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I see you when you're down - Gigi

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@Gigi Desrosiers & @Gaspard H. Wertheimer

Je ne regarde ni ne sais où je vais! J'avance à l'amour, à l'aveugle, je me cogne à tout ce qui est vivant. J'avance à la musique, pas de droites, juste des croches. Je préfère regarder vers le ciel et perdre pied que regarder mes pieds et perdre le ciel. La vie est absurde et n'a de sens que si on en lui donne. Je ne sais pas où je vais, je ne l'ai jamais su. Je n'ai jamais su que j'allais naître, c'est ma mère qui le sentait. Je n'ai jamais su que j'allais tomber en amour, ce sont toutes les femmes qui m'ont volé mes yeux qui le voyaient. Non je ne regarde ni ne sais où je m'en vais, je laisse ça au Grand Dieu des routes. Mais en revanche, je sais très bien d'où je viens. Il y a une rivière qui coule derrière moi, et il y a tous ceux que j'aime, disparus ou non, qui marchent dessus comme Jésus. Et la rivière va pisser dans le fleuve qui crache dans la mer qui se saoule dans l'océan. Et l'océan se ressource dans cette rivière. Et si la source se tarit, il n'y a plus de vie. Alors oui, je rétrovise, je zieute derrière et c'est ton visage que je trouve dans cette foule en transe. Tout le monde danse mais, comme Moïse, je divise pour me frayer un chemin et te rejoindre. Ca semble durer une éternité, autour de moi c'est autant au ralenti qu'en accéléré. Putain de drogue et d'alcool ingurgités. Je ne suis qu'a un mètre mais ma vision me laisse penser que tu es si loin, que de ma voix, je tente de t'interpeler GIGIII! Je me racle la gorge avant de refaire un pas, un de plus vers toi. Ho, t'es si proche. J'appuie sur mes paupières avant de les ouvrir en grand, ça permet de reprendre de la contenance. Ou d'en avoir l'illusion. Hééé Gigi jolie, qu'est ce que tu fais là? L'idiotie de ma question ne me frappe pas. Qu'est ce que tu peux bien faire dans ce bar nocturne? Comme moi. Oublier le temps d'une nuit que la vie, est parfois bien pourrie.
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Une soirée de plus, une danse de plus, des sourires échangés et au cours de la discussion, je me retrouve dans ce bar bondé à danser comme si demain n’existait pas. De toute façon, je ne suis pas sûre d’avoir envie que demain existe. Le ‘bonbon’ sur la langue, je ferme les yeux le temps de le laisser fondre un peu et finit par l’avaler avec un un verre d’alcool. Mes bras en l’air, mon sourire rayonnant, ma robe qui remonte dangereusement sur mes fesses, je danse au rythme de la musique. Il y a trop de trucs qui se passent dans mon corps et ma tête. J’ai l’impression de voir plus de choses aussi. Quelqu’un est penché sur moi et me souffle - hurle - des mots à l’oreille. Je ne comprends pas tout et ne cherche pas à le faire. Ce n’est que lorsqu’il me demande ce que j’ai pris que je pointe mon fournisseur de la soirée du doigts. Allez, file, va prendre ta petite pilule plus loin et laisse moi tranquille ! Je n’ai pas envie de discuter, je n’ai pas envie de rencontrer qui que ce soit. Ni aujourd’hui ni demain, ni jamais. Tout ce que je veux c’est de profiter de cette transe dans laquelle je suis. Je veux me laisser porter par le son de la musique, par ces arpèges qui me font vibrer depuis tout à l’heure. Le réveil sera difficile, mon corps risque de me tirer dans tous les sens mais au moins, je sentirai quelque chose, je ressentirai la vie et j’éclate de rire à ces mots. Poétesse dans l’âme, voilà celle que je suis désormais. Mes hanches bougent au rythme de la musique et je me mets à chanter les paroles de Green Green Grass de George Ezra. Pas du tout le genre de chansons que je m’attendais à entendre dans un club de la sorte mais les paroles sont justes à mourir de rire. Mes mains pointent le sol - Green Green Grass - puis le ciel - Blue Blue Sky - et je beugle les paroles qui disent “t’as plutôt intérêt à organiser une fête le jour où je meurs”. Et c’est tellement ça. Je veux que ma vie soit remémorée de la plus belle des façons et certainement pas en pleurant et en entrant dans une période de deuil insurmontable. C’est pas l’effet que je veux laisser en passant l’arme à gauche. Je suis en train de danser quand j’entends mon prénom ou crois l’entendre. Je ne fais pas attention et continue cette petite chorégraphie avec une copine quand je remarque ton visage, si proche de moi. Mon sourire s’élargit et il est sincère, pour la première fois depuis un petit moment. Gaaaaaaaaaaaaaaas’ ! C’est un cri hystérique qui quitte mes lèvres et je te saute dessus, enroulant mes bras autour de toi. Mes pieds toujours sur le sol, je tangue rapidement de droite à gauche comme pour rester sur le rythme de la chanson qui retentit dans le bar. J’suis là pour faire la fête ! Party hard. C’est pas pour ça qu’on est tous là d’ailleurs ? Je ne sais pas trop. Comment tu vas ? Que je demande, mon visage à une dizaine de centimètres du tien. Ce visage, ces yeux ! Tout est parfait. C’est lui que j’aurais dû épouser, je le savais !
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@Gigi Desrosiers & @Gaspard H. Wertheimer

J'aime ça d'habitude être seul, mais ce soir j'en ai pas envie, ce soir j'en peux plus, j'ai la gorge sèche et un goût de déjà trop dans la bouche. Ce soir je veux coller ma tristesse à n'importe qui, je veux avoir seize ans encore une fois, sentir ce frisson compulsif et rire trop tard des heures trop longues. Il y a la musique trop forte, les cris, les verres qui se cognent, qui claquent tout autour et moi j'suis au milieu de ce bordel. Je laisse mon corps bouger au rythme de ce son, seul mais si bien entouré. Je me pensais abandonné jusqu'à ce que mon regard vienne t'amarrer. Ma bouée de sauvetage dans ce naufrage passager. Je ne suis même pas encore à ta hauteur que j'ai envie de te dire tout, n'importe quoi, de te dire que mes journées, c'est des putains de tunnels sans fond, mes nuits des routes sans fin que je trace et retrace. Je veux te parler pour oublier, pour espérer, même cinq minutes, te dire que ça fait des mois que j'ai pas senti mon cœur bouger, mais que ce soir tes yeux remplis d'alcool, de drogue et d'amer l'ont un peu remué. Et t'avouer que quand tu cries mon prénom, ça vaut plus que toutes les chansons. Tu es enroulée de mes bras, nos carcasses tanguent mais gardent l'équilibre grâce à celles que l'ont cognent. Ho yes! Faisons la fête! Autrement dit, reste avec moi. Mon regard intense dans le tien, ça nécessite un peu de concentration à cause des substances qui logent dans mon cerveau. Mes mains sur tes hanches, nos visages si proches, je ne peux pas te mentir et te dire que je suis heureux, mais, Je vais mieux depuis que t'es là. Comme mise sur ma route, tu es apparue d'un coup dans cet endroit où je suis depuis plus d'une heure. Et toi minha querida? Prononcé avec un accent approximatif. Je dois avoir moins de dix mots dans mon répertoire portugais, mais celui-là je veux qu'il te réchauffe l'âme que je sais, en peine. Cinq de mes doigts quitte ta côté pour venir remettre un peu d'ordre dans mes cheveu décoiffés. Comme un mécanisme de vouloir être le plus beau possible dès que tu m'approches. Avec la pleine conscience de ne pas pouvoir égaler ta magnificence.  
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La détresse de ma vie, la détresse dans mes yeux. Tout se voit. Je ne suis pas capable de cacher que je ne vais pas bien, que je sombre. Incapable de faire semblant. Le décès de ma mère, le départ d’une amie, la vie qui prend une drôle de tournure et mon corps que je ne cesse de malmener. Je ne sais même plus ce que je veux - est-ce que c’est rester debout ou me laisser m’écrouler ? Quand je suis avec Raphaël, je me contiens au maximum. Si les narines me chatouillent, que mes yeux cherchent la poudre blanche, je m’accroche au bar pour lui, pour ce mari qui était là pour moi et qui compte tellement pour moi. Quand les verres s’enchaînent, je me dis que personne n’a envie de retrouver un déchet sur le canapé et je pense à Charles qui devra probablement me soulever et me border quand tout tanguera. Je pense, j’essaye de ne pas aller trop loin, de me contrôler mais ce soir, les cris me libèrent, les courants d’air me font vivre et respirer. Et ton visage dans la foule est un repère que je ne peux pas quitter. Une ancre, un retour sur terre ou sur mer, vu comment ça tangue. Je sens chacun des muscles de mon visage et quand je souris, il y a une explosion dans mon corps, dans mon cerveau, derrière mes yeux. Tu les vois les feux d’artifice ? Encore mieux que l’ecsta. Que je balance en riant à gorge déployée. Toutes mes réactions sont multipliées, décuplées et c’est doux. J’viens de trouver mon soleil alors tout va bien. Que j’ajoute en glissant mes mains dans tes cheveux, poussant la tienne, m’agrippant à cette douce masse capillaire. J’adore tes cheveux, ils sont trop beaux. Que je souffle en laissant les mèches blondes glisser entre mes doigts. Je les lisse avant de poser mes mains sur tes joues. Faut que je prenne l’air pour pas prendre le large, tu m’accompagnes ? Et je te tends une main, t’offrant l’exil pour quelques minutes, attendant que nos mains se lient afin de sortir de ce brouhaha pour respirer. Soleil, c’est ce que j’ai dis ? J’aurais pu dire oxygène parce que je sais qu’avec toi, je ne risque rien. Souvenir de nos soirées à Los Angeles, nous voilà parti pour une nouvelle aventure.
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Il y a des vies où l'on se suit à vie, où nous sommes à l'attirance d'être, alliés à tout jamais, dégingandés dans le paraître d'ici, où nous vibrons aux mêmes qualités, ailés, juste envoûtés par des parfums de désirs lointains à ne faire qu'un. À l'identique, nous épouser rien que pour une nuit à défaut de pouvoir le faire pour l'éternité. Heureux de te trouver, de sceller cette rencontre imprévue par des gestes, des caresses. Ton excentricité ne peut pas déranger celui qui en a une extrême tout au long de l'année. Tu me surnommes soleil alors que je pensais mon état orageux, tu viens clairement de balayer les nuages au dessus de ma tête pour laisser arriver un faisceau lumineux. T'es la plus rayonnante des deux, tu m'éblouis à chaque fois que sur toi, se posent mes yeux. C'est donc pour ça qu'ils peinent à rester grands ouverts? Moi qui accusais les substances ingurgitées. Je te laisse tripoter mes cheveux et j'ai ce sourire qui ne disparait plus. Tu dis ça alors que t'as une chevelure de rêve? J'crois que t'es trop défoncée. Est là aussi, ce rire sans demie mesure. Il s'atténue quand tu cramponnes mes joues, comme pour bien ancrer mes pupilles aux tiennes. T'as lu dans mes pensées, j'allai te demander la même chose. J'ai besoin de fumer et m'aérer. Deux actions contradictoires, se remplir les poumons d'éléments mauvais tout en essayant d'y placer de l'air délectable. Le premier agissement, c'est de m'emparer de ta main pour te tirer de là. Frayer un chemin, difficilement jusqu'au moment où je m'affirme un peu plus. Il existe un fumoir dans cet endroit, mais ce dont nous avons besoin, c'est de l'air frais pour contenir nos états. Vers la sortie je nous dirige et une fois la porte passée, je t'attire sur un coté au calme. Sans te lâcher, je viens cogner mon dos contre le mur avant d'y poser l'arrière de ma tête et d'exclamer que Ha putain ça fait du bien! La patoche libre sort mon paquet de clope un peu écrasé dans ma poche de jean. Agile de la bouche, je coince une cigarette entre mes dents avant de te tendre la boite cartonnée Tiens ma chérie. Et je fouille mon vêtement en quête d'un briquet que je ne parviens pas encore à trouver. Pendant la l'exploration, je te questionne T'es venue toute seule? Commençant à m'impatienter, parce que j'ai vraiment très envie de fumer Putain mais il est où ce briquet??? Que je termine dans un grognement avant d'en rire nerveusement, mais toujours dans l'amusement.
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Mes yeux sur toi, mes mains dans tes cheveux, je ne peux m’empêcher de rire à tes mots. Ça n’existe pas, d’être trop défoncée. Que je lance tout simplement. Je plane complètement, tout se mélange dans mon esprit et je m’accroche à tes cheveux comme on pourrait s’accrocher à une bouée de sauvetage. Pourquoi ? Je ne sais pas trop. T’es pas sensé être mon sauveur parce que j’ai pas besoin d’être sauvée mais ce soir, je m’empresse de te donner ce rôle. Est-ce que tout sera plus facile comme ça ? La vie, la mort, le deuil, les sentiments qui se bousculent.. Je ne sais pas trop. La seule chose dont je suis sûre c’est que j’ai besoin de toi Gaspard, j’ai besoin de toi pour ne pas sombrer. T’es mon lien avec la réalité, t’es celui qui me rappelle qu’il y a du monde ici qui serait dévasté si je venais à trébucher et chuter un peu trop fortement. T’en ferais parti, je le sais. Et aucun doute que tes mots se retrouveraient sur mon épitaphe parce que tu me représenterais trop bien, beaucoup trop bien. Je me demande ce que tu dirais mais à penser à cela, je me sens comme oppressée, coincée dans le cercueil dans lequel je ne suis pas. L’air est libre. L’herbe est verte. Mais on sort rapidement parce que toi comme moi, on suffoque. Je me demande ce qui t’appuie sur les poumons. Ça m’inquiète, ça me retourne le bide mais je ne suis pas trop capable de mettre mes idées au clair pour le moment. Plus tard. Ouai, je te demanderai tout ça plus tard. Dehors, au calme, mes tempes tambourinent et me déstabilisent. Je prends le paquet de cigarettes et relâche ta main pour en sortir une du paquet et la glisser entre mes lèvres. Je ne t’entends plus vraiment à ce moment-là, je déconnecte légèrement. Le bras tendus comme Jésus sur la croix, les yeux fermés, je penche la tête en arrière et souris, la clope toujours pincée entre mes dents. Ce que ça fait du bien, cette douce caresse sur ma peau brûlante. Non, avec des copines. Que je baragouine avant de redresser mon visage et de te regarder. C’est ça que tu cherches ? Mon index vers le briquet qui a dû tomber plus tôt, je me penche pour le ramasser et lorsque je me redresse, je vais un peu trop vite. La tête me tourne, mes pieds s’emmêlent et je manque de m’écraser contre toi. Ma main a juste eu le temps de se plaquer contre la porte avant qu’on entre en collision. Les yeux concentrés sur la cigarette, j’allume le briquet et te le tends pour que tu viennes plonger ta cancérigène dans la flamme du briquet et je fais de même. Une bouffée et je tends le coup pour souffler ma fumée loin de toi. Et toi, t’es là seul ? Tu fiches toi ici ? La demande est simple mais ça va peut-être m’ouvrir une porte sur tout ce qui te tourmente. C’pas Raph ni Charles qui t’envoie hein ? Parce que là, par contre, je péterai un câble et comme il se doit.
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@Gigi Desrosiers & @Gaspard H. Wertheimer

Je ne suis pas sur que ton mari qui a connu l'overdose, t'offrirait l'accord sur cette phrase. Mais moi si, dans ce sourire et ce regard lors de notre proximité. Tes doigts dans mes cheveux, tu sembles agrippée telle une chauve souris qui ne veut plus s'envoler. Tu semblais pourtant avoir prit suffisamment d'élan pour ça, mais je suis venu empêcher ton décollage comme un colis abandonné. Ding ding, veuillez descendre de l'avion! Et comme cette alerte à la bombe seulement réelle dans mon esprit donne un peu cette sensation d'étouffer, on se retrouve rapidement à l'extérieur pour respirer à plein poumon l'air frais. Mes organes intrathoracique que je ne peux pas épargner trop longtemps, déjà une clope au bec. Pas encore allumée car je peine à trouver mon briquet pendant que je te questionne sur ta venue ici. Elles vont pas te chercher? Parce que moi je panique et m'agace pour un simple briquet, alors je n'ose imaginer comment elles vont se sentir une fois qu'elles vont réaliser que tu n'es plus sur la piste entrain de te défouler. HO! Putain oué! Que je crie presque, quand je suis ton doigt qui pointe cet objet de malheur. Pourtant, tu es la première enclin à la réactivité pour le récupérer sur le sol. Ce qui te provoque une perte d'équilibre, le redressement rapide additionné à l'alcool et aux drogues... Cependant, tu n'en perds pas tes réflexes tandis que mon corps s'est simplement contenter de se contracter pour amoindrir l'impact. J'en ris, dans une immense insouciance et je t'observe concentrée. Nos visages se rapprochent pour que les bouts de nos cigarettes atteignent cette flamme qui danse. Un Merci soufflé pour expulser la fumée, je te fixe en tirant ma seconde taffe. Sur le point de te répondre, ta question m'interloque. Le visage étonné puis, les sourcils froncés, à mon tour de procéder à l'interrogatoire Ben nan pourquoi? Pourquoi Raph ferait ça? Même si j'ai une petite idée. On a discuté récemment et il m'avait fait part d'une inquiétude vis à vis de ton état suite à ta perte. C'qui Charles? Tu ne m'en voudras pas d'être parfois, un peu paumé. Mais pour te soulager, je poursuis la conversation J'suis venu seul. J'avais simplement besoin de décompresser...pas besoin d'être accompagné pour ça. Je ne sais pas ce que ça fait de moi, d'être en solitaire pour me cramer le cerveau.
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Mon monde s’est écroulé et je n’ai pas su le garder entier. Je suis en train de me perdre, de faire un léger retour en arrière. C’est une drôle d’envie qui m’envahit depuis le décès de ma mère. Elle est complexe, multiple, un doux mélange de l’envie de ne plus rien ressentir, de celle d’oublier un peu, de ne plus souffrir tout en continuant de vivre et d’avancer. Une envie de retourner en arrière quand les soirées, les fêtes, les shots et la cocaïne me rendaient la vie plus simple, plus bearable aussi. Aujourd’hui, rien ne l’est, supportable, si ce n’est ce moment avec toi. T’es un peu comme un filet de sécurité. Je sais que rien ne pourra m’arriver, nous arriver parce que nous allons faire attention l’un à l’autre. Pas des anges gardiens - je ne crois pas à ces conneries - mais des compagnons d’aventures aux intentions pures. Naaaah t’inquiète pas ! Que je souffle en sortant mon cellulaire de la poche arrière de ma jupe. J’écris un message rapide de type “je suis dehors avec Gasp” - ou c’est ce que je pense - et leur envoie sur notre groupe Meetsa. De toute façon, elles m’ont vu partir et si ça les avait inquiété, elles nous auraient suivi. Je me garde de te le dire parce que l’intention est si douce qu’elle me fait craquer comme une enfant à noël devant ses cadeaux. L’euphorie est présente, les gestes sont tout sauf assurés mais le vent qui caresse mon visage est agréable. Encore plus quand la cigarette entre mes lèvres est allumée et que mon corps retrouve son équilibre normal. Les questions fusent, une once de questionnement intéressée, de colère qui naît au creux de mon estomac et je risque de me transformer en petit monstre sur pattes lorsque tu me donneras les réponses. Mais ça va, les deux pseudos Anges qui sont sur mon épaule - dans mes messages - à longueur de journée ne sont pas à l’origine de ta présence ici. Fais pas genre ! Que je lâche. Je suis sûre que Raph lui a parlé de mes mauvais démons qui reviennent me faire coucou depuis quelques jours. Je n’ai jamais arrêté mais j’avais perdu ce rythme effréné de défonce. Aujourd’hui, c’est la peine qui me guide et c’est la pire des raisons, je le sais. Charles ? Mon coloc. Que je souffle tout simplement, crachant la fumée qui vient de faire un petit tour dans mes poumons. Ils ont le rôle de rabat-joie. Que je souffle en m’écartant légèrement. Je tente de prendre une voix un peu plus grave et dit Tu devrais faire attention Gigi. Arrête de consommer autant Gigi. Prouves moi que tu peux tout arrêter Gigi. Blablabla. Gigi elle a juste envie de crever à l’heure actuelle. Quand je suis au fond du trou, c’est ce qui me passe par la tête. L’envie dépressive d’y mettre fin, à cette putain de chienne de vie. Mais je suis là, je cope comme je le peux et j’aimerais qu’on me laisse vivre ! Décompresser ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il se passe Gaspard ? Parlons de ta détresse plutôt que de la mienne. J’ai pas envie que le monde tourne autour de moi pour le moment. Je te regarde et tire une nouvelle taffe sur ma cigarette. La lumière qu’elle dégage m’hypnotise quelques secondes. C’est beau. Si mauvais mais si beau.
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On a l'air con. Sourires dignes de confiance, on a la clope au bec et les yeux à moitié clos. Les gens normaux nous observent du coin de l'oeil. Nous sommes la débauche pour eux. Et putain, qu'est-ce qu'elle a une belle gueule la débauche. Des cheveux bruns, et des cheveux blonds. Des regards bleus, des piercings, des tatouages, des idées plein la tête, la fougue dans nos veines. Elle a belle gueule la débauche. Mais moi, je me sens renaître avec toi. Je suis comme le phénix, je renais des cendres de ma cigarette. Lèvres pincées, je retiens ce rire pour dissimuler une vérité que je ne vais pas tarder à te livrer. Oué bon, Raph m'a un peu fait part de son inquiétude. Mais il m'a pas demandé de t'espionner ou autre. Piteux espion, je suis limite tout aussi défoncé que toi. Je tire sur ma clope en écoutant l'identité de ce prénom que je ne trouvai pas familier mais au final, en envoyant la fumée dans mes poumons, je secoue la tête dans un geste très accentué. Haaaaaa ouiii, lui! Je recrache le tout sur le coté avant de m'étonner Ben il a rien à dire lui. ce Charles. C'est la consommation qui parle, parce que pour dire vrai, j'ignore quel lien vous maintient. Ton imitation ne m'aide pas dans mon essai d'être sérieux, j'explose littéralement de rire avant de le justifier Putain tu l'as trop bien fait, j'ai cru voir Raph avec de la poitrine... perturbant. Le visage qui bouge une nouvelle fois, mais de droite à gauche pour changer, marquant ainsi mon désespoir face à ma connerie. C'est normal qu'ils se tracassent, mais t'es adulte. Qu'ils te laissent gérer. A ta manière, celle qu'ils ne jugent pas la plus merveilleuse, mais c'est comme ça. Il y a quelque chose de déchu en toi. Trop d'assurance, certainement. Ça admire, c'est terrifié, ça jalouse et ça critique. Toi tu répond de ton sourire pourpre et de la peinture de ton majeur. Tu ris, de tes dents parfaites, devant leur visage qui se décompose, tu ris de la haine que tu leur inspire, de voir leurs lèvres s'agiter espérant trouver quelque chose de venimeux à cracher, et tu ris comme jamais quand ils sont obligés de ravaler l'injure. Leur frustration, la colère et leur impuissance ont des airs de jouissances à tes yeux. Tu démontres par a + b aux autres à quel point ils sont insignifiants. Minables. Abjectes. Et incroyablement inutiles. Quelques mots et un rire, et déjà ils sanglotent sur ta facile cruauté. Tu peux détruire tout le monde, il ne faut pas s'en faire. Du bourgeois au clochard, du timide à l'excentrique, de la personne respectable au salaud. Pourtant, tu as un quelque chose de candide dans tes traits. Tu ressembles à une poupée de porcelaine avec ton teint d'albâtre et ses grands yeux. Ce soir, ils semblent noirs. On dirait une tâche d'encre dans la neige. Et c'est beau. Ce grain de beauté sous l'oeil rajoute à la fragilité de ton visage. Ton corps à un quelque chose de décharné. Tes seins se perdent sur ton torse, tes membres sont trop longs, trop fins. Mais tu es magnifique même avec tes artifices, mais sans, ton corps atteint la perfection visuelle. Gina-gisela... Même ton nom a des airs d'Évangile, il est bien trop doucereux, bien trop musical, bien trop parfait. A l'inverse de tout ce que tu veux dégager. Là, tu veux des soirées mouvementées qui t'empêche de penser. Tu aimerais avoir l'esprit embrumé en permanence, traverser la vie dans un état seconde. Que tout ne soit qu'euphorie. Ta mère est morte, et tu fous ta vie en l'air avec l'espoir de la revoir un jour. Et si je me perdais dans mes pensées en te fixant, tu viens me ramener à la réalité par une question qui me fait un peu souffler. Hofff... Comment ne pas se sentir honteux quand ta raison est complètement plus légitime que la mienne? J'veux pas me plaindre alors que toi tu traverses une vraie épreuve. Mais comme tu vas forcer pour savoir J'me sens juste seul. Fin, j'aimerai avoir quelqu'un qui m'attend le soir, quelqu'un à qui faire des petites attentions... tu devines le tableau?
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Le salopard ! Que je lance en tapant du pied. Je sais bien que je ne devrais pas le prendre comme ça, que ça devrait me faire plaisir qu’il s’inquiète pour moi mais je suis capable de me gérer toute seule. Cet état, je l’ai été plus d’une fois dans ma vie et je le serai probablement de nombreuses fois encore. C’est ainsi. Alors oui, j’ai plus vingt ans, j’ai plus le corps que j’avais à l’époque de LA mais je sais de quoi je suis capable et m’en sortir, sans souci. Je le sais. Enfin, je crois. Là, ça tourne autour de moi et je me demande pourquoi. Sûrement la fraîcheur de l’air qui veut tout remettre en place. Et qui devrait aussi tout remettre en place chez toi parce que t’es aussi givré que moi, mon pauvre. On fait la paire tous les deux mais ça rappelle ces soirées sur la plage, dans la villa et on sait tous les deux que les maux de crâne qui seront là demain matin ne vont pas nous arrêter. C’est trop bon, de juste tout lâcher. Et depuis le décès de ma mère, je crois que t’es le premier qui arrive à me faire décrocher et rire. Carrément plus sexy du coup. Je t’adresse un clin d'œil et ne peux m’empêcher d’acquiescer pendant que je tire sur ma cigarette à tes mots suivants. On est d’accord là-dessus. Qu’ils me laissent gérer. J’ai juste un deuil à gérer mais ça va le faire. Je me connais, de toute façon, ça ne m’amuse jamais trop longtemps quand c’est répété. Mes yeux accrochés aux tiens, la fumée qui s’invite entre nous deux, je crois qu’on reste quelques secondes à se fixer. Je me demande ce qu’il se passerait si tu venais à bouger. Je me demande aussi ce qu’il se passe dans ta tête. Tes iris bougent tellement vite que je sais qu’il y a une véritable révolution qui se passe dans ta tête. J’aimerais trop y être un jour, dans ta tête. Ça me permettrait de voir ce que tu penses, comment tu le penses mais aussi - voire surtout - comment tu vois la vie. Je te connais pour savoir que t’es un personnage haut en couleur mais est-ce que c’est aussi coloré dehors que dedans. J’ai trop envie de savoir mais aucun moyen de le faire. Alors, puisque je sais ce que la frustration va donner, je te lance une question. C’est un peu comme un hameçon balancé à la flotte. J’attends que le poisson morde et tu ne mets pas trop longtemps à le faire. Commences pas. J’ai pas le monopole de la tristesse. Et je ne supporterais pas que mon ami se retienne de partager sa vie et ses moments parce que je vis pire que lui. Mais qui dit que ma peine est pire que la sienne ? Qui s’est jugée légitime dans l’échelle de la peine ? La perte d’un parent doit-elle vraiment être tout en haut ? Celui d’un parent qu’on a ignoré pendant des années. Je sais pas trop mais je veux pas que tu te retiennes, que tu gardes tout en toi. Faut extérioriser dans la vie, faut bouger sinon on pourrit de l’intérieur. Et je veux pas qu’un tas d’asticots te sorte de la bouche alors j’attends ta raison, la raison de ta tristesse. Ah. Toi aussi t’as envie d’être piqué ! Malheureusement, je ne partage pas ce mode de vie, ce genre d’envie. Le côté éphémère de la présence de mes petits amis me convient tellement. J’ai ma liberté mais aussi l’expérience d’un homme à mes côtés de temps à autre. Pas de jalousie, pas de dispute. Seulement les bons moments. J’suis toujours partante pour les petites attentions. Que je bégaye, souriant largement. Les deux bras en l’air, la cendre qui tombe de ma clope, je sautille et grimace doucement. Je peux pas t’offrir une baise d’enfer pour ce soir, ni même de gâteries mais si tu m’accueilles dans ton lit, j’suis partante pour te faire un câlin et dormir en cuillère avec toi. Tu seras la petite ou la grosse, je m’en fous, je m’adapterai. Je veux pas te voir mal Gaspard, vraiment pas. Et pour ta petite attention… Un petit déjeuner au lit demain. Je ne suis pas capable de t’aider sur la durée ni de t’offrir ce que tu veux et mérites mais ce moment de douceur qui remplira ton cœur de joie et d’amour, je peux. Parce que pour toi, mon Gaspard, je suis capable de bien des choses.
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