Control Z | Wenlie

J’aime bien le spectacle que tu m’offres durant ta création, tu sais, je pourrais presque transformer le mot avec le préfixe « ré », tellement de t’amuser, tu donnes l’impression. Un véritable terrain de jeu, quand tu me réponds. « Ne me met pas au défi. » Récréation, oui. Un aparté salvateur de mon esprit. J’en oublierai presque pourquoi je me suis décidée à t’accoster, les équipes et la compétition devenues obsolètes à la faveur de ta silhouette. « Le meilleur, j'te l'ai promis. » Dans mon monde, les promesses sonnent comme mensonge et manipulation. Alors je ne suis pas certaine que de t’en vanter soit une bonne solution. J’en claque ma langue sur mon palais, je désapprouve en un bruit sourd et presque muet.

Et quand elle se fait impétueuse pour me glisser ; « Tu ne veux pas commencer par la partie où j'suis disponible ? » j’avoue volontiers que j’enverrai bien la partie boire un verre valser. « Avec mon handicape temporaire, j'voudrais pas trop retarder les choses. » Ne me tente pas… Parce que l’impudicité découle naturellement de moi. Et me donner en spectacle, même lorsqu’il n’y a pas beaucoup de public, ça me fait vibrer parfois. Seulement elle coupe le fil pernicieux de mes pensées, en se retournant vers moi et me tendre ce verre qui me fait derechef grimacer. « Tiens, goûte. » Boire signifierait que je suis capable de te donner un bout de ma confiance. Et ça, tu ne le sais pas, mais je ne la confie à personne. Les rares fois où je l’ai fait, je l’ai toujours regretté. C’est plutôt mauvaise que j’ai fini par me montrer. Néanmoins, j’accroche mes doigts au verre, suspicieuse lorsque je l’approche de mes lèvres, mais avant de le boire, j’assure mes arrières, « Billie comment déjà ? » que je demande en sortant mon téléphone, je connais le prénom mais pas le nom, tu peux être touchée, malgré tout, parce que des Adams que je me souvienne, il y en a pas beaucoup. « J’envoie à mes avocats que je suis avec toi. » railleuse pour préciser, « au cas où, tu m’empoisonnerais; » Sourire carnassier, « tu poses ? » pour la photo que je compte leur envoyer, histoire qu’il n’y ait pas d’autres suspects. Et boire tout de même, une gorgée. Piquante à souhait.

Y a tellement peu de valeurs accrochées à mes paroles, et encore moins aux promesses. Je ne m'engage qu'envers les quelques précieux. Très peu. Trop peu. Friable, en plus, ce nombre. Je crois avoir compris qu'on crève seul à la fin ; même si la solitude m'est rarement offerte. Les compagnies sont passagères. Les rencontres éphémères. Alors, il faut injecter du mouvement, de l'esprit et des pulsations aux instants. Mon temps est précieux. Mais, je t'en donne une portion, puisque t'accroches à ma bouche un sourire persistant. Tes lèvres sont salées, n'est-ce pas ? J'suis presque sûre que tu mords, quand on s'attarde dans ton cou. Ma liberté qui secoue les reins mais se heurte aux barrières du cœur, qui lui, rappelle le sucre de la peau de la rousse. C'est drôle comme ça revient sur la langue, quand j'ose m'amuser un peu des limites de mon engagement. Mais puisqu'Elle a osé me souffler les mots interdits, je crois que j'ai besoin de savoir combien je sais encore faire. Tu sais, aiguiser l'intérêt adverse. M'amuser d'un échange où l'on joue chacune de nos effets. J'expose mon talent sans pudeur ni fausse modestie. En quoi se savoir excellente doit être vulgaire ? Culture de l'outrage, j'hausse un sourcil quand t'oublies mon nom. D'autres se seraient satisfaits de cette moitié que tu me sers. « O'Malley. » Haché. Un rictus plus léger. « Retient-le pour la prochaine fois. » Qu'importe qu'il y en ai une ou non, de seconde fois ; mais je ne suis pas de celles qui se répètent sans se lasser. « T'as des avocats persos ? » J'me marre d'un sourire grandissant, imaginant ces guignols à attaché-case. Puis, soufflé, mes doigts qui se posent sur la base de ton verre, buste en avant. « Y a combien de cadavres d'enterrés sous tes talons ? » La posture sert aussi pour cette photo que tu prends, effrontée qui singe une minauderie, sourire mièvre. « Elle est bien ? » En reprenant une posture plus réglementaire. Comme si j'en avais quelque-chose à secouer, suffit de regarder les photos que je peux poster sur mes réseaux. « Alors.. » Mes orbes vertes, sur le verre puis sur toi. « J'mérite combien ? » Le verre, moi, qu'importe. La seule chose qui me sépare des jaunes, c'est leur attitude pédante. Mais, l'ego, bien présent.

Attendre, couvée par son regard plein de malice quand elle vient articuler avec excès ; « O'Malley. » et moi j’en arque un sourcil tandis que mes lèvres s’arquent en un sourire lorsqu’elle ose préciser, « Retient-le pour la prochaine fois. » avec envie, je paraphe ses mots, laissant glisser ma langue sur la pulpe de mon inférieure avant d’annoter, « Ca veut dire qu’il y en aura une. » De prochaine fois, et t’as vu comme j’ai rapidement mis de côté mon piètre objectif premier ? Je l’avoue, la compétition, faute de ton joli minois, je l’ai relayé au niveau le plus bas.

Et je me galvanise lorsqu’elle m’interroge, un égo flatté, même si elle affiche cet air railleur, j’en garde que ce que je veux, « T'as des avocats persos ? » de véritables requins qui me mangent dans le creux de la main, j'acquiesce mine de rien. « Y a combien de cadavres d'enterrés sous tes talons ? » J’aime combien tu vois les vices de mes passions. « Si je te le dis… » t’en deviendras un, et avouons-le, ce serait sacrément con. De tout avorter alors qu’on vienne à peine de commencer. Pas envie de gâcher cette partie que l’on vient de débuter.
Je finis par appuyer, prendre la photo et la transmettre, comme j’ai pu lui souffler, lui offrant un air satisfait. « Elle est bien ? » Mon regard s’abaisse à nouveau vers l’écran, jongle entre le cliché et son visage dans la réalité, mais je ne réponds que d’un haussement d’épaule, qui signifie qu’elle aurait pu mieux faire. Je m’amuse d’être putassière. « Alors.. » lutine, elle paraphe ma gorgée. « J'mérite combien ? » Forcément, ce n’est pas le cocktail que je regarde en premier, je range mon téléphone pour mieux la poser sur toi, ma vision. Pour la forme, je bois encore une fois, et lui précise, incisive, « J’suis plutôt une amatrice de champagne. » Déteste l’alcool en règle générale, puis j’ajoute, sans même prendre la peine de minauder. « Et si je te répondais demain ? » Au petit matin. Après avoir passé une nuit entre mes mains.  

« Ca veut dire qu’il y en aura une. » Les épaules haussées ne savent pas, elles se moquent bien du lendemain, si tu savais. Les promesses c'est pas vraiment mon truc. Y a tout un tas de choses, qui ne sont pas mon truc. Toute ma vie actuelle n'est pas mon truc. Faire partie d'une équipe, compétition ridicule. Le couple, alliance bridant les ailes de mon dos. Le touché de mes doigts. Tout ça, toute la panoplie qui fait que ta peau, je ne l'effleurerai même pas, c'est pas mon truc. Tu vois comme on peut changer ? Evoluer, s'améliorer, je sais pas vraiment comment nommer le tournant qu'a pris ma vie. Je jette un œil vers la première rue, celle qui était plus délicate à aborder. J'ai aucun regret. Et quand j'en ai, j'remarque un cheveu roux qui traîne dans un pli. Mais jouer, j'ai le droit n'est-ce pas ? Armer ma bouche d'une malice réciproque, et souffler : « Ca veut dire que je ne ferme pas cette porte. » Rien que pour le hasard, les chemins d'Harvard ne sont pas si hermétiques. « Si je te le dis… » Le sourcil qui se hausse, et la tête légèrement relevée, le regard toisant. La mort, c'est une seconde peau. Sourire malin. « J'ferai un mauvais cadavre. » De fille qui y a déjà réfléchi. Qui mets beaucoup trop les mains dans le monde d'à côté, et s'pose des questions qu'on ne devrait pas aborder. Puis, avec moi, avec ma silhouette, y a tout un tas de souvenirs et d'esprits. Personne ne mérite d'être hanté sans le vouloir. Pas même toi, la fille aux talons hauts qui laisse traîner ses canines partout où la chair paraît tendre. Elle ne l'est pas tant que ça, sauf si tu t'attaques à mon cou. L'ego aussi, l'est. Fragile parfois. Surtout quand on griffe mon art. « J’suis plutôt une amatrice de champagne. » Le rictus est moqueur, sans même prendre la peine de s'assagir. « C'est d'un cliché. » Mes doigts récupèrent le verre, celui qui fut tien, jusqu'à ce que tu oublies d'en savourer le mélange. Juxtapose mes lèvres aux traces des tiennes, parfum récupéré en plus d'une gorgée. Une première chose que t'as perdu. « Et si je te répondais demain ? » L'obstinée, noyée dans sa mixture qu'elle se rassure comme étant parfaite, mise plus rapidement au pied d'un mur. Plus aisément aussi. Vanité secouée ; renvoi dans les cordes facilité. La grimace est fugace, légère. « J'ai un emploi du temps vraaaiment rempli, demain. » Le verre, terminé. Le sel persiste et brûle la langue. Penchée, vue facilité sur ce qui me sert de silhouette. Espièglerie. « Et ce soir, j'ai rencard avec ce gentleman rappelles-toi. » Les orbes sur le barman, qui m'attendra longtemps tout à l'heure. Puis sur toi, sur laquelle je ferme les créneaux. J't'en foutrais du champagne. Mais, merci pour l'excuse. Merci pour l'absence de questionnement sur ce tas de choses, qui ne sont pas mon truc.

« Ca veut dire que je ne ferme pas cette porte. » J’imagine que pour le coup, c’est ce qui m’importe. Mais tu sembles trop plonger dans tes réflexions, et c’est ce qui me fait penser que nos longueurs d’ondes ne vont pas tarder à se séparer. Parce que tu vois, moi, je ne suis pas du genre à tergiverser, à perdre du temps, à trop jouer. Ca m’ennuie, en toute honnêteté. Apprendre à connaître les gens, ça ne fait pas franchement partie de mes passe temps. On le sait, le temps, c’est de l’argent. « J'ferai un mauvais cadavre. » Je suis plutôt d’accord, t le mieux, c’est que dans les scénarios possibles, je la vois toujours en mouvement.

Mais elle vient me surprendre à récupérer le verre après ma critique non dissimulée, pour le porter au carmin de ses lèvres dont j’aurai pu me délecter. « C'est d'un cliché. » Le tout, l’est. Les deux filles qui se parlent sous couvert d’un prétexte bidon. Les répliques qu’on se balance, en mimant les brides d’un quelconque départ de relation. Amicale ou plus déraisonnable. Celle que je propose sans hésitation possible ou palpable. « J'ai un emploi du temps vraaaiment rempli, demain. » Menteuse, mais je n’en suis même pas vexée, il en faut beaucoup plus pour le piquer, mon égo démesuré. Depuis des années, ce n’est pas qu’un peu, que je suis blindée. Les gens, en règle générale, ne parviennent que très rarement à me toucher. Alors une inconnue de l’équipe opposée ? Peut-être que je devrais juste la mettre au même niveau que la Haiwee. « Et ce soir, j'ai rencard avec ce gentleman rappelles-toi. » Mon sourire, il est carnassier quand je me permets de la conseiller, « N’oublies pas d’avaler. » Rectification, c’est putassière qu’elle est mon expression. Et je tourne, pour mettre un terme à notre intermède, les talons.