❝ don't blame me – eren

don't blame me | la rentrée w/ @Eren Wittgenstein

L'été venait de toucher à sa fin. Fini les soirées tous les soirs jusqu'aux heures les plus tardives, les apéros à rallonge et les journées de détente à outrance. Bonjour les interminables heures de cours, les longues soirées à bosser et réviser. Les journées à flâner sur le campus en attendant le prochain cours ou une place de libre pour la bibliothèque. Elle était préparer à ça Gia. L'esprit déjà rentré des vacances, prêt à affronter une nouvelle année. Et à la réussir haut la main. Comme toujours. Premier jour, premier cours, elle était même arrivée sacrément en avance pour partir du bon pied. Enfin du bon pied.. sa jambe restait toujours fragile et l'obligeait à se servir de l'ascenseur pour rejoindre sa salle de cours. Les portes qui s'ouvrent pour qu'elle s'engouffre dedans, prêtant brièvement attention à la personne à l'intérieur. – Ah, salut Eren. Le ton pas très enjoué, courtois parce que bon, elle est polie quand même. Même avec ceux qui ont une dent contre elle.

une année de plus à s'engouffrer dans la routine scolaire. si le passionné qu'est eren se réjouissait de ses cours, le reste de la vie étudiante semblait être un fardeau quotidien pour l'allemand, décidé à s'épanouir, investir dans son comfort personnel avant tout. ce qui équivalait à faire profil bas et minimiser ses interactions avec l'inconnu. au bout de la sixième année, il empruntait alors son chemin accoutumé avec une petite variation égoïste : l'ascenseur au lieu des marches envahies de foule. une foule noire qui l'avait fait presque frissonner. très peu pour lui. deuxième étage, les portes accueillirent un nouvel élève, plutôt une. et malheureusement pour lui, sa décision de faire profil bas ne semblait pas avoir été compris par l'univers. la voix retentit avant qu'il ne puisse tourner la tête. gia. « Gia. » qu'il rétorqua bêtement, dents presque grinçantes mais gorge nouée. « Ca fait longtemps. » observation idiote et inutile mais les mots sortirent de sa bouche avant qu'il ne percute. et les portes se renfermèrent. abruti.

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Elle se retient d'esquisser un petit sourire en coin en constatant le regret qu'il devait avoir de ne pas s'être bougé à prendre les escaliers. Non, elle se retient au moins un peu, même si c'est pas son genre de faire profil bas à la brune. Même dans cette situation. C'est tôt, trop tôt pour être arrogante, il est chanceux. – A qui le dis tu, qu'elle rétorque d'un air las. L'air de pas trop savoir quoi lui dire, comment l'aborder. Comment il allait depuis le temps, les nouveautés dans sa vie... c'était ridicule de lui poser la question, non ? A la place, c'est le blanc gênant, les ongles de Gia qui tapotent nerveusement sur la coque de son téléphone, presque les pieds qui se balancent. On dirait deux gosses. – Sinon, ça.. et c'est le drame, pas le temps de terminer, qu'une secousse se fait sentir alors que le numéro 2 sur l'écran de l'ascenseur se bloque. – J'aurais du me taire, qu'elle souffle, les bras qui tombent.

aussitôt sorti, aussitôt le regret d'avoir surenchéri, lancé une pseudo conversation l'envahit. des banalités sans nom d'autant plus. comme si sa bouche ignorait délibérément son cerveau qui lançait des signes d'alertes rouges. il regrettait - presque - la foule abondante extérieure à ce stade. sa réponse à elle fut alors accueilli, cette fois-ci, d'un simple regard, peut-être noir, peut-être las - lui-même ne saurait dire avant qu'il ne recule au fond de l'ascenseur, le poing serré, dorénavant fermé à la conversation. mais gia ne semblait pas avoir le mémo, comme souvent. elle renchérit. puis se fit interrompre, bruyamment par une secousse et le lumineux qui se figeait au-dessus d'eux. putain de merde. oui, elle aurait dû se taire. « Agir de la bonne manière, ça ne semble pas être ton fort de toute façon. » qu'il laissa filer d'un ton plus acerbe que prévu. mais ferme la, eren. « Désol- laisse tomber. » souffle long, inspiration, expiration et ses pupils se perdirent sur les murs, évitant son regard, étudiant la situation. « Appuie sur le bouton d'alerte, quelqu'un va venir. » le calme qui cachait son angoisse.

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L'univers qui vient la punir d'avoir osé ouvrir la bouche, d'avoir espérer ne serait-ce qu'une seconde briser ce blanc pesant. N'avait-elle pas compris, depuis tout ce temps, que chaque tentative pour bien se comporter en société se concluait d'un échec cuisant ? Pas son fort, loin de là. Et finalement, sorti de nul part, un reproche. Quelqu'un qui retrouve la parole subtilement pour se raviser juste après. Elle lève les yeux au ciel, agacé par sa remarque. – Oh tu sais ce qu'on dit Eren, tout a changé maintenant, trahir c'est la mode. haussement d'épaules qui trahit son arrogance à travers ses mots, elle lui jette un regard en coin pour guetter sa réaction. – T'excuses pas, fais toi plaisir si t'as quelque chose à dire, autant que les choses soient dites, si supposé qu'il y en ai encore. Pas tant que ça sûrement, la conclusion serait toujours la même : elle était la petite merdeuse menteuse qui s'était bien foutu de lui. – Toi appuie, qu'elle lâche avant de rapidement venir presser ce fichu bouton d'alerte. – .. ça va, me regarde pas comme ça, j'déconne, détend toi, on va survivre cinq minutes ensemble, qu'elle souffle, écrasant son dos contre la paroi de l'ascenseur.

ils auraient dû tout simplement arrêter de parler. tous les deux. chaque réplique risquait d'envenimer la situation, gia cachait difficilement l'agacement sur ses traits face à la pique d'eren. pique dont il aurait dû s'abstenir. comme chaque parole. bref, ils auraient dû juste se taire, tout court. mais la ficelle avait été allumée, l'explosif menaçait de se déclencher à tout instant. et le détachement dont elle faisait preuve à travers sa réplique attisait la flamme. « Et tu sais c'qu'on dit, c'est souvent celui qui te trahis à qui tu vas t’attacher. » l'aveu numéro un à ne pas émettre mais son brief haussement d'épaules l'agaçait plus que de raisons, le fit froncer des sourcils et les mots continuer de couler malgré lui. « J’en ai déjà dit assez. » dans le passé, le présent, "assez" devrait être leur mot d'ordre. mais le passé semblait le brûler un peu intensément, plus qu'il aimerait le faire croire, du moins assez pour le faire tenir loin d'elle, assez pour qu'un regard tantôt fuyant tantôt réprimandant face à son immaturité traduise ses pensées. « Cinq minutes.. t’es optimiste » un rire jaune s'échappa de lui avant qu'il n'imite la brune, en s'adossant à la paroi parallèle à la sienne. « Pourquoi tu prends l'ascenseur d'ailleurs ? »

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Difficile à avaler qu'on ose parler ici de trahison. Oui elle avait commencé, pour la forme. A croire qu'il était ici question d'une trahison sans précédent. Si elle était un tant soit peu plus intéressée par les autres, elle s'en rendrait compte. Que le mensonge est vécu par certains comme un vrai couteau dans le dos, et en particulier quand il est si gros. Sa fierté mise de côté, elle reconnaissait son tord, pleinement, mais pas ses conséquences si dures. Elle, Gia, il lui fait fermer son clapet parce qu'elle peut pas surenchérir. C'est stupide, trop vieux, trop dépassé pour bloquer sur ce détail. – Comme tu voudras. Assez ne faisait pas parti de son vocabulaire, elle n'en avait jamais assez la brune. Toujours trop peu, pas assez, justement. Pas assez d'autodérision cette fois-ci, étant donné que même sa petite blague n'avait pas suffit à adoucir l'atmosphère. L'énergie qu'il mettait à la fuir allait presque suffire à relancer cet ascenseur s'il continuait. – J'le suis pour toi, t'as l'air de passer un sale quart d'heure Eren, qu'elle soupire nonchalamment. Elle était juste en retard, voilà ce qui l'irritait. Plus que son camarade de galère. – Je dois limiter mes efforts sur ma jambe droite. Fracture avant l'été. Mauvais souvenir. – Je me suis étalée dans les escaliers de la fac le dernier jour de cours, si jamais ça peut te mettre un peu de baume au coeur, qu'elle pouffe d'un air détaché. – Et toi ?

stupide eren et sa langue bien pendue ont apparemment conclu la première partie de ces joyeuses retrouvailles. quand bien même certaines reproches menaçaient de s'échapper davantage, cette fois-ci, il tint sa langue, encouragé par l'abdication de la jeune femme. tu vois gia, les efforts, à deux, pouvaient porter ses fruits. p't'être qu'un terrain de conversation moins savonneux le rendra moins aigri, moins.. rancunier - sentiment qu'il ignorait éprouver jusqu'à ces piques. l'ascenseur faisant a priori des siennes, le choix de subir ou prétendre s'imposait à lui et elle avait raison, 'passer un sale quart d'heure' n'arrangerait rien à son angoisse intérieur quant à la situation. un long soupir quitta son corps, une main vint à passer dans sa chevelure. « Disons qu’être coincé dans un foutu ascenseur avec une.. aventure du passé, le jour de la rentrée, j’le considère pas comme un moment de détente absolu » premières paroles dérisoires, lancé dans un autre souffle qu'il ne comptait plus. adossé contre une paroi, chaleur montante, eren força son esprit à accepter les circonstances. s'enquit sur la raison de sa présence pour se retrouver face à une réponse.. inattendue. il tourna son regard vers elle, vérifiant la véracité de son explication et haussa le sourcil droit, tentant de cacher le fin sourire qui se dessiner sur ses lèvres. « Tu t’es étalée dans des escaliers ? » qu'il répéta, jouant la scène dans son esprit. « Les pauvres escaliers vont bien ? » deuxième tentative dérisoire, ignorant volontairement la question retournée, le sourire en coin plus visible ; signe que, oui, un terrain moins glissant lui apportait p't'être bien un second souffle.

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C'était difficile pour elle de se taire, mais après tout, ne lui devait-elle pas d'avoir le dernier mot à ce sujet finalement ? Non, idée inconcevable. Elle ne pouvait compter maintenant que sur la rapidité d'un technicien de maintenance qui viendrait les sauver de cet piège qu'on a refermé sur eux sans crier gare.  Sentiment probablement partagé par Eren, si l'on en juge son langage corporel et tout ce que son comportement laisse transparaitre. Un sale quart d'heure oui, elle le sentait Georgia. – Hm, ça pourrait être pire.. tu pourrais te retrouver avec un pfo, qu'elle lâche en levant les yeux au ciel. Petite pique gratuite envers ses camarades de l'élite, parce qu'elle préférait cent fois la compagnie d'Eren à certains or dans cet ascenseur. Lui ? peut être aussi, qui sait. Pourquoi elle n'avait pas pris les escaliers, hein ? peut être qu'elle aurait du privilégier une petite douleur à la jambe à cet échange, mais le destin était fait ainsi. Un sourire qu'il réussit facilement à lui faire esquisser quand elle a l'impression d'être taquinée. – Moins de convalescence que moi, mais un petit choc quand même, j'te remercie de t'en soucier, siffle-t-elle entre ses dents. – Tu as volontairement ignorer ma question ? qu'elle demande, un sourcil relevé, l'air intrusive... trop ?

l'accord tacite d'enterrer le procès tardif de gia lui libéra un poids qu'il avait n'avait pas soupçonné. enterrer ou remettre à plus tard, peu importe. les circonstances du moment ne lui permettait pas de débattre en bonne et due forme, quand bien même il s'était pas douté lui-même de la rancoeur qu'il avait intériorisé. p't'être que c'était aussi le signe de lâcher prise, un trop plein d'aigreur ne signait jamais rien de bon. p't'être qu'il y réfléchirait. trop de 'peut-être', trop de pensées anxiogènes pour une situation d'ores et déjà angoissante. et le léger rire franc qui lui échappa à la riposte supposée comique de gia sur les pfo, pouvait s'apparenter à un rire nerveux. aucune réplique futée ne lui vint, il se contente de faire résonner ce rire, qui se transforme aisément en rictus railleur discret quand elle vint aux raisons de son accident. « Comment t’as fait ton compte ? Pour que j’image au mieux la scène dans la tête. » sa moue presque offusquée le fit davantage étirer ses lippes. l'atmosphère glaciale se dissipait doucement, un brin d'air respirable s'invitait dans l'habitacle. même lorsque la conversation se tournait vers lui et qu'un simple haussement d'épaules accompagna sa réponse. « Nah, j'aime juste pas les gens. » évasif et expéditif, il renchérit. la vraie raison l'obligeait à refaire face à un sentiment d'oppression qu'il désirait éviter, à présent. « T’en as pour combien de temps de convalescence ? » en attendant que ce foutu dépanneur daigne pointer le bout de son nez, autant continuer sur la surface non glissante de ce.. dialogue.