"Oui chef!" Tu répondis, un léger sourire accroché aux lèvres, tandis que Lior t'ordonnait de lui donner le linge propre pour qu'elle les plie et de mettre le sale près de la porte pour que ça parte à la machine ensuite. Rien ne vous empêchait de continuer à papoter pendant que vous faisiez aller vos bras. Tu avais évoqué l'éventualité de donner quelques une de tes affaires dont tu ne te servais plus. Encore faut-il faire le tri, comme on a pu le constater auparavant ce n'était vraiment pas ton fort. Ce n'était pas comme s'il y avait énormément de choses à faire, pourtant. Bien sûr que tu étais friqué, compte-tenu de ton rang il ne pouvait pas en être autrement, mais tu étais loin d'être un flambeur, tu préférais te concentrer sur l'essentiel. Tu avais un mode de vie plutôt nomade, tout au mieux tu restais à un même endroit plusieurs années et tu allais ailleurs. Tu avais vécu à l'internat quand tu étais lycéen, tu as ensuite bougé sur Boston pour tes études universitaires. Pour le moment tu étais en train de faire ta vie ici mais ensuite, une fois le diplôme en poche, qu'en sera-t-il? Tu seras ensuite reporter de guerre, tu le savais, que ce soit dans le cadre de tes fonctions royales ou de ton boulot, tu étais amené à te déplacer souvent et à être absent plusieurs semaines, voire mois, parce que tu seras en train de tourner un documentaire à l'autre bout du monde ou tu seras en visite officielle dans tel ou tel pays. Aussi, ce serait complètement inutile de posséder tout un tas de choses futiles et inutiles, juste pour dire de posséder. Tu voulais pouvoir faire tes affaires rapidement et efficacement, tu ne te voyais pas passer des jours à faire tes cartons. Ce n'était définitivement pas chez toi que l'on verra un dessing plein à craquer, à la limite ce qui prenait le plus de place, c'était tes livres. Du coup, un tri sera vite fait mais le tout était de s'y mettre. Tu soupiras. " Je pense que de toute façon, le choix final de ce que tu vas en faire te revient entièrement." Toi, tu ne pouvais que lui donner des pistes, tu ne pouvais pas prendre la décision à sa place. "Et tu ne peux pas dire à l'avance que c'est un mauvais choix, en fait personne n'en sait rien. On peut dire que oui, c'est un mauvais choix une fois qu'on l'a fait et qu'on en mesure les conséquences." Ce n'était pas très engageant dit comme ça mais ce n'était que la stricte vérité. Le message que tu essayais de faire passer est qu'il ne fallait pas tergiverser trop longtemps et qu'il fallait y aller, quoiqu'il en coûte parce qu'on ne vivait pas avec des regrets et aucun si j'avais su ne pouvait effacer ce qui a été fait. C'était une philosophie de vie que tu t'efforçais de suivre et pour le moment, cela s'était avéré payant. Tu comprenais cependant que ce n'était pas au goût de tout le monde. La raison principale était cette crainte de l'incertitude, celle de ne pas savoir quoi devenir quand tout son monde s'écroulait. C'était cette peur que Lior était en train d'exprimer. Cette peur, tu la comprenais, parce que tu étais en plein dedans, pour toi aussi les cartes de ton jeu avaient été complètement rebattues. Le monde était ainsi fait, il fallait s'adapter pour survivre. "Ça fait toujours mal de perdre quelqu'un, aussi toxique que cette personne et ta relation avec elle puissent-elles être." Ton frère, encore une fois. Il était ce fantôme qui revenait te hanter, qui te jugeait. Il avait été le monstre sous le lit, le modèle à suivre et pourtant hors d'atteinte. "Tu ne peux pas t'en vouloir de ne pas avoir vu. Tu n'étais qu'une enfant, Lior. Les enfants n'ont pas le même recul que les adultes sur les choses, ne juge pas trop sévèrement la gamine que tu as été, s'il te plaît. " Ce qu'elle te dit ensuite te laissa sans voix, complètement abasourdi. Elle parlait de Arès et de Braden qui, respectivement, aurait eu pitié d'elle et serait juste sympa. "Nous sommes aussi ta famille, tu sais. Nous n'avons peut-être pas de liens de sang mais on s'est tous choisis et c'est tout ce qu'il y a à retenir." Il n'était pas question de pitié ni de charité, il y avait juste des affinités et cette envie de vivre ensemble, tout du moins c'était ta vision des choses même si elle pouvait sembler un brin trop naïve, pleine de bons sentiments. Tu secouas la tête quand ton amie te demanda si ça allait mieux. "Pas vraiment. Tout a été si brutal et tout va changer. Tout a commencé à changer, déjà." Tu t'étais retrouvé du jour au lendemain en ligne directe pour la couronne, juste après ton père alors que tu n'avais pas été élevé dans cette optique. Tu auras tout à apprendre, et tu te sentais minuscule face à cette charge colossale, tu te sentais tel Atlas portant le poids du monde sur les épaules. "Je sais que je serai roi, un jour. C'est juste que je ne sais pas quand, et le temps que j'ai devant moi est très variable." Tu n'étais pas encore prêt à renoncer à tes projets d'avenir pour embrasser ta nouvelle destinée. Pourtant, tu savais que tu te plieras à ton devoir le moment venu parce que c'était dans ton caractère, tu étais consciencieux et dévoué et tu le feras jusqu'à ton dernier souffle. "Je ne réalise pas, je crois. C'est comme si mon cerveau rejetait en bloc cette nouvelle réalité qui est la mienne. Je dissocie beaucoup, en ce moment." Tu ne pouvais faire que ça pour te protéger de toute façon.
@Lior de Saint Amant (Rainier de Danemark)
PRINCE RAINIER
(THE PHOTOGRAPH)And I find it kind of funny, I find it kind of sad. The dreams in which I'm dying are the best I've ever had. It's a very mad world.