@Livia Soares tu ne savais pas dire si tu trouvais bizarre qu’elle ne parlât plus de son « petit-ami », lorsqu’on était heureux avec, on en parlait sans cesse. la faute sans doute à cette agression avortée, il était difficile de se remettre de ses émotions, même quelques heures après, tu semblais être aussi bien placé qu'elle pour savoir puisque tu y avais été impliqué aussi. dieu sait ce qu’il serait arrivé sans ton intervention, avec ou sans petit-ami dans les parages. donc tu ne revenais plus là-dessus, son silence en disait long sur le sujet. comme tu accordais plus d’importance à ton repas qu’à elle, tu oublias aussitôt son statut matrimonial. pour tout dire, ce n’était pas ce qui pourrait te freiner, au contraire. maquée ou pas, si elle s’ouvrait à toi, tu ne refuserais pas une seconde. piquant dans ton assiette, tu chassas immédiatement cette pensée et te contentas de te régaler de cette fameuse shakshuka. finalement elle t'expliqua qu'elle a fini à tunis grâce à un voyage organisé, tu ne savais pas précisément si c’était une bonne chose pour elle ce voyage, à cause de cela elle avait quand même été prise pour cible par un homme voulant de toute vraisemblance abuser d’elle.
— je me souviens lors de la première fois qu’on s’est rencontrés, c'était à boston mais je savais pas que t’étais aussi étudiante. tu vas à harvard ? ce qui t’avait mis la puce à l’oreille, c’est qu’elle était arrivée le même jour que toi en tunisie et il n’y avait que les étudiants qui participaient au summer camp qui suivait ce programme.
— je pense la même chose. que tu dis non sans fierté au sujet de ton prénom, choisi par ta grand-mère au moment de ton adoption. tu appréciais ce moment mine de rien, comme si t’avais invité la jeune brune à dîner avec toi.
— je suis content que tu ne m’aies pas fui de nouveau, livia. tu n'avais pas sorti ce compliment par hasard. tu gardais toujours le mauvais souvenir de sa fuite et tu te promis un jour de lui faire payer ça, peu importe l’approche que tu utiliseras. elle paiera. cachant ton sourire à cette idée derrière le verre de vin, tu le reposas après l’avoir vidé et repoussas ton assiette. la jeune brune se mit soudain à parler plus que d’habitude, sans devoir nécessairement répondre à une de tes questions, sans doute un peu plus détendue. le fait d’avoir maintenant décliné ton identité y était sûrement pour quelque chose.
— bah si tu cherches de la compagnie, je suis là si tu veux. aussitôt que tu compris que ta phrase pouvait être interprétée autrement, tu ajoutas.
— je m’assurerais qu’il ne t’arrive rien jusqu’à demain, c’est la mission que dieu m’a donnée pour toi. léger rire avant de te taire, étonné de la bombe qu’elle venait de te balancer. sans prendre avec des pincettes sa révélation, tu lui dis.
— tant mieux de t'être fait larguée car c’était peut-être pas une bonne idée d’être toujours en couple pendant le summer camp, surtout lorsque tout le monde se bourre la gueule et baise à tout va. qu'elle soit blessante ou pas ta réponse, tu n'avais aucune estime pour elle en réalité. il n'y en avait que pour toi et pas assez de place pour les autres, cela avait toujours été ainsi. tu la fixas intensément du regard avant d’ajouter :
— bien tes larmes ne coulent pas, c’est bon signe. petite pique sur son état, façon de dire que tu t’en balançais complètement.
— j’ai pas besoin de ta pitié heureusement livia. c’est juste une question de bon sens si je reste à tes côtés, donc ouais on peut prolonger notre soirée après si tu veux. tu ne savais pas si t’avais eu raison de lui dire ça, tu ne voulais pas trop non plus perdre ton temps avec elle. et puis tu ignorais aussi si elle avait toujours envie de te parler après tes dires.
— je ne suis pas aussi sympa que tu le crois, je suis plutôt... exigeant. mais j’imagine que tu te contenteras de ma compagnie pour ce soir, qu'elle te plaise ou pas. tu ponctuas ta phrase, sourire plutôt énigmatique aux lèvres.