voyait pas dormir sans elle après qu’il ait vécu sa première fois en sa compagnie. Il voudrait qu’à chaque fois qu’il se passait quelque chose entre eux, ils puissent profiter d’un instant plus tranquille, histoire d’éviter de tomber dans la routine du « plan régulier ». Prends ton temps, lui suggéra-t-il, les draps je vais changer et, quand tu reviendras, à mon tour j’irai. Il laissera passer une dizaine de minutes tout de même, pour ne pas se faire prendre la main dans le sac d’avoir pris son pied, ce soir. neon… kalsu isseoyo** , fit-il avant de montrer la porte verrouillée derrière elle, nae maeumi pyeonhagi jeone gyesok haeyo…*** Il pinça ses propres lèvres, rétines plongées dans les siennes.

* Tu ne vas pas m'embrasser ?
** Tu peux y aller
*** Vas-y avant que je ne change d'avis

@Joyce Millett

Elle aurait pu rester là, s'étendre dans cette étreinte pour toute la nuit, mais il faut bien que la réalité la rattrape. Et si Joyce ne veut pas faire un détour par le centre médical dans quelques jours pour se débarrasser d'une bien embêtante infection urinaire, elle sait qu'elle a intérêt à faire un détour par la salle de bain. Tâche bien agaçante et qui est continuellement omise dans les films, mais sa vie n'est certainement pas un scénario de Spielberg et elle fait le choix conscient et raisonnable de renoncer au câlin qui lui est offert et se relève, non sans oublier d'embrasser Jay, afin de se rhabiller, à moitié du moins, prête à se diriger vers son but. Un léger rouge luit sur ses joues lorsqu'il souligne sa beauté ; son côté coquette apprécie plus que de raison le compliment et elle lui retourne un sourire charmé, presque ému.
Nudité dissimulée, elle pourra presque faire illusion dans les couloirs de la maison ennemie - enfin si on oublie qu'elle est pieds nus alors qu'elle ne vit clairement pas ici ce qui trahit un peu ses activités nocturnes - et s'apprête à s'éclipser lorsque la voix du nouveau locataire des lieux la retient dans l'endroit. Le doctorant avait raison une fois de plus, empressée elle n'avait pas forcément réfléchi plus loin que l'étape toilette et si elle souhaitait faire un détour par les douches... il y avait toujours la possibilité de simplement passer sous l'eau et d'utiliser son pull comme serviette de fortune, mais il est vrai que s'il avait de quoi lui prêter le nécessaire, c'était bien plus agréable. Alors, comme demandé, elle attend, ne bouge pas pendant qu'il remet son boxer noir - bien dommage, elle n'aurait pas dit non à avoir un dernier aperçu de ses fesses - et qu'il se lève à son tour pour aller fouiller un carton. Étonnamment il semble plutôt bien organisé dans son déménagement, chaque boîte étant annotée pour s'y retrouver plus facilement. Elle ne l'imaginait pourtant pas aussi prévenant avec ses affaires, mais il faut croire qu'elle a encore des choses à découvrir sur lui.

- Aussi tentant que soit l'idée de rester avec toi, je suis vraiment pas chaude à l'idée de supporter la douleur d'une cystite, avoue-t-elle, contrite.

Il revient alors vers elle et lui tend les différents éléments réunis, mais soudain les ramène à lui, comme un enfant qui s'amuse à piéger son entourage. Comprenant au-delà des mots, le prix à payer pour obtenir son dû, Joyce n'hésite pas, lorsqu'il se penche vers elle, à planter sa bouche sur la sienne, baiser répété plusieurs fois avant que les têtes ne s'écartent, presque à regret, et qu'elle puisse récupérer les affaires de toilette. Puis, sourire certain alors qu'il cherche à s'assurer qu'elle passera la nuit ici ; et si elle n'osait pas vraiment le lui demander, elle est ravie de pouvoir s'endormir entre ses bras, serrée contre lui dans cette position désormais habituelle entre eux.

- J'aimerais bien aussi.

Lumière joyeuse qui ne peut quitter ses pupilles alors que son regard s'égare quelques instants sur ses traits alors que l'envie de l'embrasser la prend à nouveau. Et si Joyce a toujours apprécié l'eau, elle n'est pas certaine de vouloir cette fois s'éterniser sous le jet, afin de revenir au plus vite dans la chambre, quitte à l'aider à changer les draps pour pouvoir s'y réfugier le plus rapidement possible avec lui à ses côtés - vraiment, l'étape douche est-elle si obligatoire ? Elle est cependant rappelée à l'ordre en sentant une humidité entre ses jambes et adresse un dernier sourire à Jay entre les mots qu'elle ne comprend pas vraiment, mais interprète à sa manière en se haussant sur la pointe de ses pieds pour l'embrasser encore juste une - ou peut-être deux ou trois - fois, puis cette fois, partir pour de vrai.

La Dudley met quelques instants avant d'enfin trouver la porte désirée. Passage rapide par les toilettes en premier, elle choisit ensuite l'une des cabines - heureusement avec l'heure tardive elles sont toutes vides et elle ne croise aucun curieux en plein lavage de dents - et s'y enferme pour pouvoir se déshabiller et passer sous l'eau. Quelques instants plus tard, elle sent le gel douche de celui avec qui elle vient de passer la soirée, odeur masculine, mais qui prend ses sous-tons plus sucrés sur sa peau. L'étape du rhabillage est, elle, moyennement agréable et elle se morigène de ne pas avoir pensé à prendre de quoi se changer. Demain matin elle devra faire le chemin en vélo jusqu'à la Dudley dans la même tenue, walk of shame comme on a coutume de dire - et elle espère que personne de sa maison ne le remarquera, n'a pas vraiment envie de fournir d'explication sur le fait qu'elle est sortie la veille pour revenir avec les mêmes habits au matin...
Heureusement qu'elle n'a pas cours ni ne travaille le samedi ce qui lui permettra d'aller direction se changer et de ne pas avoir besoin de se traîner ainsi toute la journée.

Douche terminée, elle remporte la serviette et le gel douche afin de faire le chemin inverse, heureuse d'avoir assez le sens de l'orientation pour retrouver du premier coup la chambre quittée un peu plus tôt. Deux léger coup sur le panneau de bois pour prévenir de son arrivée, elle se glisse ensuite dans la pièce avec cette fraîcheur nouvelle prodiguée par l'eau chaude.

C’était à présent officiel : Joyce l’accompagnera lors de sa première nuit dans la maison des dorés, et ce ne fut pas sans satisfaire le brun, qui n’hésita pas à reposer ses lèvres sur la bouche de sa vis-à-vis, comme infiniment attiré par elle. Occasions nocturnes desquelles il profitait pour s’en délecter, mais pas que. Les endroits déserts voyaient naître cette affection aussi – il n’était à l’aise en public que pour lui tenir la main, l’encercler de ses bras parfois, mais restait dans la retenue. La faute à une culture qui introduisait une forme de paraître introvertie et discrète, surtout avec l’autre genre ; entre garçons, entre filles, les rapprochements restaient bien plus acceptables. Et maintenant qu’il était sûr de pouvoir compter sur un autre moment, plus apaisant, à ses côtés, il céda la serviette et le gel douche qu’il avait tirés plus tôt de sa valise et sa trousse de toilettes. Il était certain que profiter ensemble du reste de la soirée et de la nuit était bien plus intéressant que se prélasser sous les jets d’une douche, mais il lui assura quand même qu’elle pouvait prendre son temps ; il devait trouver des draps propres, et changer ceux qui venaient d’être souillés par leur première fois.

Et elle fit bien de filer hors de la chambre, car ses mots étaient tout aussi sérieux que la lueur qui avait brillé dans ses rétines, au moment où il avait planté ces dernières dans celles de la biologiste. Une minute de plus et il l’aurait empêchée de sortir pour la faire sienne une seconde fois, quitte à complètement déroger à son habitude d’apprécier coucher lentement et bien en une unique fois. La porte se referma derrière le corps féminin et il se maintint, paume contre le bois, à la seule fermeture de sa chambre, comme si ses doigts, en s’écrasant sur la matière, pouvaient la rattraper. Les sensations ressenties cette dernière demi-heure ne s’étaient pas totalement dissipées, et il dut se faire violence pour se motiver à tourner les talons et faire face à la literie. Il l’observa un instant, comme pour imprimer chaque pli, chaque tache, chaque odeur qui décoraient son lit, puis le défit. La couette fut déshabillée de son vêtement en coton, ne restait plus sur le matelas que l’alaise, même les coussins se retrouvèrent nus. Les tissus furent boulés dans un coin de la pièce, et Ji-hun mit un peu plus de temps à trouver de quoi accueillir celle qui partagera son sommeil.

Il retourna un carton entier sur le sol, mais ce fut dans le deuxième qu’il trouva un drap-housse, des taies et une housse de couette ; il s’était trompé en inscrivant ce que contenait les emballages au marqueur. La pièce fut davantage sens dessus dessous, mais désordonné pour désordonné, il n’en tint pas rigueur, ajustera tout ça le lendemain après son entraînement et sa prise de poste à la Luna Caffe. Si les premiers éléments apprêtèrent facilement le lit, le nord-coréen eut un peu plus de mal à faire entrer la couette dans sa douce protection aux couleurs masculines. Se débattant avec, il faillit même écraser l’un des paquets en trébuchant, se cogna – heureusement – de manière superficielle l’arrière du crâne sur le rebord du bureau, et s’étala parmi le bazar qu’il avait déballé. Joyce réapparut au même moment, découvrant un champ de guerre et le soldat à terre. Pas assez d’espace, ici, se défendit-il. Il était vrai que sa chambre dans la petite maison de Cambridge était bien plus spacieuse, et que ses effets personnels ainsi éparpillés n’aidaient pas vraiment. Il se frotta la tête et tendit le morceau de couverture avant de demander : le faire, tu pourrais ?

L’Asiatique, bien que doté d’une énergie et d’un humour sans fin, semblait vraiment mature et posé lorsqu’on s’attardait à lui parler. Un homme, un vrai, de vingt-six ans. Mais il restait des situations, comme celles en cuisine ou bien ménagères, qui le saoulaient plus facilement et lui faisaient perdre au moins une dizaine d’années. Il se releva, échangeant les tâches avec reconnaissance. La meilleure tu es, Joyce, ajouta-t-il ; il ne lui avait pas vraiment laissé le choix, de toute façon. Il se fit pardonner en posant sa bouche sur la joue de sa comparse doctorante et finit par enfiler un pantalon par-dessus son boxer. Quelqu’un tu as croisé , demanda-t-il en faisant un nœud avec les lacets qui pendaient à sa ceinture. Il aimerait garder secrète chacune de leurs retrouvailles, même s’il imaginait fort bien qu’il serait compliqué de mentir à leurs colocataires longtemps. Surtout que, même s’ils avaient prouvé pouvoir faire sans durant des mois, il fallait bien avouer qu’ils devenaient accro à ces moments intimes – et cette nouvelle façon de goûter au plaisir offrait encore plus de possibilités que Ji-hun était pressé de tester ; les fantasmes affluaient.

J’irai fumer, dehors, prévint le brun en n’oubliant pas de remplir l’une de ses larges poches d’un paquet de cigarettes, vite je ferai. Interdiction de s’intoxiquer dans la résidence, et il n’était pas assez imprégner d’adrénaline pour se risquer à tirer sur un filtre à même la fenêtre de sa chambre ; il tenait trop à sa place à la Pforzheimer, et à Harvard. Il s’habilla de son pull, sans t-shirt, et s’approcha de la jolie blonde pour l’étreindre par l’arrière de ses bras. Sans moi, ne t’endors pas , la supplia-t-il, parce qu’il aimait la sentir sombrer contre son corps, plutôt que contre celui de Morphée, et tout ça, enlève-moi. Il parla bien évidemment des habits qui cachaient encore cette morphologie contre laquelle il aimait se glisser, au risque de le voir s’activer à les lui arracher une fois de retour. Il laissa un bisou dans le cou de la piratesse, s’empara du rectangle éponge et de la crème de douche, avant de disparaître à son tour dans le couloir. Départ qui signa vingt longues minutes d’absence. Absence qu'il s’empressa de se faire pardonner, aussitôt enfoui dans les draps. Et pardon qu’elle ne put lui refuser, parce qu’il sut où apposer caresses et baisers pour ce faire.

Ils s’endormirent, épuisés, à deux doigts d’un second orgasme ; ce sera pour la prochaine fois.

@Joyce Millett