Elle aurait pu rester là, s'étendre dans cette étreinte pour toute la nuit, mais il faut bien que la réalité la rattrape. Et si Joyce ne veut pas faire un détour par le centre médical dans quelques jours pour se débarrasser d'une bien embêtante infection urinaire, elle sait qu'elle a intérêt à faire un détour par la salle de bain. Tâche bien agaçante et qui est continuellement omise dans les films, mais sa vie n'est certainement pas un scénario de Spielberg et elle fait le choix conscient et raisonnable de renoncer au câlin qui lui est offert et se relève, non sans oublier d'embrasser Jay, afin de se rhabiller, à moitié du moins, prête à se diriger vers son but. Un léger rouge luit sur ses joues lorsqu'il souligne sa beauté ; son côté coquette apprécie plus que de raison le compliment et elle lui retourne un sourire charmé, presque ému.
Nudité dissimulée, elle pourra presque faire illusion dans les couloirs de la maison ennemie - enfin si on oublie qu'elle est pieds nus alors qu'elle ne vit clairement pas ici ce qui trahit un peu ses activités nocturnes - et s'apprête à s'éclipser lorsque la voix du nouveau locataire des lieux la retient dans l'endroit. Le doctorant avait raison une fois de plus, empressée elle n'avait pas forcément réfléchi plus loin que l'étape toilette et si elle souhaitait faire un détour par les douches... il y avait toujours la possibilité de simplement passer sous l'eau et d'utiliser son pull comme serviette de fortune, mais il est vrai que s'il avait de quoi lui prêter le nécessaire, c'était bien plus agréable. Alors, comme demandé, elle attend, ne bouge pas pendant qu'il remet son boxer noir - bien dommage, elle n'aurait pas dit non à avoir un dernier aperçu de ses fesses - et qu'il se lève à son tour pour aller fouiller un carton. Étonnamment il semble plutôt bien organisé dans son déménagement, chaque boîte étant annotée pour s'y retrouver plus facilement. Elle ne l'imaginait pourtant pas aussi prévenant avec ses affaires, mais il faut croire qu'elle a encore des choses à découvrir sur lui.
- Aussi tentant que soit l'idée de rester avec toi, je suis vraiment pas chaude à l'idée de supporter la douleur d'une cystite, avoue-t-elle, contrite.
Il revient alors vers elle et lui tend les différents éléments réunis, mais soudain les ramène à lui, comme un enfant qui s'amuse à piéger son entourage. Comprenant au-delà des mots, le prix à payer pour obtenir son dû, Joyce n'hésite pas, lorsqu'il se penche vers elle, à planter sa bouche sur la sienne, baiser répété plusieurs fois avant que les têtes ne s'écartent, presque à regret, et qu'elle puisse récupérer les affaires de toilette. Puis, sourire certain alors qu'il cherche à s'assurer qu'elle passera la nuit ici ; et si elle n'osait pas vraiment le lui demander, elle est ravie de pouvoir s'endormir entre ses bras, serrée contre lui dans cette position désormais habituelle entre eux.
- J'aimerais bien aussi.
Lumière joyeuse qui ne peut quitter ses pupilles alors que son regard s'égare quelques instants sur ses traits alors que l'envie de l'embrasser la prend à nouveau. Et si Joyce a toujours apprécié l'eau, elle n'est pas certaine de vouloir cette fois s'éterniser sous le jet, afin de revenir au plus vite dans la chambre, quitte à l'aider à changer les draps pour pouvoir s'y réfugier le plus rapidement possible avec lui à ses côtés - vraiment, l'étape douche est-elle si obligatoire ? Elle est cependant rappelée à l'ordre en sentant une humidité entre ses jambes et adresse un dernier sourire à Jay entre les mots qu'elle ne comprend pas vraiment, mais interprète à sa manière en se haussant sur la pointe de ses pieds pour l'embrasser encore juste une - ou peut-être deux ou trois - fois, puis cette fois, partir pour de vrai.
La Dudley met quelques instants avant d'enfin trouver la porte désirée. Passage rapide par les toilettes en premier, elle choisit ensuite l'une des cabines - heureusement avec l'heure tardive elles sont toutes vides et elle ne croise aucun curieux en plein lavage de dents - et s'y enferme pour pouvoir se déshabiller et passer sous l'eau. Quelques instants plus tard, elle sent le gel douche de celui avec qui elle vient de passer la soirée, odeur masculine, mais qui prend ses sous-tons plus sucrés sur sa peau. L'étape du rhabillage est, elle, moyennement agréable et elle se morigène de ne pas avoir pensé à prendre de quoi se changer. Demain matin elle devra faire le chemin en vélo jusqu'à la Dudley dans la même tenue, walk of shame comme on a coutume de dire - et elle espère que personne de sa maison ne le remarquera, n'a pas vraiment envie de fournir d'explication sur le fait qu'elle est sortie la veille pour revenir avec les mêmes habits au matin...
Heureusement qu'elle n'a pas cours ni ne travaille le samedi ce qui lui permettra d'aller direction se changer et de ne pas avoir besoin de se traîner ainsi toute la journée.
Douche terminée, elle remporte la serviette et le gel douche afin de faire le chemin inverse, heureuse d'avoir assez le sens de l'orientation pour retrouver du premier coup la chambre quittée un peu plus tôt. Deux léger coup sur le panneau de bois pour prévenir de son arrivée, elle se glisse ensuite dans la pièce avec cette fraîcheur nouvelle prodiguée par l'eau chaude.