@Taylor V. Foster J'porte tellement de fautes, de maladresses, de pas esquissés de travers, que je t'en souffle un peu. Dans les histoires, on dessine trop vite le bon et le truand. C'est trop facile, tu n'penses pas ? Puisque dans ta manche tu gardes toi-même quelques cartes. Une bague, te rappelles-tu ? Elle t'as scié le doigt et moi je rongeais tous les os que je croisais. Mais, avec mes épaules, avec mon écoute et mon soutien, celui là même que tu n'veux pas entendre, il y a aussi les ombres. Elles prennent bien souvent la forme de silhouettes féminines. Passées, pour la plupart. Je n'ai jamais réussi à tourner les pages, tu sais. Pas comme font ceux qui oublient, effacent, dénigrent. Si j'ai aimé, j'aime encore. Un peu ; mieux sûrement. Avec moins de force, moins de passion. J'accepte même de les voir grandir ailleurs, dans d'autres bras. Mais, l'affection reste. Dans le cimetière de ces relations qui n'ont pas marché, j'ai juste plusieurs fois la même tombe. C'est risible. Et comme ça l'est, je le cache derrière un sourire effronté. Je ne suis pas bon quand c'est moi qui perd, qui doit reculer. Je ne sais qu'avancer ; taureau dressé. Parait-il que c'est une coutume de me planter des lames dans la cuirasse. Fierté dans les orbes, dans la posture et le timbre. Les gorgées piquent mais soulagent dans un second effet. Permettent de garantir le maintien du jeu. « Quand je t'en pose, je n’aime pas tes réponses. Mais soit. » Tu vois, on est d'accord. On peut surligner l'instant, gageons qu'il ne se reproduise pas avant plusieurs échanges.« C’est à cause de moi que tu as omis de me dire que tu vivais avec ton ex et que tu couchais avec elle. » J'en souris de la dernière riposte. La bouche sortant du cercle de verre, pour que tu la vois mieux. « C'est ça. » Idiot. « Comme tu n'aimes pas les réponses, tu ne me poses pas les questions. Et ensuite, tu me sors que je ne te dis rien. » Tourné de cette manière, t'y crois ? Est-ce que j'ai la crédibilité de mon côté ? « Alors on fait quoi ? » Comme si je n'avais pas compris que ce soir, je n'aurais pas la douceur que j'avais imaginé. M'approche, me penche, souffle : « Je te dis les choses qui ne te plairont pas, ou je les tais ? » J'en ai encore une, sous le coude. Une qui va amorcer un nouveau futur. Une qui va davantage nous séparer, je le pressens. C'est pour ça que je la tais encore un peu. Notre bateau brûle mais tu es toujours là, laisse-moi te regarder encore un peu.
(Jasper O. Ellington)
deux verres vides et le bruit dehors, on habite dans un corridor, tu t'abrites dans ce faux décor. prends moi la tête tant qu'on peut encore, et dis-moi que c'est trop tard, je serais d'accord. deux pièces vides qui résonnent trop fort ; on habite dans un désaccord. - mentissa