Boston, la villa ☆ Dimanche 28 août ☆ milieu d'après-midi ☆ TW : mentions de relations toxique, d'emprise et de relations adulte/mineur, deuilTu te sentais tout de même gêné en entendant Lior exposer sa stratégie pour trier le contenu de tes bagages. Tu essayais autant que possible de te débrouiller tout seul mais la réalité finissait inévitablement par te rattraper, il faut croire que tu n'étais pas aussi autonome que tu voulais te persuader et ce simple constat te fichait le cafard. Tu restais ce gars à moitié infirme qui galérait pour faire quelque chose d'aussi basique que trier son linge. Tu étais tout simplement blasé et tu préférais remettre ça à plus tard, parce qu'en cet instant précis c'était un sujet particulièrement sensible. Vous étiez toujours en train de débattre du sort de cette fameuse bague. Tu avais suggéré de la revendre à un prêteur sur gage mais à la réflexion ce n'étais pas une si bonne idée car cela reviendrait à profiter encore de ce que ce type avait à offrir, ce qui n'était pas le meilleur moyen pour couper les ponts. Lior avait alors évoqué la possibilité de faire un don à une association pour aider les nécessiteux à trouver des jolies choses à moindre coût, même si ce n'était que de la seconde main. Un peu dans la même veine que les friperies, les brocantes ou les marchés aux puces. Tu te mordis la lèvre. "
Tu sais quoi? Je vais regarder dans mes affaires si je n'ai pas moi aussi des trucs dont je ne me sers plus et que je pourrais donner." Après tout, il devait bien y avoir des vêtements que tu ne mettais plus parce que tu ne rentrais plus dedans, tant parce que tu avais grandi que parce que tu avais pris en carrure ces dernières années. Étonnamment, même si tu étais bordélique, tu étais aussi très soigneux avec tes possessions alors il y avait certainement moyen d'en faire quelque chose. Il n'empêche que va t'embêtait qu'elle continue de penser qu'elle lui devait encore quoi que ce soit ; il s'agissait là d'un des fameux red flags qui étaient censés alerter sur l'existence d'une éventuelle relation d'emprise. C'était un comportement typique de ce genre de prédateurs, ils étaient plutôt balèzes pour semer ça et là ce genre d'idée, de suggérer que sans eux, leurs proies ne seraient rien et cela venait nourrir leur sentiment de culpabilité, et d'être redevable. Tu savais aussi que ce n'était pas évident de déconstruire ces mécanismes délétères qui étaient en place depuis des années. Réaliser la situation était en soi un grand pas, un pas énorme, le reste finirait par suivre et le plus important était qu'elle aille à son rythme. "
Tu sais que serai là quoi que tu décides, pas vrai?" Et ce, même si tu n'étais pas d'accord sur la façon de procéder mais ça, tu te gardais bien de le préciser parce que ça te semblait évident. Tu te mordis la lèvre. "
Ça prendra du temps. Je ne dis pas que ce sera facile et que tu n'auras pas envie de replonger, parce que si nous sommes honnêtes cinq minutes, on ne se détoxifie pas de ce genre de relation d'un coup de baguette magique." Tu savais les dégâts que cela pouvait faire, du sentiment de médiocrité que cela pouvait procurer. "
C'est même possible que tu traverses une crise existentielle, où tu finiras par remettre en doute ta propre valeur au point de finir par te dire que dans le fond tu as bien mérité ce qui t'arrive mais il faut que tu gardes cette idée en tête, pour les jours où ça n'ira vraiment pas." Tu soupiras longuement, parce qu'il était possible que toi-même tu te sentes concerné par le sujet, parce que ta relation avec ton propre frère était toxique elle aussi et que sa disparition soudaine t'avait laissé ce même sentiment de stupeur, comme si tu n'allais pas pouvoir avancer sans son regard critique et ses moqueries constantes - parce que s'il le disait c'est que c'était vrai, non? Tu te repris. "
Ce n'est pas vrai. C'est ce que tu dois garder en tête. Tu n'es pas intéressante uniquement à travers ses yeux, il y a plein de personnes qui t'aiment et qui tiennent à toi, et qui n'ont pas envie de te voir te dévaloriser de la sorte." Toi, tu faisais bien évidemment partie de ces personnes. "
Tu peux être fière de toi, parce que tu es partie de très loin et tu es devenue cette jeune femme indépendante et volontaire, qui peut tout surmonter. Tu n'as pas besoin de la validation de qui que ce soit parce que tu te suffis à toi-même, tu as assez de talent et de qualités humaines pour réussir tout ce que tu voudras entreprendre au long de ta vie." Tu lui avais dit certaines de ces choses par message déjà, mais ça ne faisait pas de mal de le rappeler, tu étais prêt à le redire autant de fois que nécessaire, jusqu'à ce que ça imprime correctement dans son crâne. Ne venait-elle pas d'avouer qu'elle avait peur? Tu avais dès lors supposé qu'elle avait - encore - besoin d'être rassurée. Encore une fois tu comprenais ce vide, ce sentiment de perte de repères, que c'était trop le bordel pour y voir clair. C'était un peu ce que tu traversais depuis quelques mois sans vraiment te l'avouer, parce que tu t'efforçais toi aussi de garder la face, or, tu le savais tout au fond de toi que tout refouler n'était pas la solution, loin de là. Tu frottais doucement son dos pour la réconforter. "
écoute...je ne peux pas te promettre que ça ira bien tout le temps mais...ce dont je suis sûr, c'est qu'après un tel bouleversement, ça prend du temps pour tout reconstruire. C'est ce que j'essaie de faire depuis la mort de mon frère, parce que tout ce que je pensais acquis s'est envolé." Tu évoquais en filigrane tes rêves, tes projets, tes ambitions qui n'avaient rien avoir avec la couronne dont tu hériteras un jour, contre toute attente. "
Je n'ai pas encore trouvé le remède miracle à tout ça, mais on peut chercher ça ensemble?" Parce que tu étais convaincu au fond de toi que l'union faisait la force, aussi clichée que cette vision puisse être.
@Lior de Saint Amant~ 1124 mots. (badge)