READ/SOFIA ❝ Where is my mind ? ❞

Les agresseurs de Read n'avaient pas arrêté et cela me révoltait. J'étais écœurée de voir que des hommes mauvais pouvaient s'en sortir après avoir brisé la vie de quelqu'un. Enfin, j'imaginais que Read n'avait pas parlé de cette agression parce que ce n'est pas le genre de chose qu'on aborde facilement. J'avais été agressée par un homme qui n'avait pas pu aller jusqu'au bout et pourtant, cela avait suffit à me marquer. J'avais eu du mal a en parlé à mes amis. Ceux qui étaient au courant avait deviné par eux mêmes. Je m'asseyais après que Read me l'ai indiqué, mais la tournure que prenait la conversation ne me plaisait pas. Il voulait me ramener à la raison. Il me faisait part de son histoire pour tenter de me faire comprendre que je devais arrêter de prendre ces cachets. Le souci, c'est que je n'étais pas prête à admettre que j'avais un problème. Du moins, je n'avais aucune envie d'arrêter de prendre mes médicaments. Ils permettaient d'apaiser la peine en moi. J'en avais besoin et je ne pouvais pas m'en passer, quoi que Read me dise - " La vie est un cadeau ? Ça c'est ce que je croyais avant, mais je ne peux plus croire ça désormais. Il arrive trop de choses horribles à des gens qui ne le méritent pas pour que je puisse penser que la vie est belle et que c'est un cadeau. " - Je sentais la main de Read se poser sur mon épaule, comme si il essayait de me réconforter - " Je te l'ai dit, je ne suis pas assez forte pour combattre et les médicaments sont la seule chose qui m'aide vraiment. Je ne peux pas arrêter. Quant à mes amis, je n'ai aucune envie de les ennuyer avec mes problèmes. " - C'était surement un de mes gros défauts, je ne voulais pas laisser les autres prendre soin de moi. En revanche, j'étais toujours au petit soin pour mes proches.

Read voulait aider la demoiselle. Vraiment. Mais elle lui filait entre les doigts. La pauvre se sentait faible, fébrile. C'était comme si elle n'avait aucune fougue pour se battre. Et cette impression se fortifia lorsqu'elle reprit la parole. Elle n'avait pas la foi, cela se voyait et c'était peut-être ce qui lui manquait et lui manquerait toujours dans la vie. Read lui sourit tendrement avant de caresser sa joue, dégageant ses cheveux sur ses épaules, afin de libérer son visage.

« Tu crois que ça a été facile pour moi ? » demanda-t-il. « Je suis le premier à avoir craché sur la vie en hurlant qu'elle était injuste, à avoir voulu mettre un terme à mes jours. Et pourtant, je ne tiens plus le même discours. Parce que j'ai compris que c'était un cadeau malgré tout, qu'il y a des gens qui luttent désespérément pour s'en sortir. Et simplement par respect pour eux, il fallait que je m'en sorte. » expliqua-t-il. Et il faisait à présent partie de ces gens. Lutter pour vivre, pour voir le jour le lendemain, pour profiter de ses proches encore quelques temps. « Tu peux te passer des médicaments, Sofia, faut juste que tu le veuilles. Ne dis pas que tu peux pas, dis que tu veux pas. Mais ce serait tout gâcher. Tu as toute la vie devant toi... » Il sourit encore une fois. Elle aurait tous ses amis pour la soutenir... Des spécialistes pour l'aider. « Tu sais, les amis c'est fait pour être là, t'aider dans les pires situations, te soutenir. On est amis pour le meilleur et pour le pire, pas seulement pour manger des pizzas en regardant des films et rigoler un bon coup ! » continua-t-il. Il fallait que Read ouvre une brèche en elle, lui fasse voir clair, ce qu'elle avait déjà commencé à faire.

En temps normal, j'aurais surement tenu le même discours que Read. J'avais toujours essayé de voir le bon côté de la vie. Je m'étais toujours dit que c'était un cadeau et qu'il fallait profiter de chaque seconde au maximum. On sait tous que la vie est trop courte, elle nous file entre les doigts avant qu'on est le temps de s'en rendre compte. Seulement, les choses avaient changées dans mon esprit. Je voyais les choses en noir en ce moment. Je me demandais si j'arriverais un jour à ne plus voir les choses aussi sombrement. Est-ce que je retrouverais la joie de vivre ? Est-ce que j'aurais envie de rire ou d'écouter des blagues à nouveau ? Pourrais-je croire à la magie dans le monde ? Rien n'était moins sûr... du moins, je n'y croyais plus - " Ouais... tout ça c'est ce qu'on dit aux gens pour ne pas qu'ils désespèrent. Mais la vie me donne toutes les raisons de baisser les bras pour l'instant. Alors oui, je ne veux pas me passer des médicaments, parce qu'ils me permettre de tenir bon, de ne pas avoir conscience de tout ce merdier." - Je n'avais jamais été aussi négative de toute ma vie. Cela ne me ressemblait pas du tout. Je soupirais. Je n'étais pas encore prête à entendre raison - " Je vais y aller. " - Je me relevais du fauteuil. Je décrétais en avoir assez entendu pour aujourd'hui. J'attrapais ma veste et mon sac avant de me tourner de nouveau vers Read - " Bonne journée. Au revoir." - J'étais contrarié par tout ça, contrarié qu'il ne me donne plus ce que je voulais, agacée qu'il me fasse la morale. Et pourtant, c'était lui qui avait raison - " Ne te déranges pas, je vais retrouver mon chemin." - Je tournais les talons et quittais l'appartement de mon ami.