tornado (charles&gigi)

the duo's flat. wed, sept 28th w/ @Charles L. Davies

Il est neuf heures lorsque je me lève, fatiguée de cette soirée à bosser. Je suis rentrée vers une heure - plus tôt que ce que je suis habituée à faire - parce que je n’en peux plus. Je ne sais pas si c’est le changement de températures qui m’use, le rythme effréné de ma vie ou bien encore le fait que je viens de prendre un an de plus mais j’avais besoin de ces sept heures complètes de sommeil. C’est un exploit pour moi. Une main qui frotte mes yeux, je sors de ma chambre et me dirige vers le frigo. De quoi déjeuner sortie de ce dernier, je me dirige vers le salon et je sens la colère monter. Je ne sais pas avec qui il est ce matin mais mademoiselle a laissé son soutien gorge rembourrée sur le canapé et ça m’agace. Nous faisons chacun ce que nous voulons de nos vies mais l’agacement se fait ressentir à ce moment précis. Je soupire, le lance sur la porte de Charles et tente de me contenir. Mes fesses sur le canapé, les jambes croisées, je me penche pour attraper la télécommande de la télé. Je tire sur le bout de plastique et quand une culotte en dentelle vient avec la zapette, je perds toute once de calme qu’il y avait en moi. CHARLES LEEROY DAVIES RAMÈNE TON CUL ICI. Que je crie en me redressant. Je retourne les coussins et trouve une chaussette sale dans un repli du canapé. Les tissus dans le poing, je suis à deux doigts d’entrer dans sa chambre pour lui faire bouffer avant de me raviser. SORS DE LÀ AVEC TA MEUF DE LA SOIRÉE OU J’ENTRE. Je sens mes joues chauffer et la colère me posséder complètement. T’as cinq secondes Charles ! Cinq, pas une de plus ! Et peut-être même une de moins vu l’hystérie qui m’anime. Cinq ! Et je vais compter s’il le faut, lui donner la possibilité de se couvrir avant de se faire souffler les oreilles.

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Ignorer l'heure qu'il est, dormir paisiblement accompagné par la demoiselle de la veille. Ne pas encore penser ni réfléchir à la manière de lui demander de partir. C'est comme ça ces derniers temps, je change de fille comme de chemise comme pour prouver au monde qu'il se trompe. Ou peut-être que c'est pour me convaincre moi, je ne sais pas. Si dans mes cauchemars, c'est la voix de mon père qui hurler mon nom complet, dans cette réalité c'est bien la tienne qui vient me réveiller. La main qui malaxe mon visage pour émerger et tenter de comprendre pourquoi tu es entrain de crier de la sorte. Un "putain" soupiré en preuve de regret d'avoir ingurgité une si grande dose d'alcool la veille. Mais la gueule de bois semble se tirer quand tu en viens à la menace d'entrer dans ma chambre. Un coup d'oeil à la belle brune qui dort encore comme un bébé et je saute du lit pour enfiler le premier vêtement qui traine. Un jogging sans rien en dessous, ce n'est pas le plus désagréable. Le décompte a commencé, j'ouvre la porte que je referme aussitôt avant de te faire rapidement face. Et d'un grognement les dents serrées je t'interroge Mais il t'arrive quoi toi? Question conne quand mes yeux fixent les tissus que tu tiens dans tes mains. Ma bouche alors bien fermée par ma mâchoire contractée forme un "o". Nan mais j'allais ramasser... Le constant fier que je suis n'a pas pour habitude de s'excuser. J'ai même tendance à bien étaler une couche supplémentaire T'es juste pas obligée de gueuler. Tu pouvais tout aussi bien taper la porte et le dire normalement. T'as faillit la réveiller. Ce qui doit être le cadet de tes soucis. Je te contourne alors, en quête des vêtements qui peuvent trainer en marmonnant ce qui justifie un tel chantier Avec l'excitation j'ai pas pensé à bien plier et ranger les habits. C'est le genre de truc qui peut tuer l'envie nan? Jouer les maniaques dans un moment aussi intense.

Devant ta porte, je bouillonne. Je n’hésiterai pas à me féliciter lorsque la discussion sera terminée et que je ne t’aurais pas arraché la tête devant la jeune femme avec qui tu couches. Ça, voilà ce qui m’arrive ! Que je lance en levant le poing vers lui, la culotte de la belle endormie dans la main. Ah oui ? Et quand ça ? Non parce que, que je sache, je ne laisse rien tomber lorsque je m’envoie en l’air, moi. Un exemple, je vous jure que je suis un exemple. Je soupire fortement et lâche le tissu sur le pas de ta porte. J’en ai une grimace de dégoût et m’essuie la main sur mon haut de pyjama avant d’aller me laver les mains au lavabo de la cuisine. Aucune envie d’avoir des effluves de miss 28 septembre en mangeant mon petit-déjeuner. La non-chalance de Charles m’excède et je lance Oh pauvre bichette, j’ai failli la réveiller. Tu veux que j’aille lui chanter une berceuse ? Les mots sont secs, froids et je les veux piquants alors que mon majeur se lève dans ta direction. Je suis encore chez moi et je n’en ai rien à foutre de réveiller Barbie. Arrête de jouer au crétin comme ça Charles parce que je te jure que je vais m’énerver et ça ne sera pas beau à voir. Parce que là, c’est qu’un début. Il se passe quoi là, au juste ? Ça fait je sais pas combien de temps qu’on vit ensemble, on s’est toujours respecté et là, tu fais de la merde. Parce que, voilà comme je prends ça : de l’irrespect. Qu’il commence ses sauvageries sur le canapé, soit. Mais est-ce que c’est trop dur de tout garder au même endroit. Tu te tapes le Petit Poucet ? Elle avait besoin d’être sûre de son chemin pour se barrer ? Celle-là, elle est gratuite.

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Ben quand j'serai réveillé... de manière naturelle, pas par une gueularde. Qui ne risque pas de se calmer si je continu comme ça. Mes yeux roulent une première fois face à ta grimace et ta manière de rapidement te diriger vers le lavabo le plus proche. Puis une deuxième à ta proposition d'aller chanter une berceuse à ma conquête d'hier soir Nan merci. J'veux qu'elle parte vite mais pas avec un traumatisme. Continu d'appuyer sur tes nerfs, c'est ma spécialité. Une chaussette par ci, une haut par là, ça se termine en une boule dans mes bras que je vais déposer sur le pas de ma porte. Je sais que ça ne va pas se terminer là et tu confirmes mon ressenti avec ce que je qualifie de menace. Je me retourne pour revenir dans le salon où tu te tiens maintenant. Mais stoppe toi. Ce qui en général fait tout le contraire. Mon expression faciale change, mes sourcils sont plissés alors que ma tête fait un mouvement de recule. C'est la première fois que ça arrive, mélange pas tout. J'recommencerai pas et basta. Je peux accepter la gueulante mais inutile de tourner en boucle ou de dire que je suis irrespectueux alors que ça fait des mois que tu n'as rien à redire sur moi. Tu me fais rire, nerveusement, c'est fâcheux. Depuis quand ça te regarde qui j'me tape? Puis j'sais encore indiquer la sortie. Quelque chose que je ne vais pas tarder à faire parce qu'avec ce boucan, impossible qu'elle soit encore endormie.

Tu sais ce qu’elle te dit la gueularde ? Je te dévisage et finis par te faire un merveilleux doigt d’honneur. Notre relation est en dents de scie ces derniers temps et c’est difficile à gérer. J’ai envie de te crier dessus à longueur de journée parce que rien ne va dans ma vie personnelle. La refonte du club avance mais pas assez vite pour moi. Le décès de ma mère me touche beaucoup plus que ce que je n’aurais pu le penser. Comment peut-on bloquer quelqu’un hors de sa vie pendant des années et regretter chacun de ses choix après ? Et puis, il y a Raphaël et le divorce que je sens arriver. Hors de questions de signer les papiers alors, forcément, ça m’angoisse. Je ne peux m’empêcher de soupirer fortement quand tu parles de traumatismes en parlant de ma voix. Je me retiens de te balancer que si elle a couché avec toi, elle a déjà dû être traumatisée. Tout ce que je veux, c’est être tranquille devant la télé pour déguster mon petit-déjeuner. Il va d’abord falloir que je passe toute la pièce au peigne fin mais on finira par y arriver. Enfin, je finirai par y arriver. Faut toujours frapper fort la première fois pour marquer les esprits. Que je lance en regardant autour de moi. Je soulève les coussins et me rassure en voyant qu’il n’y a pas plus sur les parties communes. Ça veut donc dire que vous n'avez pas sorti la capote ici et ça me rassure. De savoir que vous avez mis vos fesses nues sur le canapé déclenche un léger reflux gastrique mais je peux vivre avec. Mais ça ne me regarde pas Charles. Je m’en fous. Tant que je trouve pas des fringues dans les plis du canapé. C’est avec ça que j’ai un peu plus de mal, je ne peux pas le nier. Tu peux te taper la terre entière que ça ne changera rien à ma vie. Tant que tu mets personne en cloque parce que c’est pas une garderie non plus ici. Je suis sûre que tu seras un merveilleux père si tu le deviens un jour. Mais pas tout de suite. Parce que je n’aurai plus personne à faire chier et ça, ça serait triste. Et peut-être même que tu me manquerais. Juste peut-être.

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Je pourrai te demander quel age tu as pour lever ainsi ton majeur manucuré mais je préfère me concentrer sur le ramassage du linge afin de ne rien oublier. Il ne faudrait pas que je te donne encore une raison pour continuer de gueuler comme un putois. Avec le réveil que tu viens de nous réserver, il va être marqué son esprit. J'aurai pu affirmer qu'avec mes performances sexuelles, il n'y avait aucune crainte à avoir mais j'y ai pensé qu'après la phrase que j'ai laissé s'échapper. Je te rejoins dans le salon pendant que tu t'installes à tâtons sur le canapé comme si il avait besoin d'être désinfecté. Ca n'arrivera plus. Que je soupire, comme un gosse insolent qu'on engueule sans s'arrêter. Parlant gosse, tu me fais remuer la tête de gauche à droite, mi agacé mi désespéré. J'ai bien failli faire de cet appartement une garderie, alors la prudence est plus que de mise maintenant. J'veux pas d'enfant. J'ai des projets de vie bien plus intéressants. Et je vais commencer par écarter de cette dernière, ma conquête de cette nuit. Putain mais pourquoi c'est tendu comme ça entre toi et moi? J'peux aller lui dire au revoir ou t'as encore quelque chose à me reproche? Tant qu'à faire... Serai-je entrain de chercher la petite bête? Bien trop amouraché de ce coté tornade qui est en toi. C'est un trait qui effraie à l'habitude mais moi il ne fait que me stimuler.  

J’ai jamais été de celles qui piquent des crises, qui crient à tout va et surtout pour de si petites choses. En temps normal, j’aurais soupiré fortement, tout posé devant sa chambre et aurais continué ma matinée. Seulement, depuis le décès de ma mère, mes émotions sont plus fortes, plus ancrées en moi et elles éclatent bien plus facilement. Je déteste cette partie de moi mais je n’arrive pas encore à la contrôler et il ne fait rien pour aider. L’arrogance avec laquelle Charles me répond me rend folle et me fait vraiment grincer des dents. On a toujours été comme ça alors c’est presqu’un retour à la normalité mais je déteste cette putain de normalité aujourd’hui. J’ai envie qu’il s’excuse réellement et qu’il la fasse partir. Cependant, ça ne semble pas être son intention. Je vaque dans l’appartement parce que si l’un de nous ne met pas de la distance, il y a bien moyen qu’on se lance un peu tout ce qu’il y a à portée de mains à la tête. Comme celui de te taper tout Boston ? Que je lance avec un léger rire. Pas que je juge. Et vraiment, ce n’est pas du jugement. C’est juste que j’aurais envie d’un peu plus de soutien, d’une soirée à la colocation, de discuter, de le voir planifier des choses mais… Je soupire et lâche Fais ce que tu veux Charles. Je suis pas ta mère ni ta meuf. Que je finis par lancer en attrapant la télécommande et mettant la chaîne souhaitée. Mon visage quitte sa direction pour se caler sur l’écran de télévision et profiter du programme, ignorant tout ce qu’il y a autour de moi mais surtout, tentant de calmer ma colère et mon palpitan.

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Un haussement d'épaules accompagné par une parole lancée vite fait Oué par exemple. Ou simplement profiter de la vie en évitant de me foutre un mioche dans les pattes. Mes pensées sont mauvaises, mon humeur le devient aussi avec cette atmosphère. Je te cherche, parce que j'ai envie que tu me dises les choses, que tu te libères ce poids sur le coeur. A l'inverse de ça, tu m'offres la possibilité d'agir à ma guise sans me soucier de toi. Comme tu veux. Moi aussi je soupire, moi aussi je roule des yeux avant de partir à distance. Je regagne ma chambre et tu dois penser que c'est pour y retrouver ma conquête et m'isoler mais non, ce n'est pas pour ça. Je réveille la belle au bois dormant en lui demandant de quitter notre appartement. Légèrement dérangée par l'idée, elle se lève en prétextant le besoin de prendre un petit-déjeuner. Ho ma petite, tu ne sais pas contre qui tu veux jouer. Main dans son dos, je l'accompagne dans notre entrée et lui demande de patienter un instant. Juste la minute qui me suffit pour atteindre ma veste et lui sortir un billet, le moins couteux, pour lui tendre Allez va t'acheter un café, une biscotte et un ticket de bus. Outrée, la demoiselle donne son ressenti comme quoi on dirait que je suis entrain de la payer pour la nuit. J'explose de rire, certain que le spectacle te plait Sérieux? Tu te respecte pas. Et devant mon ironie, elle part comme une furie en claquant la porte. Je tourne alors le visage pour regarder dans ta direction Tu mates quoi? Ma façon de dire "est-ce que je peux venir à coté de toi?". Parce que m'engueuler avec toi Gigi, j'aime autant que je déteste ça. J'ai approché, derrière le dossier du canapé, juste derrière toi. Les mains agrippés à chaque cotés de ta tête, la mienne au dessus.

Je ne sais même pas trop quoi penser de tout cela. Je suis en colère, pour ton absence de jugeote mais aussi le fait que t’as pas l’air de voir où est le problème. On s’est toujours respecté l’un et l’autre sur ce plan mais là, sur ce coup, je crois que ça en manque un peu. Je sais pas, je dis ça comme ça. Et il faut que j’arrête de ruminer maintenant que je suis devant la télévision. Il faut que je me recentre sur moi, mon petit-déjeuner et ma matinée. Ce n’est pas parce que la journée a commencé sur les chapeaux de roues qu’elle va continuer comme cela. Mes yeux sur l’écran, je ne tourne pas la tête pour voir à quoi la jeune femme ressemble, me fichant bien de son allure. Seulement, quand je t’entends rire et dégainer ta remarque, je tourne le visage et fronce les sourcils. Elle ne se respecte pas à cause de la valeur du billet ? Et lorsque nos regards se croisent, je tourne à nouveau la tête en direction de la télé. Je sais pas, t’es trop irrespectueux pour que je me concentre sur mon émission. Que je souffle en attrapant la télécommande et en appuyant rapidement sur le bouton pour éteindre la télévision. Je me tourne sur le canapé et te regarde Pourquoi t’as réagi comme ça à sa réflexion ? C’est pas parce que t’es de l’autre côté du billet que tu peux manquer de respect à quelqu’un Charles. Les mots sortent un peu trop facilement. J’avoue, j’ai décroché un sourire quand elle s’est offusquée mais ta réponse n’était pas à la hauteur de la personne que tu es. Je te regarde et souffle un ultime  Sérieux, il se passe quoi ? Est-ce que quelqu’un t’as brisé le coeur et t’as décidé d’être un connard ? Est-ce que c’est la fin de l’été, le changement d’air ? Il se passe quoi, bordel ? C'est plus la colère qui domine mais un autre drôle de sentiment. Serait-ce la déception ?

the duo's flat. wed, sept 28th w/ @Charles L. Davies

Se détacher de tout et se mentir à soi-même, après tout, je suis peinard. Reprendre contact avec d'anciennes relations, qui n'a pas connu ce bide, enfin, un échec de plus ou de moins. On se console, elle n'en valait pas la peine. Pourtant de la peine il y en a, on se retrouve sans passions, sans talents, désœuvrés, un être parmi tant d'autres qui n'a plus qu'à assurer sa subsistance et payer son loyer. Pourquoi Bon Dieu ça fait devenir comme ça? Est-ce un autre putain de châtiment pour un soi-disant péché originel qui reste un mystère ? « Je t'aime, moi non plus » disait l'autre abruti, peu importe si mon point de vue choque, il a suffisamment montré son mépris pour me dédouaner. Ma recherche des derniers temps, quant à elle, des corps, des sensations et apprentissages nouveaux, n'est qu'une façade creuse pour me divertir d'une recherche plus hargneuse, violente et ingrate, celle dont je ne veux pas parler ni même penser. Je n'ai jamais su comment sortir des méandres de ma tête. L'avis extérieur en devient donc vital, même maladif, prenant amèrement les courbes de l'égocentrisme. C'est le fouillis et j'ai l'impression que j'ai la tête remplie d'eau qui dégouline et s'agite au moindre frôlement, se transformant en tempête à chaque impact. Ma tête cogne souvent d'ailleurs. La tienne se tourne pour me faire face et leçon de morale.C'est elle qui se manque de respect solo. En disant ça, j'lui faisais comprendre qu'elle valait plus... Oué bon, j'ai ironisé et le compliment est mal passé. Je laisse un souffle s'échapper quand tu parles de hauteur Ben, rien? Je contourne le canapé pour venir m'installer à coté de toi. Autorisé ou pas, connard un peu trop et plus qu'assez. J'ai pas le droit de profiter? J'avoue j'fais un peu batard mais c'est pour éviter qu'une d'entre elles s'attachent. Au plus profond, c'est pour les épargner. Parce qu'elles seraient encore plus blessées.