A chaque rictus de ses lèvres, ses yeux se plissent et son visage me chamboule de l’intérieur. Aucun homme ne m’a jamais fait cet effet. J’ai déjà eu des histoires d’amour pourtant, des relations plus ou moins longues, mais je ne saurai expliquer pourquoi, avec Ethan les choses commencent si différemment. J’ai des papillons dans le ventre, des étoiles plein les yeux, mon cœur bat étrangement vite et des frissons parcourent ma colonne vertébrale à chaque fois que nos peau se frôlent. Puis je parler de coup de foudre, je n’en sais rien. Je n’ai jamais vraiment cru que cela existant, ce n’est pas le genre de choses que j’espère vivre ou auxquelles je me raccroche. D’ailleurs, le prince charmant n’est pour moi qu’une invention. Je suis plus terre à terre normalement, je crois en l’amour, au grand amour même. Mais pour moi quand on aime, ce n’est pas de l’image d’un preux chevalier, vaillant, aux qualités innombrables et aux défauts inexistants. Je pars du principe que l’on peut parler d’amour uniquement lorsque les défauts de l’autre apparaissent et qu’ils ne nous font pas fuir. L’amour c’est aimer l’autre pour ce qu’il est, sans désirer le changer, sans espérer qu’il évolue. Mais ce soir, ce que je ressens est inexplicable pour mon esprit si peu rêveur. Est-ce seulement de l’attirance physique ? Je suis convaincue et sans raison que non. Certes, Ethan m’attire et cela me déboussole totalement. Parce que mon esprit vagabonde et que je me surprends à fantasmer de ses mains sur mes courbes féminines, de mes lèvres dans le creux de son cou. Pourtant, cela ne s’arrête pas là, il y a en moi cette volonté de fer d’apprendre à le connaître d’en savoir plus sur lui, de le cerner, de le comprendre, de l’apprendre par cœur. Et même si il me livre les détails de sa vie au compte-goutte. Détails de sa vie que j’imprime presque instantanément dans mon esprit. Il n’est pas étudiant, il a déjà un master en architecture. Et sans explications, aucune, je me surprends à penser qu’il doit de ce fait être doué de ses mains. A l’instant où je surprends cette idée dans mon esprit, je rougie instantanément. C’est un de ces moments qui arrive à tout le monde, où je suis heureuse qu’on ne puisse lire dans les pensées des autres. Je sens une vague de chaleur envahir mon être, et c’est plutôt agréable en fait. Oui, toutes ces réactions physiques qu’il provoque en moi sont agréables, bien que déstabilisantes. « Ça nous fait un point commun, je n’ai pas non plus suivi tout mon parcours ici. Et un doctorat, je suis en admiration, peut être que cette reprise d’études nous donnera l’occasion de se croiser… Souvent. J’en remercierai personnellement ton ami… » Pourtant j’espère que nous n’aurons pas besoin de cela pour se revoir. Car si c’était le cas, je devrais me passer de ces émotions si agréables durant plusieurs longs mois. Impossible. Il faut que je mette tout en œuvre pour le revoir. Je veux savoir où tout cela me mènera. Et même si je suis méfiante et prudente en temps normal, j’ai envie de faire une exception, afin de comprendre ce qu’il se passe en moi et ce qu’il pourrait se passer entre nous… A cette idée, je sens de l’excitation monter en moi, et un sourire large et sincère s’établir sur le coin de mes lèvres.
Mon compliment semble lui faire plaisir, je déduis cela du sourire qui se dessine légèrement sur le coin de ses lèvres si parfaitement dessinées. J’aime sentir son regard sur moi, je me sens belle, je me sens vivante pourtant lorsqu’il détourne les yeux et que j’observe un brin de timidité dans ce geste, cela me transporte de l’intérieur. Je n’ai jamais été adepte des hommes qui draguent tout ce qui bouge, sont trop sûr d’eux et ne semble exprimer aucune émotion. Alors face à ce geste timide, l’attrait qu’il provoque en moi s’intensifie. Oui, cet homme est différent. Et lorsqu’il ajoute que nous sommes sûrement trop spéciaux pour ceux qui nous entourent, je suis touchée par ses paroles. Dans le fond, cela me laisse l’espoir que je l’intéresse aussi. En effet, tant les émotions me bouleversent, l’idée de ne pas lui plaire a manqué de m’effleurer, mais maintenant elle s’insinue dans ma tête et m’effraie un instant. Et si tout ce que je ressens lui était totalement étranger, comment le prendrais-je ? Je n’ai ce soir pas le temps pour ce genre de questions. Je veux simplement profiter de l’instant, ici, et maintenant, savourer chaque ressentit, chaque seconde à ses côtés et tant pis pour la suite. Tant pis si cela ne débouche sur rien, bien qu’une partie de mon être souhaite que cela ne soit pas le cas. Ce soir, il est là, si près et si distant à la fois. « Oui, c’est sûrement ça, nous sommes trop spéciaux pour tous ces gens-là. Et c’est sûrement mieux ainsi, je n’aurai pas apprécié partager votre compagnie avec quelqu’un d’autre… » Ces mots reflètent une assurance que je n’ai pourtant pas. Timide de nature je n’ose pas souvent dire les choses si franchement, mais cet homme me transforme, à moins que ce ne soit l’un des effets de l’alcool.
Sa voix me propose une danse et je n’ai nullement l’envie de refuser. « On peut se tutoyer. » Dis-je doucement. En effet, cela ne fera que réduire la distance entre nous et c’est la seule chose dont j’ai envie, là tout de suite. Et comme si le DJ entendait mes pensées, la musique change brutalement. Une douce mélodie remplace le morceau précédent. Et alors qu’il se relève pour me tendre sa main, aucune hésitation ne traverse mon esprit. C’est l’occasion idéale pour me rapprocher de lui et j’en ai simplement envie. Les convenances, les regards ou toute autre choses qui pourraient venir gâcher ce moment ne compte pas. Ce soir, je me laisse guider par mes envies, mes pulsions et celles-ci me poussent sans relâche vers Ethan. « Au contraire, celle-ci est parfaite. » Dis-je en souriant à l’encontre d’Ethan, tandis que je me laisse glisser du tabouret et dépose délicatement ma main dans la sienne. Je ne laisse à Ethan pas un instant pour m’entraîner sur la piste, c’est moi qui le devance, sans quitter sa main. Le chemin n’est pas encombré puisque la piste est presque désertée. Je me fige au milieu de la salle et me retourne vers lui. Un sourire s’est figé sur mes lèvres et je m’approche sensuellement d’Ethan jusqu’à être blottie contre sa silhouette. Je dépose mes mains autour de sa nuque et il ne reste entre nos deux corps pas même un centimètre. C’est ainsi que je me rends compte de la façon dont nos corps s’emboîtent si naturellement. Son parfum vient chatouiller mes narines. Une odeur douce et virile, qui me fait littéralement craquer de plus belle. Il a d’abord été question de son regard, puis de sa voix, maintenant c’est son parfum qui m’envoûte. C’est comme si chaque chose à découvrir de cet homme n’était que pur bonheur. La musique est lente et douce tandis que je l’entraine dans un corps à corps sensuel. Le sentir tout contre moi m’émoustille totalement. Je suis à la fois gênée de cette réalité et si bien au creux de ses bras. Ma poitrine contre son torse, mes mains qui caressent délicatement du bout des doigts sa nuque. Dans un murmure contre son oreille, je lâche quelques mots. « Tu sens particulièrement bon. » Mes lèvres souhaiteraient déposer un baiser dans son cou mais je me retiens. Mon corps est totalement attiré par le sien, tel un aimant, mais je ne peux tout de même pas me laisser aller à ce point. Ma timidité m’en empêche. Je dépose ma tête tout contre son épaule et j’aimerai que cet instant ne dure encore une éternité, pourtant les dernières notes de la chanson ne tarde pas à faire leur apparition et j’ai un mal fou à m’imaginer me détacher de cette étreinte. « J’ai envie que cette nuit ne se termine jamais. » Ces mots m’échappent alors que la musique touche définitivement à sa fin. A contre cœur je me détache de lui, et mes prunelles l’interrogent. A présent les cartes sont entre ses mains. C’est à lui de décider si il désire m’abandonner à une soirée en solitaire ou si au contraire, il souhaite poursuivre ce moment magique…
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