@Taylor V. Foster Dans ta liste, j'ai rayé immédiatement toute idée de balade trop longue, de randonnée, de visites de touristes. L'été avait été suffisamment riche en découvertes ; voilà que je veux retrouver mon cocon, et la berceuse d'une balade sur l'eau. J'ai du mal à comprendre comment t'avais pu passer à côté aussi longtemps. L'océan, le port, donc. Un cabin cruiser loué pour l'occasion. Un permis obtenu y a des années, dont il ne reste que quelques vagues souvenirs, ça fera l'affaire. L'été passé loin l'un de l'autre, je saurais pas dire si ça aide. Ni si c'était voulu, d'un côté comme de l'autre. Question de timing. On mettra ça sur la tombe de notre histoire. Qu'on aurait pu. Qu'on s'est raté de peu. A quelques années près d'être merveilleux. J'ai le corps apaisé et les épaules légères, les vacances loin des préoccupations de la boite, et surtout celles du cœur. Ma silhouette a retrouvé cet appartement sans vraiment d'âme ; encore une cage temporaire. J'arrive pas à me stabiliser, à fixer des cadres au mur et repeindre le salon. J'arrive pas à choisir des meubles ; j'délègue tout à ma secrétaire. J'en ai rien à foutre. Seule la chambre de Junon semble être pleine de vie, de joie. Le reste, la poussière ose à peine s'installer, persuadée d'être rapidement déménagée. Logement de célibataire avec un enfant. Un jacuzzi sur la terrasse pour y mouver ses reins, frigo plein une semaine sur deux. Ridicule. Qu'importe. J't'ai donné rendez-vous en début d'aprem, et comme pour dire qu'on a tout fait, j't'ai accordé un morceau de ta balade. Deux-trois rues, histoire de. Un verre pris dans un bar caché dans une ruelle obscure, dont je doute que tu ai déjà goûté la spécialité épicée. Retrouver la simplicité des instants, comme on savait si bien le faire ; avant. Vers le port, j'ai le regard qui se balance par-dessus mon épaule pour te viser. « Le bar c'est fait, la balade aussi. » Un sourire coché sur la bouche amusée. « Il reste quoi ? » Avance, un peu, et te fait face, dos à la flotte. Une clé sortie de la poche. Pas peu fier. « Le bateau, c'est ça ? » Derrière nous, le sublime. Juste de quoi nous accueillir le reste de la journée. « Y a de l'indien dans le frigo, d'un resto qui vient d'ouvrir. » Le resto pas testé, tu peux rayer. « Et.. » J'te tends la main, pour t'aider à monter sur le bateau. Le sourire s'étale. « Y a personne qui m'attends avant demain matin. » La dernière ligne, sur la liste, j'l'ai pas oublié.
(Jasper O. Ellington)
deux verres vides et le bruit dehors, on habite dans un corridor, tu t'abrites dans ce faux décor. prends moi la tête tant qu'on peut encore, et dis-moi que c'est trop tard, je serais d'accord. deux pièces vides qui résonnent trop fort ; on habite dans un désaccord. - mentissa